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Domaine Jean-Philippe Fichet, Meursault

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Domaine Jean Philippe Fichet - Une verticale de 25 millésimes de Meursault Chevalières
CR:

Le nom est emprunt de poésie et évoque dans nos imaginaires une situation haute sur le coteau, un carré de vignes "chevauchant" en quelque sorte le village mais il provient plus sûrement de la présence d'équidés qui pouvaient y paître au Moyen Âge ou de chevaux empruntant la voix romaine qui passait à ses pieds allant des Chevalières aux Charrons et d'Autun à Chalon.

Sous l'influence légère des vents d'Ouest venant de la Combe d'Auxey-Duresses ce secteur part de la base du coteau murisaltien pour s'élever jusqu'aux Vireuils en longeant les bords sud du Clos des Meix-Chavaux et des Luchets et le Nord des Petits Charrons et Rougeots.

Terre mixte très caillouteuse en partie haute et plus argileuse dans sa zone basse, elle autorise la production de vins extrêmements délicats et parfumés qui ont un caractère murisaltien affirmé sur près de 9 hectares.

Il est d'usage de dissocier les parties hautes des parties basses en accordant plus d'éclat aux premières. Toutefois à la dégustation ces différences ne sont pas toujours très évidentes, d'autant que certains domaines ont des parcelles dans les deux secteurs et les assemblent.

Ces dernières années ont été très favorables à la qualité de ce terroir frais en raison de la précocité des millésimes et d'un cycle de réchauffement climatique évident. Les bouteilles ont de ce fait très souvent la stature d'un joli premier cru et si les vins atteignent des prix élevés, ils ne sont pas encore équivalents à ceux des premiers crus. 
Le domaine Fichet exploite en deux parcelles, 80 ares, sises dans les hauts du climat en sa partie septentrionale. C’est donc l’un des principaux producteurs de ce second cru naturel aux côtés des domaines Monnier, Rémi Jobard et Germain. 

J’aime déguster les crus en commençant par les vins les plus anciens car il me paraît évident que les vins les plus fins et à maturité méritent de ne pas être gênés par les traces résiduelles de sulfite ou de réduction qui peuvent se trouver dans les millésimes les plus jeunes. Par ailleurs la sensation acide - pas le niveau réel qui reste fixe au fil du temps - diminue au cours des années et appréhender la finesse de ce merveilleux petit terroir doit toujours se faire avec prudence tant il est vrai que nos palais sensibles peuvent être altérés par la fringante perception d’un gaz carbonique aux teneurs plus élevées en jeunesse. 
La Mise en bouche se fait autour de 4 Bourgogne Blancs servis en magnums qui d’emblée signent la classe remarquable des vinifications de Jean-Philipe et surtout leur potentiel de vieillissement. Le 99 et le 2002 se dégagent nettement par leur classe naturelle associée à des années idéales sur le plan des équilibres obtenus naturellement par les raisins. Un 99 suave et classique qui exhalait des notes de chèvrefeuille associées à des accents de fleur de vigne et d’agrumes mûres sur une texture visqueuse et une finale rémanente finement imprégnée par le sucre candi et les fruits blancs. un 2002 frais et longiligne construit sur une salinité très salivante qui embaumait le gingembre et la feuille de menthe ainsi qu’en filigrane un soupçon discret d’agrumes vertes et de yuzu. Dans sa catégorie il s’est avéré exceptionnel de plénitude. 

Chevalières 1994 en magnum: l’année pluvieuse au moment des vendanges après une saison assez ensoleillée n’a pas été favorable au mûrissement et le vin s’en ressent car sans démériter il s’éloigne de la finesse naturelle de son terroir pour se livrer sur une certaine mollesse en bouche avec un début d’évolution vers le rhum blanc et la pomme grany. L’acidité est encore là toutefois mais les arômes sont un rien fanés...le vin a passé le cap de la maturité pour se diriger vers des notes tertiaires variétales. Jeune il se révélait assez distingué et tonique, j’en gardais un excellent souvenir. 

Chevalières 1995 en magnum: l’année n’a pas été simple car entre botrytis et oidium, le tri et le débourbage sévère étaient nécessaires. Comme nombre de 95 celui-ci se présente  profondément doré sur un nez de fruits confits évoquant les liquoreux. Ces raisins rôtis ont livré des vins texturés aux accents aromatiques exotiques. Celui-ci ne fait pas exception à la règle mais la finesse du terroir lui donne un côté aérien qui porte le milieu de bouche vers des saveurs finales des fruits jaunes et de raisins confits. Une réussite dans le millésime et une excellente bouteille pour le foie gras!

Chevalières 1996 en magnum: l’année tardive est depuis ses débuts marquée par une maturité obtenue par dessèchement des baies grâce au vent qui a oeuvré en l’absence quasi totale de soleil. Il en a résulté un vin à forte acidité malique initiale porté par une combinaison tartrique/lactique lui donnant un côté fermé et austère que d’aucun ont parfois considéré comme minéral. Le vin a parfaitement vieilli ici dans une année où les premox ont touché nombre de bouteilles et s’il est assez peu véritablement minéral ils portent des accents aromatiques de citron vert et de poire à chair blanche avec brio. Finale saline, quasi métallique...le tranchant des blancs était entrain de naître en des contrées où il s’exprimait assez rarement.

Chevalières 1997 en magnum: certains l’ont peut être oubliée mais cette année fut une des plus précoces et chaudes de la décennie avec des vendanges qui en rouge ont souvent démarré au début de Septembre. Les blancs étaient à peine à maturité lorsque les pluies sont arrivées et il a fallu rentrer vite la vendange pour la préserver. Parfaite réussite ici avec un vin droit et nourrissant possédant une texture soyeuse et une complexité aromatique étonnante pour ce millésime si peul considéré au fond. J’ai aimé son allonge et la simplicité d’arômes nets qui déclinaient une palette restreinte mais bien définie de fruits à chair blanche et de menthe sauvage sur une touche truffée. 

Chevalières 1998 en magnum: une gelée de coteau « sanglante » a réduit la récolte à son tiers potentiel et les raisins restants ont souvent été touchés par l’oidium en certains secteurs. Point de trace de celui-ci sur ce magnum à la couleur jaune dorée. Le vin s’exprime sur une texture doucereuse possédant des arômes de cire finement miellés. Un ensemble assez long et net qui encore une fois avait gardé une heureuse fraîcheur et une tension de bon aloi. 

Chevalières 1999: une grande année simplement! Des fruits sains, juste mûrs avec un équilibre acide parfait ont donné cette année là des vins murisaltiens en diable lorsqu’ils n’ont pas été victime de la dilution car l’année fut généreuse, parfois trop. Ce magnum était impeccablement équilibré et à son apogée avec cette touche si particulière des vins de mi coteau à idéale maturité qui résonne sur des accents de fleur de tilleul, de sauge et de poire blanche. Un vin d’équilibre à la finale sensuelle et douce.

Chevalières 2000: encore une année d’abondance ou la récolte s’est faites à la mi-septembre dans des conditions parfaites. Abondance fut encore une fois le maître mot et cette fois ci cela se sent un peu car la trame du vin est plus lâche et les arômes moins précis. Mais n’exagérons rien le vin est encore en vie grâce à une acidité de bon niveau et à une fraîcheur juvénile qui fait penser qu’il en a encore sous le pied. Parfait en mangeant, ce n’est pas un vin de dégustation mais un cru de gastronomie qui appelle le poisson de rivière.  

Chevalières 2001: Année tardive et un peu froide, marquée par un léger botrytis, elle a livré des vins assez aromatiques en moyenne et parfois proches des 98 et 95 mais en moins « too much » au niveau mûrissement. Toutefois son acidité plus coupante porte des accents aromatiques un peu plus distingué et frais qui culminent sur des accents de mandarine assez caractéristiques. J’ai aimé la précision du vin, son corps svelte et sa fraîcheur d’ensemble qui signalent que la bouteille peut encore tenir quelques années sans verser dans l’évolution. Un excellent 2001.

Chevalières 2002: Le millésime de la maturité pour Jean-Philippe et sans doute aussi celui de la parfaite adéquation entre sucre et acidité pour les fruits qui sont issus de cette saison sans accrocs climatiques. Un vin parfumé à souhait, d’une insolente jeunesse et construits au plan des arômes sur une pureté murisaltienne insolente. Le raisin a ici joué le filtre du terroir et la finesse de l’ensemble met en valeur des accents de chèvrefeuille, de noisette fraîche en même temps que d’épices douces, très subtilement grillées. Le seul vrai rôti du Meursault qui issu de raisins mouchetés de point grisés. Un Chevalières de haut vol qui pour beaucoup a constitué le point d’orgue du jour. 

Chevalières 2003: le vin de la sécheresse a longtemps été frais et engageant avec ce petit côté rhum blanc que les 2003 ont largement développé dans la souffrance qu’ils ont eu à affronter la chaleur caniculaire du millésime. Un vin de sève aujourd’hui un peu fatigué qui paraît un peu déclinant avec ces arômes tertiaires et confits et puis aussi une légère oxydation. Pas mauvais loin s’en faut mais pour cette bouteille un peu en fin de vie. 

Chevalières 2004: souvent marqué par des notes vertes d’asperges, de géranium et de sauge, le millésime naturellement très abondant a aussi eu à s’affranchir de cette  récolte pléthorique. On perçoit ici une légère dilution mais en revanche également une fraîcheur d’ensemble assez étonnante qui en fait un vin aussi désaltérant et sapide qu’il manque un peu de race et de présence. Ciselé et léger il a pour lui son côté juvénile et conte lui un aspect simple et variétal qui ne lui confère que trop peu la classe de son terroir. 


Chevalières 2005: Année abondante de fruits souvent gorgés d’acidité tartrique et ayant un aspect « fluo »,ce sont des crus qui ont été amenés à maturité par le vent, un peu comme les 96. Dès lors ils revêtent une forme austère au fruité mat et par contre à grande salinité. Le cru se montre ici dynamique et très tendu avec ce côté précis des vinifications du domaine qui sans aucun doute l’ont bâti pour une garde plus longue que les 15 ans qu’il affiche. Un jeune homme un peu ombrageux...mais quelle fougue!

Chevalières 2006: une des réussites de ce millésime et de la série! Je n’apprécie que peu souvent cette année qui a souvent évolué rapidement en se fanant autour d’arômes oxydés. Les coups de tonnerre qui ont fait tourner les raisins en fin de cycle de maturation semblent ne pas avoir altéré ce vin la car il est aussi intense, frais et classe que dans sa jeunesse. J’ai aimé sa texture et son allonge et puis aussi ce caractère si fin que seul ce cru à Meursault - en compagnie des Bouchères - développe. Très beau.

Chevalières 2007: encore une année que le vent a concentré dans les dernières instants de septembre et qui a de ce fait conservé une forme un peu stricte. Il fallait attendre impérativement pour récolter car sans cela les raisins n’avaient que peu de chance d’exprimer leur terroir. Cela a été fait ici car - comme tous les 2007 du domaine - Il se montre à juste maturité et construit sur une énergie interne assez bluffante. Fin, racé et assez complexe il ne lui manque qu’un peu plus de complexité et de concentration pour être parmi les meilleurs.

Chevalières 2008: beaucoup de dégustateurs autour de moi semblaient être un peu déçu par ce vin construit entre la douceur d’un léger botrytis et l’acidité que lui a conféré une arrière saison sans soleil. Cela ne fut pas mon cas. Récolté tard, bien débourbé, il était un peu fuyant en début de vie avec des notes de pourriture grise ténues qui le desservaient. Il a bien vieilli car sa trame enveloppante introduit de beaux arômes de fruits confits et de mandarine - comme sur 2001 et 1998 - qui terminent et assez longuement en finale. Dans le contexte compliqué de l’année, une réussite.

Chevalières 2009: place à la maturité et à l’amertume de raisins sains et peu acides aux ph assez hauts. Mais aussi place à une certaine idée du Meursault opulent et complexe qui n’a nul besoin d’être ciselé et tendu pour séduire. Sa texture délicatement soyeuse, sa maturité obtenue par un soleil brillant en ont fait un vin pur et bouqueté qui a pour lui de se laisser boire avec un plaisir sans pareil. J’ai aimé son allonge obtenue par de nobles amers juste bien dosés et son côté floral si caractéristique de ce beau terroir.


Chevalières 2010: l’exact opposé du précédent et dans la lignée des millésimes tartriques que sont 96,2005 et dans une moindre mesure 2002, auquel je trouve qu’il ressemble un peu sans toutefois en atteindre pour l’instant le niveau. Un vin racé, cristallin et nerveux qui aurait sans doute pu pousser un peu la maturité dans ses retranchements mais qui de ce fait préserve une trame tranchante. Un peu austère à mon goût mais du beau travail quand même...et l’avenir est devant lui.

Chevalières 2011: je pense que la bouteille avait un petit défaut de tca, cela est dommage car on sent que ce millésime précoce a bien été traité grâce à un fruit mûr et une évidente concentration. Cela n’est pas toujours le cas dans ce millésime abondant qui a parfois évolué vite en raison de sa dilution et qui ne laisse pas toujours place au terroir. Plus floral que fruité, plus doux qu’acide, plus léger que puissant...mais aromatiquement difficile de le décrire avec son petit défaut.

Chevalières 2012: année de grêle à la fin de Juillet alors que les raisins étaient déjà vérés , il en a résulté des grappes marquées par des plaies cicatricielles ligneuses qui ont souvent donné des accents miellés aux vins. Celui ci ne fait pas exception à la règle même si cela reste léger. La matière est concentrée, l’équilibre satisfaisant mais le profil aromatique est plus variétal et marqué par la grêle que lié au terroir du cru.  

Chevalières 2013: au nez j’ai senti assez intensément une petite verdeur de maturité inachevée avec cette touche végétale d’asperge et de foin coupé, significative. Cela se retrouve en bouche mais sans excès et le vin dispose tout de même de jolis arguments: finesse et tension surtout. Mais évidemment ces millésimes tardifs derrière des millésimes plus « joufflus » peinent à tirer leur épingle du jeu. Je pense qu’à table les sensations seraient très différentes. Il faudra essayer!

Chevalières 2014: le secteur a été touché par la grêle avant véraison et les raisins étaient cependant parfaitement sains. Une petite récolte concentrée de fruits mûrs a donc livré des vins un peu faciles en jeunesse qui n’ont pas le potentiel des plus grands millésimes mais qui restent très séducteurs. Celui-ci semble n’avoir que très peu souffert des aléas climatiques tant il se montre d’une plénitude rare. Parfumés, délicats et subtils, les arômes tapissent le palais sur des accents floraux très agréables. Une superbe réussite qui culmine dans une longue et saline finale. Un des vins les plus fins de la série.

Chevalières 2015: dès le nez j’ai trouvé le niveau de maturité en retrait dans ce millésime précoce et chaud. Le profil un rien végétal et mentholé n’a pas le rôti finement grillé que ce millésime prend souvent. En bouche il a pour lui une certaine retenue et si l’amertume marquée lui apporte de la fraîcheur, elle semble un peu élevée pour porter des arômes plus aboutis, plus profonds. Il reste que le vin est encore dans la gangue de sa jeunesse et ils pourrait bien s’épanouir avec le temps pour prendre de l’envergure et sans doute me faire revoir mon jugement un peu sévère ce jour.

Chevalières 2016: aucun doute nous sommes sur un 2016! Le côté rhubarbe du nez est en fait la conjugaison aromatique de raisins un peu trop mûrs avec d’autres qui ne l’étaient pas tout à fait. Cette année de gel a crispé les vignerons et il était bien difficile de savoir quand il fallait aller récolter ses fruits. J’aime ce côté mûr ayant de l’acidité que l’on retrouve en 2001,2008,2010 ou plus loin dans le temps en 1955. Ici il est assez subtil et peu marqué et permet au vin d’avoir un côté aérien et bien dessiné. Arômes d’agrumes mûrs et de mangue, bouche grasse et vive à la fois...une curiosité ayant une rare buvabilité. 

Chevalières 2017: le millésime facile et plaisant par excellence est ici parfaitement dans son registre. Un beau vin racé et tendu avec un côté accessible et faiblement séducteur. Il lui manque sans doute un poil de fond et de présence mais je n’en suis pas même certain tant dans cette forme la, il accroche le palais et persiste en finale. Très murisaltien « modern style » il séduira nombre de dégustateurs d’aujourd’hui mais je demande à voir sur la durée. 

Chevalières 2018: une petite merveille d’équilibre et de finesse pour celui qui pour moi est le plus abouti de ce parcours de 25 ans avec le 2002...et sans doute même sera t’il le meilleur demain. Il a tout pour lui car la dilution de ce millésime - souvent - est ici évitée par une juste matière faites de verticalité et de largeur et d’arômes d’une insigne profondeur. Juvénile et déjà si séducteur, c’est vraiment un très grand vin qui dépasse largement le cadre de son appellation village. Chapeau bas.
 
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01 Jui 2021 07:44 #61

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Réponse de oliv sur le sujet Domaine Jean-Philippe Fichet, Meursault

Meursault
Le domaine Fichet voit le bout du tunnel !

www.bourgogneaujourd...
Les utilisateur(s) suivant ont remercié: vince
07 Déc 2021 20:27 #62

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