Cette soirée organisée par le QSCB fut vraiment instructive à défaut d'être grande. En effet, nos papilles ne sont guère habitués aux arômes et à la structure de ces vins. Souvent fort en degrés, avec des acidités soutenues, certainement nécessaires, il est peu de dire qu'ils ont déconcerté. Ceci dit, il y a quelques coups de coeur dans le lot qui valent vraiment le détour... D'une façon générale, je pense que les vins ont été servis un peu trop chaud - aux environs de 20°, je pense - ce qui donne des finales quasiment toujours alcooleuses.

Chianti classico "riserva ducale oro" 2003, Ruffino (85% Sangiovese, 15% Colorino, Cabernet Sauvignon, Merlot) : robe grenat tuilé, déjà évoluée pour un 2003. Nez sur le noyau, la confiture de fraise bien cuite et le cuir chauffé au soleil. Bouche avenante, souple, généreuse, équilibrée par une fine acidité. Finale dominée par l'alcool.

Rosso Toscano " le Cupole" 2005, Tenuta di Trinoro (47% Cabernet Franc. 32% Merlot, 12% Cabernet Sauvignon, 3% Petit Verdot, 4% Cesanese, 2% Uva di Troia) : nez plus frais, avec des notes florales, le bonbon et une pointe de volatile. Bouche ronde, ample, fruitée, assez puissante, avec un léger perlant qui lui donne un côté acidulé. Finale marquée par l'acidité. Etonnant, on va dire...

Chianti classico 2006, Tenuta la Novella (90% sangiovese, 10% colorino) : nez finement épicé, bouche gourmande, souple, soyeuse, pulpeuse... La finale plutôt dure et alcooleuse gâche un peu le plaisir. Mais bon, bu frais dans un repas, ça doit passer tout seul!

Bolgheri "le Serre nuove" 2004 dell' Ornellaia (2nd vin du domaine ; 35% Cabernet Sauvignon; 50% Merlot; 9% Cabernet Franc; 6% Petit Verdot) : robe sombre. Nez sur le cassis, les épices, le poivron, la résine. Bouche sphérique, douce, d'un très bel équilibre avec un côté croquant. Finale assez puissante marquée par une légère sucrosité et une pointe d'amertume. Un beau vin tout de même.

Toscana 2002, Solaia (Cabernet Sauvignon 90 % - Cabemet Franc 10 %) : une année pluvieuse a retardé la maturité du Sangiovese qui ne fait pas partie de l'assemblage dans ce millésime. La robe est sombre avec déjà des reflets d'évolution. Le nez est une petite splendeur difficilement descriptible tellement les arômes qui le composent sont intimement entremêlés et forment un tout harmonieux. Disons que nous sommes sur des notes de cassis, chocolat, cèdre... La bouche est d'une grande ampleur, aux tannins très doux ce qui n'exclue pas de la vigueur. Ca se gâte en fin de bouche : le vin semble destructuré, avec une dissociation de l'alcool et des tannins. C'est dur, chaud, pas très bon pour tout dire. Quel dommage, car cela démarrait remarquablement. Peut-être n'eut-il pas fallu le carafer?

Langhe "Quartetto" 2003, poderi Aldo Conterno (Freisa 80%, Cabernet Sauvignon 10%, Merlot 10%): robe évoluée, nez "cuit" avec des flagrances d'herbes, d'épices. Bouche douce, langoureuse, épicée. Finale un peu trop chaleureuse.

Barbera d'Alba 2006, Conterno Giacomo : nez assez discret sur les fruits noirs frais, les épices. Bouche douce, fraîche, avec un fruité pulpeux d'une gourmandise rare. Les tannins sont veloutés, parfaitement fondus. Et la finale est savoureuse, fraîche, jouissive oserais-je dire! Un pur vin de plaisir dont je me ressers à plusieurs reprises...

Barolo " le Vigne" 2000, Sandrone Luciano (100% Nebbiolo) : nez évolué sur les fruits compotés évoquant un châteaunuf à base de grenache. Bouche ample, douce, aérienne, comme en suspension. Une finale un peu dure vous ramène sur terre. Mais c'est bien bon tout de même.

Nebbiolo d'Alba "Val Maggiore" 2005, Sandrone Luciano (100% Nebbiolo) : robe rubis. Nez vif mêlant les notes de fruits, d'épices et de caramel. Bouche pleine, mûre, avec une grande fraîcheur. Belle matière et grand équilibre. Et une belle finale fraîche et épicée. Très bien!

Valpolicella 2001, dal Forno Romano (70% Corvina, 20 % Rondinella, 5% croatina, 5% oselata) : robe sombre, opaque. Nez sur les fruits bien mûrs, la résine. Bouche ample, généreuse, d'une vigueur incroyable. C'est un véritable tsunami en bouche : c'est d'une longueur et d'une tension à n'en pas finir. Sans parler d'une matière d'une densité presque déconcertante. Un monstre, quoi ! Je comprends que les avis soient très partagés sur ce vin qui est de toute façon beaucoup trop jeune. Mais personnellement, j'aime déjà beaucoup en l'état cette petite grosse bombe. Et je goûterais avec beaucoup de plaisir le reste de sa production (Amarone, entre autres)...

C'est sur ce vin que la dégustation se finit, et ça me paraît très bien ainsi, car je ne voudrais pas être le vin suivant ;o) Merci à Julien pour cette sélection étonnante!

Merci Eric ....c'est toujours aussi " vivant " . J'aimerais bien connaitre ton avis sur un accord possible avec ce Valpolicella 2001, dal Forno Romano .

Sinon , confirmation de la belle réussite du millésime 2006 dans le Piémont .

J'aimerais bien connaitre ton avis sur un accord possible avec ce Valpolicella 2001, dal Forno Romano .

Une belle côte de boeuf cuite sur des sarments

Un vin difficile à accorder à mon avis, à moins d’attendre encore quelques années pour qu’il s’apaise... à ce jour le vin est surpuissant, il risque de prendre le dessus sur n’importe quel plat.

Cordialement,

Bonjour à tous ci-joint mon premier cr co écrit avec Ju, une exclusivité.

-1-
- Robe assez sombre, larmes nombreuses
- nez d’une belle intensité aromatique et d’une bonne complexité. Senteurs de fruits cuits, de cèdre, d’encre et d’herbe sèche rafraichi par l’eucalyptus et accompagnant de doux parfums de cerise, de fraise et de noyau.
- Bouche : attaque vive, équilibre correcte mais un peu balancé vers l’acide, toucher fluide. Fruit cuit encore accompagné de bois exotique et de moka.
Vin agréable noté 14,5/20 – 15/20

-2-
- Robe assez profonde aux larmes généreuses.
- Nez fin, élégant mais à l’intensité aromatique modeste. On perçoit des arômes complexes de violette, de rose, d’herbes sèches, de bonbon arlequin et de cerise.
- Bouche légèrement perlante à l’attaque, elle est vive, dynamique car armée d’une acidité manifeste qui se marie à un fruit où la fraise est principalement perçue et associée à des notes d’épices comme le poivre. La finale est un peu chaleureuse et apporte le vin assez loin.
Un joli vin noté 15/20 – 16/20

-3-
- La robe est sombre, opaque au centre du verre, elle laisse de belles larmes contre la paroi du verre, allant se perdre dans un disque fin et rubis.
- Le nez (léger dégagement de souffre) est flatteur, d’une belle intensité aromatique, déployant de gourmands arômes de fruits noirs bien mûrs voire compotés comme la mûre et le cassis, subtilement mariés à des notes empyreumatique de torréfaction, ainsi qu’à des fragrances d’épices fines laissant croire en un élevage ambitieux.
- La bouche est vive, un peu chaleureuse et aux tannins perceptibles presque massifs. Le vin joue plutôt la carte de la puissance que celle de la finesse, en tout cas dans cette phase de jeunesse. La matière est en effet massive, puissante, mais respectueuse du fruit. Enfin, une amertume manifeste est perçue en finale, apportant une fraîcheur un peu délaissée en milieu de bouche et une longueur de bon aloi.
Un joli vin qui mérite un peu de patience encore peut être. Noté 15/20 – 14/20

-4-
- La robe est bien sombre, presque encre au centre du verre et laissent glisser de nombreuses larmes illustrant la viscosité du cru.
- Le nez est intense et complexe, il se présente tel un beau bordeaux à travers des senteurs de poivron noble, de terre, de cerise noire dans un style très Margaux, de cassis de poivre et de sève assez élégants (écorce de chêne).
- En bouche l’attaque est douce presque gourmande doté d’une belle acidité sur la fraise et le melon, le vin se montre élégant, pourvu d’un bel équilibre et d’une trame tannique ronde, bien travaillée. Les épices et les fruits introduits au nez sont retrouvés et appréciés, la finale est belle, le vin complet.
Un joli cru qui ne s’éloigne cependant pas trop des vins de notre région bordelaise. Un vin qui serait intéressant de mettre face à un joli Bordeaux du même millésime.
Noté 15,5/20 – 15.5/20

-5-
- La robe est opaque le disque est fin et à l’allure assez évoluée d’acajou laissant croire à un vin d’une bonne dizaine d’année.
- Le nez est intense et noble, il plait beaucoup de par sa grâce et sa complexité manifeste. Il offre des senteurs mêlées, je dirais même entremêlées tant elles sont harmonieuses et difficiles à distinguer les unes des autres, comme formant un tout indissociable. L’on peut évoquer le musque, les fruits noirs un peu cuits, la crème de cassis, le sous bois et les herbes aromatiques pour tenter une description, mais la description est faible. Très beau.
- En bouche, le vin semble abouti, l’évolution distinguée à la vue de la robe se confirme, le vin est déjà assagi… La structure tannique est riche est fondue, l’on sent que le vin présente une certaine puissance et un toucher velouté, presque épais. La fraîcheur est ici bien ressentie et fort plaisante, l’équilibre parfait. Le vin est d’un style quelque peu bourguignon, offrant des notes de cerise presque acidulées, de torréfaction et de zest d’oranges ; mais laisse le dégustateur perplexe en raison de ce caractère évolué assurément précoce. Une légère sécheresse en finale écourte légèrement la sensation de plaisir tout de même.
Note : 16,5/20 – 16.5/20

-6-
- La robe est sombre sans être opaque
- Le nez est élégant et fin offrant des senteurs d’herbes sèches aromatiques, ainsi que des senteurs de cerise à l’eau de vie, de kirsch et de zan, donnant un air de bourgogne au cru.
- En bouche, le vin est bourguignon, un peu acidulé en raison d’un fruit notoire et d’une acidité marquée jusqu’en finale. Il est dynamique et plaisant.
Noté 15,5/20 – 14/20

-7-
- La robe est profonde, juvénile, le disque est fin.
- Le nez est intense et plaisant, il déploie de doux parfums de pralin, de lait d’amende douce, de frangipane et de noyau de cerise ainsi que du café et de la noisette. Le fruit est beau, croquant
- La bouche est d’un bel équilibre et d’une belle acidité, crémeuse, le touché velouté en raison de tannins bien polis, et le fruit retrouvé, ainsi que les notes empyreumatiques de café et noisette introduites au nez. Finale épicée sur la cannelle.
Un joli vin noté 16/20 – 17/20

-8-
- La robe est sombre et évoluée, acajou presque tuilée.
- Le nez est plus marquant par la finesse et délicatesse de ses arômes que par l’opulence qu’il produit. Le cru exhale des parfums de pruneau, de fraise cuite, d’herbes sèches et de sève complexe et plaisants.
- La bouche est goutteuse et fraîche, l’équilibre est beau malgré une acidité marquée ; la finesse est là encore le mot d’ordre avec une approche viandée et sur le pain d’épices. Un vin cohérent, construit et capable de procurer du plaisir encore de nombreuses années.
Noté 16,5/20 – 16/20

-9-
- La robe est soutenue sans être opaque, les larmes présentes.
- Le nez est élégant, il déploie des parfums lactés de caramel au beurre, mais aussi fruités de cerises, de fraise écrasée ainsi que de plaisantes notes mentholées apportant une fraîcheur frappante au cru.
- La bouche est gourmande et d’un bel équilibre. Les tannins sont bien présents et donnent à ce vin toutes son ampleur. Le caractère lacté est retrouvé, le fruit est bien mûr et pourtant transporté par un vin dynamique à l’acidité manifeste... La finale sème de beaux arômes torréfiés.
Un joli vin noté 16/20 – 17/20

-10-
- La robe est encre, impénétrable, le disque fin et pourpre.
- Le nez est plutôt timide en terme d’intensité, il offre cependant des senteurs complexes de pruneau, de sève et de fruits noirs de belle maturité.
- La bouche est surpuissante, d’une extraction importante. Massive, opulente, riche, concentrée, le cru nous met face à un monstre de concentration et un nectar d’une jeunesse impérissable qui demande encore une dizaine d’années peut-être pour arriver au niveau qu’il mérite. Ceci étant, le potentiel est évident, tant l’équilibre est là, accompagnée d’une matière toute en force.
Un joli vin s’exhibant aujourd’hui plus comme un potentiel énorme que comme une gourmande accessible et appréciable à ce jour.
Noté 17/20 –

Bien à vous