La descente à Paris d'un Outre Quiévrain a été hier soir l'occasion d'un repas.
Ce liégeois de bon teint n'est pas venu seul, il était accompagné de son épouse et de cette bouteille de Montrachet qu'il avait promis de partager avec certains...chose promise, chose faite.
Nous nous sommes donc réunis à 8 au sein de l'Atelier Berger pour nous régaler du moment, de la cuisine et de nos apports respectifs...
La bataille pour fixer les apports de chacun a été ardue, acharnée, empoignée mais a aboutie sur une belle sélection...que je vous livre.
Tout d'abord le repas a été composé par Jean en fonction des bouteilles apportées, je pense pouvoir sans conteste lui adresser toutes les félicitations des convives, sa cuisine a été en parfait accord avec les vins, et même plus...
Tartare de Dorade Royale parfumé aux algues & Piments d’Espelette
Salade crue et cuite de Girolles, Pomme fruit à la noisette
Perdreau en croûte de feuilletage et fleur de sel
Lièvre à la Royale
Chèvres Zé’ variés
Terrine de coings confits & Poires aux épices
Les vins:
A l'apéritif:
CHAMPAGNE BOLLINGER RD 96 (je suis définitivement fan de ce vin, le plus beau des 96, droit, franc, ample et gourmand et d'une élégance rare sur des notes finement beurrées et grillées...)
Pour le tartare:
ARBOIS Chadonnay La Mailloche 2001 Stéphane Tissot (seul vin présenté à l'aveugle, j'avais carafé ce vin 3 heures avant pour lui apporter un plus d'évolution, d'ouverture, il s'est très bien goûté, dirigeant les convives (pas toutes) vers la bourgogne avec un compte d'âge plus avancé, épicé, minéral il a parfaitement accompagné le plat même si la bouche manquait d'un plus de puissance que l'on avait au nez)
Les Girolles:
MONTRACHET 1998 Bouchard Père & Fils (il m'a fait peur à l'ouverture, je le trouvais très étroit, sans aucune puissance, 3 heures après il s'est très bien comporté, mais souffrant encore de beaucoup de jeunesse. Il aurait fallu le carafer mais je n'ai pas voulu en prendre la responsabilité, ne s'agissant pas de ma bouteille, je et nous l'avons regretté. Il s'est présenté sur des notes beurrés, rôties et de caramel au nez et la bouche un tantinet "huileuse" manquait de la complexité qu'il saura acquérir dans le temps, l'accord avec les girolles a parfaitement fonctionné, amenant cette touche évoluée des champignons et la noisette)
Perdreau:
CHÂTEAU CAILLOU 1955 Barsac Sauternes (initialement ce vin était prévu pour le dessert mais quand Jean l'a goûté à l'ouverture il m'a tout de suite dit que ce vin serait en parfait accord avec le perdreau... Connaissant la justesse de Jean, je l'ai laissé faire pour le très très grand plaisir de tous, c'était magique...
Le beurré du feuilletage dans lequel étaient placés des abricots confits et le croquant iodé de la fleur de sel ont merveilleusement répondu au vin avec ses arômes d'abricots secs, légèrement pétrolés, de fruits confits, de café et avec une fin de bouche où les sucres étaient quelque peu mangés.
Vin et plat ont dansé en nos palais d'une façon très exquise, un moment de pure magie...)
Lièvre:
CHÂTEAU LEOVILLE BARTON 1990 &
CHÂTEAU DUCRU BEAUCAILLOU 1982
Deux grandes signatures, dans des millésimes de grande qualité.
Le Barton s'est montré à la hauteur de ce que l'on attendait, une parfaite évolution, un maturité aux tanins soyeux, une bouche se présentant sur des arômes de cuir, de cèdre, boite à cigare et graphite...registre très Pauillacais où je l'aurais très certainement situé à l'aveugle...
Le Ducru était irrémédiablement bouchonné (ou plutôt déviant sur des notes de serpillière, de croupi). C'est fort dommage car l'ayant pris en bouche la matière était somptueuse.
Chèvres:
CHAMBERTIN 2004 Camille Giroud &
RUCHOTTES CHAMBERTIN Clos des Ruchottes 2001 Rousseau
Le Chambertin m'a beaucoup plu, il est dans son terroir sur les fruits, le floral et la densité en bouche. Il est très équilibré, frais, d'un grand soyeux avec une petite rudesse en fin de bouche. Il pourra très bien vieillir comme savent le faire les vins de cette maison.
le Ruchotte qui avait été ouvert une demie journée à l'avance s'est joliment présenté, cuir, torréfaction, cerise, fraise écrasée, beaucoup de séduction au nez. La bouche s'est montrée plus réservée, manquant d'élégance et de "juteux", sur l'acidité, compacte....sans doute la jeunesse...
Terrine de Coings:
ERMITAGE L'Ermite Blanc 1999 Chapoutier
Ce vin devait initialement être présenté sur le perdreau ou sa droiture, sa densité, ses arômes mûrs devaient répondre à la chair du perdreau, au gras du feuilletage et aux abricots mais le Caillou a pris sa place, et c'était une très grande idée.
L'Ermite s'est retrouvé en fin de repas pour essayer de nous rafraîchir et nous laisser une bouche "nickel"...il a réussit son office en ce sens mais par contre l'accord avec le dessert n'a pas fonctionné et pourtant Jean avait volontairement allégé en sucre son dessert en raison du changement de vin, dessert superbe qui saura accompagner de nombreux jolis liquoreux.
Ce vin été placé fort tard et n'a pu s'exprimer comme il aurait du, me laissant un peu sur ma soif...
Voilà c'est tout...nous avons passé un moment merveilleux, merci à Christophe d'avoir sollicité cet instant, merci à Cristine son épouse qui a su tempérer nos (mes
)élans grivois de par sa présence (elle goûte bien la dame
) et à Jean-Pierre, Nicolas, Raymond, Laurent, Julian d'avoir fait acte de leurs présences solidement bien accompagnés de leurs flacons....