Privilégié d’avoir participé à la présentation et dégustation du millésime 2019 organisée par l’importateur suisse. Les conditions de dégustation sont bonnes (tous les verres sont pré-remplis devant nous et protégés par une feuille, les 2 blancs sont servis à la fin et à bonne température). Le parfum qui s’est dégagé dans la salle lors de l’enlèvement collectif de la feuille de couverture a déjà créé un WoW qui allait donner le La pour la suite.
2019 fur un millésime riche et puissant, avec un fruit prononcé et des maturités éleveés, mais ayant pu garder finesse et fraîcheur (dixit le domaine). Toutes les robes sont soutenues, celle de la Romanée-Conti étant la plus claire.
Vosne-Romanée 1er Cru (jeunes vignes de Grand Cru déclassées en 1er)
Le premier nez, d’abord sur la retenue, s’ouvre sur un léger boisé, une légèreté aérienne, des notes de petits fruits. En revenant au vin après 30 minutes, celui-ci avait pris des accents de mine de crayon et de lard fumé, avec cette constante d’une légère perception boisée.
La bouche est est incroyablement tendue mais soyeuse et ouverte, marquée par des notes de cendre froide et cette impression que je qualifierais de poussiéreuse. Avec le réchauffement en bouche, il ce vin prend de l’amplitude, gagne en vibration. Magnifique longueur, tout en élégance. La dernière goutte montrera l’évolution vers un vin qui s’arrondit et qui trouve un bel équilibre de début de vie. Ca commence fort.
Corton Grand Cru (un assemblage de parcelles en Clos du Roy, Bressandes et Renardes)
Un premier nez sur la crasse de fer, un côté végétal racinaire et de la fumée. Le 2e nez après 30 minutes fera ressortir encore plus ce côté ferreux.
La bouche s’ouvre sur des arômes de framboise, trés croquante, avec une touche plus « terrienne » que le Vosne bu précédemment. La structure soyeuse ressort petit à petit, amenant un équilibre entrer l’acidité bien présente via les petits fruits rouges stylée groseille et le velouté. Belle longueur sur une finale fraîche. En l’état, peut-être le vin le moins convaincant de la dégustation mais, à mon avis, avec un potentiel énorme dans le vin a évolué au cours des 60 minutes en verre.
Echezeaux
Le 1er nez est aérien, avec des notes de bacon et de fruits rouges. On sent un côté croquant et une finesse remarquable. 30 minutes plus tard, une impression de fruit frais prend le dessus.
La bouche est soyeuse et l’attaque magnifique sur le fruit croquant, la légéreté, la finesse et un équilibre d’école. La finale est interminable et tellement jouissive de par son équilibre et la vibration de ce jus. Un Echezeaux qui marque et qui surprend par son côté Vosnien.
Grands Echezeaux
Le premier nez est sobre, sur une fraîcheur minérale, une impression de vent venu du nord, puis entrée des petits fruits (framboise) et d’une note fumée. Le 2e nez confirme cette première impression et l’amplifie.
L’attaque en bouche est phénoménale, venant en couches avec une fraîcheur incroyable, des notes de petits fruits macérés, une finesse indescriptible. La persistance aromatique est comme une note de violon infinie, dans une finale en queue de paon. Un vin hors norme, magnifique et déjà si disponible. Premier grand moment d’émotion.
Romanée-Saint-Vivant
Le 1er nez est déjà ouvert, sur le fruit mûr, avec une explosion de groseille et de framboise macérées, des notes de lard fumé et une structure minérale sous-jacente qui amène un équilibre et une complexité aromatique époustouflante. 30 minutes plus tard, le parfum a encore pris 3 niveaux et devient émouvant.
La bouche présente d’entrée un équilibre hors norme acide-amer, entre structure en couches, explosion de fruits, grande minéralité, finesse et côté soyeux. Elle ne fait que s’amplifier avec le temps tout en restant noble et dans la délicatesse. La finale n’en finit pas et nous aurions pu entendre voler une mouche dans un silence de cathédrale tant ce vin est jouissif. 2e énorme coup de cœur
Richebourg
L’aromatique est plus profonde que celle du RSV, sur des notes de fruits plus lourds, de terre fumée, de lard. Un petit côté poussiéreux fait son apparition avec le temps. Ce vin bouge en permanence et déroute un peu.
La bouche est sphérique et pleine. La matière est phénoménale et vient en couches comme une succession de vagues. Les tannins sont croquants et la texture splendide, meme si ce vin est en l’état moins expressif et jouissif que le précédent. Il aura besoin de temps et donnera assurément un vin d’exception.
La Tâche
Le nez est incroyable d’intensité, sur les fruits rouges, d’une profondeur exceptionnelle, avec des notes fumées, un petit côté animal (cuir). Avec l’aération et le temps, le fruit écrasé s’intensifie, tout comme les notes fumées. Un bouquet de folie.
La bouche attaque sur des notes de cendre froide, présentant la matière la plus serrée de tous les vins bus. Un laser parfait amenant une structure soyeuse et un équilibre d’école autour d’une trilogie fruit-terre-fumée. La longueur est interminable et la tension ne fait que s’intensifier au fur et à mesure qu’on laisse du temps à ce vin exceptionnel qui en aura besoin de beaucoup avant d’être à maturité.
La Romanée-Conti
La finesse des arômes est sans rival ce soir et, dans ma tête, je ferme les yeux et je pars. L’équilibre subtil entre les notes minérales, les arômes fumés, la fraîcheur végétale est indescriptible. C’est le vin qui a le plus de tout, tout en jouant sur un registre de déception positive tant on est dans la subtilité. Je n’ai jamais ressenti ceci avant ce moment.
Je n’ai pas dégusté ce vin en 2 fois au contraire des autres, laissant mes 2 gorgées pour la toute fin, comme point d’honneur à cette dégustation. Je n’oublierai jamais ce soyeux, ce velours, cette soie, cette élégance, cet équilibre, ce toucher en bouche ….et ces milliers d’autres sensations que je ne peux décrire. J’ai la chair de poule et je me sens trembler. Un moment inoubliable pour un vin qui est et sera une sommité.
Corton-Charlemagne (1er millésime de ce vin issue de vignes de Bonneau du Martray)
Le nez est cristallin, avec des notes fumées et minérales, tout en élégance et clarté.
La bouche ouvre sur cette meme trame minérale, avec une rondeur qui apparaît ensuite (la DRC vendangeant ses blancs très tard), des notes de fleurs blanches, une impression de pierre fumée. L’équilibre est phénoménal et la finale sur une rétro de beaux amers est interminable. Quel coup de maître pour une premier millésime.
Montrachet
Un nez fumé, tout en tension et finesse, ouvrant sur un fruit exubérant avec l’aération mais tout en contrôle et équilibre entre opulence et finesse soyeuse.
La bouche est d’une richesse folle, presque liquoreuse, puis vient la tension et l’amertume, amenant une complexité en couches, un jus goûteux et intense, un équilibre jamais ressenti sur un blanc et une finale interminable. Une perfection de vin !
Que dire de plus …. Un moment privilégié dans la vie d’un amateur de vin.