SUITE - (et fin) Partie 3 :
Quelques étirements
, quelques blagues, quelques rapprochements tactiques de jolies bouteilles (Stéfano, quel spécialiste
décidemment !) et il est temps de manger.
Yves qui est vraiment un bon cuisinier (vraiment), a d’autres talents. Il sait par exemple très bien touiller la cuiller en bois dans la grosse marmite de soupe et la goûter, sous le regard approbateur de Marie-Thérèse Chappaz.
Cette dernière s’excuse une fois de plus ( je pense que c’est dû à un virus extraterrestre
) en nous disant sur un ton déconfit :
«
J'ai eu uniquement le temps de faire une petite soupe et d’acheter quelques fromages et du pain… ».
Elle ajoute qu'elle aurait dû accepter la proposition d’Yves qui voulait faire une fondue…
Ben voyons, et pourquoi pas un sanglier à la broche après tout cet exercice !
Et puis, quand Marie-Thérèse nous parle d’une petite soupe, ce n’est pas ouvrir un carré préfabriqué acheté à la Migros du coin. Ce n’est rien de moins qu’un potage de 4 variétés de potimarrons subtilement épicé, accompagné d’un magnifique pain de campagne et de fromages affinés (en plus de quelques jolies pièces apportées par Yves depuis Fribourg).
Les assiettes sont servies et resservies, Marie-Thérèse oubliant de manger elle-même.
Elle me lance en rapportant encore une soupière (j'ai l'impression qu’elle a fait une soupe pour la population de la ville) : «
Tu n’aimes pas ?! ».
«
Bah si, même beaucoup »
«
Alors pourquoi tu n’en reprends pas ? »
«
Mais c’est déjà la 3e assiette que je finis… »
«
Alors en voilà encore un peu ! »
… Et me voilà embarqué avec une 4e assiette.
C’est là que soudain Marie-Thérèse presque en transe s’exclame : «
J’ai oublié le safran ! ».
«
Mais non tout est bon Marie-Thérèse, c’est délicieux !!! » disons nous sans mentir.
Sauf que Stéfano ajoute : «
C’est vrai que ça manque de safran ! »
Pour venir à sa défense je demande à Marie-Thérèse Chappaz si elle ne trouve pas que Stéfano est source de grande fatigue.
«
Oh, ça va, cela fait tellement d’année que je le connais que j’ai l’habitude…».
«
Je vois [répondis-je],
ce n’est donc pas de la fatigue, c’est de la fatalité
»
Bon on rassure Marie-Thérèse, tout est délicieux. Nous arrivons même à la faire manger, même si elle ressasse un peu l’oubli de la fameuse épice.
Cool Marie-Thérèse, tout est cool
.
Et là……….. C’est le drame.
Ok c’est ma faute. Pourquoi diable ai-je dit à Marie-Thérèse que je faisais la même soupe avec du gingembre… ?
Je ne sais pas. Toujours est-il qu’elle s’exclame : «
C’est vrai c’est bon avec du gingembre, j’aurais dû en mettre ! ».
Elle se saignerait pour nous, qu’on vous dit.
Et dire que pendant que ce drame ce joue, les pingouins habituels sont à l’extérieur pour fumer leurs clopes
. Comment vont-il faire lorsqu’il fera à nouveau chaud ?
On passe aux desserts, les fameux Luxembürgerli de Sprüngli (sortes de mini macarons bien crémeux de différents parfums).
Mais les vins me direz-vous…
Bah oui, il reste des liquoreux, d’autant que Marie-Thérèse dans le souffle d’une nouvelle excuse menace de remonter encore des bouteilles de la cave.
SERIE III. LES VINS LIQUOREUX :
Il ne reste plus que 2 bouteilles !!
C’est mieux dans notre état
Mais attention, pour boire des liquoreux, même s’il ne s’agit pas des siens, Marie-Thérèse insiste pour sortir la cristallerie, c’est à dire ses récents achats de verres ciselés à l’ancienne.
«
Vous ne les trouvez pas beaux mes verres ? » demande-t-elle.
«
Bah ça fait vieux » dit Stéfano dans un large sourire.
Pourquoi t’es si méchant Stéfano ?
Parce que !
Aidan et sa douce moitié qui est venu prudemment le chercher doivent nous quitter, non sans rapidement goûter en avant-première un liquoreux.
A priori, ils aiment bien (mais pas suffisamment pour rester
).
Bouteille n°1 proposée par dfried :
(carafée près de 6 heures)
Robe : dorée très légèrement ambrée et brillante.
Nez : coing, amande, verveine et orange. Certains pensent à un chenin de Loire.
Bouche : Elle est suave sans pour autant être sirupeuse. Jolie acidité qui tend le vin sur de belles saveurs abricotées, d’amande et de verveine assez proches du nez avec un fond fleuri en plus.
Une finale très longue offre un rancio que certains autour de la table trouvent parfois un peu dérangeant.
Solution : Il s’agit d’un Sauternes
« Château Gilette crème de tête 1975 ».
Peut-être un peu trop carafé, mais je le trouve très expressif.
Le léger rancio étant assez typique de l’appellation lorsque le vin a un certain âge.
Marie-Thérèse lui donnait une 10aine d’année seulement et le trouve à son goût.
Quoi qu’il en soit, c’est l’un de mes vins fétiches. Je ne suis donc pas objectif du tout.
D’autres autour de la table, que ce soit dû à l’accumulation des dégustations ou tout simplement par goût ne sont pas totalement emballés.
Bouteille n°2 proposée par Winemega :
Robe : dorée, relativement ambrée avec un côté un peu évolué.
Nez : notes frappantes d’hydrocarbure. C’est sans nul doute un riesling.
(Heu... T'es sûr Yves
).
Bouche : la bouche est ronde et équilibrée.
La profondeur est là toujours bien maintenue par du fruit. Seule la longueur de la finale laisse quelque peu à désirer.
Solution : c’est un vin d’Alsace, un
« Riesling SGN 1988 » Hugel.
Certains s’exclament : «
Ca valait le coup de faire attendre Madame Winemega
en passant 2h30 cumulées dans la cave à sélectionner le vin !! »
.
Il commence à être temps de rentrer, car la route est glissante et longue.
Marie-Thérèse Chappaz est un peu triste:
«
J’ai aussi un Banyuls à vous faire goûter… Et puis je pourrais vous monter quelques bouteilles de la cave... ».
Ce sera pour la prochaine fois.
Le temps que Marie-Thérèse nous refasse des doggy bags
avec les restes des gâteaux et fromages que nous avons apportés (elle est comme ça Marie-Thérèse. Elle est mal à l’aise lorsqu'il s'agit de garder les cadeaux) et zou.
Vivement une prochaine rencontre !
D’ailleurs JérômeM interpelle Yves sur le chemin de la sortie :
«
On décide de la prochaine date ! »
Et Yves avec son talent habituel : «
On se voit par mail et on décide »
Il a une excuse il est fatigué comme nous le sommes tous.
Fatigués, mais heureux d’avoir rencontré une telle femme
si ouverte aux autres et si heureuse de leur faire plaisir. Outre d’être la
«
papesse de la Sélection de Grains Nobles » nous décidons unanimement de nommer Marie-Thérèse Chappaz « grand chambellan membre d’honneur du cercle LPV suisse ».
Nous revoir, et rencontrer enfin certains qui n’avaient pas pu être présents la première fois fut tout aussi agréable.
D’autant que chacun a joué le jeu, Marie-Thérèse Chappaz la première, d’apporter des bouteilles avec une histoire et une envie de la partager.
Merci à Yves, Paski55 et Stéfano familiers de la grande dame pour nous avoir permis cette rencontre.
Cordialement,
dfried