19h00. Après quelques déambulations dans Fully, j'arrive enfin chez Marie-Thérèse Chappaz, la gorge un peu nouée par l'émotion... Emotion d'être acceuilli chez la plus célèbre vigneronne du Valais et surtout émotion de rencontrer tous mes co-religionnaires de LPV, dont je connais les pseudos, les noms pour certains, mais pas les visages. Des gens qui me sont familiers... mais pas trop puisque je ne les ai jamais vus...
Après quelques pas hésitants sur la plaque de glace qui garde l'entrée de la maison (faut faire attention à pas casser ma bouteille, crédjou !), je frappe et j'entre dans le "temple". Là, la valse des salutations commence. Salut, moi c'est Christophe, enfin Tipof pour les intimes... salut Aidan, salut Alain, je mets où ma bouteille ? Salut Jérôme, Salut Yves, l'est où le tire-bouchon ? Salut Denis, Bonjour Madame Chappaz, l'est où le porte-manteau ? Salut Pascal, salut Stephano (j'en oublie... pardonnez-moi).
Les bouteilles sont groupées par type, les pinots noirs à gauche, les Bordeaux au milieu, les sudistes par terre, les blancs au frais. J'ouvre et je goûte ma bouteille. Ouf, pas de bouchon. Je la met avec les sudistes... elle va passer dans les derniers. Tant mieux, elle aura le temps de se réchauffer (NDLR : parce que Madame, qui voulait prendre de l'avance, à chargé ce matin déjà dans la voiture le sac qui contient les affaires de skis... et la bouteille - qui était enroulées dans mon pantalon de ski - est restée toute la journée dans la voiture, à l'extérieur... donc sa température doit être comprise entre 5 et 8 degrés lorsque j'arrive à la réunion LPV. Merci Madame, grrrr…).
19h30. On attaque par la série des blancs. Marie-Thérèse s'occupe du service. Elle nous a préparé une quinzaine (!!!) de vins blancs pour se mettre en bouche. Je suis carrément largué sur les premiers vins... je ne connais rien… normal, ce sont des vins de Savoie et d’Alsace et je ne connais pas les vins de ces régions. Tout à coup, on nous sert un rosé… Meuuuu non ! C’est un très vieux vin blanc, suggère Hervé. Je remets mon nez dedans, et, grâce à l’indice d’Hervé, je pense à un vieux chasselas suisse. C’est bien ça… un fendant de soixante-dix-neuf (comme le dit si bien Jean-Luc qui est arrivé avec le quart d’heure de retard que lui impose sa nationalité… euh… je veux dire son long trajet depuis Chambéry !). Quelques blancs plus tard, on arrive sur la série de Bourgogne blancs, et la première leçon de la soirée : c’est pas forcément le plus cher le meilleur… Le simple village surclasse le premier et le grand cru. L’occasion de mon premier coup de cœur de la soirée : Chassagne Montrachet 1995 de Michel Niellon. Magnifique de pureté, de minéralité, avec un équilibre parfait. Grand vin !
Ensuite, on commence la série des Ermitage (à prononcer avec l’accent valaisan), appelée aussi Marsanne blanche dans le reste du monde. Belle qualité d’ensemble de ces bouteilles, avec en point d’orgue une De l’Orée de Chapoutier, dont seul le prix surclasse les autres vins de cette série… (2ème leçon de la soirée – c’est pas parce que c’est trop cher que c’est plus meilleur, n’est-ce pas Stefano ?)
Trois vins blancs proposés par des participants concluent cette série de blanc, dont une détestable Coulée de Serrant, dont c’est ma première dégustation (ce commentaire n’engage évidemment que moi…).
21h00 ou 21h30 (me souviens plus bien). Les rouges.
On démarre gentiment avec quelques bourgognes rouges, un peu fatigués il faut le dire. Le Vosnes-Romanee 1er cru 97 de Bizot est le seul à tirer son épingle du jeu (selon moi), mais il est loin de faire l’unanimité. Les anti-pinot se lâchent…
Arrive la série des Syrah et le premier renversement de crachoir. Pascal, en vieux routinier, évite l’aspersion totale dans un superbe réflexe de déplacement latéral, suivi d’un enjambement de banc aussi rapide que précis, le tout accompagné du grognement caractéristique du sportif en plein effort. Un superbe mouvement qui mérite d'être enseigné dans toute école de dégustation qui se respecte.
On attaque maintenant les bombes. Kopar 2002, Pape-Clément 2002, Almaviva 2002, Galatrona 2000, les monstres se suivent et on est obligé de les cracher et de verser les fonds de verres dans la carafe. Oh rage, oh désespoir !
Arrive le Mas Champart « Causse du Bousquet 2002 », proposé par Marie-Thérèse. Ce vin constitue mon deuxième coup de cœur de la soirée, car il est absolument magnifique et quand on connaît son prix et la qualité des concurrents auxquels il était confronté, c’est un bel exploit. Une priorité d’achat en tout cas…
L’heure passe, les papilles se fatiguent… on commence à bailler, on boit beaucoup d’eau… mais on continue !
Passent ensuite le Beaucastel 2003, un magnifique Rioja 96 et l’on arrive aux deux bouteilles de Jean-Luc, une mondeuse surprenante (je découvre ce cépage) et… La Mouline 1990, grande. Merci Jean-Luc pour cette superbe bouteille. Pas évident d’amener une Mouline quand on sait qu’elle sera recrachée… Mais rassure-toi, j’ai pas craché !
Un italien et un Barolo finissent cette série de vins rouge. Il est à peu près minuit… c’est l’heure idéale pour manger !
Marie-Thérèse se transforme alors en cheffe étoilée et nous sert une magnifique soupe de chais-plus-quoi (j’ai pas entendu quand elle a dit), accompagnée par les grandioses fromages fribourgeois (cocorico) apportés par Yves. Un pur délice.
On termine le marathon par la dégustation de deux liquoreux, dans de superbes verres gravés qui « mettent en valeur le vin, vous trouvez pas ?» (prononcez avec l’accent de Fully ) : Château Gillette 75 et un Riesling 88 de Hugel.
1h30… c’est l’heure de rentrer. On salue tout le monde, on se dit à la prochaine. A la sortie, cette cochonnerie de plaque de glace est encore là… Aie, Ouille, doucement, ça passe, c’est bon ! Le retour sur Saillon est monotone, avec sa ligne droite de 5 km. Heureusement, la police cantonale valaisanne et occupée ailleurs. Je me couche ce soir-là avec les papilles détruites mais la tête dans les étoiles…
Une soirée extraordinaire, chez une grande Dame, avec de vrais passionnés.
Que demander de plus ?
Merci à tous pour cette magnifique soirée !
A bientôt j'espère,
Christophe.