Bonjour,
Je reprends la liste d'Yves.
Merveilleuse soirée peu propice à l'ennui, et au manque de confort.
Un bonheur comme à chaque retrouvaille.
Pas de thème prévu.
Chacun de nous est venu avec des flacons que le hasard des voyages professionnels, des découvertes récentes, ou de ce qu'il avait envie de partager ce soir là avait mis sur son chemin.
Les vins ont évidemment été dégustés à l'aveugle, à température aidée par la fraîcheur hivernale, à la fois hors repas et sur les plats.
LES BLANCS
Dr Loosen, Erdener Treppchen, Riesling Auslese, Mosel-Saar-Ruwer, 2005
Très très jolie ouverture des débats avec ce vin tout en finesse, suave et aérien dont la jolie robe dorée et le nez complexe sur le jasmin discret, la verveine et le litchi n'ont pas été plus innocents que la bouche dans ma décision d'en prendre un 2e verre. Dire que je l'ai bu il y a 18 mois en passant totalement à côté. Vraiment très bon.
Arvine de Fully "Les Perches", Benoît Dorsaz, 2006
Le choc est soudain, entre la rondeur du vin précédent et la tension immense de celui-ci.
Mes papilles sont saisies. Puis la petite arvine s'affirme à mon palais avec sa belle structure et son fruit bien présent. Nez de rhubarbe comme relevé par Anthony, ainsi que des petites fleurs retrouvées dans une bouche extrêment tendue avec un petit côté salin très agréable. Sur les pâtés qui nous servaient d'apéritif un très bel accord sapide et tendu.
Chablis "1er Cru Forest", V. Dauvissat, 2006
Jaune paille juvénile, certes un peu mou et manquant singulièrement de longueur, mais offrant une minéralité qui m'a fait dire que le temps lui redorera le blason. Quelques 20 minutes plus tard il se montrait d'ailleurs sous un meilleur jour, avec même une certaine profondeur et toujours cette tension minérale. Si je rejoins mes camarades pour dire qu'en l'état cela aurait pu être bien mieux, je garde un espoir.
Grenache blanc VV, Domaine du Clos des Fées, 2005
On m'a censuré pour cause de grande dégustation LPV (mais j'ai bien ..... chut
).
Le Grand Blanc, Henri Milan, VDP, lot n° 181 207
Nez bizarre, bouche à l'avenant pour moi. Je ne lui ai pas laissé beaucoup de chance car il me dérangeait vraiment après les 3 précédents.
Gewurztraminer Kaefferkopf Vendanges Tardives, J. et C Binner, 1997
Dégusté trop chaud dans un 1er temps, avec un nez très litchi, il s'est montré élégant et sans aucune lourdeur, mais évidemment en retrait.
4 heures plus tard, aéré et à bonne température il était toujours aussi élégant avec une jolie amertume en finale. Une vendange tardive sans caricature ni sucre trop présent en bouche. Très jeune au regard comme en bouche, je l'ai vraiment apprécié alors que mes papilles étaient déjà fatiguées.
LES ROUGES
Nuits-Saint-Georges "1er Cru Les Damodes", Machart de Gramont, 1988
Je n'ai pas été emballé. Il y a avait une jolie structure mais le plaisir en bouche restait modéré.
"Chateau de Villeneuve", Le Grand Clos, 1996
Au moment du service je ne suis vraiment pas emballé non plus. Robe lumineuse et profonde, quoique montrant des signes d'évolution assez patents. Nez assez réduit, et bouche un peu déstructurée. Mais 25 mn plus tard, de mon verre oublié, le vin se fait mieux construit, plus harmonieux. Plutôt agréable, mais manquant de profondeur et de texture. Le fruit et bien là, agréable, mais il manque de la matière et de la finesse pour rivaliser avec les autres. Plaisant certes, mais pas intrinsèquement grand.
"Clos des fées", VV, 2005
En attente de la bonne date pour divulguer mon appréciation... cela dit on ne peut pas dire que j'ai détesté .
"Merlot barriques", Jérôme Giroud, Valais, 2003
Une rondeur toute helvète et un nez moyennement expressif. Encore un exemple de vin plaisant, mais un peu trop simple pour faire vibrer les papilles.
"Sycra Merlot", Domaine Clos de Gat, Judean Hills, Israël, 2006
Joli merlot, un peu trop boisé, mais sans déséquilibre alcoolique. Fruité et long, il mériterait cependant d'être plus fondu et plus harmonieux, mais c'est bien fait avec une belle matière. Au milieu de quelques merlots italiens bien bâtis il ne déparaillerait pas. Quoi qu'il en soit à attendre.
Pichon Comtesse, Pauillac 2003
Je n'ai jamais eu de chance avec ce château (sauf avec son exotique 1995). Là je me surprends moi-même à vraiment l'apprécier.
Robe sombre.
Nez gourmand de fruits rouges, un poil flatteur mais sans exubérance.
Bouche équilibrée, suave, avec une certaine rondeur mais sans baby fat. Un vin ample et profond, au fruit qui titille les papilles. Je lui reproche juste un manque de complexité en l'état pour être grand (mais en fait il pâtit plutôt de la comparaison directe avec le Pichon Baron du même millésime à la structure plus prometteuse).
Très agréable à déguster. Un vrai savoir-faire.
Pichon Baron, Pauillac 2003
Robe rubis profond.
Nez fermé que l'air améliore de plus en plus sur le graphite, les fruits noirs, une légère épice.
La bouche très structurée est ample. Le vin est sapide avec des tanins arrondis mais encore présents, conferant encore une petite fermeté. Aucune chaleur ni déséquilibre sucré ou alcoolique. Un vin fait pour durer, encore viril, mais si équilibré et bon à boire en l'état après une petite décantation qu'il est hors de question d'en nourrir le vinaigrier d'Yves.
Une vraie réussite.
J'ai toute confiance dans ces bons 2003 qui non seulement ne mollissent pas, mais qui de plus évoluent avec noblesse.
Comme certains 1990 il feront merveille à table pour leurs 10 et 15 ans
"Misty Hills", Domaine Tzora Vineyards, Judean Hills, Israël, 2006
Nez encore fermé. Là encore trop jeune, mais je ne suis pas emballé. Un 50% cabernet sauvignon / 50% syrah (me semble-t-il) un peu trop chaleureux et un poil astringent pour que je m'y abandonne.
MINI VERTICALE DE SOLENGO
(Nous savions qu'il s'agissait d'une même vin, mais sans aucune idée de son pédigré ni les millésimes représentés).
Solengo, Argiano, IGT Toscana, 1997
Très beau nez, épicé, floral. Bouche suave, pleine de fraîcheur. Encore jeune, sans faille de texture, le vin s'étire plus qu'il se répand. Le tout en finesse avec une très belle longueur faite d'épices précieuses et de petits fruits rouges. Un bonheur.
Solengo Argiano, IGT Toscana, 1998
On sent le lien familial, mais cette fois le tout manque d'harmonie. C'est un peu plus dur et moins abouti.
Solengo, Argiano, IGT Toscana, 1999
On revient à un bel exemple de vin texturé, au fruit très expressif s'affirmant en fin de bouche. Si je préfère la finesse du 1er de la série (le 1997), celui-ci plus concentré meséduit beaucoup également.
Solengo Argiano, IGT Toscana 2000
Le caramel trop présent au nez m'a dérangé. Certes, il y a de la matière, mais j'ai ressenti un petit creux en bouche et des arômes pas encore suffisamment combinés entre-eux. Pas mal fait du tout, mais en comparaison de ses aînés 97 et 99, sensiblement en deçà.
Calon-Ségur, Saint-Estèphe, 1988
Comme toujours au rendez-vous. Robe sombre, très peu marquée.
Nez étrangement muet au départ tout comme la bouche à la fois suave et presque velouté, mais peu expressive. Puis l'air fait son oeuvre. De la race, l'amplitude d'un fruit mûr avec toujours une tension présente, mais sans la moindre rugosité. Un vin de 20 ans avec maturité de l'expérience et l'énergie d'un adolescent. Très beau vin qu'il ne faut pas hésiter à décanter.
Ce Calon Ségur 1988 fait partie de ces bouteilles moins renommées que certains très grands, mais qui avec Lagrange et Lynch Bages 89/90 font systématiquement merveille lorsque les bouteilles ont bénéficié d'une belle cave.
Barolo "Villero Riserva", Cantina Vietti, 1997
Cueillis à froid après la suavité de quelques vins précédents. Nous ressentons tout de suite que la matière présente est à part.
De celles que seules les très grandes bouteilles gardent précieusement.
Mais ce plaisir est plus intellectuel au départ, tant la structure est serrée (et pourtant sans aucune impression boisée, ni la moindre rugosité). Versé dans des verres à bourgogne le vin se réchauffe et s'aère.
20mn puis 1 heure plus tard l'intellect rejoint les papilles.
Des effluves de fruits rouge et de boîte à tabac de plus en plus complexes et hypnotiques. En bouche, des tanins soyeux, des arômes entremêlés de kirsch, de prune, d'épices discrètes. Léger fumé rappelant ce qui se fait de mieux à Pessac.
Et quelle longueur !
Ce vin sorti 7 ans après le millésime me semble tout simplement merveilleux.
Il a encore beaucoup, beaucoup à divulguer avec le temps.
J'envie Yves qui a pu déguster le 1/3 restant le lendemain.
Les fromages, puis les gaufrettes Sprüngli ont finit de nous porter au nirvana de la gourmandise.
Mon classement des rouges sur le plaisir instantané :
1. Vietti Barolo Villero Riserva 97
2. Pichon-Baron 03
3. Solengo 97 et Calon-Ségur 88 (très différents mais si bons tous les 2)
5. Pichon Comtesse 03
Mon classement de la projection des promesses à venir :
1. Vietti Barolo Villero Riserva 97
2. Pichon-Baron 03 & Calon-Ségur 88 (les 2 ont besoin d'air pour s'exprimer pleinement... Après, hummm comme c'est bon !)
3. Solengo 97 et Pichon Comtesse 03
Cordialement,
dfried