Des buveurs d’étiquettes à Bordeaux ??? Non… !!??

Château Filhot 1983
- Robe dévoilant un Sauternes évolué, arborant des couleurs brunes, vieil or et des larmes généreuses.
- Le nez manque de noblesse, il présente des senteurs de rancio, ainsi que quelques notes de raisin de Corinthe.
- En bouche, l’aspect « passé » du vin est manifeste, le Sauternes à digéré une partie de ses sucres et a perdu sa fraîcheur. Les fruits manquent incontestablement de pureté, le vin ne me plait pas...
Noté 11/20

Domaine de la Romanée-Conti, Echézeaux 2005
- La robe est couleur cerise, bien soutenue elle ne manque pas de profondeur et présente une capillarité marquée.
- Le nez est élégant et fin, une pointe de cerise s’en dégage, accompagnée d’arômes de petits fruits rouges bien mûrs, et précis. Une touche vanillé apparaît par la suite, laissant entendre un boisé en harmonie.
- La bouche est très tendue et d’un dynamisme idéalement bien dosé. Le vin s’offre tout en longueur avec une droiture incroyable, les tannins sont de satin et contribuent à édifier un équilibre sans faille au fruit mis largement en avant. Une main de fer dans un gant de velours ! Enfin, la finale est d’une longueur interminable et d’une gourmandise insolente.
Un très grand vin qui offre dans sa jeunesse un plaisir entier.
Noté 17,5/20 Le plus grand plaisir de la soirée (pour ma part)

Pichon Comtesse 1990
- Robe sombre disque large, tuilé.
- Nez élégant, complexe et d’une intensité aromatique de bon aloi. Le vin exhale des senteurs de fruits cuits allant vers le pruneau, ainsi que des parfums de sous-bois, d’humus, de tabac blond et de vieux bois...
- En bouche, le vin se montre très en finesse, avec un léger manque de tension qui donnera une finale un peu abrupte. Chemin faisant, le cru est très agréable à dégusté.
C’est une des plus belles rencontres avec ce cru dans ce millésime 90, les autres expériences m’ayant en général déçu...
Noté 16/20

Les Carmes Haut-Brion 2001
- Robe peu profonde sans être délavée.
- Nez assez discret d’un point de vue aromatique, on distingue cependant des parfums de fruits rouges ainsi qu’une sensation diluée...
- En bouche, le vin joue plutôt dans le registre de la finesse. L’équilibre est bon et le fruit est mis en avant, soutenu par un élevage discret fort respectueux. Le vin me semble tout de même un poil dilué, j’aurais aimé un peu plus de profondeur...
noté 15/20

Ducru-Beaucaillou 1983
- La robe est celle d’un vin évolué mais aucunement écrasé par le poids des ans.
- Le nez est assez discret là encore, sans être absent et d'une belle complexité; développant des fragrances de menthol, de poivre, et de fruits noirs cuits au soleil, mais aussi de sous-bois et de vieux bois, signant l’évolution du cru.
- La bouche est faite de finesse et d’un joli dynamisme qui soutient le vin pourtant assagi sans conteste. L’équilibre est bon, la concentration modeste, le vin se montre goûteux et sur la pente descendante sans qu’il soit urgent de le boire…
Noté 15,5/20

Mission Haut-Brion 1988
- La robe est profonde, opaque au centre du verre.
- Le nez est fin, élégant et précis, sur des notes d’herbes sèches, de cuir et de fruits rouges et noirs.
- La bouche présente une attaque vive et un dynamisme manifeste. Les tannins présents et perceptibles apportent une structure certaine au cru et contribuent à un équilibre parfait. Le vin est fringant malgré son age avancé, concentré et goûteux. Bravo!
Très joli vin, noté 17/20

Pichon Baron 1999
- La robe est profonde, éclatante, couleur rubis.
- Le nez est d’une intensité aromatique fragile, offrant principalement des arômes de fruits rouges.
- La bouche est dynamique, avec une amertume et des tannins un poil secs. On apprécie cependant la droiture du cru et le croquant des fruits.
Je passe à côté de ce vin apprécié par les autres convives ; j’ai l’impression que le cru se referme quelque peu…
Noté 15,5/20

Petrus 2004
- Robe profonde sans être opaque, couleur rubis, brillante.
- Le nez est exotique avec des notes de vanille bourbon, de fraise cuite et de fruits bien mûrs. L’intensité aromatique du cru est importante, et le mariage du bois avec le fruit est bien dosé. Pour son appréciation précoce, il ne fallait pas un élevage plus fort...
- La bouche présente un équilibre là encore sans faille. Les tannins sont serrés sans astringence et le fruit est croquant, presque crémeux. Le fruit est ici mis en avant, élégamment marié à des notes de vanille et de cacao. En fin de dégustation, le bois prendra un peu le dessus, laissant alors malheureusement le fruit légèrement en retrait.
Un grand vin que le temps saura patiner et complexifier. Un vin que je trouve plus typé rive gauche que rive droite, remarque déjà avancée par le passé...
Noté 16,5/20

Pontet-Canet 2005
- Robe profonde, noire au centre du verre avec un disque très fin, rubis.
- Nez intense voire imposant, le fruit est bien mûr et le boisé perceptible, fait non remarqué lors de mes dernières rencontres...
- La bouche est très structurée et très mûre, goûteuse, gourmande. L’équilibre est parfait, la concentration importante laisse place à une finesse certaine et laisse présager un très grand vin de garde (ce dont on ne doute plus).
On retrouve dans ce vin les notes de noblesse du précédent Petrus… Deux vins assez proches malgré l’année qui les sépare, et... le terroir. Etonnant !
Noté 16,5/20

Un grands merci à tous les dégustateurs et participants pour la bonne humeur et le partage de beaux flacons!!

Très cordialement,
JU

Très belle dégustation Julien,

Mais pourquoi un bourgogne au milieu des ces beaux bordeaux et surtout un grand 2005 ???
C'est un peu jeune, non ?
Salutations vineuses,

Christophe

C'est vrai que ça fait Tâche...

Luc

(tu)

Bonjour Christophe,

pourquoi un bourgogne au milieu des ces beaux bordeaux écrit:

Parce qu’il s’agit tout simplement de vin… Il aurait pu y avoir un espagnol ou un rhône, c’est un paramètre que l’on ne veut pas maîtriser et fort heureusement.
De plus, il y a davantage de différences entre un Petrus 2005 et un Ducru-Beaucaillou 83 qu’entre cet Echézeaux et Pontet-Canet 2005... La région de production à elle seule ne représente pas vraiment un « bon » thème de dégustation si l’on veut que cette dernière soit didactique...
Disons donc que le plaisir justifie à lui seul assez bien ce choix...

C'est un peu jeune, non ? écrit:

L’on pourrait croire en effet que le cru de 2005 est bien trop jeune pour offrir le plaisir attendu, mais il n’en est rien ! Si l’on peut apprécier les vins de Bordeaux ou du Rhônes sur le fruit, pourquoi pas les bourgognes ? Il y a deux ans, l’ex-Voto de Guigal 2003 était excellent malgré sa jeunesse… La comparaison est de circonstance.
Un « grand vin » n’est-il pas « bon » depuis sa toute jeunesse et ce jusqu’à sa mort tardive ? Nous avons constaté avec plaisir que ce grand vin était une réelle gourmandise que l’on peut certes attendre, mais que l’on peut aussi déguster jeune et vivre le plaisir qu’il peut offrir. Ici ce fut sans contestation possible.
Pour illustrer ma pensée, si j’avais en cave une caisse de ce vin (malheureusement…), j’en ouvrirais certaines ainsi, sur le fruit et ce sans hésitation, car manquer cette rencontre serait équivalant à manquer un grand plaisir, vraiment.

Cordialement,
JU

C'était juste une interrogation et non une critique ?
Pourquoi introduire dans une très belle verticale de Grands Bordeaux, un grand Bourgogne, c'est tout... Je ne pense pas que ce soit très didactique dans ce cas-ci ?
Salutations vineuses,

Christophe

Je n’ai pas pris ta question telle une critique Christophe.
Mon ton est-il sec (?) il va falloir que je ménage le tapoti de mes petits doigts sur le clavier...

J’aime les dégustations éclectiques, je trouve qu’elles sont plus rythmées et qu’elles offrent souvent plus de plaisir que les dégustations bien cadrées (qui souvent sont très intéressantes il faut faire un choix). Il aurait pu y avoir plus de vins de Bourgogne, plus d’éclectisme en fait, mais c’est comme ça (et c’est bien d’ailleurs). Chaque personne devait apporter un joli vin. Vivant Bordeaux, chacun à penser à amener un flacon de Bordeaux, peut-être nos caves sont-elles plus riches en Bordeaux qu'en vins d'autres régions (quoi que...).

Je pense que la prochaine dégustation sera plus variée… à voir !

Cordialement,
JU

nous avons bu une filhot 83 l'an dernier et même ressenti... sauf qu'au bout de 48 heures d'aération, il n'avait plus rien à voir, absolument magnifique
j'avais rembarqué la bouteille pour la re-re-regouter, jour après jour et une semaine après, une fois finie j'ai pesté le fait de l'avoir ouvert et de ne pas l'avoir fait assez à l'avance

Ce Filhot est la seule bouteille de la soirée amenée entamée à un quart depuis la veille. Nous n’avons pas eu la même chance avec l’aération...

Cordialement,
JU

Bonjour Christophe
Mea culpa pour le Bourgogne, c'était l'intrus de la soiré. La dégustation n'était pas thématique alors j'ai pris cette liberté et nous ne l'avons pas regretté. Merci JU pour ce CR de qualité.
Philippe

Bonjour Philippe,

Pas de souçis pour ton mea coulpa;) J'espère seulement que ce n'était pas ta seule bouteille d'Echezeaux 2005 drc ...

JU,

J'aime aussi les dégustations de ce genre où un intrus est introduit subtilement, on est parfois(même souvent) très surpris, dérouté ...
Salutations vineuses,

Christophe

Le titre choisi par Ju est pertinent.

Pour ma part j’ai surtout été admiratif de Pétrus 2004 en raison de sa profondeur et de sa subtilité et par Pichon Baron 99 du fait de son élégance épanouie. Dans une moindre mesure, Mission Haut-Brion 88 s’est montré fort jeune et très plaisant mais chutant rapidement à mon sens.

Tous les autres crus sont largement en deçà, …mais avec des circonstances atténuantes.



Loup.

Tous les autres crus sont largement en deçà… mais avec des circonstances atténuantes.

Loup,

Y incluez-vous l'Echezeaux DRC 2005 hautement apprécié par Julien ?

Aviez-vous un casse-croûte ?

Je me posais la même question…

Nous mangions au restaurant, Charles, un belle côte de bœuf…

Cordialement,
JU

Bonjour à vous Charles, bonjour à toi Ju, bonjour à tous.

Julien a fort bien apprécié ce vin d'Echézeaux et cela se conçoit. Ce grand cru m'a quant à moi laissé davantage circonspect. Un cru évidemment sans reproche, « bon à boire », mais qui en l'état m'est apparu dans un registre "mineur" eu égard du domaine et de ce que je crois possible d'en espérer.

Deux indices militent pour cet avis:
- une jeunesse inhibitrice de ce que sera à terme ce vin joyeux sans doute, plutôt que cérébral.
- par ailleurs cet Echézeaux 2005 a subi le lourd handicap d'être dégusté à température excessive.
Ceci explique en partie cela.

En d'autres circonstances, l‘Echézeaux aurait probablement révélé d'autres vertus, d'élégance et de profondeur. Philippe et Marick en ont fait le constat favorable il y a quelques jours ce qui les a incité à nous gratifier de ce vin. Un grand merci bien sûr. Hélas, le contexte pourtant fort enviable n'était pas le même ce vendredi.

Cet Echézeaux 2005 et le domaine ne sauraient être responsables de cette légère désillusion. C’est du reste impensable et serait au vu des circonstances, totalement immérité. Nous nous rattraperons tous, et Ju sera alors … dithyrambique.

Tous ces vins ont été dégustés au cours d’un dîner fort sympathique mais la rencontre parfois brutale ici ou là, avec des saveurs fortes ou trop épicées a pu choquer. Notamment au tout début, lorsque le Bourgogne fut servi.

Bien à vous tous.

Loup

La température de service est un élément absolument décisif.

Merci pour les explications !

C'est vrai que j'avais eu une experience différente avec l'Echezeaux la semaine précédent la dégustation avec une mise en carafe dans un verre a décantation et servi a 16°. Je l'ai trouvé très bon la seconde fois mais en dessous de la première. La temperature y est sans doute pour quelque chose mais le manque d'oxygenation encore plus. En fin de repas avec JU et LOUP, le vin avait une autre allure, malheureusement il n'en restait qu'un verre pour 9 convives. Pour moi le vin de la soiré a été le Petrus 2004, qui avait une proximité gustative avec le Pontet Canet 2005 mais plus rond plus profond et déja accessible. Loup j'avais dit de ne pas manger les petits trucs rouge au début, piment au thon + Echézeaux = Vin pas très beau (qu'est ce qui a pris au restaurateur de nous servir ça?). La prochaine fois on fera mieux.
Philippe

Bonjour à tous,

Et d'abord une GRAND MERCI à tous pour ces belles étiquettes et surtout leur contenu !!!

Pour moi deux grands vins largement au dessus : Pétrus 2004 et Echézeaux 2005 DRC (à l'évolution).

Une belle mission haut brion 88 et un pontet canet 2005 assez beau mais en dessous du niveau de la dégustation de mars.

Pour Pétrus (mon premier : MERCI Philippe), j'ai été surpris par le caractère très accessible du vin et par son niveau de maturité du fruit lui donnant un coté exotique alors que j'avais souvent entendu parlé d'un vin autère dans sa jeunesse !

Pour les Echezeaux DRC, à mon avis la température de service fut trop élevée et le manque de passage en carafe a pesé lourd, mais son évolution tout au long de la soirée a été formidable et très bourguignone !!!

Mission très riche et encore un beau potentiel de garde !

PC 05 à mon avis pas assez de passage en carafe ce qui l'a je pense pas avantagé (2h contre 8 h en mars !)

Bientôt plus de détail,

Bien à vous tous,

Vincent LUCIEN

Je fais mon mea culpa pour le service du bourgogne, car effet, j’avais conseillé à Philippe de ne pas le passer en carafe de manière à brutaliser le moins possible les arômes volatils du vin. . J’ai par le passé constaté que certains vins offraient plus généreusement leurs arômes les plus fins s’ils ne passaient pas en carafe... Je pensais que nous aurions plusieurs verres et que ce joli vin nous aurait un petit peu accompagné tout au long de la soirée, on aurait ainsi pu le découvrir et le suivre à travers ses différentes phases d’ouverture... Ce ne fut pas le cas, nous n’avions qu’un unique verre, mais j’aurais dû jouer la carte de la sécurité et conseiller un passage en carafe. J’espère que le courroux de notre amateur préféré ne sera pas trop sévère à mon égard…

Pour ce qui est de la température de service et des mets, ils sont malheureusement des paramètres difficiles à maîtriser lorsque l’on est au restaurant, et lorsqu’il fait 30° à l’extérieur...

Cordialement,
JU

Julien,

C'était 2005 (un millésime très jeune et solide), vous étiez nombreux (selon mes critères).

Alors... peut-être une exception à votre règle qui est aussi la mienne pour les mêmes raisons que vous évoquez laconiquement.

JU c'est très gentil de prendre la responsabilité de mon echec, l'ayant gouté avec brio la semaine précédente j'aurais du le preparer de la même maniere que le sommelier. En effet il faisait 31° dehors et 31° dedans alors controler la temperature était un peu difficile. Pour le prochain DRC, on se vangeras.
A+
Philippe