BFR,
Pourquoi penses-tu que ce système est purement bordelais ?
C'est étonnant ce centrisme franco-français.
L'oubli que ces "grands" vins sont surtout exportés et qu'il faut les comparer à ce qui existe ailleurs dans la même catégorie.
Note d'ailleurs que ces domaines bordelais prestigieux eux aussi l'oublient quand ils ont la prétention d'être les seuls (et soi-disant rares ... pfffut) vins que les restaurants et riches collectionneurs du monde rêvent de posséder comme si de nombreux autres terroirs et de nombreux autres pays ne produisaient pas des choses magnifiques (d'autres moins réussies), bénéficiant au moins de la même aura marketing.
En Bourgogne, les Faiveley et autres Bouchard (par exemple), qui produisent avec leurs propres clos et avec le raisin des autres une multitude de cuvées sont également négociants et vendent en direct aux professionnels de la restauration par exemple. Hors discussion de rapport qualité/prix, ces derniers sont loin d'être doux, augmentant même cette année (quant aux remises …).
Idem les domaines bourguignons ou rhodaniens prestigieux qui ont un carnet (fermé) de clients particuliers ne font rien pour que le reste majoritaire de leur production soit moins cher chez les cavistes. Ils ont même tendance à pratiquer de plus en plus des prix onéreux et à lier des ventes de ‘’GC’’ à de la gamme plus commune.
De même, ce type de commercialisation est appliqué depuis longtemps dans d'autres lieux qui ont vu naître ce que j'appelle des "cuvées-marques": Supers-toscans et supers d'ailleurs en Italie, supers du Rioja, vedettes australiennes, etc., etc. ...
Quant à savoir si la crise, les nouveaux média et le savoir-faire des nouveaux consommateurs vont changer drastiquement la donne ... ?
Bordeaux a déjà vécu des temps dramatiques où les propriétés les plus illustres étaient en décrépitude. Les outils de production étaient vétustes, les hectares ne valaient plus tant que cela et ne rapportaient pas tant que cela face aux charges. Et même la demande des "mythes" était en berne ce qui ne valorisait pas les stocks au mieux.
Alors de nouveaux propriétaires sont arrivés, banques et compagnies d'assurance toujours heureuses d'augmenter leur patrimoine foncier et leur image. Puis les fortunes de la GD. Sans compter leurs partenaires souvent non français.
Le bon côté fut la remise à niveau que nous connaissons, mais le très mauvais fut, non la création du système de vente qui n'avait jamais cessé, mais un resserrement de celui-ci avec une intensification des relations incestueuses entre organes chargés de la valorisation des domaines, ceux en charge de la production, ceux en charge de la distribution et ceux chargé de la communication.
Qui tient qui par les C..... ?
A part des propriétés modestes et des négociants du même acabit, les vrais acteurs du marché sont tellement liés entre eux qu'il est bien naïf de jouer l'un contre l'autre.
Alors est-ce que la situation économique, les fléaux sanitaires, et les guerres vont casser les habitudes pour faire revenir les GC de Bordeaux à leur situation d'il y a 35/40 ans ?
Tout est possible, mais alors peut-être que nous aussi nous serons dans une telle situation que ce sera bien le cadet de nos soucis.
En attendant, je crains que cela ne fasse que modifier l'actionnariat des propriétés (cela a déjà commencé et certains fonds d'investissement/holdings familiales seraient ravis de trouver acquéreurs de leur danseuses ne rapportant plus assez selon leurs critères).
Nous pouvons juste espérer que les prix finissent par baisser plus sérieusement quel que soit leur système de mise en vente. Mais ce ne sera pas grâce à la seule volonté des consommateurs français mécontents qui représentent actuellement si peu dans la part des ventes.
Quant à l'estime que ces propriétés portent au quidam, même à celui qui achète pour quelques milliers d'euros de bouteilles, ce n'est pas un problème de méthode commerciale, mais un problème de culture.
Mais après-tout, essaye avec Wine Freak de négocier les tarifs, ou inventez une méthode (mis à part un regroupement de 50 particuliers se faisant livrer à une même adresse 1 caisse chacun) qui a un minimum de chance de succès et faîtes nous en part.
Tout le monde sera ravi de la bonne nouvelle.
Sur ce il est 1h30 du matin, fais de beaux rêves plein de bouteilles de GCC gratuites par lots de 36
Hadrien m'a donné envie de continuer de lire mon livre (pas de regarder les matchs du soir, désolé). Je ferai de jolis rêves après.
Cordialement,
dfried