Voici donc quelques commentaires sur les bouteilles dégustées hier soir, à l'exception des deux premières pour lesquelles je n'ai pas pris de notes, et rejoins l'avis de Thierry.
Chapoutier - Saint-Joseph "Les Granits" 1995
La robe est d'un or de belle intensité. Le nez semble quelque peu réduit au départ avec un côté fumé assez marqué, mais s'améliore bien à l'aération sur de belles notes florales, de fruits blancs et de pierre à fusil. L'attaque est fraîche, la bouche de demi-corps, bien équilibrée se conjugue plus en finesse qu'en puissance, dans un style droit et de belle longueur.
Chapoutier - Ermitage "De l'Orée" 1991
La robe est semblable à celle des Granits, même si elle semble paradoxalement un peu plus jeune. Très beau nez, flatteur, avec un élevage encore quelque peu perceptible sur la poudre de riz et la vanille, mais qui reste dominé par un fruité très mûr et des notes de miel. L'attaque en bouche est marquée par un gras impressionnant, imposant, mais qui laisse cependant poindre une belle acidité qui, sur la très longue finale minérale, parvient à équilibrer le tout de fort belle manière. Une très belle bouteille qui en impose et qui ne craint pas l'affrontement avec le foie gras.
Deux vins de style très différent, finesse et droiture d'un côté, puissance et volume de l'autre, qui s'en sortent très bien dans leur registre respectif et qui ont parfaitement affronté les années.
Paul Jaboulet Aîné - Hermitage "La Chapelle" 2002
La robe est d'intensité moyenne, aux reflets violets à rubis. Le nez est flatteur, marqué dans un premier temps par un léger boisé, qui laisse rapidement place à un fruité doux et des notes poivrées assez marquées. La bouche est toute en délicatesse et en finesse, le vin n'est ni très profond ni réellement puissant, mais sait se montrer très agréable et plaisant avec ses tannins fins et une longueur tout à fait respectable dans le contexte du millésime. Une belle entrée en matière !
Paul Jaboulet Aîné - Hermitage "La Chapelle" 2000
La robe est semblable au précédent, un peu plus évoluée. Le nez se montre plus boisé, avec des notes vanillées qui ne masquent cependant pas le beau fruité mûr, les épices, la réglisse, et un petit côté sanguin voire animal plus présent au réchauffement. L'attaque en bouche est belle, fraîche, avec un volume plus imposant que le 2002, un équilibre qui me semble sans reproche, des tannins encore stricts mais fins et une très belle longueur. Une bien belle bouteille qui s'apprécie déjà bien aujourd'hui.
Deux vins qui donnent bien du plaisir dès aujourd'hui, avec un peu plus de fond pour le 2000, sans que le 2002, d'une style plus bourguignon ne démérite.
Paul Jaboulet Aîné - Crozes-Hermitage "Vieilles Vignes" 1996
La robe est intense aux reflets rubis, encore bien jeune. Le nez est sanguin, épicé sur le poivre et le clou de girofle, accompagnés de notes de cuir, de réglisse et de sous-bois. La bouche est marquée par une forte acidité qui à mon sens domine l'équilibre et renforce le côté tannique de la finale, de longueur moyenne.
Paul Jaboulet Aîné - Hermitage "La Chapelle" 1996
La robe est similaire au précédent, peut-être légèrement plus évoluée. Le nez semble lui aussi évolué, sur des notes de pruneau, de cuir, de viandox et d'épices orientales. La bouche est également marquée par une fraîcheur prononcée, à mon sens un peu trop, et par une finale tannique qui me semble donner quelques petits signes de sécheresse. La longueur, bien qu'un peu plus grande que celle du Crozes, n'atteint pas les sommets.
Deux bouteilles dont le style est marqué par l'acidité du millésime 1996, dont l'équilibre ne m'a pas totalement convaincu, c'est un euphémisme, et pour lesquelles je n'ai personnellement guère d'espoir quant à une évolution positive dans les années à venir. Certains étaient plus optimistes que moi autour de la table.
Paul Jaboulet Aîné - Hermitage "La Chapelle" 1997
La robe est d'intensité moyenne, aux reflets grenats. Le nez est très beau, encore fruité mais avec des notes d'évolution, très mûr, minéral et épicé sur le poivre et la réglisse. Si le nez est très beau, la bouche est quant à elle remarquable, avec une attaque bien nette, un volume considérable, une équilibre qui me semble en tous points parfait et une très belle longueur. Superbe vin, à mon sens le plus suave et jouissif de la soirée.
Paul Jaboulet Aîné - Hermitage "La Chapelle" 1998
Si la robe est quasi identique au précédent, le nez semble plus fermé, sur la réserve, nettement moins épicé, mais délivrant cependant de belles notes de cerise mûre, accompagnées d'un peu de cuir et de réglisse. La bouche est très belle, davantage marquée par l'acidité que celle du 1997, mais celle-ci me semble, contrairement aux 1996, bien mieux intégrée dans un ensemble d'un bel équilibre, dans un style plus droit que large, et d'une très belle longueur. A attendre assurément, mais le potentiel me semble là pour faire une très belle bouteille dans quelques années.
Le 1997 l'emporte en terme de plaisir aujourd'hui, et même assez nettement, mais le 1998 en a encore sous la pédale et pourrait réserver une belle surprise dans quelques années.
Paul Jaboulet Aîné - Hermitage "La Chapelle" 2001
La robe est d'intensité moyenne aux reflets rubis. Le nez est au départ fumé, quelque peu réduit, et s'ouvre difficilement sur des notes de fruits rouges, de pierre à fusil, mais également sur une petite pointe végétale qui évoluera ensuite vers le tabac. Les notes boisées et torréfiées se feront plus présentes au réchauffement. En bouche, l'attaque se montre très fraîche, le volume est moyen, le style est droit et l'équilibre est trouvé au réchauffement, nécessaire au vu de la forte acidité. La longueur est très belle, minérale.
Paul Jaboulet Aîné - Hermitage "La Chapelle" 1999
La robe est identique ou presque au précédent. Le nez est par contre plus sauvage, sanguin, avec un fruité noir, des notes de goudron et de poivre. La bouche est pleine, très bien équilibrée, des tannins qui me semblent bien assagis et une très belle longueur. Superbe bouteille, qui a encore un bel avenir devant elle.
Une fois encore, deux styles résolument opposés, avec d'une part un vin puissant et sauvage qui me semble bien dans le style de l'appellation, et un 2001 qui dans le style m'évoque les autres 2001 du Rhône nord dégustés récemment, marquées par une maturité un peu juste et une acidité importante. C'est sans doute le vin pour lequel il y a eu le plus de divergences à la table, certains lui prédisant un avenir radieux, d'autres, comme moi, étant plus dubitatifs.
Paul Jaboulet Aîné - Hermitage "La Chapelle" 1989
La robe est de belle intensité, légèrement évoluée. Le nez ne se livre pas facilement et le vin a besoin d'air pour laisser poindre de belles notes de fruits noirs bien mûrs, de réglisse, de goudron, de sous-bois, de cuir, de tabac et de café. La bouche est superbe, parvenant à conjuguer une très belle acidité avec un volume conséquent, atteignant un point d'équilibre remarquable, sans pour cela encore atteindre sa plénitude, comme en témoignent des tannins (de qualité) encore bien présents. La longueur est sans aucun doute la plus importante de tous les millésimes présentés.
Une bien belle conclusion à cette verticale, avec un 1989 qui n'en est encore qu'à l'aube d'une grande carrière.
Klein Constancia - Vin de Constance 2000
La robe est orangée, d'une grande intensité. Le nez est envoutant, très mûr, sur l'abricot sec, le raisin de Corinthe, un fruité exotique, ainsi qu'un côté floral marqué. La bouche est très riche, avec une acidité remarquable qui lui évite toute sensation de lourdeur, un équilibre à mon sens parfait et une longueur qui ne l'est pas moins. Un grand liquoreux !
Il ne me reste qu'à remercier nos hôtes pour leur hospitalité, Sophie pour ses talents de cuisinière, Thierry et Daniel pour nous avoir concocté cette très belle dégustation, qui nous a permis de faire un beau tour de La Chapelle, particulièrement instructif.
Luc