Ce samedi 2 avril, il fait froid en Touraine…
-1°C à 8 heures à Saint-Avertin en périphérie de Tours, fine pellicule de gel dans le jardin… Dans quel état vont être les vignes ?
Et dire que 5 jours plus tôt, il faisait 22°C ???
Les louveteaux s’en reviennent à la tanière : les 2020 aux Domaines de la Butte et de la Taille aux Loups
Les louveteaux (comprenez Jolhan & moi) ont rendez-vous chez le maître des Loups à 9h30.
Bon, le Jo, il est au taquet à la porte du domaine à 9h25…
Moi, la soirée précédente s’étant achevée vers 3 heures, j’ai mes 20 minutes de tolérance syndicale.
J’ai appris la veille que le Maître Père était souffrant, mais que le Maître Fils sera présent.
C’est Joëlle qui nous accueille chaleureusement et Jean-Philippe nous rejoindra au Clos de Mosny pour un début de visite très frisquet dans les vignes.
A Mosny, un nouveau bâtiment a poussé, il sera dédié aux bulles principalement. Quelques mètres de terre et de roche ont été décaissés.
En haut du Clos Michet, une tour antigel est présente, mais le vent du nord souffle terriblement, il n’a pas été possible de les déployer dans la nuit.
Dans Mosny, le panorama est toujours aussi formidable.
Jean-Philippe nous explique le principe de la double taille en raison du changement climatique et du départ précoce de la vigne conjugué au risque majeur de gelées précoces.
Si mes souvenirs sont exacts (Jo, tu me corriges sinon), une quinzaine d’hectares sur les 52 que compte le domaine en blanc ont été taillés ainsi. Je ne vous raconte pas l’impact en termes de temps consacré. Par contre, il y a un potentiel certain de préserver une plus grande partie de la récolte en cas de gel. Jean-Philippe nous explique que cette double taille est particulièrement importante dans les terroirs les plus gélifs. Par ailleurs, il y aurait un intérêt certain également à ce que la vigne soit plus haute afin d'être moins au contact des zones humides du sol. Cette évolution se fera sur des décennies par contre.
Le temps est magnifique, mais nom de Diou, ça pèle avec ce maudit vent du nord assez violent.
On revient aux voitures et on file au chai à parcellaires blancs à l’entrée de Husseau. Pour rappel, la Taille aux Loups, c’est un parc d’environ 1 000 barriques bourguignonnes, avec un renouvellement moyen de 8% par an sur les derniers millésimes. Le bois neuf est donc très minoritaire dans les vins du domaine.
Retour à la salle de dégustation et nous avons le grand plaisir de voir apparaître le patriarche en personne. Bâti à chaux et à sable, il n’est pas dit que le Grand Maître des Loups se laissera abattre par un petit virus !!!
Jo et moi nous faufilons en tapinois jusqu’à l’embrasure de fenêtre où Jacky peut épouser l’assemblée présente pour déguster.
Ceci dit, attaquons le vif du sujet en effet, il est presque midi et ces escapades nous ont asséché le gosier pardi !!!
Pour les Vouvray qui sont en vin de France, je reprends la dénomination de Clos, bien que celle-ci ne soit pas présente sur les étiquettes.
Domaine de la Taille aux Loups
Les bulles
Triple Zéro 2019 :
Belle robe or clair brillante. Le nez est un panier de fruits très intense, on y retrouve la poire, le brugnon, on ressent de la minéralité, des épices. Il y a un léger gras sur l’attaque, on a de la tension sur l’allonge et la finale marque clairement le trait crayeux. Un vin de bel équilibre, de belle largeur, acidulé, salin, plein de fraîcheur, de la mâche et une bulle fine et salivante. C’est la première fois que je goûte un TZ si jeune avec autant de fond et de matière. Le meilleur goûté à ce stade (numéro de lot non demandé).
Très bien ++
Brut Tradition 2018 :
Beaucoup de matière. On a du jus, de la fraîcheur, plus de fruits jaunes. C’est un peu plus tendre que les 17D goûtés 3 semaines auparavant. Toujours un grand coefficient de buvabilité sur ce vin.
Bien ++
Triple Zéro Rosé 2019 :
La robe est saumon clair. Les petits fruits rouges sont très présents au nez, avec des épices douces. La bouche est superbe, très pure, acidulée, de grande gourmandise, on croque dans le fruit, bel équilibre antre l’acidité et les amers, c’est salin et de belle largeur. Très belle réussite et supérieur à l’assemblage 16/17 goûté un mois plus tôt et déjà très réussi.
Très bien +
Les vins blancs tranquilles
Clos Michet 2020 :
La robe est or clair. Le nez est sur les fruits jaunes, les fleurs, le jasmin. La bouche est mûre, très ronde, juteuse, gourmande, sur la pêche avec une bonne intensité épicée, on retrouve des fruits blancs à noyau et l’acidité arrive sur la finale. C’est bon, mais moins à mon goût que des millésimes comme 19, 17 ou 16 par exemple.
Bien ++
Clos de Mosny 2020 :
La robe est or pâle. Le nez est extrêmement aromatique, un doux parfum, sur une exubérance de poire fraîche, il est très prégnant. Grande bouche, grosse imprégnation, magnifique matière sèche, portée par un fin citron mûr, des fruits jaunes, des épices, sur un trait légèrement safrané curcuma. Superbe équilibre sur ce vin qui goûte délicieusement dans cette grande enfance. Un vin racé, tout en finesse.
Superbe
Les Hauts de Husseau 2020 :
La robe présente des reflets or blanc argenté verdâtre. Là encore un grand nez, plus massif, structuré, exprimant une race que je qualifierais de plus musclée, même si l’on y retrouve toujours cette belle poire et une franche minéralité. La bouche est construite autour d’une matière assez colossale, là encore avec beaucoup d’extrait sec, toujours cette sensation unique de tannicité propre à cette cuvée qui revient d’un millésime à l’autre. L’acidité basale sur le citron vivifiant donne de l’énergie à ce vin viril dans un écrin de soie, les épices et en particulier le poivre blanc relevant agréablement l’ensemble. Grosse allonge. Il faudra du temps à ce beau bébé, mais c’est déjà très très beau.
Très bien ++ en l’état
Clos de la Bretonnière 2020 :
La robe est or pâle. Le nez est presque terpénique, sur les agrumes, le citron vert, la bergamote. La bouche est passionnante à mon goût, vibrante, construite autour d’une aromatique de citron vert, de cédrat, de calcaire mouillé, iodé, en effet, le vin est intensément salin, avec même une infime touche de menthol. Malgré cette vibration, le vin est très gourmand et long avec une sensation de plénitude. Quel équilibre. C’est chouette et encore une fois ce sera mon préféré à l’instant T. Très proche du très grand 2019.
Magnifique
Clos de Venise 2020 :
La robe est or clair, brillante, à reflets verts. Le nez évoque des notes fumées, associée à des notes que je qualifierais d’orientalisantes (fleurs (jasmin), épices) et de très belles notes fruitées gourmandes (pêche, brugnon). La bouche est de grand volume, avec une colonne vertébrale traçante (acidité basale). Voilà un vin à la grande matière, construite différemment des Hauts de Husseau, moins rigide, musculeuse, toute en dentelle, en évanescence, en volume et en profondeur. L’aromatique marque beaucoup le citron jaune et les épices à ce stade, avec une forte imprégnation minérale et saline. Immense longueur. Grand potentiel sur ce vin pour qui voudra bien être patient.
Très bien ++ en l’état
Remontons maintenant dans le temps… On ne sait pas à l’avance le nom du vin dégusté.
Clos Michet 2017 :
La robe est or clair. Un nez sur la poire, la verveine, le tilleul, le citron jaune (du coup verveine citron…). La bouche est fine fraîche, juteuse, sur les fruits blancs, le citron, avec une belle minéralité, des fleurs, du poivre. C’est un très joli jus qui goûte parfaitement aujourd’hui. C’est très bon.
Très bien +
Les Hauts de Husseau 2014 :
La robe est or clair. Le nez est sur des notes de cédrat, de bergamote, avec un trait fumé très pierreux, revenant sur le citron vert. La bouche est très puissante, toute en tannicité (indice chez vous !!!), gros extrait sec tapissant la langue, rehaussé par le citron vert et le poivre qui titillent les papilles. Un vin de grande densité, de belle ampleur, d’énorme volume et de grosse allonge, avec une superbe rémanence intensément épicée. Grande longueur. Un magnifique vin qui goûte déjà très bien mais qui pourrait encore gagner à arrondir quelques angles pour amadouer toute cette puissance.
Très bien ++
Rémus 2010 :
La robe est or. Le nez oscille entre la poire et les fruits jaunes avant d’exhaler un doux parfum de fleurs (+++) et d’eau de vie de poire. La bouche est très belle, sur une aromatique de citron jaune mûr, presque glacé crémeux. Bel équilibre entre les épices et la salinité. Jolie longueur sur les fruits jaunes. Parfait à boire aujourd’hui.
Très bien +
Clos de Venise 2009 :
La robe est peu évoluée, encore très claire, mais le vin est intensément huileux sur les parois du verre. Le nez est d’emblée orientalisant (un indice chez vous !!!), puis se développant sur la pêche de vigne, le brugnon frais, le jasmin avec une touche épicée du plus bel effet. Bouche d’énorme ampleur, présentant une grosse acidité, une grande tension, un volume important. Très grande allonge acidulée énergique, sur le citron vert. Très belle symbiose entre le gras et l’acidité. La persistance est phénoménale et la rémanence longuement épicée.
Vin magistral et encore très jeune. C’est Venise qui nous vient tout de suite à l’esprit avec Jo (d’autant plus avec le côté orientalisant qui est un marqueur spécifique du terroir pour moi, comme la tannicité pour les Hauts de Husseau), j’aurais penché pour 10 étant donné la fraîcheur. Grande réussite sur ce 2009 qui n’est qu’à l’aube de sa vie.
Domaine de la Butte : les rouges de Bourgueil
Le Pied de la Butte 2020 :
La robe est rubis. Le nez évoque un peu de menthol, de mûre de poivron. C’est légèrement herbacé, amylique. La bouche est un peu stricte, sur un joli fruit néanmoins. Un vin gourmand, légèrement herbacé qui doit être un redoutable canon lors d'un pique-nique et de charcutailles. J’ai préféré les millésimes antérieurs.
Bien +
Le Haut de la Butte 2020 :
La robe est grenat. Le nez évoque la mûre, la framboise, avec un petit côté ronce, terrien. La bouche est juteuse, plus déliée, plus dense, sur le cassis, la mûre, la cerise. Un vin à la fois salin et crayeux dont les tanins méritent quelques années de garde pour se patiner et se fondre. Un vin à la jolie matière acidulée. C’est bon.
Très bien (+)
Perrières 2019 :
La robe est sombre. Le nez est terrien, sur des notes de framboise, de fruits des bois, de cerise. La bouche est un peu stricte en l’état, mais elle est de belle densité, avec un fruit bien mûr : la cerise, le cassis, la mûre. C’est crayeux, dense, poivré, salin, de belle longueur. Très clairement à attendre.
Très bien en l’état.
Mi-Pente 2019 :
La robe est dense, sur un rubis très sombre. Le nez est intensément construit autour d’une superbe déclinaison de cerise, avec également de la réglisse et de la cannelle, de la mûre. La bouche présente à ce stade une mâche savoureuse, une magnifique finesse de grain. La matière et le jus sont de grande pureté aromatique, avec un fruit rouge subtil, frais, avec une grande longueur et une fraîcheur parfaitement bienvenue sur la délicieuse finale ultra gourmande et croquante. Les tanins méritent de se fondre mais ce grand vin est déjà dangereusement très très buvable sur une pièce de viande à sa hauteur. Quelle mâche !
Magnifique en l’état et très gros potentiel. Il semble très proche du 2018.
Domaine de la Taille aux Loups : retour aux susucres
Demi-sec 2020 :
Autour de 16 grammes de SR. La robe est or pâle. Le nez est clairement axé sur la pomme granny smith (+++), on ressent déjà l’énergie du vin. La bouche est au pendant du nez, c’est assez primaire, mais beaucoup de vibration, ça claque, c’est salin, évoluant sur une poire fraîche très gourmande et un équilibre que je qualifierais de sec tendre. Très joli vin.
Très bien +
Moelleux 2020 :
Autour de 50 grammes de SR. La robe est or. Le nez est légèrement confit, un peu de sucre d’orge et une fine note de coing bien mûr. La bouche est généreuse, fraîche, juteuse, de belle tension, avec des notes de pâte de fruits et de fruits frais. Finale très fraîche et énergique.
Très bien (+)
Cuvée des Loups 2018 :
Environ 100 grammes de SR. La robe est or soutenu. Nez sur l’écorce d’orange fraîche et confite, la pâte de fruits, on y ressent toujours cette fraîcheur (comme un côté vivifiant). La bouche est juteuse, séveuse, profonde, pleine de fraîcheur, alliant miel et pâte de coing. Très belle acidité sur la finale qui atténue le sucre et relance l’ensemble. Beaucoup de peps. Personnellement, je pourrai en boire un peu trop dangereusement…
Très bien ++/excellent
Romulus 2017 :
Environ 160 grammes de SR. La robe est or. Le nez est confit, porté sur l’exotisme, les fleurs, la pomme au four, le safran, la poire bourdelot. La bouche est dense, juteuse, de magnifique équilibre sucre/acidité. On retrouve toujours en plus profond cette aromatique d’écorce d’orange, de pâte de fruits, d’épices. Un vin de grande longueur sachant préserver une redoutable fraîcheur. Grande sapidité. C’est absolument délicieux.
Excellent
Alors Jo et Clem avaient rendez-vous au resto au plus tard à 13h30 à Rochecorbon. Cela s’est transformé en +/- 13h50… Au bord de l’exclusion !!!
Moi je suis parti à 13h45, après le tarif à peu près habituel des 4 heures de présence syndicale pour faire un tour exhaustif de l’ensemble des nouvelles du domaine et des maîtres des lieux….
Encore toutes mes excuses pour la pause déjeuner allégée une fois de plus !!!
Un immense merci à Jean-Philippe, Joëlle et Jacky de l’immense temps consacré aux visiteurs de passage ainsi qu’aux éternels disciples de la Confrérie des Loups. C’était une fois de plus un chouette moment passé en votre compagnie, dans un climat d’inquiétude liée au potentiel impact des gelées durant ce week-end difficile.
Une revanche pour une dégustation des
Furieux Joyeux Turons aux Belles Caves est bien inscrite dans ma petite tête de linotte mon cher Jacky…
A la Confrérie des Loups. Vivat !!! Vivat !!!