Visite au Domaine de Montcalmès (25 juillet 2011)
25 juillet 2011
Au coeur du petit village de Puéchabon, 400 habitants, je trouve le domaine facilement et rencontre Frédéric Pourtalié pour quelques heures de pur bonheur. Un vigneron sympathique, dynamique, généreux et d’une grande gentillesse. Il est précis et clair dans ses explications , ce qui rend la visite très instructive. J’ai même joué un peu l’interprète pour deux visiteurs danois enthousiastes.
Le domaine a comme particularité d’élever séparément non seulement les cépages mais aussi les parcelles. L’élevage en barrique est adapté aux cépages. Sauf erreur, les grenaches sont élevées dans des fûts de 4 ans et plus, les mouvèdres de 2 à 4 ans et les syrah, des fûts de 1 à 2 vins. Ils proviennent généralement d’un domaine bien connu des amateurs de ce site, le Domaine Joblot à Givry, ou parfois de la Romanée Conti.
C’est étonnant et très éducatif de goûter sur fûts d’abord les trois parcelles de grenache, puis les trois syrah et enfin la parcelle de mourvèdre.
Tous les vignerons rencontrés m’ont confirmé que 2010 est un millésime de qualité, axé sur la fraicheur. C’est on ne peut plus évident à Montcalmès.
Je n’ai pas assez d’expérience pour être grand clerc en prédictions, sur la base d’échantillons prélevés de fûts. Mais les 2010 que j’ai goûtés sont fabuleux par l’éclat de leur fruit, leur précision et leur fraicheur.
Les grenaches 2010…en 3 volets:
1- d’un terroir de galets roulés, évoquant Chateauneuf. Une exubérance folle au nez parfumé et en bouche, de la gourmandise et surtout, une fraicheur incroyable, que je n’associe pas au grenache.
2- d’un terroir que Frédéric décrit comme marqué par un “éboulis calcaire”, c’est plus typique grenache, réglissé, plus profond, moins expressif
3- d’un terroir calcaire qui est la colonne vertébrale de Montcalmès selon Frédéric, ces grenaches furent plantés dans les années ’80 par son père. C’est dense, profond et serré. Grande qualité.
Les syrah 2010, tirés des mêmes trois terroirs, dans le même ordre:
1- sur la tapenade, c’est très frais et gourmand, presque sucré
2- plus frais, aérien, épicé, moins profond, avec un petit coté herbacé
3- équilibre et profondeur, très belle matière
Le Mourvèdre 2010 tiré d’un terroir de galets roulés est à la fois profond, équilibré et frais. Une matière d’un potentiel incroyable.
Les vins goutés sont du style que j’affectionne le plus dans la région. Moins puissant que 2007 ou 2009 par exemple, mais d’un équilibre idéal. Peut-être plus prêt du très beau 2004, voire plus profond.
Probablement un futur millésime de référence pour le domaine. À suivre!
J’ai ensuite goûté aux grenaches 2009 assemblés. C’est riche, dense, un peu confit, pur, plus strict et moins expressif que 2010, ce qui peut être attribué au stade d‘élevage. Un style qui évoque un peu 2007. Syrah : très beaux, qui apporteront de la fraicheur à l’ensemble.
L’échantillon renversant fut le Mourvèdre: ça sent l’animal, comme un jeune Bandol (il “renarde” dit Frédéric). Or, en bouche, alors qu’on s’attends à un vin de style Bandol corsé, il se révèle très fin, frais et délicat. Ça m’a scié!
Selon Frédéric, la région doit à Laurent Vaillé d’avoir découvert le potentiel du Mourvèdre sur ce terroir de galets roulés, personne n’en plantait là avant lui si j’ai bien compris. Cet échantillon est très convaincant. Il a un tout autre style qu’aileurs en France. La dégustation à la Grange des Pères allait renforcer cette conviction.
2009 sera également un millésime de qualité à Montcalmès. J’hasarderais quelque part entre 2007 et 2006 pour le style.
J’ai ensuite goûté en rafale un 100% viognier suivi d’un 100% chardonnay! Deux blancs évidemment atypiques pour la région. Chacun était très bien fait, frais, spécialement le chardonnay, gras, d’une belle présence en bouche, expressif. Une curiosité franchement très plaisante, qui confonderait plusieurs amateurs de Bourgogne!
J’ai aussi goûté le Domaine de Montcalmès 2008, que je dégusterai à nouveau quelques jours plus tard d’une bouteille achetée sur place. Il a le nez classique de tapenade, balsamique, charmeur. La bouche est élégante et très bien faite, moins dense que les 2005 à 2007, dans un style qui rappelle effectivement le 2004 comme souligne Frédéric, mais il me semble un brin plus léger de mémoire. Très beau vin qui a beaucoup de style et de personnalité, dans un millésime plus difficile pour la région. Impeccable et à surveiller car il arrivera sous peu à la SAQ. 89 pts
Une longue rencontre qui confirme mon admiration pour les vins du domaine, que je goûterai avec encore davantage de plaisir à l’avenir en me rappelant leur sympathique auteur.