Nous avons 2652 invités et 55 inscrits en ligne

Grands et premiers crus de Bourgogne à Normale Sup par Bernard Burtschy - Suite : Côte de Beaune

  • axel
  • Portrait de axel Auteur du sujet
  • Hors Ligne
  • Utilisateur
  • Enregistré
  • Messages : 81
  • Remerciements reçus 1
Voici uniquement les commentaires sur les vins de la côte de Beaune (synthèse des impressions des personnes qui me les ont transmises, complétées des commentaires de Bernard Burtschy).

Chassagne-Montrachet 1er cru Clos Saint-Jean rouge 2003 Domaine Guy Amiot :
Robe intense avec des reflets violacés. L’élevage est encore quelque peu présent, on a de jolis fruits mûrs. C’est concentré en bouche, l’attaque est ample et généreuse, la matière bien présente. La finale est marquée d’une légère amertume, que Bernard Burtschy attribue au sol argileux. « C’est un très bon domaine de Chassagne, un peu moins médiatique que certains, ce qui vous permet d’y trouver de très bonnes bouteilles à des prix raisonnables ».

Beaune 1er cru Les Teurons 2002 Domaine Rossignol-Trapet :
C’est encore assez fermé au nez, poivré. C’est un vin très classique, élégant, avec des tannins importants mais d’une belle finesse, avec une grande longueur et quelques saveurs de ronce. Bernard Burtschy nous rappelle que le terroir des Teurons produit des vins de longue garde, et que cette bouteille a encore besoin de quelques années pour se révéler complètement.

Volnay 1er cru Cailleret 2002 Domaine Nicolas Rossignol :
Ce vin, produit par « un jeune loup de la Bourgogne, excellent vinificateur », a une intensité colorante importante. Il développe des arômes boisés, mais s’exprime aussi sur des fruits rouges, avec une belle profondeur. L’acidité semble élevée et permet d’équilibrer une matière riche. Le volume en bouche a séduit beaucoup des dégustateurs présents, et on sent la classe du terroir de Volnay qui sous-tend le gras apparent.

Pommard 1er cru les Bertins 2000 Domaine Chantal Lescure :
Bernard Burtschy souligne l’importance des progrès réalisés au domaine depuis l’arrivée de François Chavériat, qui a compris l’importance de vendanger assez tard afin d’atteindre un niveau de maturité suffisant sur les terroirs argileux plus tardifs de Pommard. La masse tannique, qui « nettoie la bouche », a désarçonné certaines personnes, alors que d’autres ont beaucoup aimé. C’est un vin qui m’est apparu dans un stade d’évolution supérieur, avec quelques arômes de cuir et d’épices, mais surtout une bouche charnue, élégante ; un léger creux en finale, cependant, révèle la phase de fermeture que traverse la bouteille.

Corton Les Bressandes 2001 Domaine Chandon de Briailles :
Après un rappel du principe de la vinification en vendanges entières et de son influence, nous en goûtons un exemple avec ce domaine traditionnel, qui pratique également le labour depuis de nombreuses années. La robe est assez peu colorée, avec quelques reflets pivoine. L’expression aromatique est remarquable, avec des notes florales d’une grande distinction. L’attaque est légèrement moins impressionnante, mais le développement en bouche est très racé, avec une réserve tannique importante et surtout une texture et une persistance admirables. Bien qu’on soit « en plein infanticide » c’est déjà très bon et l’élégance de ce vin fait l’unanimité dans l’assistance !

Corton 1996 Domaine Rapet :
C’est le seul vin « adulte » de la dégustation et Bernard Burtschy mentionne qu’il est issu d’un millésime assez particulier, conciliant un degré d’alcool élevé et une forte acidité. La robe se pare de reflets tuilés, alors qu’au nez on décèle une évolution bien marquée, autour de notes fumées et d’humus notamment. La bouche apparaît plus jeune, classique, avec une trame tannique dense et corsée et des saveurs épicées qui laissent libre cours à l’imagination pour des accords culinaires riches et variés !

Chassagne-Montrachet 1er cru Champs Gains blanc 2004 Domaine Guy Amiot :
La robe est brillante, tirant sur le jaune pâle. Des notes miellées sont bien perceptibles, et Bernard Burtschy nous indique qu’elles sont caractéristiques du terroir de Chassagne, en soulignant la belle maturité obtenue dans ce millésime plutôt difficile. C’est un vin opulent, gourmand, avec un beau gras, déjà abordable en dépit de son jeune âge.

Chassagne-Montrachet 1er cru Tête du Clos 2004 Domaine Vincent Dancer (échantillon tiré sur fût) :
Le vin est encore plus limpide que le précédent. Le nez est élégant, avec quelques notes vanillées, qui nous rappellent que le vin est en cours d’élevage, tout comme la présence de gaz carbonique. La bouche est très minérale, tendue, élégante et on y perçoit des arômes de gentiane. La finale est particulièrement fraîche, la persistance aromatique est supérieure au précédent.

Meursault 1er cru le Poruzot Dessus 2002 Domaine Rémi Jobard :
Malheureusement l’une des bouteilles est bouchonnée, ce qui permet à Bernard Burtschy d’évoquer ce problème, dont les vignerons sont les premières victimes, ainsi que les nouveaux modes de bouchage développés. Le public scientifique suit cela avec attention !
Belle couleur jaune pâle aux reflets paille. Le nez est assez discret et se révèle sur des notes d’amande douce, alors que la matière est jolie, c’est dense et plein, très subtil. L’unanimité se fait sur la fraîcheur de la finale et l’harmonie de ce vin, même s’il est encore dans une phase où il s’exprime timidement.

Meursault 1er cru Genevrières 2003 Domaine Ballot-Millot :
Bernard Burtschy présente ce domaine en évoquant la révolution qualitative entreprise il y a quelques années, notamment par une réduction notable des rendements en vue d’obtenir des matières plus accomplies. La robe est étincelante, avec des reflets dorés. C’est assez réduit d’abord, puis, à l’aération, se dégagent des arômes mentholés, de citronnelle. En bouche, c’est opulent, gras, avec en finale un « goût miellé extraordinaire, véritable signature du terroir des Genevrières ». L’équilibre général du vin, et l’attaque en particulier, reflètent les conditions atypiques du millésime.

Meursault 1er cru Genevrières 2002 Domaine Ballot-Millot :
Nous avons la chance de pouvoir goûter ce grand climat sur une petite verticale, « luxe suprême » permettant d’appréhender l’influence du millésime sur l’expression du terroir.
La robe est quasiment similaire au précédent, mais ce 2002 apparaît beaucoup plus classique quant à son expression aromatique, finement noisettée et miellée. En attaque, on a une certaine impression tannique, c’est très dense, plein, équilibré, et la trame acide soutient cette matière généreuse. C’est très bon et c’est le millésime préféré par la grande majorité d’entre nous, même s’il est encore fermé à l’heure actuelle et « ne prendra sa véritable dimension que dans dix ans. »

Meursault 1er cru Genevrières 2001 Domaine Ballot-Millot :
La couleur est légèrement plus dorée que les précédents. On sent une matière bien présente, et riche, mais l’on ne retrouve pas la même précision aromatique et la même droiture que sur les deux millésimes suivants. Bernard Burtschy nous rappelle que 2001 était un millésime assez difficile en blanc, avec des développements importants de pourriture, mais également que le domaine n’était qu’au début de sa grande évolution et qu’il a beaucoup progressé depuis.

Meursault 1er cru Genevrières 2001 Domaine Rémi Jobard :
Nous retrouvons le domaine Jobard avec ce Genevrières qui se présente ouvert et expressif, avec un très joli nez de mangue, de fruit de la passion, subtilement citronné. On avait quelques notes de réduction qui disparurent à l’aération. La bouche est d’une magnifique élégance, alliant finesse et densité autour de très nobles arômes de miel d’acacia. La persistance est remarquable, ce qui en fait un grand vin, « qui battrait la moitié des Montrachet » selon Bernard Burtschy.

Meursault 1er cru Clos des Perrières 2001 Domaine Albert Grivault :
A la suite de la grosse impression faire par le Genevrières, ce Clos des Perrières « était sous pression, mais il ne s’en laisse pas compter, loin de là ! » La robe est plus dorée que le précédent, assez peu disert au nez, mais la bouche est majestueuse, avec quelques notes d’amande, mais elle se distingue surtout par son harmonie, sa finesse, et sa tension remarquable, qu’il faut attribuer au calcaire du Clos, situé dans la partie la plus parfaite de ce fameux premier cru. Pour Bernard Burtschy, c’est « un grand terroir, magnifié par le vinificateur ». Il insiste sur le fait que nous assistons à une véritable dégustation de luxe et que des millions d’amateurs souhaiteraient être à notre place !

Corton-Charlemagne 2002 Bouchard Père et Fils :
A l’exclamation « Et maintenant, nous passons au Corton-Charlemagne !», des rumeurs d’excitation parcourent la salle ! L’histoire géologique de la région explique la présence de calcaires très durs dans la montagne de Corton, à l’origine de la typicité de ses vins. La robe est d’un jaune plus pâle, beaucoup trouvent des notes de noisette, de pierre à fusil. On perçoit une maturité du raisin optimale, la comparaison avec le Clos des Perrières est passionnante car ces deux vins présentent un profil minéral marqué, plus droit pour le Corton, plus dense pour le Perrières. La finale donne une impression de salinité, c’est frais. « Grand vin, fait dans les règles de l’art ».

Bâtard-Montrachet 2000 Olivier Leflaive (en magnum) :
Le sol du Bâtard est plus argileux, ce qui lui confère généralement une grande puissance. A l’œil c’est très doré, avec des reflets d’ambre jaune. Le nez est très expressif, avec des arômes de poire, de pomme mûre, de miel, légèrement vanillés. La texture en bouche est remarquable, avec une finale équilibrée, corsée et très longue. Son intensité et son onctuosité en font une expression quintessencielle du chardonnay, qui nous fait comprendre l’importance du terroir dans la production de grand vin. Bernard Burtschy rappelle le proverbe « pas de homard sans Bâtard » et aiguise l’appétit d’une assistance de plus en plus bouleversée.

Montrachet 2001 Domaine Jacques Prieur :
Nous terminons cette dégustation mémorable, par le seigneur de la côte de Beaune et nous mesurons la chance unique qu’il nous est donné de pouvoir y tremper nos lèvres, d’autant plus que Bernard Burtschy nous indique que le domaine Prieur exprime aujourd’hui toute la grandeur du Montrachet. La couleur est bien prononcée, le miel d’acacia est flagrant, mais avec également une petite touche citronnée d’une grande distinction. En bouche, on a un sentiment de plénitude qui s’émane de ce vin très riche, mais divinement équilibré, c’est incomparable, l’impression de boire de l’or liquide, qui nous incite à nous mettre « à genoux et à tête découverte » pour rendre un hommage dumassien à cette bouteille. L’émotion est réellement perceptible parmi nous, avec la sensation de vivre un moment unique de notre vie de dégustateur, l’un d’entre nous m’ayant même confié avoir ressenti des larmes aux yeux en goûtant le vin…

Je tiens à remercier une nouvelle fois l’ensemble des vignerons, d’avoir contribué si généreusement à l’enrichissement de notre culture et de nous avoir présenté quelques unes de leurs plus belles cuvées.

Axel Marchal
www.normalesupoeno.com
15 Fév 2006 19:01 #1

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Messages : 2990
  • Remerciements reçus 1
Axel ,

Superbe CR . Merci .
La citation concernant le Montrachet est plutôt attribuée à Dumas qu'à Balzac , mais elle dit l'essentiel de ce vin immense .

" Je n'écris pas pour une petite élite dont je n'ai cure, ni pour une entité platonique adulée qu'on surnomme la Masse. Je ne crois pas à ces deux abstractions, chères au démagogue. J'écris pour moi, pour mes amis et pour adoucir le cours du temps. " Jorge Luis Borges
15 Fév 2006 20:18 #2

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • axel
  • Portrait de axel Auteur du sujet
  • Hors Ligne
  • Utilisateur
  • Enregistré
  • Messages : 81
  • Remerciements reçus 1
Merci Charles, je corrige avant de me faire étriper par mes collègues littéraires...
16 Fév 2006 01:43 #3

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Guest
  • Portrait de Guest
  • Visiteur
  • Invité
Merci pour ce beau cr ...

Corton-Bressandes - Chandon de Briailles 1990 : nov 2004
JP16,5 - VM16,5 – PP16,5 – LG17
- Robe normalement évoluée.
- Bouquet subtil et ravissant de pinot noir, déclinant des senteurs de roses fanées, de cerise, d’épices, de nuoc-mam.
- Bouche archétypale, aérienne, valorisée par l’alliance de la jeunesse et de l’évolution (vin en apogée). Sa chair est soyeuse, fine, ensorceleuse. Certains dégustateurs lui trouvent une ruralité un peu drue, plus Beaune que Nuits. Je penchais plutôt pour une élégance florale et épicée de Vosne.

Meursault 1er cru Les Charmes – Domaine Rémi Jobard 2001: déc 2004
JP15,5 – PP15,5 - LG15 - 30 euros
- Olfaction très fruitée (mirabelle croquante), miellée, mentholée.
- Bouche non dénuée de chaleur, déployant des notes de fruits blancs, d’agrumes, de végétal, de beurre. Une acidité idoine compense le manque de minéralité pour une structure qui reste un peu simple et monolithique.

Juin 2004, une catastrophe :
2. Meursault 1er cru "Clos des Perrières" 2001 :
Echantillon défectueux car bouchonné !

3. Meursault 1er cru "Clos des Perrières" 2000 :
Echantillon défectueux car bouchonné !!

4. Meursault 1er cru "Clos des Perrières" 1999 :
Echantillon défectueux car bouchonné !!!
16 Fév 2006 11:00 #4

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Messages : 14159
  • Remerciements reçus 11
Bonjour Axel,
Vous organisez des dégustations sacrément efficaces.
Bravo.
Il y a dans ce panel de vrais monstres sacrés.
ça doit être dur de boire le vin de la cantine après ça.
(je suis à peu près sûr que vous faites l'impasse).
Pensez à répondre à mon dernier mail.
Amicalement.


Cordialement,
François Audouze
19 Fév 2006 14:27 #5

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

Modérateurs: Cédric42120GildasPBAESstarbuckMartinezVougeotjean-luc javaux