@ Seb,
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D'un certain point de vue (comme le dit Obiwan), c'est assez consternant d'avoir créer de toute pièce un marché captif où les paysans sont obligés d'acheter (attends avant de dit qu'ils sont libres d'acheter ou d'aller voir ailleurs, l'argument est démonté plus bas) les semences là où, auparavant (mais le temps est relatif comme dit précédemment), ils en étaient propriétaires. De plus ils ne s'agit pas seulement d'oligopoles de distribution - ce qui serait déjà en soi révoltant, politiquement condamnable et juridiquement ensuite invalidé - mais de possession de brevet (USA), de COV (UE). Donc, toujours de ce point de vue , les semenciers ne sont pas légitimes (puisque tu aimes le mot) à intervenir sur un marché qui, encore une fois et en dernier lieu, de ce point de vue , ne devrait pas exister.
Mais on est ici dans le programme politique et je ne sais pas pourquoi - l'intuition ? - tu dois avoir un avis différent. Et c'est là que la démocratie intervient, car c'est au plus grand nombre de choisir, y compris de se passer de semenciers, dont la contribution au bonheur de l'humanité n'est pas démontrée (par des études randomisées s'entend , hein ! Attention, effort de blague, donc on ne se rue pas dessus)."
Alors là oui, on est dans le programme politique ! Si on te suit, on peut dire également qu'il est consternant que les taxis aient créé un marché captif au détriment des gens qui voudraient utiliser leur véhicule comme bon leur semble, et ce pour une qualité de service qui n'a pas été démontrée.
Quand tu dis que mon argument est démonté plus bas, je n'ai pas dû descendre assez bas, je n'ai pas trouvé.
L'organisation actuelle du marché des semences ne serait juridiquement pas valide (tes attendus, vite !) et les semenciers n'auraient pas de légitimité à intervenir sur ce marché, tu as trouvé ça tout seul ou ça sort d'une réunion de cellule ?
Il ne t'es pas venu à l'idée que si les agriculteurs se fournissent auprès des semenciers, c'est parce qu'ils ont reconnu depuis longtemps que seuls ces derniers ont les moyens et les capacités de produire en quantité suffisante des semences performantes et de qualité garantie, de s'adapter aux besoins du marché, de créer de nouvelles variétés adaptées à leurs conditions de culture et qu'après tout, à chacun son métier ? Ah mais non, ils ont captifs, ça doit être le syndrome de Stockholm. Ce mépris pour la profession d'agriculteur commence à être fatigant.
Il me paraît légitime
qu'une entreprise ayant investi énormément d'argent dans le développement d'une nouvelle variété puisse retirer quelque bénéfice de la vente de ses produits, mais bon, ça doit être une conception archaïque.
Si un maraîcher me vend de la cœur de bœuf alors que ce n'en n'est pas, c'est de la fraude. Le seul moyen d'avoir des garanties, c'est qu'il achète des semences couvertes par un COV (certification végétale). De plus, le COV ne l'empêche pas de réutiliser ses propres graines, du moment que c'est pour son propre usage et non pour en faire commerce.
Pour toi, la démocratie, c'est laisser le plus grand nombre choisir. Je m'excuse par avance d'utiliser cet exemple éculé mais si tu avais raison, on n'aurait jamais aboli la peine de mort en 1981. Cela dit, es-tu sûr que la majorité de la population partage tes idées ?
La démocratie, c'est donner au peuple la liberté d'élire librement ses représentants, et si ceux-ci ne donnent pas satisfaction, aux élections suivantes on en change. Ensuite, c'est à ces représentants de prendre les décisions qui s'imposent en prenant conseil des personnes les plus aptes à les conseiller. En général, c'est là que ça se gâte.
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Cette phrase est énorme et peut découler de deux positions :
1) elle est faussement naïve et fait volontairement fi des conditions réelles des choix opérés par les paysans (comme les consommateurs d'ailleurs). Les facteurs sociaux, sociétaux, environnementaux et économiques sont ainsi obérés pour mettre en relief seulement la sacro sainte liberté. C'est politiquement habile en premier lieu mais ne résiste pas 34 secondes (nombre arbitraire) à l'analyse.
2) C'est une boutade et je trouve ça rigolo. (surtout sur le caractère sain de la nourriture et l'impact sur l'environnement). Mais enfin Phi, quand tu regardes les abeilles voler, tu ne peux pas aimer ces affreux acétamipride, clothianidine, thiaméthoxame, imidaclopride, thiaclopride - dont les noms sont par ailleurs poétiques, la poésie étant là aussi purement subjective -, si ? Je tente de toucher ta fibre naturaliste (car nous sommes tous chimie, et plus loin des poussières d'étoile, tu as raison, ma phrase était trop synthétique (moi qui ai pourtant horreur des produits de synthèse dans les vignes)."
Je l'avoue, ma phrase est un peu naïve mais dans le fond c'est la vérité (en tous cas c'est la mienne). C'est vrai que les libertés individuelles ne rentrent en général pas dans les préoccupations de ceux qui veulent imposer aux autres leur vision du monde. Et j'aurais aimé que tu aies passé au moins 34 secondes sur cette analyse
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Ensuite on a droit au procédé moisi qui consiste à faire peur avec le nom chimique des matières actives. C'est vrai que ça fait peur ces noms barbares, surtout quand on n'y connaît rien ; c'est ce qui a permis le succès du canular de la pétition contre le monoxyde de dihydrogène
fr.wikipedia.org/wik....
Ces matières actives peuvent avoir des effets néfastes sur les abeilles, d'où les recommandations concernant leur emploi. D'ailleurs, tu aurais pu rajouter le spinosad dans la liste, c'est un insecte naturel et biologique qui n'est vraiment pas cool pour Maya et ses copines.
Et je te rassure, j'ai dans mon jardin un énorme rhododendron en fleur couvert d'abeilles et je n'éprouve aucune envie d'aller leur asperger gueule à grands coups d'insecticide. Le problème de disparition des abeilles est un sujet suffisamment grave et complexe pour qu'on le réduise par idéologie à une question de pesticides.
Et comme je te sens un petit peu chonchon, je te propose de nous faire part de ta vision des choses et de ta conception de l'organisation du marché et de l'agriculture. Pour le coup, on verra lequel de nous deux est le plus naïf.
Cordialement