DINER SAPROS
OK, OK, j'ai un tout petit peu de retard dans mon CR et j'entend d'ici PhR soupirer depuis St Jean de Mont «enfin!!» (aaa). J'avoue mon immobilisme mais, comme vous le savez bien, plus c'est long plus c'est bon (bbb)...et là , le CR est particulièrement long. Si vous voulez aller aux WC, c'est le moment! (aaa).
Ce dîner du Lundi 23 juin 2003, au lendemain du démarrage de vinexpo et en parallèle à celui-ci, se déroule donc à la Maison du Pays du Fronsadais située à Saint Germain la Rivière, p'tit bled à quelques encablures de Libourne (Pratique pour moi car j'ai passé l'après midi au Château Moulin Pey Labrie tout proche pour une gigantesque dégustation en présence, entres autres d'Antoine Arena, JB Senat, Marcel Richaud, André Ostertag...). Le cadre n'a rien d'exceptionnel mais, l'esthétique à ce moment précis, on s'en bat l'Å“il (pardonnez l'expression). Nous ne sommes pas là pour rigoler, noundidiouuu ! (aaa)
Sur place, Phil85 accompagné d'un ami vient à ma rencontre. PhR lui a sans doute fait un portrait robot du gaillard assez fidèle (en insistant certainement sur la corpulence. J'enquête! (aaa) ). Après l'apéritif d'usage et la traditionnelle discussion de présentation, nous attaquons les choses sérieuses : LE REPAS. Petite précision, tous les vins présentés à cette soirée (150 personnes environs) sont accompagnés de leur géniteur (qui seront mis à contribution entre chaque plat pour nous décrire le vin qu'ils ont produits). A notre table prend donc place l'un d'entre eux. Francis Poirel du Château de Surronde (Quarts de Chaume). Le personnage est fort sympathique, un peu timide mais tout en finesse et gentillesse.
Le thème :
Présenter une alliance audacieuse de 10 plats associés à 10 vins de Botrytis, 10 liquoreux quoi! J'avoue ma crainte d'un tel repas. Cela risque d'être difficile à supporter. Bah!, nous verrons bien. Le chef est ........de la table.....à Neuf Brisach.
Le décor :
La salle est grande, claire et suffisamment aérée. 10 par table, 10 plats, 10 vins. J'aime cette rigueur toute germanique. Arhh so (aaa)! Là ou cela devient un peu le «souk» c'est qu'il est demandé à chaque table d'assurer le service d'où la nécessaire désignation d'un volontaire pour se rendre à la cuisine, le volontaire changeant à chaque plat. A cet instant, un vide, un grand silence et tout le monde s'observe. La taille moyenne des participants diminue à vue d'Å“il au fur et à mesure que les gens s'enfoncent dans leur siège. Soudain, un jeune homme se lève (je pense un peu «aidé» par sa mère, productrice à Saint Jean de Minervois (aaa)), se dirige vers la cuisine et d'un coup, les discussions reprennent, les visages retrouvent leurs couleurs. Bizarre autant qu'étrange ce phénomène! (aaa)
Le repas :
1er plat: Fromage de tête à la rose accompagné d'un Alsace «Fronholtz Vendanges Tardives Gewurztraminer» 2000 de André Ostertag. Sur un terroir de Graves, c'est un 100% Gewurztraminer.
* Le vin est superbe, la robe d'or. La bouche est fortement axée sur les fruits confits. Le vin est souple, rond avec une sucrosité peu marquée. Il dégage de cette cuvée une complexité grandiose, un bel équilibre. Le plat quand à lui est excellent et s'associe parfaitement au vin présenté.
2eme plat: Nems de Porc aux épices accompagné d'un Condrieu «Fleurs d'Automne» 2002 de pierre Gaillard. Un 100% viognier avec un élevage de 6 mois. Le terroir est composé de coteaux en terrasse et le sol en majorité de granite.
* Quel vin !!!! La couleur jaune ambrée. Le nez superbement parfumé. En bouche, quelle douceur! Quelle persistance! Le vin est d'une telle complexité que je ne peux dire qui de l'agrume ou du fruit exotique domine l'ensemble. Un arôme de noix fait aussi son apparition. C'est grandiose. Tellement grand que le plat (pourtant excellent) est emporté dans ce tourbillon des sens. A ce moment précis, je me demande ce que nous réserve la suite.
3eme plat: Gelée de Saint Jacques à la cardamome accompagné d'un Coteaux du Layon «Les 4 Villages» 2001 de Jo Pithon. Produit sur un assemblage de terroirs de St Laurent, Aubin, Beaulieu et Chaume.
* Aà¯e, la déception! Le vin est de toute évidence bouchonné...et pas de bouteilles de rechanges prévues. Dommage! En tout cas, le plat est sublime et le Condrieu de P.Gaillard remplace avantageusement le Coteaux du Layon.
4ieme plat: Flan salé aux morilles et citron confit accompagné d'un Quarts de Chaume «Château de Surronde» 1999 de Francis Poirel. Sur un terroir de Schistes gréseux, un sol sablo-limoneux, ce vin est 100% chenin. Une petite production de 6000 bouteilles.
* Un grand vin là encore! La robe est d'un jaune doré magnifique. Les arômes de fruits confits, de coings sont omniprésents. Le vin présente un volume extraordinaire, une persistance de haute volée. La sucrosité et la présence de l'alcool participe au superbe équilibre de cette cuvée. Des notes d'agrumes apparaissent. Le plat s'accorde très bien, parfaitement bien. Francis Poirel, à notre table, s'attire les félicitations du jury conquis.
5ieme plat: Foie gras au jus de betterave, pain d'épices et vinaigre balsamique accompagné d'un Sauternes «Cru Barréjats» 1998 de Mireille Daret et Ph.Andurand. Le terroir est composé de sables et d'argiles rouges sur roche mère calcaire fissurée. L'encépagement de 85% de sémillon, 10% de sauvignon et 5% de muscadelle. L'élevage est de3 ans en barriques.
* La robe est d'un bel or foncé. En bouche, le caramel apparaît immédiatement. Le vin est rond, souple, gras et la finale est d'une ampleur incroyable. Cependant, je trouve le vin un peu trop puissant actuellement. Pour moi, c'est un vin un peu «too much». A redécouvrir dans 5 ans. L'accord quand à lui est classique mais, la puissance du vin domine outrageusement le plat (au demeurant excellent mais peu mis en valeur avec cette cuvée). Ce vin demande quelques années de plus en cave mais c'est une bombe en devenir.
6ieme plat: Escalope de canard à la poudre d'orange et jambon de Parme accompagné d'un Sauternes «Château Guiraud» 1998 de Xavier Planty. Le terroir est de graves. La surface de 85 hectares et l'encépagement à 65% de sémillon, 35% de sauvignon avec un élevage de 24 à 30 mois.
* C'est un joli vin qui nous est présenté là . Les arômes sont fortement empreints de fruits confits. L'équilibre est net et de belle facture entre la présence alcooleuse et une sucrosité peu marquée. La finale est longue et chaleureuse. De la puissance, du volume distinguent ce 1er cru de Sauternes. Le plat quand à lui est merveilleux et s'accorde très bien avec le vin. Difficile pourtant pour Guiraud de passer après la puissance incroyable du Cru Barréjats. La comparaison n'est pas en sa faveur et il aurait peut être était de bon ton d'inverser l'ordre de passage des vins.
7ieme plat: Escalope de foie gras mariné à la truffe blanche d'Alba accompagné d'un Alsace «Gewurztraminer Vendanges Tardives» 1999 de JM Deiss. Un 100% gewurzt. produit sur un terroir de graves.
* La robe est or, magnifique. Les fruits exotiques (ananas) regorgent dans le verre. Le vin fait preuve d'un bel équilibre. La sucrosité est légère, agréable. Tout en finesse et onctuosité. Un régal! Seule la finale m'apparaît comme étant un tantinet trop courte mais, c'est un détail qui n'altère pas la perception de bien être qui m'envahit. Soudain, JM Deiss se lève et nous dévoile qu'il est déçu par cette production, loin d'être sa meilleure. Heureusement que je suis assis! (bbb). Je me demande alors à quel niveau s'élèvent les vins de Deiss lorsque, selon le producteur, ils sont de réelles réussites? Le plat, tout en subtilité, s'accorde quant à lui parfaitement à ce «petit vin» (aaa) . Un accord tout en finesse et volupté. Un des musts de la soirée.
8ieme plat: Tajine d'agneau au gingembre accompagné d'un Coteaux du layon «Sélection de Grains Nobles» 1999 de Patrick Baudouin. Sur un terroir de Schistes gréseux carbonifères, c'est un 100% chenin avec un assemblage de 4 tries.
* Le vin est carafé. Au nez, une pénible sensation d'ammoniaque. Je craint le pire. En bouche, cette impression disparaît heureusement et les fruits, clairement exotiques se font la part belle. Le vin titre 11% et 145g de sucre résiduel. Cette présence n'est pas marquée outre mesure et un équilibre sain se développe dans le verre. Le plat de son côté est aussi une réelle réussite mais l'accord avec le vin ne l'est pas. Dissociés, les 2 sont de très haut niveau. Ensemble, cela est difficile de les apprécier. L'accord le moins réussi à mon sens.
9ieme plat: Confit de Lapereau au coing et épices accompagné d'un Gaillac «Délires d'automne» 2001 de Patrice Lescarret, domaine de Causse Marines. Il s'agit d'un moût de raisin partiellement fermenté composé en majorité d'Ondenc.
* La robe est superbe, d'un jaune vif. En bouche, la première chose que je remarque, c'est la sucrosité fortement marquée. Le vin est puissant, capiteux voire un peu à la limite de l'opulence (une personne de ses connaissances à mes côtés dira en parlant de P Lescarret «son vin est aussi puissant et lourd que lui est grand et maigre (aaa) ). C'est un vin qui me surprend. Son aspect massif est associé à une belle finesse en finale. Et quelle sensation de croquer dans un fruit confit en provenance directe et immédiate d'Apt, Le plat et donc l'accord malheureusement va s'en trouver fortement déséquilibré. Le vin est trop puissant pour permettre au petit lapin de s'en sortir. C'est raté. La chasseur a encore gagné (bbb).
10ieme et dernier plat: ouf! J'ai déjà desserré 2 crans de ceinture mais, en règle générale, je garde toujours une petite place pour le dessert (bbb). Tchina au chocolat amer accompagné d'un Mâcon «Cuvée Botrytis» 2000 du domaine de la Bongran de Jean Thévenet. Certaines années seulement, riches en pourriture noble, donnent cette cuvée. Le terroir, lui, est d'argilo-calcaire, bathonien et oxfordien (comprenne qui pourra (aaa)).
* La robe est d'un or pâle mais avec des reflets d'un jaune éclatant. Les fruits exotiques explosent au nez. En bouche, on retrouve l'exotisme de l'ananas, de la papaye..200g de sucre résiduel dans sa composition. C'est magnifique. Un équilibre extraordinaire avec une présence de l'alcool qui s'harmonise parfaitement à cette sucrosité. Le vin présente beaucoup de gras, de fraîcheur aussi avec une persistance et une longueur surprenante. Quel plaisir! Quel surprise pour moi qui, pour la première fois, ai dégusté tant un Mâcon qu'un Condrieu liquoreux. Ces deux cuvées font parties de mon trio vainqueur de la soirée (le Château de Surronde complétant le tiercé). Et quelle soirée! Ah, j'oubliais Le plat bien sûr! En lui même excellent et associé à ce vin, il devient superbe. L'accord pouvait paraître difficile au départ mais il n'en a rien était. Beaucoup de délicatesse et de charme pour ce dernier moment (il ne me manque plus à cet instant qu'un bon fauteuil, un bon cigare et un bon cognac pour terminer en beauté cette réunion fort sympathique (aaa) ).
Il est temps désormais de nous quitter. Arrivés sur place à 20H, nous quittons Saint Germain la Rivière aux alentours de1h30 avec plein de merveilleux souvenirs et la réelle sensation qu'il est tout à fait possible d'organiser un repas autour de quelques liquoreux sans que notre foie ou notre estomac ne nous le reproche. Le lendemain, c'est frais et dispo (enfin presque en ce qui me concerne (aaa) )que je rejoindrai PhR et Phil85 à vinexpo pour poursuivre une semaine vineuse qui aura parfaitement débutée.