Ce jeudi 19 mars, j’accueillais chez moi deux de mes amis et… 8 femmes! Non ce n’est pas ce que vous croyez… Ma compagne organisait un atelier culinaire animé par une représentante en matériel de cuisine et épouse d’un de mes amis. Pendant que nos compagnes et quelques amies étaient occupées à leurs affaires culinaires, nous avions organisé une petite dégustation, qui nous a permis d’ouvrir de nombreux flacons et d’abreuver nos compagnes.
Chacun avait apporté 3 vins, dont un blanc. Les vins sont servis à l’aveugle, d’abord les 3 blancs puis les 6 rouges. Les vins ont été ouverts en moyenne 3 heures à l’avance, et sont servis à 16-17°c pour les rouges, environ 10-12°c pour les blancs.
En guise d’apéro, j’ai d’abord proposé un petit vin blanc à la robe assez pâle, aux arômes fleuris et fruités, à la bouche fraîche et légèrement grasse, se terminant sur une petite touche d’amertume. Le vin a plu et étonné par son rapport Q/P: Mas des Bressades Tradition blanc 2008 (un peu plus de 6 euros).
Premier vin à l’aveugle, c’est un blanc à la robe jaune citron, brillante, aux arômes d’agrumes, de fruit très mûr, presque confit, et selon moi légèrement empyreumatiques. La bouche est très riche, dominée par des notes citronnées, avec beaucoup de volume et de gras, et beaucoup d’acidité. Beaucoup de longueur, finale un peu alcooleuse qui nous fait penser au sud (Rhône? Graves?). Nous avons tout faux! C’est la cuvée Les Romains, Sancerre Blanc 2005, du domaine Vacheron. Très beau vin auquel nous reprochons toutefois un petit déséquilibre sur l’alcool.
Second blanc: la robe est jaune or, limpide et brillante. Le nez présente un côté beurré, légèrement grillé, et des notes de fruit exotique. Beaucoup de fraîcheur et de longueur, beaucoup de volume et de gras, et une finale légèrement amère et saline. L’un de nous suggère un chenin de Loire 2001, je penche plus pour la Bourgogne 2002. Tout le monde a gagné: c’est un Givry 1er Cru « Petit Marole » 2001, François Lumpp. Excellent vin.
Le vin suivant a une robe plus pâle, un nez assez complexe aux notes végétales, fruitées, fleuries, anisées pour certains, mentholées, épicées. La bouche est assez volumineuse, gagne en ampleur au fil des secondes, s’exprime notamment sur la poire et le côté anisé et mentholé. Le vin ne manque pas de fraîcheur ni de longueur, mais se termine également sur une finale un peu chaude. Mes amis pensent être dans le Languedoc ou la Provence, sur un millésime récent, ils n’ont pas tort, c’est un Mas Jullien Blanc 2006, Vin de Pays de l’Hérault. Ce vin a moins convaincu.
Le premier rouge a une robe très soutenue, rubis, avec des traces légèrement orangées sur le disque. Le nez est poivré, fruité, avec des notes de sous-bois et de champignon. La bouche est souple, riche, chaleureuse. Nous partons sur le Rhône sud, ou alors le bordelais, d’un millésime d’une dizaine d’années. Nous sommes très loin: c’est un Merlot 1999, Souverain Winery, Alexander Valley (Californie USA). Vin très plaisant.
Le vin suivant a une robe à peine moins dense que le vin précédent, avec également le disque orangé. Les notes d’élevage sont plus marquées, sur la vanille. Beaucoup de fruit, un peu d’humus et des notes de poivron. La bouche est ample, riche et longue, avec une finale un peu chaude et épicée. L’ensemble est assez fin et élégant. L’expérience du vin précédent me fait à nouveau partir sur le nouveau monde, je pense à l’Australie, à un vin de 7-8 ans contenant du cabernet sauvignon. Un de mes amis part sur Saint-Emilion. J’ai de la chance, c’est un Phoenix Cabernet Sauvignon 2003, Penley Estate, Coonawarra (Australie). Très beau vin.
Troisième vin rouge. Robe d’intensité colorante moyenne, nettement plus évoluée que les deux précédents. Le nez est plus évolué également, sur l’humus, les épices, le tabac, et le fruit un peu compoté (prune). La bouche est fine, élégante, épicée, longue, fraîche et structurée par des tanins très fins. Finale un peu alcooleuse. Mes deux compères pensent au sud, Rhône ou même LR, millésime 95 ou 96. Pas mal, c’est le Château de Fonsalette 1996! J’aime beaucoup, mes amis un peu moins.
Le vin suivant fut assez surprenant: la robe est rubis assez foncé, avec des reflets violacés. Le nez est boisé, cerise, eucalyptus. Vin très structuré, tanins un peu secs. Ce vin ne nous convainc pas vraiment, mais nous soupçonnons un léger goût de bouchon, nous lui laissons donc le bénéfice du doute. Nous pensons à un vin très jeune; l’un pense au Sud-Ouest. Raté, c’est un 100% Petit Verdot, Château Moutte-Blanc, Moisin 2002, Bordeaux Supérieur. Intéressant mais à revoir après quelques années de garde supplémentaires. Le millésime nous laisse perplexes: nous pensions avoir un vin beaucoup plus jeune dans nos verres.
Avant-dernier vin, une robe rouge intense, au disque orangé. Des arômes évolués de sous-bois, d’humus, des notes de poivron, de lard fumé. Un bouche qui commence fort mais qui finit trop vite et sur des tannins assez secs. Tout le monde pense à Bordeaux rive gauche, sur un millésime entre 1999 et 2001. C’est le Château Pontet-Canet 1994… Grosse déception pour moi, qui attendais plus de ce vin suite aux CRs lus sur LPV. (nb. J’ai fini la bouteille sur les 2 soirs suivants, pas mieux)
Et pour terminer, un vin à la robe brillante et d’un beau rouge rubis, assez profonde et au disque légèrement orangé. Le nez est assez intense sur le fruit (groseille, myrtille), une petite note torréfiée, une touche de violette. La bouche est remarquable par sa structure très fine, son côté soyeux en bouche, sa longueur. La finale est un peu amère et alcooleuse, néanmoins le vin est très frais. Je pense à un cabernet-franc de Loire, millésime 2003. Bingo! Château de Villeneuve, Le Grand Clos 2003, Saumur-Champigny. Très joli vin.
Conclusions: un soirée très agréable et ludique. Il y avait bien deux ans que nous n’avions pratiqué ce genre d’exercice, et nous avons trouvé cela très intéressant et stimulant.
Les vainqueurs de la soirée sont le Givry et le Cabernet australien, suivis du Sancerre et du Saumur-Champigny. Cet exercice nous a rappelé à quel point le monde du vin est vaste et compliqué, et à quel point il est difficile de reconnaître ne fût-ce que la région d'origine d'un vin.
Au plaisir de lire vos réactions, si vous connaissez certains de ces vins!
JC