Bonsoir à tous,
J'ai préféré attendre que les premiers prélèvements de maturité soient significatifs pour parler de cette vendange qui s'annonce..hé bien je ne sais pas trop.
Comment anticiper ce qui pour certains va juste être un résidu de la récolte attendue (meuniers de la vallée de la marne ouest), pour d'autres une vendange assez classique (côte des blancs), le tout après une année culturale des plus difficiles depuis 25 ans.

Une pluviométrie inédite, des températures moyennes basses, le roi mildiou qui signe son grand retour.

Les rendements sont très très hétérogènes. J'ai vu hier sur Dizy des vignes avec un potentiel de 9 à 11 000 kilos/hectare (soit celui autorisé en AOC par le comité interprofessionnel) qui côtoyaient à 2 mètres près des parcelles où seulement le cinquième pourrait être récolté...et encore.
Etre bio en 2021 ? La galère intersidérale parfois. Comme souvent en année délicate, les terroirs réputés comme Ambonnay s'en sortent mieux...pour la partie qui a échappé au gel de printemps. Idem à Vertus.
Un mot sur l'Aube. Après 2016, 2017...2019..où le gel a fait des dégâts importants, 2021 est une nouvelle claque. Une terre extrême cette partie de la Champagne...certains vignerons auront perdus 1 récolte sur 2 en moyenne.

Une année où la chance a joué aussi, avec des pluviométries qui doublent d'un coteau à l'autre..une année de vignerons où ceux qui se sont montrés disponibles pour un traitement entre 2 averses, 2 orages..ont parfois sauvé la mise.

Des raisons d'espérer ? Un peu mon neveux clamerait Basile Boli (référence à 1993, autre année de mildiou) ! Car des rendements modérés, des journées qui s'annonce belles mais venteuses  pour une semaine au moins, avec des nuits fraiches qui limitent la maladie (car oui, les foyers de pourriture grise ne sont pas loin...)..moi ça me donne beaucoup de raison de penser à 2012 où au final ce qui restait était... superbe....

Allez, la récolte est encore loin du pressoir..disons 15 à 25 jours, on se tient au jus (de raisin, trop facile) ?

Bonjour, voici le fichier que le Comité Interprofessionnel des Vins de Champagne (CIVC) met à dispo des vignerons une fois récoltés les infos de quelques centaines de prélèvements.

 

Comme toujours une moyenne cache des disparités évidentes : le bas de Coteaux de Cumières dépasse 8.5° sur les Pinots Meuniers et entre une vigne où le rendement sera faible et une qui est très chargée...10 jours mini de décalage de maturité.
En tous cas, des acidités hautes que la fraicheur nocturne ménage et un beau petit vent entre 2 éclaircies...je maintiens que les chanceux qui ont des raisins à récolter peuvent encore rêver.
Pour les autres, il se murmure par exemple que des négociants précautionneux ont rentrés (achetés) tout ce qu'ils pouvaient comme vin clair avant l'été, anticipant un rendement moyen inférieur à leur besoin de tirage 2022 et/ou des problèmes sanitaires à la vendange.

Plus que jamais, beaucoup expriment le besoin de vendanger avec une césure entre cépages/vignes disparatement dotées..mais les problèmes d'organisation du personnel semblent les en empêcher. Une méthode que pratique pourtant chaque année Vincent Charlot à Mardeuil avec beaucoup de réussite...flexibilité très qualitative mais rare.

A ta question vinozzy, "être bio en 2021 ?" la réponse approche et tourne autour d'une dur vérité, celle du futur et du cohérent, sur le bio et son efficacité. Car s'il faut attendre des années solaires pour faire un bio rentable en qualité et quantité, alors ça devient très complexe. Après avoir fait le tour des viti bio du coin (dont moi sur 2021)...c'est en effet entre 70 et 100% de mildiou sur grappes...et les grappettes qui restent ressemblent aux couilles de mon grand père, pas sur que ça fasse une bonne qualité en bouteille. ^^
Mais ce qui est dur, c'est de voir les grappes magnifiques de ceux ayant sauvés les vignes collés aux bio et ailleurs Hve ou non...et là ce posera une question : le bio est-il réellement efficace ou faut-il prier le dieu soleil chaque année en jouant à la roulette russe ?

Après je suis très curieux de la suite de ce sujet, l’état sanitaire de la cote des blancs me semble être top en ayant pas trop pris d'orages, le ciel est nuageux, pas trop chaud, ça promet une belle acidité pour nos vins de garde, suffira d'attendre une récolte bien mur et c'est en route pour un "millésime" prometteur !

Sur le secteur de la montagne de Reims j'ai vu de belles parcelles et d'autres touchés c'est assez mitigé, et c'est intrigant de voir des vignes saines sur l'état du feuillage, mais avec quasi toutes les grappes de touchés.

Sur le secteur de Sézanne je n'ai aucune info par contre...c'est comme la Vallée de la Marne/Chateau Thierry, non?

Sur le Sezannais, pour ce que j'en ai vu, l'état sanitaire est plus que satisfaisant. 
C'est clairement comme sur la Côte des Blancs. 

Merci les gars, je me sens moins seul sur ce fil :-)

La dure réalité du bio exposée ci-dessus me pose en effet question ce jour. Car 2 contacts, et de très bons techniciens vignerons sans aucun  doute possible, m'ont hier et ce jour annoncé une catastrophique récolte à venir, à peine moins de 5 ou 10% de la récolte sauvée du mildiou.
Une nécessaire empathie me pousse à me joindre à leur sentiment d'une année de travail pour rien, et quelle dure année !

Je ne peux passer sous silence une paire d'autres coup de fil passés, où des vignerons en bio ou biodynamie annoncent entre 4000 et 7000 kilos par hectare soit 50/60% d'une belle récolte. Ceci hors des chardonnays de la côte des blancs ou du sézannais, assez épargnés par "le mal" en effet. Ces bonnes nouvelles provenant des côtes d'Epernay et de Mareuil sur Ay seront-elles des exceptions ? Sans doute oui pour la vallée de la marne et ses vallées transversales, très touchées par les intempéries et la maladie.

Je regrette mon inculture à comprendre les mécanismes physiologiques de la plante, qui pourraient me faire comprendre pourquoi ici ou là certains passages avec des huiles essentielles ou autres préparas (obscures à mon niveau) ont donné des résultats très partiels mais tangibles. On peux aussi noter qu'avec des traitements 100% conventionnels, des vignerons ont perdu presque 80% de la récolte dans les secteurs sus-cités.

La particularité champenoise de la réserve individuelle, qui permet à chaque vigneron de stocker sous forme de vins clairs l'équivalent de 8 000 kilos/hectare soit 80% d'une récolte, va bien sûr aider poussivement (car en bio on a pas toujours une réserve complétée...) ou largement  à passer le cap de 2021. Mais on repart donc avec des cuves de vins de réserve vides pour 2022...et là, va pas falloir ne pas récolter, le devenir des exploitations au sortir de la pandémie est clairement en jeu.
A propos de cette réserve, son élargissement à d'autres régions est en cours d'analyse..je vote pour, ça vous dirait pas un Chablis 70% 2019 plus vins de réserve ?

Enfin, un œnologue  croisé ces jours-ci pensait tout haut lors d'un rendez-vous que comme dans les années 70 où les aléas de vendanges étaient bien supérieurs, les vignerons devaient réapprendre à mettre chacun de côté l'équivalent d'une récolte, sous forme financière ou de vins en cave. Son client du jour, assez interloqué, lui a  expliqué que le financement des entreprises et notamment les sommes en jeu étaient décuplées depuis...monde complexe !

 

écrit:

[...]
A propos de cette réserve, son élargissement à d'autres régions est en cours d'analyse..je vote pour, ça vous dirait pas un Chablis 70% 2019 plus vins de réserve ?
[...]

Légalement , pour pouvoir mentionner un millésime, toutes régions confondues, il faut que le millésime en question représente au moins 85% du volume. Autrement dit, on peut toujours mettre jusqu'à 15% de volume de millésimes antérieurs.

Champagne
Vendanges 2021: le rendement maximum fixé à 13 100 kg/ha.

lachampagnedesophiec...

Ha que c'est rigolo un titre seul...Voilà un post "rendement 13100 kg/ha" qui pourrait  faire s'étouffer de rire jaune les 80% de vignerons qui n'ont pas dans les vignes le rendement limite qui est...à 10 000 kilos/hectare pour cette vendange.
13100 kilos/ha c'est bien sûr 10 000 + la possibilité de mettre 3100 kg en réserve si le rendement dans les vignes est supérieur..... Autant vous dire que c'est l'an prochain, quand la quasi totalité  des exploitants aura donc vidé sa réserve antérieure en 2021, que l'on va esperer dépasser le rendement AOC et mettre ces 3100 kilos de côté.
Si l'année 2022 si prête, je vous parie même que ce seront approximativement 11 000 kgs libre+ 4500 kilos qui seront autorisés...tenu ?

13100 kg/ha ça fait quoi en hl/ha autorisés ?, c'est pas parlant, tu connais la conversion Vinozzy ?

Cela doit faire du 100 hL/Ha approximativement. Généreux la Champagne quand tout va bien.

écrit:

13100 kg/ha ça fait quoi en hl/ha autorisés ?, c'est pas parlant, tu connais la conversion Vinozzy ?

Empiriquement, la règle est 130 kg de raisins pour 100 L de moût.
Donc, 13.100 kg font environ 100 hL de moût.

jpm post= écrit: Cela doit faire du 100 hL/Ha approximativement. Généreux la Champagne quand tout va bien.

Comme disait Luc Ferry, quand on est habitué à un certain niveau de vie …

Le Champenois reste fourbe quand il est d'adoption, ses initiales, SM, parlent d'elles même.
Car la règle depuis 30 ans c'est 160 kilos pour faire un hectolitre. Cette année le rendement autorisé est de 10 000 kilos soit 62.50 hl/ha, et dans les années comme 2019 ou 2020, généreuses au delà du besoin, on peut rentrer une partie en réserve jusque souvent 13 000 kg/ha soit 81 hl/ha.
Et à ceuss qui pensent qu'on exagère vs d'autres régions avec ces rendements, remettons mémé dans les orties (tout ce qui peut hâter sa disparition donc mon héritage est bon à prendre) : ici y'a entre 8500 et 9500 pieds hectares. Par pied c'est pas si trop que ça à mon sens, 
La dernière fois que j'ai abordé cette question, c'était avec un vigneron de Pessac, hé ben comme il a 6500 pied pour 45/50 hl...et hop, pas de quoi caresser un chat (mais qui aurait envie de le fouetter ?).
Tout ça sur le papier, hein, nombre ici ou là-bas ne font pas le rendement maximum tous les ans, loin de là. Et cette année, qui battra les champenois avec 1000 kg/ha soit 6 hl ? Une sélection de grains nobles !

écrit:

La dernière fois que j'ai abordé cette question, c'était avec un vigneron de Pessac, hé ben comme il a 6500 pied pour 45/50 hl...

Parmi les AOC disons huppées de Gironde, Pessac L a la particularité d'avoir le plafond le plus haut ( vers 62 / 63 je crois ) avec la densité mini la plus faible.
Ceci étant en pratique et sans parler de cette année, la norme est plôt:
Proche de 10 000 avec 45 Hl dan haut du panier quali,
Densité un peu plus basse avec 45 / 50 Hl en dessous....les années ou ça va bien. Et c'est pas tout le temps; surtout ces dernières années.

écrit:

 Et cette année, qui battra les champenois avec 1000 kg/ha soit 6 hl ? Une sélection de grains nobles !

N'exagérons rien.
Pour une somme de raisons ( l'agri se plaint toujours trop fort, les vases communicants, l'hétérogénéité, le dieux tuyau jaune, les transports de bennes de celui qui en a bien assez, etc...), le rendement MOYEN de l' AOC ne sera certainement pas à 6 Hl par HA. Disons plutôt 25, on en reparle après déclaration. Je parle de moy AOC, pas des domaines chéris par LPV.

Pour ce qui est des liquoreux, par contre, je peux te confirmer que par exemple Sauternes sera entre 5 et 8.

Les dates d'ouverture de vendanges sont publiées sur le site du CIVC. Le moins qu'on puisse dire c'est qu'elles ne sont pas, comme nous l'avons écrit déjà maintes fois, ambitieuses. Mais est-ce leur rôle ?

On rétorquera comme toujours, et justement, qu'elles ne sont qu'indicatives...mais comme 75% de la champagne considère qu'elles en sont le ban...pourvu que le beau temps persiste pour limiter la sous maturité potentielle (vœux pieux).

Ps : Evidemment, les vignerons indépendants (qui ont quelque chose à vendanger en 2021), totalement maitres de leur vendange sans dépendre de l'ouverture d'un centre de pressurage exogène, ont tout loisir de commencer quand ces grandes unités auront presque terminé...ce qui fut déjà le cas l'an dernier.

Bien, bien, bien...que dire de gentil sur cette journée assez inégale ? Vendange toute la journée dans la vallée de la marne coté Epernay, de Cumières à Chatillon sur marne. Rendements plutôt bon pour l'année, soit 60% de l'aoc. A 3 kms de là, on récolte à peine la moitié. La faute à une pluviométrie incroyablement hétérogène cette saison, qui a variée de 250% entre les côtes d'Epernay et les vallées adjacentes à la vallée de la marne (cuchery sinistré, comme igny, etc...).

Un tri doit être souvent fait à la parcelle : sur un même cep se côtoient foyer de pourriture à écarter...et des grappes encore en véraison. L'équipe à côté de nous, des aimables polonais, cueille absolument tout sous le regard non concerné du vigneron qui livre à la coopérative. Ma voisine de cep ne s'en remet pas et l'apostrophe  "plutôt que regarder, vous pouvez pas leur dire de trier, comment voulez vous livrer une belle vendange sinon ?". Hou-là, Nous évitons l'algarade de justesse.Pourtant les 60 kilos d'écart entre les 2 protagonistes engageaient plutôt au recul théatral, voire à la contemplation... mais notre chef cueilleur est son voisin de vigne  toute l'année, alors la jeune fille range son courroux et nous nous retenons d'applaudir de peur de ne plus mériter l'apéro. Apéro loupé car départ précipité sous une pluie orageuse (15 mm en 15 mn).

Nous rentrons at home pour déguster un beau Champagne de Charlot Tanneux ...voir la rubrique dédiée....