Difficile et même pour tout avouer incapable de garder le cap sur lpv tant les moments familiaux ont pris le pas ces derniers jours sur le côté cérébral (et analytique) des (très) nombreux vins dégustés.
Fin de séjour dans les Vosges où je pense que sur une dizaine de jours j'aurais eu le privilège de boire une cinquantaine ou soixantaine de bouteilles différentes toujours dans un esprit simple et festif. Je serais bien incapable d'en relater la moitié, une seule déception, un branaire 89 bouchonné, voilé et dissocié (çà va c'est encore acceptable comme ratio), mais ces derniers méritent tout de même que je vous les relate :
A Nancy, avec des amis d'enfance :
Lafon Rochet 2009 :
Robe un peu trouble et nez que je trouve poussiéreux sur des notes cependant traditionnelles de fruits noirs (cerise, myrtille) avec une touche toastée et vanillée qui pourrait déranger et laisser penser que c'est encore un peu jeune mais cependant, le millésime solaire se rappelle à notre bon souvenir et le vin ne montre pas un équilibre qui à mon sens lui fera traverser les années. En effet les arômes sont mûrs et concentrés, mais il y a un déficit d'acidité. En dépit du côté un peu élevé de l'ensemble, l'ensemble est tout de même suave quoique un peu mou et je conseille de le boire. Définitivement pas convaincu par 2009, hormis un Pichon Comtesse Lalande (jeune bébé encore) sublissime. Bon 15+/20
Haut Marbuzet 2005
Paradoxalement par rapport au précédent, un infanticide !!!!!!
Si le vin est doté du caractère enjôleur et presque tapageur du cru (tout de même la signature d'Henri Duboscq à qui on peut reprocher un manque de typicité vu l'homogénéité de ses vins dans tous les millésimes), le nez se déroule sur des notes typiques assez similaires au Lafon Rochet avec néanmoins bien plus de pep's. La bouche aussi apporte des notes de graphite, de boisé toasté et d'épices. MAIS l'ensemble est encore porté par une acidité très importante et des tannins rugueux. La structure est massive et imposante et il faut attendre. 15.5/20 car çà reste tout de même très consensuel.
Rausan Ségla 2001
Bon là, il y a simplement 3 classes d'écart.
Nez fantastique sur la rose, la groseille, la framboise, une pureté simplement diabolique mais mon dieu que c'est encore jeune !! En réalité tout est en place déjà mais çà commence seulement à poindre. Ce vin est à l'aube de sa vie et dans 10 ans ce sera une
tuerie. Le vin se montre soyeux en bouche et les tanins sont d'une grande élégance. Il fait preuve d'équilibre, de fruité, de suavité, de gourmandise avec une précision en bouche, une netteté des arômes simplement admirables le tout porté par une superbe tension. Bien content même si c'est -très- cher d'avoir acheter du 2019. Un vin vibrant. Fan +++ 18/20
Croix de Carbonnieux Blanc 2017
Très rare que je commente les bordeaux blancs car c'est pas ma tasse de thé mais celui-ci quand même à 13€ mérite un petit coup de pouce.
Nez très classique typé sauvignon et variétal sur le bourgeons de cassis et pointe florale (fleurs blanches naturellement), et le vin est bien vif avec une jolie amertume finale qui dynamise la sensation finale. Vu que c'est un petit second vin, çà montre bien le travail respectueux de Carbonnieux et sa grande qualité constante en rouge comme en blanc. Très correct 14/20
Saint Joseph Gaillard Clos des Cuminailles 2015
Petite déception sur ce saint jo de belle facture théorique car l'ensemble est mollasson et manque cruellement d'énergie. Arômes compotés et kirchées, pruneau, poivre noir, pointe violette mais ce n'est pas la syrah éclatante qui nous ravit tant habituellement, deux possibilités, le millésime chaleureux a fait des siennes (2015 reste un monstre de concentration qu'il a fallu dompter) et il y a déséquilibre entre la surmaturité d'ensemble et l'acidité ou alors un pb de conservation dans une cave trop chaude avec accélération prématurée du vieillissement (je l'ai acheté il y a 6 mois seulement chez un caviste). A revoir. 12/20
Dans les Vosges en famille :
Daumas Gassac Blanc 2019
Bon pour moi c'est réglé sur ce domaine, je préfère les blancs aux rouges et ce au moins pour deux raisons.
1) les rouges demandent un long vieillissement et s'abordent toujours (très) mal en jeunesse (on a bu un 2015 beaucoup trop tannique et rugueux, presque âpre).
2) Les Blancs ne me déçoivent jamais et sont montrent accessibles même en prime jeunesse et pour peu qu'on les achète au domaine çà coûte de mémoire 20-25e grand max et c'est juste grand. Celui-ci nous a régalé. Robe jaune or, reflets verts d'eau, éclat et brillance. Nez expressif et très ouvert, notes de poire, d'abricot, de fruits exotiques avec une saveur miellée jouissive. Je ne sais même pas si c'est élevé mais si c'est le cas, c'est discret. Très joli gras en milieu de bouche, et longue finale toute en douceur et fraîcheur.
C'est complexe et excellent, un vin sudiste. 17/20
Domaine des Tours 2016
Bu juste pour comparer avec son grand frère le côtes du Rhône du château des Tours qui ne m'avait pas convaincu plus que çà la semaine passée sur le même millésime.
Bien plus accessible que son grand frère, dans un registre beaucoup plus typique Reynaudien de rose, orange sanguine, épices orientales sur fond de fraise. Frais et digeste, j'ai été assez emballé avec un joli grain de tannins très fin et une excellente maturité d'ensemble même si c'est un peu facile et un poil court. Du bel ouvrage, millésime 2016>2015 pour moi chez E. Reynaud car plus frais quoiqu'un peu joufflu. 15.5-16/20
Morgon VV Cailloux Bouland 2018
Cr quelque peu lapidaire et je m'en excuse mais c'est juste pour conforter ce que l'on disait dans le fil Bouland la semaine dernière, c'est insensé de faire des vins si bons, friands et glouglous avec néanmoins une assise structurelle qui portera ce vin dans le temps. C'est excellent aujourd'hui, demain et dans 10-15 ans. Bravo Monsieur Bouland, je crie au génie pour l’œuvre générale et la constance inouïe dans la qualité, les morgons 2018 sont tous diaboliques, j'émettrai juste une légère réserve sur le Brouilly "Mélanie" qui je trouve se livre un peu moins facilement, histoire de pinailler un peu. 16/20
Branaire 2008
Est venu gaillardement remplacé le 1989 défectueux.
Alors soyons simples : 2008 n'est pas un monstre de concentration loin de là, j'apparenterai même ce millésime en rive gauche à 2004, avec peut être un profil peut être légèrement plus acide et aqueux. Je pense qu'avec du recul ce millésime vaut 14/20 en Bordeaux rive gauche de ce que j'ai bu mais il y a des beaux vins et celui-ci en fait partie. Vous l'aurez compris, on est ici dans un profil plus gracile et aérien avec tout de même de beaux arômes typiques de saint julien sur des notes de baies noires, de cerise avec un accent de cèdre et fond torréfié.
Beaucoup de délicatesse, joli vin mais quid de la garde ??, je garderai pas mes 2008 30 ans personnellement. 15.5/20
Haut Batailley 2009
Là on est dans l'esprit Pauillacais des plus traditionnels avec un enivrant nez de cassis, de fumé, de cèdre et de poivron vert (mais dynamisant i.e pas d'austérité ni de trait vert mais en 2009 pouvait-on faire végétal à Bordeaux ?) avec une pointe mentholée.
Couleurs rubis foncé profond, fruité expressif, texture pleine, tanins présents mais enrobés. Agréable pour son côté spontané et juteux. Beaucoup de plaisir à table et c'est un amiral un peu gueulard et pas très fin mais qui a bon fond. Ce n'est pas complexe mais c'est franc, plutôt puissant et long. Ça remplit exactement son rôle, personnellement j'aime bien et c'est un 2009 que j'apprécie. Très bon 16/20
Chambolle Musigny Arlaud 2012
C'est ici un vin parfumé, racé et élégant, signature des jolis Chambolle.
L'ensemble est plein et charnu avec encore un joli potentiel de garde. Robe d'une teinte violine pourpre profonde, sur les arômes lisses de fruits rouges (groseille, framboise, fraise) et griottes le style fait dans un registre caillouteux. Dans la lignée et la typicité et le respect de ce que j'attends de la tradition bourguignonne, je lui reprocherai peut-être un peu trop d’élevage, Arlaud ne faisant pas toujours dans la dentelle. Début de pointe truffée ou à défaut de champignon forestiers, belle complexité aromatique avec une bouche intense, aux nuances de sous-bois sur une belle minéralité. Très bien 16.5/20
Pavie Macquin 2012
Magnifiques senteurs de prune, de framboise, de cassis sur fond de bois noble et précieux avec une portée et une ampleur bluffante compte tenu de la piètre réputation du millésime.
C'est un vin caressant, avec une structure longiligne toute en droiture portée par des tannins légers et fins. Sensation épurée et fluide en bouche avec ce vin sapide qui file dans le palais sans aucune aspérité ni trait végétal qu'on pourrait redouter. Un vin complet, dans un registre très élégant avec des accents de havane.
Buvez vos 2012 sans complexes, c'est au top aujourd'hui ! L'aristocratie bordelaise. C'est excellent. 17/20.
Disons que si l'on était à Barcelone sur ces 4 derniers vins commentés, le premier serait la vue sur l'étendue de la mer calme et paisible, le second plus la Sagrada Familia (fier et imposant) le troisième la maison d'Antoni Gaudi ou le Parc Güell (avec une logique retord mais calculée), et le dernier le Montjuïc, majestueux.
Alex
Ps: A ceux qui s'inquièteraient légitimement de ma santé physique, je fais beaucoup de sport