• Jour 2 : Dimanche 21 juin 2009
Après une nuit assez courte, mais réparatrice du voyage et de la dégustation de la veille, nous partons en voiture en direction de VINEXPO (le dimanche est une journée assez sympa, car la circulation bordelaise est relativement fluide – et l’accès au salon assez facile).
Cette journée fut l’occasion de commencer par une visite de quelques champagnes, afin de commencer par une « mise en bouche ».
Champagne BOLLINGER – Accueil toujours un peu froid pour cette grande maison champenoise, ce qui ne nous empêche pas de pouvoir déguster les champagnes suivants :
Spécial Cuvée (60% PN – 25% Chardonnay – 15% PM) dosé à 8gr : Agréable et assez vineux « l’entrée de gamme » de la maison est toujours un grand plaisir à déguster car cela correspond assez à mon goût par sa structure, son équilibre et sa puissance.
Rosé (5 – 6 % de rouge d’Ay – Côte aux Enfants) dosé à 10g : Finesse, longueur, et fraîcheur caractérise cette cuvée qui s’appuie sur une finale légèrement acidulé.
Grande Année 2000 (dégorgement Janvier 2009 – 65% PN – 35% Chardonnay) Dosé à 5g – Il s’agit de la première sortie pour ce nouveau millésime : Il s’exprime par une vivacité en bouche sur des aromes typiques des champagnes Bollinger – en bouche on sent le Pinot Noir qui fait son apparition sur la finale. C’est ample également sur l’acidulé et clairement un champagne de repas.
Grande Année rosé 2002 (dégorgement en Mars 2009 – élevage en barriques avec 5% de vin rouge d’Ay) : La matière est présente avec un superbe équilibre entre la richesse et la tension du millésime, de belle garde, il ne sert à rien de se presser pour le boire (les malos se font en barriques si celles-ci le souhaitent !). C’est bon, c’est beau.
Nous passons ensuite sur le stand
AYALA (en fait dans le même stand, car il s’agit aujourd’hui de la même maison) tout autre ambiance, beaucoup plus détendue, accessible. Nous goutons donc toute la gamme avec un comparatif intéressant entre les cuvées « traditionnelles » et les non dosées.
Mes préférences vont ce jour là vers :
« Perlé » 2002 – Version Nature (80% Chardonnay – 20% PN) : Superbe équilibre entre la richesse des vins et la tension qui titille la langue. Fraîcheur et finesse. ( à noter que la version traditionnelle est dosée à 7.5g – et la différence est énorme, plus de rondeur, qui apporte un coté plus « lourd » et le dessine plus au repas)
« Rosé – cuvée nature » (53% Chardonnay – 39% PN avec 8% de rouge de Mareuil) : Un des rare rosé sans dosage, qui lui apporte un coté bonbon et fruits rouges encore plus perceptible (base sur 2005 et un dégorgement en Septembre 2008) – vif avec une finale légèrement tannique. Grand vin de repas.
Juste pour signaler que le
Millésimé 1999 (80% PN – 20% Chardonnay – dosé à 8g et un dégorgement de Février 2008) est d’une belle évolution et devrait ravir les fans de champagne un peu vineux et marqué par des notes qui commencent à verser dans le tertiaire (très légèrement tout de même)
Après un passage par le stand
POL ROGER – toujours décoré avec soin. Nous pouvons déguster l’ensemble de la gamme, mon attention est bien sûr attiré par la cuvée
« Winston Churchill » 1998 – superbe de richesse, de longueur, d’amplitude, d’équilibre, ce champagne qui pourrait faire plaisir à n’importe quel moment de la journée, semble néanmoins parfaitement trouver sa place au cours du repas, tant sa persistance aromatique s’accommode au plats fins que cela soit sur des crustacés, mais également sur de fins gibiers à plumes.
Nous passons ensuite par le stand conjoint des maisons TAYLORS, GAJA et GUIGAL.
Nous commençons la dégustation d’une grande partie de la gamme
GUIGAL avec les vins suivants :
Crozes Blanc 2007 (correct – mais sans plus) –
Saint Joseph Blanc 2007 (un boisé trop perceptible aujourd’hui) – Une intéressante comparaison entre
Condrieu 2007 et 2008 (vieillissement 2/3 en cuve inox et 1/3 en fut neuf), mon attention ayant surtout porté sur le 08 qui arbore plus de minéralité et de tension au milieu d’un beau fruit puissant mais déjà abordable.
Puis vient le tour de La
« Doriane » 2008. Sur un élevage de 100% en fût neuf – riche ample, puissant avec un coté encore boisé, la richesse des jus me permettant de ne pas m’inquiéter pour la suite, car une fois que le boisé sera digéré, il devrait en ressortir une grande bouteille.
Sur les rouges, nous dégustons :
Crozes Hermitage 2005 (correct) –
Côte Rôtie "Brune & Blonde" 2005 (7% Viognier) avec la puissance, le fruit et l’équilibre au rendez-vous, à attendre encore 2-3 ans pour voir se fondre l’ensemble des constituants du vin –
Hermitage 2003 avec plus de puissance, de fougue.
Ensuite nous avons la possibilité de gouter aux 3 La-la la sur le millésime 2005.
Mouline 05 : Rond et charmeur, avec une finale ou les tanins sont encore assez marqués (d’ailleurs en faisant abstraction de cela, la bouteille est parfaitement abordable aujourd’hui) TRES BIEN / EXCELLENT
Turque 05 : Plus torréfié au nez, c’est profond, enivrant même. Superbe intégration dans la prise de bois, et des superbes épices sur la finale. Mais à attendre quelques années tout de même. TRES BIEN + / EXCELLENT
Landonne 05 : La plus sauvage des trois – Robe noire opaque, c’est riche empreint d’épices orientales et une véritable soupe de fruits noirs concentrés.
TRES GRAND
A noter que seul La Landonne n’est pas égrappée (je vous passe le % de Viognier sur chaque cuvée, car c’est une chose répétée maintes et maintes fois) - il est ainsi très difficile de d'établir un classement entre les 3 vins - tant la qualité est à un très haut niveau.
Nous nous déplaçons de quelques mètres afin de passer sur le Stand
GAJA et déguster :
Ca’Marcanda « Magari » 2006 (50% M – 25% CS – 25% CF) Rond, charmeur sur des tanins encore un poil serrés.
Barbaresco 2005 : D’un fort bel équilibre entre tannicité et finesse des fruits
Sperss 1999 : Nez partant sur le tertiaire avec une impressionnante pureté aromatique. C’est long et agréable aujourd’hui
Rennina Pieve Santa Restituta « Brunello Di Montalcino » 2004 (100% Sangiovese) : Superbe, racée des tanins biens mûrs. Long et soyeux. Slurpp !!!
Le reste de la journée fut dédié à la promenade tout au long du Hall principal (pratiquement 1km de long, tout de même). Tout en visitant certains domaines, comme le
Domaine Glenelly (nouveau domaine entièrement nouveau, qui auparavant voyait pousser des arbres fruitiers et qui appartient aujourd’hui à Mme de LENCQUESAING (ex-propriétaire de Pichon Comtesse) – le vignoble est assez jeune – les ambitions pour en faire un grand vin sont là et 3 cuvées sont produites sur le domaine :
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Zebra 2008 : Assez souple sur un fond encore un peu marqué par la jeunesse de la cuvée
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Glenelly 2006 : Tannique et puissant, on change radicalement de registre
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Lady May 2008 : Cuvée haut de gamme, sur de la puissance mais avec une belle rondeur de tannins, c’est bien fait, mais dans un registre assez moderne.
Après d’autres visites, il est temps de regagner notre Hôtel en voiture au travers de la circulation bordelaise (moins dramatique que deux années auparavant tout de même !)
Après un changement de tenue, pour adopter le « dress code » de la soirée, nous repartons en direction du Médoc et plus précisément de Pauillac, car notre soirée nous emmène au
Château LAFITE ROTHSCHILD pour le dîner du Conseil des Grands Crus Classés en 1855…
Et bien Lafite c’est une petite trotte en partant de Bordeaux centre, une fois arrivé sur place, les invités sont accueillis par M. Philippe Castèja ainsi que par le Baron Eric de Rothschild et son épouse. Dans le cadre magnifique du Château et son jardin nous sommes invités à prendre l’apéritif autour d’un champagne, des grands crus classés de Sauternes et Barsac (millésime 2006) ou de gouter le
Château Lafite Rothschild 2008 Je choisi ce dernier – après une coupe de Champagne – robe noire dense, brillante et opaque sur des rebords rubis et pourpre – nez qui embaume les fleurs, les fruits rouges, le cassis, les notes discrètes de tabacs blonds – Bouche massive, mais pas déséquilibré, c’est riche, c’est puissant, mais cela c’est aussi se montrer fins et finement ciselé. Pour les acheteurs, il va falloir se montrer patient (même très patient) avant d’envisager l’ouverture d’une telle bouteille. Mais en tout cas c’est GRAND.
Il est ensuite temps d’accéder au dîner, en passant par les différentes pièces alignant des dizaines de barriques, nous arrivons dans la fameuse salle des chais circulaire construite sous l’imagination de Ricardo BOFILL. Faisant abstraction de toute polémique sur la richesse ou non des grands crus bordelais, on reste stupéfaits par la beauté du lieu et l’organisation mise en place pour que ce dîner puisse avoir lieu – environ 300 convives rejoignent à respectivement leur place, pour laisser place au ballet des serveurs, des maîtres d’hôtels qui vont et viennent.
A ma table furent servis : Cantemerle 2001 & 1996 ainsi que Talbot 2001 & 1989 (magnum) – J’ai bien aimé le 2001 du Château Cantemerle (50% Merlot – 40% CS – 10% PV) pour son équilibre sur un début de notes tertiaires avec une belle construction de bouche et un fruité encore maintenu.
Le point d’orgue fut l’apparition autour la salle des serveurs portant les Jéroboams de
LAFITE ROTSHCHILD 1978. Le service fut d’une efficacité exemplaire. Le 1978 évoque la violette, le cuir les épices douces. En bouche c’est fin, délicat, suave, les tanins sont entièrement fondus. J’ose qualifier le vin d’aristocratie anglaise. En tout cas (je ne sais pas si le lieu, l’ambiance y sont pour quelques choses) c’est d’une grande qualité et pureté, en un mot c’est BON.
Pour terminer le dîner ce fut le tour du Sauternes
La TOUR BLANCHE sur le millésime
1990 d’être servi. Puissance du rôti, arômes enivrants qui tapissent le palais, c’est vraiment d’une belle concentration et d’une grande richesse, il y manque peut-être un peu de finesse et d’équilibre tout de même.
Bon, il est temps maintenant de quitter la salle et de retourner sur Bordeaux (1h de route !) pour se reposer et recommencer une nouvelle journée.
A+
ERIC