J'ai acheté deux bouteilles de ce Givry 1er Cru du domaine sur Ebay à un voisin, le prix ne m'a pas fait hésiter quitte à devoir le jeter, mais j'avais bon espoir que 10 ans ne soit pas de trop, même si la conservation avait été mauvaise.
Michel Goubard et fils, Côte Chalonnaise (Saint-Désert)- Givry 1er Cry 'La Grande Berge' 2010
J'ai ouvert cette bouteille à 17h pour accompagner un rôti de porc ardennais, fumé, avec poêlée de carottes, oignons et pomme de terre. On est samedi soir en couple, rien de spécial, aucune recherche particulière de savoir si c'est un accord ou pas. Je cuisine ce que j'ai dans le frigo et j'ouvre donc une de ces bouteilles que j'avais récupéré le matin même.
A 17h, la robe est légèrement tuilée, mate, signe que le vin est bien avancé dans sa maturité. Le nez n'est pas fort engageant et la petite gorgée que je m'autorise laisse surtout une présence acide en bouche peu agréable. Je suis déçu mais confiant dans l'idée que pour le repas, l'oxydation aura fait son travail sur ce vin de déjà 10 ans.
A 20h, un peu plus de fruits rouges au nez, le vin s'est légèrement ouvert. La bouche est toujours acidulée sans vraiment être vinaigrée. Ce n'est pas très agréable sans être bon à jeter. Madame me demande d'ouvrir autre chose, j'ai un petit Cote du Rhone 2015 dans la cave de service de la cuisine, je l'ouvre, le vide dans une carafe et le sers au repas. Je ne me laisse pas abattre pour autant concernant le Givry et je décide d'attendre le lendemain (aujourd'hui en fait).
Cette après-midi je tente de lui offrir une dernière chance avant de finir à l'évier, n'ayant pas de vinaigrier.
Le nez est bien plus ouvert, le vague fruit rouge remarqué hier est devenu cerise confit, un rien de fruits des bois est venu s'y ajouter. Je crois sans certitude que ça se dirige vers le kirsch dont on parle souvent, c'est le côté cerise qui m'y fait penser mais je ne suis pas sur.
En bouche, l'acidité s'est nettement calmée sans disparaître. Plus de sensation de vinaigre, un reste très léger de tanins qui sont fondus, vraiment fondus. Des épices ont pris de la place, un reste de vanille, quelques traces légères de l'élevage en barrique. La cerise se fait vraiment discrète alors que le côté sous-bois a pris le dessus. C'est équilibré sans grande complexité et la longueur est très courte.
Ce Givry était donc encore parfaitement buvable, ouf. Cependant, son apogée est bien derrière lui. Je ne sais pas ce que me réserve la seconde bouteille. Le vigneron indique 10 a 15 ans de garde sans problème, je ne sais pas comment il a été stocké depuis 2010, il est possible que le stockage n'ai pas été adéquat. A 5€ je n'ai pas de regrets, il accompagne ma fin d'après-midi en compagnie de Tony Allen, pendant un dimanche pluvieux et je ne lui demande rien de plus.