Commentaires de dégustation de la soirée “rouges de PESSAC-LEOGNAN†du 24/10/03
La note entre parenthèse est une moyenne des notes données par l'ensemble des participants à cette soirée, parmi lesquels Marc et Laurent, utilisateurs du forum.
J'ai été surpris par le froid soudain, et, comme toujours, les vannes thermostatiques sont lentes au démarrage. Ceci pour dire qu'il faisait un peu frais chez moi et que les vins ont été servis aux alentours de 14°C, pas dans les meilleures conditions, donc.
Les vins sont servis à l'aveugle, carafé juste avant le service à l'exception de Daumas Gassac qui a été carafé deux heures à l'avance.
1. Malartic Lagravière 1997 (12,40/20)
Robe : Rubis, brillante.
Nez : D'abord animal, sur le cuir, et minéral, marneux. Ensuite, de beaux arômes de fruits noirs confiturés, mûre et cassis et de la torréfaction qui s'amplifie au fil du temps, sur le fumé, le chocolat et le café.
Bouche : Equilibrée, fraîche, assez ample, avec des tanins jeune devant encore se fondre, mais assez fins et un fruité savoureux de mûres et myrtilles. On retrouve en bouche les arômes marneux du nez. La finale est plaisante, de bonne longueur, tenue par une bonne acidité et une légère amertume.
2. Carbonnieux 1975 (**/**)
Robe : Grenat évolué, peu en jambes.
Nez : Peu agréable, de vieille lavette et de macération de fruits rouges qui a trop traîné au fond d'une armoire.
Bouche : Peu de chose à en tirer, corps décharné où subsiste de l'acidité et des tanins encore présents mais desséchants, caractéristiques du millésime et une minéralité encore perceptible dans la (non) finale. Aurait du être bu depuis longtemps.
3. Smith-Haut-Lafitte 1982 (11.15/20)
Robe : Grenat limpide.
Nez : D'abord lactique, sur le caramel et la vanille, évoquant la crème brûlée. On y retrouve également des arômes de légumes (fenouil). Il développe de plus en plus son aspect caramel au beurre et on finit par y percevoir une pointe mentholée.
Bouche : Fluide, équilibrée, mais sans grande matière ni volume, un équilibre fragile sur la finesse avec des tanins complètement effacés, une grande souplesse sans acidité. On retrouve le caramel et le beurre frais. La finale, marquée par une légère amertume, est de longueur correcte eu égard aux caractéristiques de ce vin. Egalement nettement sur le déclin.
4. Fieuzal 1990 (13,00/20)
Robe : Rubis brillant, légèrement évoluée avec le disque tuilé.
Nez : Animal et fumé. Des notes de sous-bois avec des champignons et de la fougère. L'alcool est perceptible. Il évolue curieusement sur des arômes iodés, d'algues.
Bouche : Equilibrée, fraîche et souple avec des tanins présents mais fins. Un vin marqué par le cabernet avec des arômes végétaux et de poivron ainsi que des épices. La finale est décevante, trop courte pour un vin de cette réputation dans un grand millésime.
5. Mas de Daumas Gassac 1986 – VDP de l'Hérault (14,65/20)
Robe : Rubis limpide et brillante, à peine tuilée, profonde avec de belles jambes. Dépôt important dans la bouteille.
Nez : Plein de fruits rouges et noirs, cerises et mûres, du fenouil sauvage, du cuir et du bois de cèdre, de la noix, du chocolat et du tabac. Complexe.
Bouche : Superbe équilibre apporté par une acidité importante qui structure magnifiquement ce vin. Cette bouche est fraîche, ample et longue. On y retrouve encore beaucoup de fruits, mûres, airelles et cassis, ainsi que du tabac et une forte minéralité, confinant au terreux. La finale est de grande longueur. Un vin étonnamment jeune, qui présente la vivacité d'un vin du nord, l'austérité d'un vin de Bordeaux avec les saveurs d'un vin du sud.
6. Domaine de Chevalier 1983 (12,70/20)
Robe : Rubis à tendance grenat, limpide et brillante, dotée de belles jambes.
Nez : Pas explosif. D'abord sanguin, animal. Ensuite, on retrouve des fruits noirs, des pruneaux, de la réglisse, du fumé, du caramel et un soupçon de vanille. Evolue sur le café liégeois, le chocolat et le bois brûlé.
Bouche : Ronde, équilibrée, souple et évoluée avec des arômes de sous-bois et d'humus et une minéralité encore présente. Pas beaucoup de matière, peu d'ampleur, mais beaucoup de finesse. Un vin élégant mais sur la pente descendante.
7. Pape-Clément 1986 (14,05/20)
Robe : Acajou, brillante et encore très soutenue, avec de belles jambes.
Nez : Evolué, avec du cuir, du bois noble de boîte à cigare et un léger menthol. C'est peu expressif, mais c'est raffiné et complexe.
Bouche : Ample, riche, d'une belle matière veloutée et parfaitement équilibrée. Les tanins sont présents mais bien enrobés. On y décèle du poivron et de la réglisse. Bonne profondeur et belle longueur avec une touche d'amaretto dans la finale.
8. Pape-Clément 1988 (15,00/20)
Robe : Quasi identique au 1986.
Nez : On y retrouve de curieux arômes lactiques, de bouillon de légumes, d'oxtail mêlés de plus classiques notes de poivron et de cuir. Le tout formant un ensemble subtil et élégant.
Bouche : Très similaire au précédent, tout aussi équilibrée, mais un cran au-dessus. Un peu plus d'ampleur, un peu plus d'acidité, plus tannique, mais de beaux tanins mûrs. Egalement supérieur en longueur. Mais c'est l'acidité supérieure, apportant une plus grande fraîcheur qui fait la différence. Superbe vin.
9. La Mission Haut-Brion 1992 (15,95/20)
Robe : Rubis évolué, tendant vers le grenat.
Nez : Complexe, associant des notes florales et fruitées (cassis) avec du poivron, du lard fumé du bois de cèdre, de la torréfaction et une pointe de cire.
Bouche : Ample, équilibrée, avec une matière imposante soutenue par une bonne acidité. Un vin structuré mais souple avec des arômes de fruits compotés, de pruneaux et de poivron. Longue finale.
10. Haut-Brion 1992 (16,40/20)
Robe : Rubis évolué, tendant vers le grenat, disque légèrement plus orangé que Mission.
Nez : Similaire au précédent, un peu plus évolué avec des nuances animales (cuir) et une plus forte minéralité.
Bouche : Egalement similaire à Mission Haut-Brion, mais avec plus de finesse, des tanins plus présents mais fondus et fins, un touché velouté et une finale très longue marquée par la torréfaction et la minéralité.
Classement :
Note moyenne Note moyenne sans les extrêmes Ecart entre les notes extrêmes
Haut-Brion 1992 16.30 16.44 2.5
La Mission Haut-Brion 1992 15.95 15.94 2
Pape-Clément 1988 15.05 15.00 3.5
Mas de Daumas Gassac 1986 14.55 14.63 4.5
Pape-Clément 1986 14.10 14.06 3.5
Fieuzal 1990 13.05 13.00 3.5
Domaine de Chevalier 1983 12.65 12.69 4
Malartic Lagravière 1997 12.30 12.38 4
Smith-Haut-Lafitte 1982 11.15 11.13 6.5
Carbonnieux 1975 - - -
Commentaires :
Dans ce genre de dégustation, le premier vin sert d'étalon et est souvent défavorisé. Cela s'est encore vérifié ici. Ce Malartic 97 vaut nettement mieux que son classement dans cette série. Il a été noté anormalement bas par plusieurs participants. C'est pour moi le meilleur rapport Q/P de la soirée.
Pas de note pour Carbonnieux 75. C'était une expérience, ce fut un échec. Il est fini. Inutile de tirer sur le corbillard !
Smith-Haut-Lafitte 82 l'est quasiment, mais propose néanmoins encore d'intéressants restes. Certains ont apprécié, note controversée.
Fieuzal 90 est pour moi la déception de la soirée. J'attendais beaucoup mieux de ce domaine dans un grand millésime.
Daumas Gassac 86 n'a pas fait l'unanimité, certain n'appréciant pas son acidité et son goût terreux ou rustique. Personnellement, j'ai beaucoup aimé. Tout le monde a été surpris par l'âge du vin. Tant la robe que le nez et la bouche leur a fait penser a un vin très jeune, 1999 pour certains.
Domaine de Chevalier 83 est mon autre déception. Ayant lu les notes de Parker et d'autres auteurs, je m'attendais à un vin beaucoup plus fringant.
Les 2 bouteilles de Pape Clément ont été servies côte à côte. A l'unisson, les participants les ont trouvé très similaires d'aspect et de bouche, devinant qu'il s'agissait de deux vins d'un même domaine, dans des millésimes proches.
Mission 92 et haut-Brion 92 sont également servis ensembles et, là aussi, l'assemblée les trouve très proches.
Pour moi, ces 4 derniers vins et le Daumas sont superbes, mais j'ai été globalement déçu par le niveau d'ensemble de la dégustation, même si je ne me faisais pas d'illusions à propos du Carbonnieux et du Smith-Haut-Lafitte.
Didier
Message edité (27-10-2003 09:55)
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