J’arrive donc frais comme un gardon pour l’acte 2. Un gardon qui n’a bu que de l’eau de la journée, mais qui a remonté pas mal de rivières pour rejoindre Orléans depuis Briançon…
Mais on va y aller en douceur en commençant par deux belles bulles.
Domaine Egly-Ouriet – Les Vignes de Bisseuil
La robe arbore une couleur vieil or.
Bien expressif, le nez développe des fruits jaunes mûrs, avec de la mirabelle, des fruits secs, notamment la noisette, et des notes briochées et pâtissières. A l’aération une étonnante touche de croûte de fromage fait son apparition.
La bouche est ronde et de belle ampleur, mais en même temps vineuse. Elle paraît à peine plus que les 3 g/l indiqués et la bulle se montre évanescente. La tension ressort dans la finale d’une silhouette plus droite.
Très Bien +(+)
Champagne Agrapart – Blanc de Blancs – Minéral – 2011
La robe se présente également sous un vieil or, un peu plus dense que la précédente.
Le nez de belle intensité évoque la pierre et un univers minéral, avec des notes fumées sur un fond de pomme.
Une bulle présente est assise sur un beau fruité à peine teinté de touches oxydatives. Le vin adopte un profil vertical malgré les 5 g/l de SR et fait preuve d’une belle concentration. La longue finale fait ressortir de fins amers.
Très Bien +(+) pour ce Champagne d’une austérité classieuse qui se complexifie à l’aération par l’apport de fruits secs dans l’aromatique.
On poursuit avec deux Chenin de Loire qui sortent de l’ordinaire.
Domaine Julien Vedel – Le Compte Marc autrement – 2022
Autrement signifie « avec malo », comme les amateurs de ce beau domaine le savent.
La robe est teintée d’un or clair.Très intense et fruité, le nez exhale des arômes de poire, une touche de pralin et de jolies notes florales.
La bouche affable est habillée d’une légère pellicule de gras et dotée d’une aromatique aboutie sur le fruit. On peut lui faire un petit reproche de déficit d’acidité mais la finale en est d’autant plus sphérique.
Très Bien +
Domaine Thibaud Boudignon – Anjou blanc – A François(e) – 2016
L’or de la robe est clair.
Très généreux, le nez fait preuve d’une certaine puissance, avec d’abord du grillé voire de l’allumette, puis une aromatique luxuriante de fruits jaunes presque exotiques.
Dans la bouche ample et grasse, ce sont les arômes fumés qui sont très prégnants. Une grande tension la mobilise et l’emporte loin, sur une finale plus en finesse.
Très Bien +(+) mais une sensation d’élevage appuyé pas encore totalement digéré m’empêche de noter plus haut, ce qui devrait être le cas d’ici quelques années.
La triplette de rouges sera marquée par un vin classé grand cru, mais que l’on peut qualifier de grand, tout simplement.
Domaine Bruno Clair – Bonnes Mares – 2010
Assez claire, la robe montre quelques signes des années passées.
Le nez de grand volume et profond déploie avec élégance un merveilleux bouquet de pinot à point. La rose fanée l’emporte nettement sur les fruits rouges, cerise et framboise, mais ceux-ci sont encore bien présents, contribuant à la complexité d’ensemble.
La bouche est dans la lignée, d’un grand raffinement et d’une aromatique patinée. Elle ne manque aucunement de consistance et une vivacité stimulante lui donne du souffle. L’allonge toute en délicatesse et subtilité est remarquable et donne une envie irrésistible de se resservir, même si ce vin est incrachable !
Rebu pour lui tout seul avant le dessert, il a confirmé son rang de très grand vin.
Excellent +
Cela faisait longtemps que je n’avais pas bu un Bourgogne autant raffiné et exceptionnel.
Domaine Hubert Lignier – Gevrey-Chambertin – Les Seuvrées – 2014
La robe moyennement sombre dénote quelques traces d’évolution sur le bord du disque.
Le nez intense libère une aromatique tertiaire, principalement de champignon, qui s’appuie tout de même sur un fond fruité de cerise qui ressort à l’aération.
La bouche charnue est habillée de petits tanins, l’aromatique se teintant d’une légère verdeur (vendange entière et / ou millésime ? Je parierais volontiers sur « et »). L’allonge se déroule toute en rectitude et finesse.
Très Bien +(+) mais a certainement souffert de l’effet de séquence. C’est parce que ce vin venait d’un autre apporteur qu’il n’a pas été possible de mettre à coup sûr les deux derniers dans le bon ordre.
Château Pichon Longueville Comtesse de Lalande – Pauillac – 2016
La robe est noire et montre quand même des reflets violets sur la frange.
Malgré 24 h d’ouverture avant service, le nez nécessite une aération supplémentaire dans le verre pour dévoiler du cassis, des arômes torréfiés de café et de fumée, ainsi que de la mine de crayon.
La bouche possède une belle charpente et une matière cossue et mûre. L’aromatique noble confirme celle du nez, les tanins se montrent étonnamment arrondis et la fraîcheur bien suffisante pour équilibrer l’ensemble. La longue finale racée se montre juste un peu asséchante en dégustation seule mais ce léger défaut disparaît à table.
Très Bien +(+) en l’état et donc déjà incroyablement accessible mais devrait atteindre l’excellence dans dix ans et plus car il en a tout le potentiel.
Et pour finir, un sucre vénérable.
Domaine Huet – Vouvray moelleux 1ère trie – Le Haut-Lieu – 1997
La robe fait ses 27 printemps par sa couleur cuivrée et chatoyante.
Le nez brille par son intensité et sa diversité, avec du coing, bien sûr, mais aussi des fruits confits, des raisins secs et même du bois précieux !
L’équilibre de la bouche est superlatif, résultant d’une aromatique addictive, d’une tension de malade, d’une liqueur intégrée et d’une grande concentration. La finale persiste remarquablement, toute aussi équilibrée entre saveurs et finesse.
Excellent
Tarte aux pommes vanillée et meringuée, nougatine à la Chartreuse : un dessert d’anthologie !
Je serai moins dithyrambique sur l’accord (3 / 5) que sur le vin et le dessert car celui-ci l’emporte un peu trop sur celui-là, même si le mariage aromatique est réussi.
Un grand merci à Didier et Anna
pour leur accueil et à tous pour l’atmosphère amicale au-delà du diner lui-même !
Demain, on continue, chez Yann et Laura cette fois-ci !
Jean-Loup