Puisque nous sommes entre passionnés de la prose de Jacques Dupont , je vous copie ce que j'avais écrit début septebre sur mon blog, à propos du "spécial vins" du Point et de Choses bues, qui sortait à ce moment-là.
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"Pas de rentrée sans vendanges, foires aux vins et numéros "spécial vins" dans la presse. Parmi ces derniers, il n’y en a qu’un que je ne manquerais sous aucun prétexte : celui du Point. Concocté par Jacques Dupont, dans vos kiosques depuis ce matin, le millésime 2008 est à la hauteur de ses prédécesseurs.
Passons l’incontournable liste des affaires à faire (enfin des pas trop mauvais coups) dans les FAV. Le « spécial vins » du Point est surtout intéressant pour ses articles sur les appellations prestigieuses ou injustement un peu délaissées (fitou, fronsac, canon-fronsac, …), voire réellement à découvrir (dão au Portugal). Articles complétés par une sélection de bouteilles qui en sont issues : près de 500, dont plus du quart à moins de 8 €, démontrant que la qualité et le plaisir peuvent encore largement être au rendez-vous sans qu’il faille pour autant casser sa tirelire. Sans oublier des articles de fond sur des thèmes d’actualité, permettant notamment de rétablir quelques vérités à opposer à la triste campagne prohibitionniste qui sévit en ce moment.
Et comme un bonheur n’arrive jamais seul, en tous cas pas cette année, voilà que Jacques Dupont nous gratifie également d’un livre. A mi-chemin entre un essai et des mémoires,
Choses bues est une bouffée d’oxygène, pardon une flute de champagne, un verre de muscat, une gorgée de sauternes, bref, une réjouissance pour l’esprit comme pour l’âme, en cette rentrée un peu morose par ailleurs. Depuis le temps qu’il fréquente les vignes, les chais et les lieux de dégustation, ce nez surdoué a engrangé une somme de souvenirs et de connaissances. Non pour les thésauriser, ce qui ne serait d’ailleurs guère compatible avec les valeurs de partage et de convivialité que véhicule le vin, mais pour nous en faire profiter, d’abord au travers de GaultMillau, et maintenant du Point.
On retrouvera d’ailleurs quelques petites flèches déjà décochées dans les derniers millésimes de l’hebdomadaire : envers ceux qui préfèrent de manière systématique et aveugle (anosmique plutôt) le "petit" producteur contre le "grand", ou encore envers ces viticulteurs qui sont de plus en plus nombreux à mettre fièrement leur cheval laboureur en avant (le cheval, meilleur ami du photographe ...) alors qu’il ne travaille que dans un dixième de leur domaine.
Alors qu’est-ce qui distingue vraiment le châtelain bordelais du vigneron bourguignon ? Quel est le rapport entre les vieux champagnes et un sac à pain ? Qui étaient ces pionniers de la renaissance du Languedoc ? Quelles sont les subtilités dont sont capables les rosés, par ailleurs trop souvent méprisés ? Et pourquoi un américain ne buvant pas de vin a-t-il pu débourser une fortune pour une caisse de Mouton-Rothschild 1945 lors d’une vente aux enchères ?
C’est parce qu’il a passé tant d’années à fréquenter les hommes, et de plus en plus les femmes (malgré un machisme qui ne recule que depuis peu dans le milieu), qui font le vin, et surtout qu’il a su les écouter et les comprendre, que Jacques Dupont peut nous entretenir de manière aussi érudite sur le sujet. Erudite, mais jamais pédante, contrairement à ces soi-disant "connaisseurs" dont il dresse un portrait aussi drôle que peu flatteur … "