Un excellent dîner au restaurant « Côté Jardin » à Gien
Des amis qui nous veulent du bien ont souhaité nous faire découvrir ce restaurant et son grand menu « L’envie… ».
La réservation est donc faite, entre Noël et jour de l’an, pour ce qui devrait être le summum de la semaine en matière gustative.
Il s’agit d’un tout petit restaurant étoilé comme l’a écrit Julien dans son CR initial sur ce fil. C’est le restaurant qui est petit, mais pas l’étoile…
La jauge a même été réduite à 14 couverts maximum et pas de table de plus de quatre personnes depuis le début de la phase Covid !
C’est donc une atmosphère intimiste qui nous est proposée, avec un service attentionné et en aucun cas guindé : on se sent à la maison et cocooné !
Au menu, rien que du classique, mais les points forts sont indéniablement des cuissons parfaites, des légumes, de saison bien sûr, qui dégagent des goûts d’une puissance oubliée, et des associations de textures et de saveurs recherchées.
Ah, ces légumes ! En allant chercher sur le site du restaurant, j’ai trouvé cette citation du chef, Arnaud Billard : « Pour moi, le légume n’est pas un accompagnement. C’est le fil conducteur, la base du plat, je vais ensuite m’évertuer à l’accommoder avec la viande ou le poisson. »
Les différents plats ont été assortis de vins servis au verre et à l’aveugle pour encore mieux profiter des découvertes.
Amuse-bouche : petits pains feuilletés à l’huile d’olive
Ils sont d’une incroyable légèreté et l’huile d’olive est parfaitement dosée pour apporter un goût très fin sans donner de gras. Une très belle façon d’ouvrir l’appétit.
Champagne Veuve Doussot – Brut Tradition
La robe arbore une couleur paille.
Le nez est plutôt discret, sur les agrumes et les fleurs blanches.
La bouche est dans le même registre de légèreté et de finesse, avec un dosage moyen apportant de la rondeur et une bulle crémeuse qui lui donne de la dynamique. La fraîcheur et la longueur sont honnêtes sans plus et la finale bien nette.
Bien ++
Un Champagne qui a toute sa place à l’apéritif et qui a réussi une belle alliance de finesse avec l’amuse-bouche (3,5 + / 5), celui-ci faisant ressortir son fruité un peu sous-jacent en dégustation pure.
Crémeux de foie gras, chou-fleur
L’association du craquant du chou-fleur, découpé en lamelles hyper fines, et du crémeux du foie-gras est formidable, avec en prime une très belle association de saveurs, le chou-fleur exhalant un goût juste et prononcé malgré sa faible quantité.
Domaine Musset-Roullier – Anjou Coteaux de la Loire – La Royauté – 2018
La robe est bien claire.
Le nez, d’abord timide, s’ouvre peu à peu dans le verre pour offrir des fruits jaunes tendant vers les fruits exotiques, mais aussi de la poire.
Le moelleux de la bouche est équilibré par une bonne vivacité, on retrouve l’aromatique du nez avec plus de force et la bonne allonge se réalise plus grâce à cette densité que par l’acidité.
Bien ++
L’accord se trouve bien entendu avec le foie gras mais le vin domine un peu par sa puissance la finesse du plat (3 + / 5).
Cuisses de grenouilles, crémeux de pommes de terre, poudre de jambon
Une manière novatrice de mettre en valeur les cuisses de grenouilles sans les masquer !
Domaine du Chêne – Saint-Joseph – Blanc – 2020
Il s’agit d’un assemblage équilibré entre marsanne et roussanne.
La robe se présente sous un or clair.
Le nez intense propose des fruits jaunes et des notes miellées assez prégnantes.
La bouche est pleine et riche, d’une aromatique prononcée, notamment sur l’abricot. L’élevage est encore bien présent sans qu’il soit outrancier, l’acidité juste suffisante même si j’aurais préféré qu’elle soit plus importante pour bien relancer le vin.
Bien ++
Il y a bien longtemps que je n’avais plus croisé ce domaine que j’avais connu pour ses Condrieu.
Le vin est un peu trop dense pour l’élégance du plat mais celui-ci ne se laisse pas faire. Les deux comparses font un bout de chemin ensemble, mais à distance (3,5 / 5).
Langoustines, héliantis et polenta de curry
Un des (nombreux) musts de la soirée ! La cuisson parfaite des langoustines leur donnant un fondant exquis, la saveur de l’héliantis et de la feuille de chou de Bruxelles, j’ai encore tout cela en bouche le surlendemain !
Nous avons fait une petite pause sur les vins mais de toute façon le plat se suffisait à lui-même.
Saint-Jacques snackées, poireau, butternut, jus au gingembre et à l’orange
Ouah, ce poireau !!! Le reste n’était pas mal non plus…
Domaine des Pothiers – IGP d’Urfé – Chardonnay – Fou de Chêne – 2018
La robe est bien dorée.
Le nez propose une bonne intensité et de beaux fruits blancs ainsi qu’une jolie touche de vanille.
La bouche est bien équilibrée, ronde et habillée d’un très léger gras. L’élevage bien calibré se met au service du vin et la tension millimétrée permet de l’affiner sur la longueur.
Bien ++ / Très Bien
Je suis bien content d’avoir découvert un blanc du domaine que je ne connaissais que pour ses gamay.
L’accord est bien entendu réussi (3,5 + / 5) avec le beau plat, en trouvant des similitudes de texture avec les Saint-Jacques et d’acidité avec le jus.
Turbot sauvage, chanterelles, purée, panais, beurre à la levure de bière
J’ai oublié de prendre la photo du plat mais n’ai pas oublié ses goûts délicieux, un autre grand moment !
Nous avions gardé un peu du très beau chardonnay et bien nous en a pris car le vin a cette fois-ci pris un bel envol (4 + / 5).
Filet de veau, patates douces, salsifis, blettes, jus à l’ail et au soja
On poursuit dans la justesse des goûts (ah ces salsifis !) et des cuissons
Domaine Sébastien Besson – Juliénas – 2018
La robe se révèle sombre et assez jeune, avec quelques reflets violacés sur la frange.
Le nez intense exhale des arômes de fruits noirs, de cassis notamment, bien nuancés par des touches virevoltantes florales et épicées.
La bouche séduit par son harmonie, son toucher suave et sa grande fraîcheur, notamment pour le millésime. Son profil longiligne fait bien apprécier la finesse de ses tanins.
Très Bien et encore une belle découverte !
Le mariage avec le plat est de cœur et pas seulement de raison, sur les textures et les saveurs (4 / 5).
Glace à la vanille, mousse au chocolat, biscuit au chocolat
Encore trois textures différentes et des goûts de grande pureté.
Crème au yuzu, pamplemousse et clémentine, sorbet orange, cédrat confit
Tous les agrumes, dans tous leurs états ! Un dessert très rafraichissant et d’une belle définition.
Domaine Julien Thurel – Cidre liquoreux – Automne – 2015
Ce n’est pas un vin mais cette boisson alcoolisée et liquoreuse est intéressante par son originalité.
La robe est très ambrée.
Le nez bien intense développe bien sûr des arômes de pomme et de miel mais aussi de raisins secs.
La bouche est généreuse, en liqueur mais surtout en sapidité, le miel prenant le dessus, sans manquer d’élégance. La bulle n'est pas perceptible.
Bien +(+)
Le plat se montre plus discret à côté de cet OVNI mais il lui apporte de l’acidité, qui lui faisait justement un peu défaut (3,5 / 5).
Mignardises : petite pâte brisée et pâte de fruit, tartelette à la ganache
Des bouchées au goût prononcé qui terminent en beauté et en douceur cet excellent repas.
Tout était très léger, et malgré des portions copieuses nous n’avons pas eu l’impression de trop manger.
La carte des vins n’est pas le point fort du restaurant et Madame Billard ne s’en cache pas, mais ce n’est pas non plus un point faible : des vins bien typés, avec des domaines assez connus et d’autres moins, ainsi que quelques trouvailles.
C’est sûr : nous avons envie d’y revenir !
Merci à LPV Grand Centre et un merci tout particulier à Julien qui a choisi le restaurant !
Jean-Loup