Catherine et les garçons s' offrent une Palette de Baux, Bandols et autres vins de Provence ! :)o
Allez, c' est mon tour ! Je rappelle qu' en tant qu' organisateur et coordinateur des agapes, j' ai la chance de pouvoir regoûter longuement les vins, quand il en reste, dans les jours qui suivent. La plupart du temps, avec l' aération, les vins se bonifient, s' ouvrent, ce qui me fait être un peu plus disert ...
Une dégustation vraiment enthousiasmante qui a permis de cerner un petit bout de l' identité et de l' âme de ces vins à haute personnalité.
Champagne Agrapart. cuvée Terroir.
pour fêter l' anniversaire de Philippe.
Superbe, vineux, bulle fine et précise, minéral à souhait, Pascal Agrapart nous régale. [size=x-small]Dire que Philippe avait prévu la cuvée Minéral, que sa douce avait "sifflée" quelques jours plus tôt[/size]
les blancs et rosé.
Vin de Pays de Méditerranée IGP. Grêle 2012. Ch De Roquefort.
artichauts à l' huile, ail doux mariné, panaché d' olives, tomates confites à l' ail.
Un collector et
un rescapé
sauvé par une
bien belle histoire de solidarité.
Le nez parfumé, plein, caressant, vous tapisse les narines ! Pas très provençal, vu la présence importante de sauvignon qui mêlé aux cépages méditerranéens, dégage vraiment un charme fou, par son grain mêlé d' agrumes (citron, pamplemousse), d' herbes séchées (citronnelle), de notes anisées associées à des notes florales un peu miellées de genêt du plus bel effet. Superbe !
Cet équilibre, cette harmonie se prolongent en bouche dont la chair acidulée, tendue comme il faut, révèlent de beaux amers ronds qui tapissent joyeusement et longtemps, le fond de la gorge. Pourquoi ai-je pensé alors qu' un fil acide bien tendu, couplé à une texture pleine, était porteur de l' orgasme de l' amer ???
IGP Alpilles. Dolia 2011.Domaine Hauvette.
bulots à l' aïoli, petite salade de fenouil au citron.
Je n' aime pas beaucoup les hiérarchies, d' autant que le vin précédent est vraiment très bon, mais en regoutant cette cuvée Dolia, force m' est de constater que l' on change
d' échelle et de catégorie.
De prime abord, le nez évoque une trame ciselée à la pureté verticale. Pas d' artifice, un nez droit, aérien où la transparence d' arômes combine merveilleusement la pureté du fruit et la minéralité qui l' imprègne au plus profond de son grain. Un nez qui a une âme. Plutôt d' inspiration romane, mais pas dans sa phase austère, nue, façon vitraux de Soulages à
l' Abbaye de Conques ; plutôt
Issoire
dont les fresques colorant les murs et les colonnes, ont été totalement dégagées, restaurées comme au Moyen Age, donnant une forme de jubilation au lieu.
Car le coté droit, franc du nez, révèle en bouche, une opulence, une richesse inattendue dont l' équilibre magistral qui semble faire rouler les saveurs pleines, généreuses, sur elles-même, préserve la fraicheur et dédient ce grand blanc du Sud, à la gastronomie. Alors, sur la finale, la quintessence d' anis et plus, qui plane longtemps en bouche, ouvre grand les bras aux bulots à l' aïoli et au fenouil....
Pour moi qui en ai relativement peu d' expérience, un des plus beaux blancs de Provence, jamais goûté.
Les-Baux-de-Provence. Domaine Tuilière Vieille 1996. Henri Milan.
thon à la noisette, champignons de Paris, vinaigrette à la tomate et au basilic.
Nez incroyablement complexe, épicé, presque oriental, à très forte personnalité. Sa palette évoque tour à tour, les fruits à noyaux (prune, mirabelle), les fruits secs (abricot), les épices (poivre et gingembre surtout, avec des touches de cardamone), les feuilles mortes, ainsi que des touches florales un peu capiteuses égayant le bouquet qui évoque (un peu) le coté sec des
Jerez Fino, mais avec quelque chose en plus d' indéfinissable : un moelleux patiné par l' âge, totalement particulier et attachant.
La bouche pleine, au toucher délicat, étonne par sa tension, sa fraicheur donnant aux saveurs subtilement tertiaires, un surcroit de jeunesse, et à la langue, l' impression de laper un petit bout de bonheur qui ne ressemble à rien d' autre. Chapeau !!!!
Palette. Chateau Simone 1990.
soupe fraiche des pêcheurs anisée.
Au nez, le premier mot qui vient, est fraicheur. Comme un bain de menthe, de tilleul mêlé aux herbes anisées. Une fraicheur qui n' a rien d' évanescent, tant son grain aromatique un peu miellé, a du corps, de la puissance, de la profondeur, dont l' équilibre harmonieux et complexe qui s' en dégage, opère une synthèse impressionnante.
En bouche, la texture a du gras, un beau fruit tendu et rond à la fois, pénétré de cette même fraicheur intense dont la longue finale d' amers mentholés, dégage un goût, une profondeur intemporelle. Ouah !!
Bandol. Chateau Pradeaux rosé 2011.
tartelettes à la tomate, aux olives noires et aux anchois, inspirées de la recette de Senderens.
Nez friand, très frais, au fruité assez complexe, tant la pêche, l' abricot et la fraise, rehaussés de notes florales et d' épices (gingembre), tracent un bien joli dessin d' arômes pleins, voués à la gastronomie.
En bouche, les tartelettes à la tomate, olives noires et anchois, s' accordent à merveille à la chair ample et vive, dont le fruit généreux et gourmand se prolonge sur une finale
d' amers tendus au goût de poivre du plus bel effet. Si tous les rosés de Provence pouvaient être comme celui-là....
Reconnaissons que le soir de la dégust', avant les délicieuses tartelettes, il a été un peu desservi par un
"trou provençal" sous forme de glace à la framboise et rose de Berthillon, sublime...mais un poil envahissante !
les rouges
Bandol India 2007. Domaine Dupéré Barrera.
magret fumé, terrine de lapin aux noisettes et saucisson de Gilles Vérot ; oignons caramélisés ; poivrons rouge grillés.
Au nez, un coté animal, beaucoup de cuir mêlé intimement aux fruits noirs et à une combinaison d' épices un peu indistinctes (poivre, surtout), sur un grain aromatique dense, touffu, encore un peu serré ou dans une période de fermeture.
La bouche généreuse, toutes voiles dehors, est plus accorte ; une belle ampleur, beaucoup de fruit, un concentré de fruit noir, mais une charge tannique imposante, presque massive, qui demande à s' épanouir, avec des amers qui ont de la peine à sourire. C' est bon, impressionnant, mais çà ne me donne pas beaucoup de plaisir, pour l' instant. Phase de pénitence du mourvèdre ?
Palette. Château Simone 2005.
id
Le nez fin et élégant semble avoir été dessiné par un crayon d' acidité dont la pointe à la mine de groseille, donnerait un éclat de fraicheur en demi-teinte, aux arômes entre fruits et fleurs. Demi teinte, mais aussi un peu demi corps, un peu à l' exemple d' un Rioja vieux style (je pense au
Vina Tondonia Reserva), tout en délicatesse et précision. Une douce caresse stylée, assez noble par son fin boisé qui ne fait vraiment pas dans l' épate. Pas forcément très à l' aise, l' autre soir, entre un Bandol à l' allure d' ours et un Trevallon, tous dégustés à l' aveugle, je le rappelle !
La bouche a un toucher de velours, avec toujours ce fil acide fin sur fond d' un tapis de tannins doux ; un jeu de saveurs sympathiques, mais qui manque à mon goût, d' un peu de définition et de fraicheur pour que le vin décolle vraiment, même si la persistance veloutée, est comme nimbée d' une nostalgie un peu désuète et attachante. Mais il parait que Simone rouge dont j' ai peu d' expérience, met un temps fou à se révéler vraiment...
Vin de Pays des Bouches du Rhône. Domaine deTrevallon 2006.
daube de boeuf provencale aux olives noires selon Ph Faure-Brac.
Un peu serré l' autre soir, le vin se goûte mieux aujourd' hui.
Au nez, une pureté, une franchise d' arômes accueillants déclinant fruits rouges (framboise) rehaussés d' une belle belle acidité de groseille, comme revêtus d' une jolie empreinte florale, de notes empyreumatiques allant du caramel au café et d' épices (réglisse), le tout sur un registre fin, élégant et complexe, vraiment harmonieux.
La bouche au toucher fin est construite sur un équilibre acide ; l' autre soir, on évoquait un manque de générosité, lié à une impression de verdeur ; j' y verrais aujourd' hui, plutôt des tannins un peu encombrants, mettant le fruit, un peu à l' arrière-plan pour l' instant ; comme si derrière son enveloppe acide et ses tannins un peu secs, le corps du vin piaffait
d' exulter, ce dont témoigne la persistance encore porteuse des beaux arômes du nez.
Défaut de jeunesse ? Je n' ai goûté Trevallon que 3 fois dans ma vie !
Les-Baux-de-Provence. Clos Milan 2000.
id
Il y' a des vins dont le premier contact porte le caractère d' évidence du grand vin. Ici, au nez, c' est l' équilibre, la finesse, la précision, et la fraicheur surtout, imbibant ces derniers, qui gravent le bouquet au poinçon d' harmonie. De la belle ouvrage, tant le fruit (cerise, cassis, framboise) porte au plus profond de sa chair, un mélange subtil d' épices,
d' empyreumatiques, de touches florales, d' herbes anisées et tant d' autres senteurs qui caressent l' âme de vos narines. Il y' a presque un coté bourguignon dans ce nez, mais avec un cachet ensoleillé qui lui donne une touche résolument méditerranéenne et singulière.
En bouche, une impression veloutée, sur un corps plein qui respire l' harmonie, la fraicheur, comme un reflet d' absolu prenant sur la finale, des allures de vestibule des anges. Quel beau vin ! Pour nous tous, le Domaine Milan, si controversé, a été vraiment, sur les deux vins servis, La révélation de la soirée !!
Bandol. Chateau Pradeaux 1995.
id
Ce vin vient de ma cave et j' avoue avoir un faible pour les millésimes mûrs de Ch. Pradeaux dont la légende dit qu' à l' aveugle, il peut faire la nique aux plus grands Bordeaux.
Le nez a un charme fou, subtil, un peu désuet en comparaison des grosses cylindrées du Bandol d' aujourd' hui, mais qui me touche vraiment par l' expression qu' il donne au mourvèdre. Une caresse profonde, sensuelle où le grain du fruit noir imbibé de groseille, est recouvert du cuir le plus fin, sans que le coté animal prenne le dessus, tant il est pénétré d' épices, de subtiles notes florales, d' herbes séchées (tabac, anis) ; le tout comme voilé de notes de champignons et de sous-bois traduisant son âge, qui lui donnent un cachet, une élégance rare (si peu bordelaise, en tout cas sur ce vin !). Trois jours après ouverture (sous vacuum), le nez décline une complexité étonnante, indécelable le soir où nous
l' avons goûté : un vrai théâtre d' arômes tertiaires nimbés de fraicheur.
La bouche a une texture veloutée au fruité dense pénétré de saveurs (avec un voile tannique dont on pourrait très légèrement desserrer la maille, à mon goût), mais dont la fraicheur et le beau grain de fruits noirs, groseille, cuir et champignons sur fond d' amers fins, reste un modèle de mourvèdre à l' ancienne.
à souligner sur ces trois vins, l' accord magique avec la daube de boeuf aux olives noires !
Bandol Moulin des Costes Cuvée Charriage 1998.
fromages de Barthélémy (époisses etc)
Le domaine Bunan dont très peu avaient entendu parler dans notre groupe, est le domaine qui avec Pradeaux, m' a initié au Bandol, il y' a 25 ans [size=x-small]z' étaient à peine nés, les garçons, enfin certains[/size]
.La cuvée Charriage 98, grande cuvée du domaine, avait été particulièrement encensée dans les guides à l' époque, notamment par
Decanter, quand de grands experts en vins comme Hugh Johnson, Séréna Sutcliffe, Andrew Jefford et Michael Broadbent de chez Christie avaient classé cette cuvée, lors d' une dégustation mythique, sur la liste
" des plus grands vins de tout les temps des 100 vins à boire avant de mourir " . La "cour des grands", où Mouton Rothschild 1945 avait été classé 1, Yquem 1921, 2, Latour 61, 3 etc..[size=x-small].(info glanées sur
le site du domaine
)[/size]. Bigre, cela faisait bien dix ans que je ne l' avais pas regoûté !!
Au nez, de la puissance, du volume, un beau grain où le fruit noir, le cuir, l' olive noire, la réglisse, le chocolat assez prononcé, convolent gaiement, avec un début de notes tertiaires (humus) largement moins prononcées que sur le Pradeaux précédent, tant le vin au boisé totalement fondu, est tendu, pénétré de fraicheur, si jeune encore.
La même énergie anime la bouche, avec un fruit délicieux, généreux, porté par l' alcool (14,5°) sans aucune impression de chaleur, tant la fraicheur intense préserve l' harmonie. Un seul petit bémol avec des tannins un peu secs, à mon goût, mais c' est vraiment un vin superbe et une belle expression du mourvèdre ; plus sur le volume, l' énergie et la fraicheur, que sur la finesse et l' élégance, en comparaison du Pradeaux.
Mais il n' y' a que François qui pourrait donner un avis éclairé sur la légitimité du classement évoqué.
Vin Cuit de Provence du Domaine du Grand Boisé. [size=x-small]
plus d' info sur ce vin
[/size]
tarte au chocolat fondant, [size=x-small]inspirée très librement par Cyril, de la recette de Pierre Hermé[/size] glace à la noisette de Berthillon.
Au nez, une première impression de cerise confite et de confiture de fruits rouges, suivie immédiatement d' un bain de fraicheur que des notes de melon frais, bien juteux, portent ; le tout parcouru de touches évoquant des friandises à base de praliné, de caramel ; l' ensemble constituant un nez singulier, assez charmant, plus complexe qu' il n' y parait.
En bouche, un toucher gras, tendu par une acidité vive, équilibrée par de beaux amers, décline un jeu de saveurs un peu chaleureuses que l' alcool rend un peu monocordes, manquant de vibration et de fraicheur, en comparaison du nez. Disons que c' est sympathique, mais que çà manque un peu d' âme, à mon goût.
Vin Cuit Selon la Vieille Tradition Provencale du Domaine des Bastides.
id
La comparaison entre ces deux
vins cuits, est passionnante. Le premier titre 17° et coûte 8,90€ à Monoprix, le second est à 12°et coûte...entre 25 et 30€....et ne joue vraiment pas dans la même catégorie, tant c' est un vin merveilleux, "habité".
Le nez d' une complexité folle, dégage une énergie, une vibration que la palette d' arômes hybrides, assez unique, décline à souhait, passant de la fraise au melon, de l' abricot aux fruits secs, du chocolat au praliné, qui mêlés ou distingués, prennent figure d' essence, dans un bouquet profond et vif, débordant de fraicheur.
La bouche a le gras d' un excellent liquoreux, toujours pénétré d' une fraicheur intense qui donne des ailes à la texture comme animée d' une respiration à l' haleine délicieuse dont l' harmonie souveraine laisse comme un goût de gaieté en bouche.
Un vin cuit qui vaut bien des grands liquoreux !
Merci d' être arrivé jusqu' ici !
-D
Daniel