Gaillac était pour moi un vignoble inaccessible, depuis que, il y a 10 ans, ma tentative d’y aller depuis Toulouse avec un copain avait fini dans un fossé, sur le toit (pas de blessé heureusement).
J’ai donc profité de quelques jours de vacances pour aller enfin voir ce vignoble et conjurer le sort.

Les paysages m’ont enchanté, avec une infinie variation de vallons qui mêlent aux vignes des bosquets, des cultures de céréales ou de tournesols (magnifiques en cette saison) et des hameaux. Le coin est très calme en ce début juillet, on peut s’arrêter pour écouter le vent sans être distrait par le passage. D’ailleurs le vent (d’ouest, et non le vent d’autan) souffle fort cette semaine.

Pour ma découverte des vins locaux et cépages aux noms poétiques, je suis allé voir deux des meilleurs vignerons de l’appellation : Bernard Plageoles (du domaine éponyme) et Jean-Marc Balaran (domaine d’Escausses). Deux visites très sympathiques et intéressantes, qui laissent juste le regret que l’appellation demeure un peu floue pour moi, avec tous ces cépages (plusieurs variétés de Mauzac, Braucol, Duras, Syrah, Merlot, Cabernet Sauvignon, Gamay, Prunelart, Loin de l’oeuil, Sauvignon, Muscadelle, Ondenc…) qui peuvent être, ou non, assemblés.
On sent que ces domaines, s’ils ne sont pas les plus touchés, ressentent néanmoins les effets de bord de la crise viticole, c’est dire l’abysse qui les séparent des appellations prestigieuses emmenées par l’export. Les deux domaines commercialisent plus de la moitié de leur production directement au caveau, cela m’émerveille.
J’ai gouté des bonnes choses. Mes CR sont dans les rubriques des domaines respectifs.
C’était un bon moment que cette petite escapade d’amateur à la découverte du vignoble.
Amicalement,
Benjamin

Superbe,

Il y a de très belle maisons cossues en pierre dans ces parages vallonés.

J'ai rappelé ailleurs que Gaillac est la région de France où l'on produit la gamme de vins la plus large, des perlants aux vins de paille en passant par les effervescents et les vins de voile.

Laurent,
Cette gamme si large m'a semblé être autant un inconvénient qu'un avantage pour la lisibilité de la production.
Ou, pour être plus précis, la grande latitude qu'ont les producteurs au niveau des cépages et des pratiques. La gamme elle, est bien comme elle est car il y a des vins pour toute la vie (ou presque) à Gaillac.
De l'arbitrage difficile entre standardisation et efficacité commerciale...
Qu'en penses-tu?
Benji

qui laissent juste le regret que l’appellation demeure un peu floue pour moi

Il y a en effet une grande diversité, d'ailleurs lors de mes premières participations au concours des vins, je me refusais à remplir la colonne "typicité" tant je l'estimais vide de sens. Depuis elle a disparu.

Mais cette diversité est l'image du terroir, il y a une grande hétérogénéité des sols et même des paysages, sans parler des façons de faire.

A une époque où certains redoutent l'uniformisation elle n'est pas en marche à Gaillac! et Robert Plageoles n'a de cesse de retrouver des cépages anciens oubliés (à juste titre pour certains).

Plutôt terroir à blancs quand même, en tout cas pour ce qui est de la rive droite (la plus importante en superficie plantée), j'avais tendance à penser que les seuls grands vins à Gaillac l'étaient en liquoreux ; et encore, ne pouvaient prétendre à ce statut (que depuis quelques années seulement) que quelques rares cuvées : 89 avec Autan avait donné la mesure et il aura fallu attendre quelques années supplémentaires pour que d'autres s'y mettent à un niveau qualitatif comparable. 96, 97, 2001 ont assis une spécialité locale avec des nouveaux noms qui sont apparus ou d'autres qui ont confirmé. 2002 restera l'année de l'exception avec Renaissance de Rotier, même si Autan n'est pas mal non plus. Je crois aussi que 2005 devrait réserver de belles choses dans ce type de vins.

Mais la nouveauté, c'est l'émergence de vins rouges de qualité qui étaient l'exception autrefois, il faut bien l'avouer. On avait des vins corrects, mais rien de bien ambitieux : les choses changent...

Une autre voie qui semble être explorée, c'est le dépoussiérage de la méthode gaillacoise, ancestrale, qui donne de bien meilleurs résultats que la méthode traditionnelle pour mon goût et qui surtout permet d'utiliser au mieux le mauzac qui manque quand même un peu de vivacité lorsqu'il est vinifié seul en sec ou en doux.

Pour ce qui est des vins blancs secs, ils ont souvent des notes anisées qui pourraient bien venir du fait que la culture du fenouil servant aux distilleries d'apéritifs anisés embeaume la campagne à peu près au même moment que les vendanges. Plageoles quant à lui avance l'idée que la culture de la badiane autrefois a imprégné le sol... Le loin de l'oeil permettra aussi de trouver une réponse : un cépage très intéressant et les essais récents sur la cuvée Astrolabe permettent d'espérer.

Benji,

J'en pense que connaître mérite un effort : ce serait vrai aussi si tu migrais vers les barolos, par ex, ou la Moselle allemande.
Gaillac est un vignoble millénaire, mais il n'est pas Côtes de Nuits.
Hiérarchie des terroirs nommable ?

Jérôme,

Voir le post sur les beaux Gaillac 2004 dégustés (dont chez Bertrand) : la croix petite a plus souffert que La Maze de Frausseilles au GJE (mais quid de Las Cases ou Clinet, au delà du rang 150 !).

je dois regoûter Astrolabe 2004 bientôt (pur loin de 'loeil) : je suis resté à 14/20.

Ce débat sur l'imprégnation olfactive ambiante est loin de faire l'unanimité, je pense !

Les liquoreux sont nombreux à se hisser haut (Autan 97 en fait partie).

Il me semble avoir vu passer une pub à Toulouse : Gaillac : rouges et rosés piscine : brrrrrr !

Pourquoi pas, si cela reste dédié au camp méditerranée.

C'est vrai que les rouges de Gaillac ont fait d'énormes progrès.

Petite question aux régionnaux : le Mauzac rouge de Plageoles, que j'ai vu chez un caviste, est il interessant ?

le Mauzac rouge de Plageoles, que j'ai vu chez un caviste, est il interessant ?

ça dépend, suivant qu'on est curieux de goûter un vin (monocépage comme tous les vins de Plageoles) d'un cépage rare, ou qu'on veut un vin plus complet (d'assemblage, comme c'est habituel à Gaillac).

Je connais son prunelart (cot à queue rouge), pas mal sans plus, mais pas ce Mauzac rouge.

A quel prix, Raymond ?

J'avoue que je ne me souviens pas , car j'ai vu beaucoup de vins ce jour là chez Vercoquin à Lyon (ou j'ai pu récupérer 2 "Substance" ! )

Excellent caviste, un peu cher tout de même .

Content d'apprendre que tous les vins de Plageoles sont monocépage.Bertrand a l'air réservé .

Content d'apprendre que tous les vins de Plageoles sont monocépage.Bertrand a l'air réservé

Dans les régions qui cultivent plusieurs cépages (hormis l'Alsace), je préfère toujours l'assemblage, en particulier à Gaillac.
Les rouges de Plageoles, trop simples, sont très loin des meilleurs de l'appellation, par contre son ondenc, même si c'est un cépage pur est souvent au sommet.

monocepage et pourtant en appellation Gaillac

monocepage et pourtant en appellation Gaillac

Les décrets de l'appellation ne font pas état de proportions à respecter dans les vins, ils réglementent seulement l'encépagement. C'est ce qui a permis à Robert Plageoles de ne pas utiliser le braucol, cépage emblématique de l'appellation, pendant longtemps (depuis le fils a changé sa façon d'appréhender ce cépage), il en cultivait la proportion légale et vendait le braucol en citerne.

Art. 2. - (Remplacé D. 30 avril 2001) - Pour avoir droit aux appellations d'origine contrôlées "Gaillac" (blancs, rouges, rosés) et "Gaillac premières côtes" (blancs), les vins doivent provenir des cépages suivants, à l'exclusion de tous autres : a) Vins blancs : Len de l'El B, mauzac B, mauzac rosé Rs, muscadelle B, ondenc B, sauvignon B, sémillon B ; Les cépages len de l'El B ou sauvignon B ou l'ensemble des deux doivent représenter au moins 15 % de l'encépagement ; b) Vins rouges et rosés : Cépages principaux : Duras N, fer N (appelé également fer servadou), gamay N, syrah N. Les cépages principaux doivent représenter au minimum 60 % de l'encépagement. Les cépages duras N, fer N et syrah N ou l'ensemble de deux ou trois de ces cépages doivent représenter au moins 30 % de l'encépagement. Les cépages duras N et fer N doivent chacun représenter au moins 10 % de l'encépagement. Cépages complémentaires : Cabernet-sauvignon N, cabernet franc N, merlot N. Les dispositions relatives à la proportion des cépages gamay N, fer N, duras N dans l'encépagement s'appliquent jusqu'à la récolte 2001 incluse ; c) Par le terme "encépagement", il faut comprendre l'encépagement de la totalité des parcelles de l'exploitation produisant le vin des appellations d'origine contrôlées susvisées pour la couleur considérée.

Art. 3. - (Remplacé, D. 11 septembre 1984 ; Remplacé, D. 30 mai 1990) - Pour avoir droit à l'une des appellations d'origine contrôlées susvisées, les vins doivent provenir de raisins récoltés à bonne maturité et présenter un titre alcoométrique volumique naturel minimum de : - 10 p.100 pour les vins blancs à appellation d'origine contrôlée " Gaillac " et pour les vins d'appellation d'origine contrôlée " Gaillac mousseux " , méthode deuxième fermentation en bouteilles, et " Gaillac mousseux " ,méthode gaillacoise brut et demi-sec ; - 10,5 p. 100 pour les vins rouges et rosés à appellation d'origine contrôlée " Gaillac " ; - 11 p. 100 pour les vins d'appellation d'origine " Gaillac mousseux " , méthode gaillacoise, et les vins blancs d'appellation d'origine contrôlée " Gaillac " assortis du qualificatif " doux " ainsi que pour les vins blancs d'appellation d'origine " Gaillac premières côtes " . Pour avoir le droit d'assortir leur nom du qualificatif " doux " , les vins blancs d'appellation d'origine contrôlée " Gaillac" et les vins d'appellation d'origine contrôlée " Gaillac mousseux " , méthode gaillacoise, doivent présenter un titre alcoométrique volumique acquis minimal de 8 p. 100 et une teneur en sucre résiduel minimale de 45 g par litre. Ne peut être considéré comme étant à bonne maturité tout lot unitaire de vendange présentant une richesse en sucre inférieure à : - 153 g.de sucre par litre de moût pour les vins à appellation d'origine contrôlée " Gaillac mousseux " , méthode deuxième fermentation en bouteilles, et " Gaillac mousseux " , méthode gaillacoise brut ou demi-sec ; - 161 g. de sucre par litre de moût pour les vins blancs à appellation d'origine contrôlée " Gaillac " ; - 178 g. de sucre par litre de moût pour les vins blancs à appellation d'origine contrôlée " Gaillac premières côtes " ainsi que pour les vins à appellation d'origine contrôlée " Gaillac mousseux " , méthode gaillacoise, assortis du qualificatif " doux " ; - 180 g. de sucre par litre de moût pour les vins rouges et rosés à appellation d'origine contrôlée " Gaillac " . En outre, lorsque l'autorisation d'enrichissement par sucrage à sec est accordée, les vins ne doivent pas dépasser un titre alcoométrique total de : - 13 p. 100 pour les vins à appellation d'origine contrôlée " Gaillac " ; - 13 p. 100 avant adjonction éventuelle de la liqueur d'expédition pour les vins à appellation d'origine contrôlée " Gaillac mousseux " , deuxième fermentation en bouteille ; - 13,5 p. 100 pour les vins à appellation d'origine contrôlée " Gaillac premières côtes " ; - 14 p. 100 pour les vins à appellation d'origine contrôlée " Gaillac mousseux " , méthode gaillacoise (brut ou demi-sec) ; - 14,5 p. 100 pour les vins blancs à appellation d'origine contrôlée " Gaillac mousseux " , méthode gaillacoise, assortis du qualificatif "doux " . Toutefois, le bénéfice des appellations susvisées peut être accordé aux vins d'un titre alcoométrique volumique total supérieur aux limites susvisées et élaborés sans aucun enrichissement, si le déclarant justifie d'un certificat délivré par l'Institut national des appellations d'origine des vins et eaux-de-vie, après enquête effectuée sur sa demande présentée avant la vendange des vignes concernées. Les notifications des dérogations visées à l'alinéa précédent doivent être adressées aux services locaux de la direction générale des impôts et de la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes. Les limites visées aux alinéas ci-dessus peuvent être modifiées, lorsque les conditions climatiques le justifieront, par arrêté conjoint du ministre d'Etat, ministre de l'économie, des finances et du budget et du ministre de l'agriculture et de la forêt, sur proposition de l'institut national des appellations d'origine des vins et eaux-de-vie, après avis des syndicats de producteurs intéressés.