En Espagne, j'ai donc goûté deux domaines principalement. Recaredo et Terroir al Limit, chacun ayant intégré à sa gamme originelle, deux autres types de vins.
Recaredo
Recaredo a adjoint depuis quelques années sur gamme de vins tranquilles à sa gamme de "Cava". La démarche est désormais habituelle et les résultats sont vraiment excitant quand on pense en terme d'accord mets-vins.
A noter qu'on ne peut plus parler ici de Cava (comme pour la majorité des meilleurs producteurs de l'appellation, dont Gramona et Torrello ou encore Llopart), mais de Corpinat (marque collective privée).
J'ai donc regoûté tous les tranquilles et les développement vont dans le bon sens. Ils sont commercialisés sous le nom de
Celler Credo.
Miranius 2017 est le vin "de base" sur Xarel-lo. On retrouve tout ce qui plaît dans ce vin et notamment sa minéralité saline, ses arômes floraux et la légèreté joyeuse. Il n'en donne pas l'air comme ça, mais c'est un formidable partenaire de table.
Aloers 2017 100% Xarel-lo, est toujours mon favoris car il gagne en ampleur et en expressivité aromatique, tout en gardant ce côté salin qui marche si bien avec les plats de la région. Je note sur ce millésime un développement sur le citrus en fin de palais. C'est vraiment super.
J'en cite un dernier, nouveau,
Mirabelles 2016 qui n'a rien à voir avec les mirabelles
100% Malvasia (allez savoir laquelle
). C'est beaucoup plus axé fruit/fleur que les deux autres, dans un style plus large et moins allongé. Les fleurs dominent sur fond de fruit jaune (et d'ailleurs on pourrait facilement y trouver quelque chose de la mirabelle). Ce qui est particulièrement frappant, c'est la longueur de ce vin. Interminable.
Voilà 3 superbes bouteilles que j'ai noté autour de 85. On n'atteint pas l'exceptionnel mais on est dans le très, très bon et sur table, je sais d'expérience que ce sont des vins dont on comprend alors tout le génie. Essayez ça sur des gambas ou autres crevettes grillées de Méditerranée et vous comprendrez !
On passe aux pétillants. A noter que Recaredo est en biodynamie.
Terrers 2012 goûte merveilleusement bien. Dommage que le millésime se termine, du coup je ne commente pas plus. On est sur 59 mois sur latte.
Serral dell Vell 2008 qui a traîné gentiment 111 en cave avant dégorgement... On retrouve un style un peu plus oxydatif, très léger, avec une finale extrêmement pure et qui laisse pointer quelque notes toastées du plus bel effet. On parle vraiment de notes, d'échos, plutôt. Excellent.
Serral dell Vell 2011 se présente beaucoup plus droit, pur et fruité. Un peu plus studieux. C'est du même niveau d'excellence mais j'ai tendance à préférer car je préfère l'absence de notes oxydatives.
Reserva Particular 2007 127 mois, si j'ai bien noté... Là, on est (et je connais bien le vin sur ses différents dégorgements), sur les notes caractéristiques du millésime, très sur l'oxydatif, un peu à la Boulard. C'est par ailleurs riche et soutenu. C'est un excellent vin. De moins point de vue, moins à mon goût.
Turo d'en Mota 2006 malgré ses 140 et quelques mois est d'une jeunesse flagrante. 4800 bouteilles ont été produites. C'est tout simplement superbe mais pas dans un style démonstratif. La longueur est bluffante. C'est grand, mais ça n'est pas évident.
On quite alors Recaredo pour aller voir un voisin,
Terroir Al Limit
En Priorat. De très grands vins, ici en rouge. Les blancs me semblent tout à fait oubliables, pour ne pas dire sans intérêt. En rouge, c'est un autre affaire. Tout est excellent. Les Carignans sont proprement incroyables. Ce sont des vins intenses et construits mais jamais une once d'élevage ne se ressent alors qu'il est présent. C'est dire la qualité des jus et leur structure incroyable. Pour moi, c'est sans conteste ce que j'ai goûté de mieux sur la région.
Arbossard 2016,
Dits del Terra 2016 sont magnifiques. On entre dans l'execptionnel sur
les Manyes 2016 et
les Tosses 2016. Ces quatre peuvent être acheté à l'aveugle, c'est du grand, du lourd.
Mais Terroir Al Limit a aussi des vins en Montsant. Et c'est magnifique aussi (en Rouge).
Un très étonnant, en entrée de gamme, tout en gourmandise, mais la bonne, celle qui se tient ! puis deux crus magistraux dont un
Guix Vermel merveilleux.
J'ai peu détaillé Terroir Al Limit, faute de temps, mais peut-être que Thomas pourra confirmer mes dires. C'est du très grand art, qui n'est pas sans rappeler le travail de Kollwentz en Autriche. La classe mondiale quoi.