J’ai appris hier soir que mon caviste préféré avait pris la décision de fermer boutique. A vrai dire, c’est une idée à laquelle je m’étais préparé depuis quelques temps. La fermeture de la deuxième boutique, « le stock », l’avait en quelques sortes déjà annoncée. Une commande que j’avais du mal à obtenir avait confirmé cette appréhension. Mon passage le jour du Beaujolais Nouveau avait été vain. « Fermé cette semaine pour cause de maladie ». La mine fatiguée et un peu déconfite de ces derniers temps ne laissait présager rien de bon non plus. Enfin, la situation des restaurateurs dans notre ville n’incitait pas plus à un optimisme débordant…
Cependant, il y avait aussi ces nouvelles découvertes déballées des cartons, ces nouveautés dénichées à droite à gauche et joliment présentées sur les étals me rassuraient un peu, le passage du Petit Futé (dithyrambique) également pouvait être un signe encourageant...
Et pourtant non. Hier soir le verdict est tombé. J’aurai été seulement trois ans client chez (appelons-le comme ça) Xavier. Trois ans de discussions, trois ans d’échanges sur les vins dégustés ici et là, trois ans de conseils, trois ans pour faire naître une amitié. Je repense aux très nombreuses fois où je me suis retenu de m’y rendre parce que mon budget ne m’y autorisait pas alors que j’avais une folle envie d’évoquer la dernière bouteille bue en provenance de son magasin. C’est con, mais je m’en voudrais presque aujourd’hui de ne pas lui avoir rendu visite plus souvent, même si ça n’aurait rien changé à l’affaire.
C’est une grande tristesse qui m’a envahi hier soir, plus ressentie pour un ami et un professionnel sérieux qui connaît ce matin l’échec d’une entreprise, d’un projet qui, j’imagine, a été mûri pendant de longues années, que pour les bouteilles que j’aurais pu continuer à y trouver. J’ai découvert grâce à Xavier de nouveaux horizons vinicoles, mis le nez dans des verres improbables, exploré des régions inconnues, je me suis affranchi d’un nombre incroyables d’idées préconçues et stupides, j’ai découvert que je pouvais aimer les vins de Savoie, que je raffolais des blancs de Loire, que le Languedoc regorgeait de trésors… Il m’a tout simplementappris à aborder le vin avec plus d’intelligence et de respect.
Je lui souhaite ici qu’il rebondisse au plus vite, dans ce domaine ou ailleurs, et, s’il se reconnaît, ce sera avec grand plaisir que je boirai un verre en sa compagnie.