Le titre
Pour les imaginatifs: L'analyse olfactive et ses outrances me gêne beaucoup... beaucoup... beaucoup… car :
Pourquoi associer à l’imagination du dégustateur forcément les outrances d’une analyse gustative ?
Je crois qu’il conviendrait de réfléchir
d’abord et surtout aux regrettables confusions auxquelles conduisent les associations abusives pourtant greffées sur ce qu’est réellement notre imagination, - ou notre imaginatif- , d'emportements chimériques ou fantaisistes.
L’extrait choisi par B L Guern est effectivement une parfaite illustration de l’erreur d’appréciation des qualités organoleptiques du vin lorsque son analyse est liée à une perception malheureusement dépourvue de sensibilité propre (
en clair, passivité de notre épithélium ou incompétence, je ne ressens rien , alors je déroule le volumen des arômes probables selon le vin, le millésime, ) mais qui pallie cette carence en recourant à la connaissance pure. (
une mémoire sensorielle, que je suis capable de récupérer)
Mais il est une différence nette entre cette forme d’
imagination purement reproductive, qui n’est réduite qu’à une fonction associative, et qui conduit effectivement à « l’autosuggestion » et ce qu’on pourrait appeler
une imagination productive ou créatrice, qui fait appel à notre seul vécu, à notre seule expérience ( à sa singularité donc, souvent mise à mal d’ailleurs, car elle conduit à l’incompréhension pour quiconque ne l’a pas éprouvée).
De cette forme d’imagination, la néophyte que je me défends d’être, voudrait en faire l’apologie, du moins, voudrait convaincre que le compte-rendu a tout à gagner à inclure des données aromatiques personnelles, et originales, fruits d'une sensation avant son intellectualisation…( Condillac)
Se séparer de son imagination et se faire le chantre en adaptant des partitions culturellement plus consensuelles pour « convaincre », ne permet pas toujours de discerner le vin.
A titre d’exemple,
trois CRs, trouvés sur le net ( hors LPV), fruits d’une analyse bien dépourvue d’un sens imaginatif...
1- Nez "plein" sur fleurs blanches, miel, cire. Bouche d'une richesse extrême, tendue par une belle acidité.
2- Un bouquet exubérant, explosif, d'une complexité rare, miel, citron et melon confit, fleurs blanches, mandarine et épices douces, beau rôti, bouche tendre, très concentrée, opulente. Le degré et le volume sont équilibrés par la fraîcheur.
3- Nerveux, corsés et d'une superbe élégance, ils livrent dans leur jeunesse un bouquet végétal de tilleul, de fougère et de jasmin, marqué d'une touche minérale. Puis apparaissent des parfums de pêches blanches et de fleurs sur fond de cire et de fruits secs. En bouche un velouté onctueux confirme la surmaturation du raisin ramassé par tries successives. Vins de très longue garde, les ….. développent avec le temps des notes de miel, d'acacia et de pommes flétries, tandis que leur corps s'étoffe superbement.
pour trois vins différents !!!:
1- Meursault Poruzots Jobard 1996
2- Climens, ( art.Le Point)
3- vins d’A.O.C.Savennières
Je préfère pour ma part les Crs qui évoquent la betterave, la Bétadine,
(
Gardiès
) le Clan, la serre de tomates
(
Arlaud
) , et pourquoi pas le hareng !!!
(
Grillet
) parce que je sais le goût du hareng, et que je peux m’imaginer et me représenter bien mieux le vin avec de telles analyses qu’autrement qui se voudraient plus « admises »…
et je sais des dégustateurs capables de reconnaître à l’aveugle uniquement à partir de Cr mettant en valeur les distinctions aromatiques…
(
Ici
)
L’imagination n’est que liberté de pensée, ou de conscience…, authentification d’une intimité avec le vin que l’on accepte de partager, - un don se soi, diffusé avec une part de risque - c’est la connivence entre flacon et dégustateur dont parle Pirotte, dans
Expédition nocturne autour de ma cave.
Je termine sur "
l’horreur de ce qui serait une plaisanterie" … concernant
l’examen visuel et olfactif.
S’il devait y avoir canular, il ne résiderait que dans le pourcentage très élevé concédé par l’auteur.
Même enceinte jusqu’à la gorge, je promenais mes rondeurs dans les volutes viniques de mon Club de dégustation, et je respirais… Rien en bouche, jamais, tout au nez… et mon
imagination ( encore elle, vraiment!)… me permettait de décrire certains arômes, (pas tous, loin de là !), que mes amis notaient … bien après qu'ils eurent eu le temps de crachouiller deux fois.
- Parmi eux, un professionnel…
Les informations sur le vin d’après l’examen visuel et olfactif sont effectivement une quotité non négligeable, certes qui ne justifient certainement pas 70% d’apport mais qu’il serait dommage de réduire à une part apéritive ou gratifiante (merci ô mon nez ! de vos faveurs !)…
Isabelle