Au cours d'une discussion au sujet de l'émission "Envoyé Spécial" où on me présente comme collectionneur, le sujet est venu des efforts que je fais pour qu'on boive les vins anciens.

Je vais donc me présenter et parler de l'Académie.

Je collectionne les vins depuis trente ans et j'ai attrapé le virus des vins anciens, auxquels je trouve des saveurs inimitables et uniques, justifiant mon amour pour eux. J'ai acquis avec boulimie des milliers de vins anciens (d'avant 1945) et j'en ai bu des quantités impressionnantes, la différence fondamentale que j'ai avec la plupart des experts étant que je bois le plus souvent des bouteilles que j'ai moi-même financées.

Effrayé par l'ampleur que prenait ma cave (je dis cela sans aucune coquetterie. Quand je vais dans ma cave, il y a effectivement la fierté mais aussi la peur de la mort qui guette mes vins), et n'ayant aucune envie de vendre des vins (si je les ai acquis, ce n'est pas pour les vendre), j'ai créé wine-dinners pour qu'on boive mes vins.

Mes dîners marchent bien et je vais faire la semaine prochaine le 57 ème, ce qui fait plus de 600 bouteilles anciennes qui auront été partagées.

Mais au fil de mes contacts j'ai vu que le patrimoine des vins anciens est considérable et totalement dormant.

D'abord le nombre de gens persuadés qu'une bouteille des années 30 est morte est absolument considérable. Essentiellement parce que les gens ne savent pas ouvrir et présenter les vins. Même des producteurs ne le savent pas.

Ensuite, parce que les gens ne savent pas avec qui boire ces vins.
Il est à noter que beaucoup de producteurs boivent leurs reliques en famille, de peur qu'un vin ne soit pas à la hauteur si c'est ouvert avec quelqu'un d'autre.

D'où les deux objectifs extrêmement simples de l'académie des vins anciens :

- pédagogie : apprendre à ouvrir, servir et déguster les vins anciens (j'ai largement plus d'expérience que beaucoup de grands experts, puisque mes bouteilles, c'est moi qui les ouvre et pas un sommelier)

- partage : donner l'occasion à des possesseurs de bouteilles de les ouvrir et à des amateurs sans cave d'y avoir accès.

Cette académie n'aura aucun but commercial. J'ai une chance énorme : je ne roule pour personne. Je suis totalement libre de tout car je n'ai aucun besoin de tout cela pour vivre. Si je fais cette académie c'est parce que je suis persuadé qu'il y a une lutte contre le temps : la mort guette les bouteilles beaucoup plus rapidement que ce qui sera fait pour créer des occasions de les boire.

Voilà.

La prochaine séance est le 4 octobre. Le coût est de 75 € pour payer une salle, des verres, de quoi se restaurer. On apporte une bouteille, ou, sans bouteille on paie 50 € de plus. Plus tard, je demanderai des frais d'inscription, car tout cela a un coût.

Ce qui est annoncé pour le 4 octobre est impressionnant, et je dirais même, c'est presque trop : Domaine de Chevalier 1924, Filhot 1929, Pape Clément 1929, Palmer 1959, Palmer 1961, Pichon Longueville 1982, Mouton 1990 etc..

Si nous sommes très nombreux, je ne sais pas comment on partagera les vins. On trouvera la nécessaire discipline sur place.

Si certains sont intéressés, m'envoyer un mail à francois point audouze at wine-dinners.com. J'ai fractionné l'adresse car il y a des logiciels de spam qui pompent les adresses.

On ne peut pas imaginer le niveau d'ignorance ou de préjugés qui entoure un patrimoine absolument unique qui meurt lentement mais sûrement.

Pourquoi faire cette académie ? J'ai été pendant toute ma carrière chef d'entreprise. Je m'aperçois que je pourrais être utile à quelque chose parce que j'ai réellement une expérience dans le domaine des vins anciens. Alors, comme tout chef d'entreprise, à un moment, on y va.

Bonsoir François,

Bienvnue sur LPV, où, si vous avez le temps, vous dénicherez en fouinant par ci et par là quelques commentaires sur des vins anciens bus par les nombreux intervenants.

Vous découvrirez les écritures de certains "simples" amateurs dont beaucoup de pros pourraient s'inspirer, voir en tirer quelques leçons d'humilité.

La verticale de Léoville Las Cases effectuée en Suisse par ces passionnés s'est révélée être une réussite de convivialité et je pourrais même dire plus, d'amitié...c'est pour quand la prochaine et sur quel thème??

François, faites nous partager quelques moments de plaisir en nous parlant de certains vins qui ont soulevés votre enthousiasme, parlez nous des "vieux" Chypre, Muscat, Yquem, Nuits Cailles...

Fabien

De ce que j'ai vu, ce forum me parait sacrément sympathique.
Pas d'agressivité, une politesse, une ouverture qui sont remarquables.

J'ai des tonnes d'anecdotes qui pourraient passionner les contributeurs de ces discussions. J'essayerai d'en distiller quelques unes. Et vous me connaissez sacrément bien en citant des vins que j'adore.

Pour ce qui est de l'académie, pensez à l'intérêt de la démarche. Sachez que je suis totalement décontracté, car il n'y a aucune idée autre que ce que j'expose. Vient qui veut.

Je pense que l'intérêt pour ce forum est en train d'exister pour moi. Il est probable que j'y écrirai.

Cher Monsieur,

Ce sera j'en suis sur pour tous un immense plaisir de partager les experiences de votre memoire.

Je vous rejoins parfaitement dans le bonheur (meme solitaire) de l'appreciation du gout.
Retrouver les parfums attendus, avoir la surprise d'aromes subtils et meme parfois subir le desenchantement qui fait partie de l'excitation de la decouverte sont les moteurs de tout amateur.

Mon experience de tres vieux millesimes est extremement limitee et ma memoire des aromes egalement.
J'avoue donc apres mes quelques experiences prendre a l'heure actuelle un plaisir plus immediat et complet avec des vins plus jeunes. Je les considere comme des elements essentiels, mais uniquement complementaires du repas et de ses convives.
Je n'ai jamais eu autant de plaisir qu'avec des invites ne connaissant pas forcement le vin servi, mais etant soudain emerveilles par le liquide auquel ils ne pretaient pas forcement attention au debut du repas et trouvant tout simplement le vin "tres bon", en redemandant jusqu'a ce qu'il n'y en ait plus une goutte, pas plus qu'il ne reste le moindre aliment dans les assiettes.

Je concois neanmoins la plenitude exceptionnelle offerte par un vin ancien bu pour lui-meme lorsque le verre delivre effectivement une harmonie emouvante.
Mais cette demarche necessite un important travail d'apprentissage et hors de toute question financiere ne me semble etre qu'a la portee de l'amateur tres experimente.

Le chemin est donc encore long...
Mais c'est ce qui fait son attrait et rend vos anecdotes et leur mise en perspective d'autant plus interressantes.

Cordialement,
dfried

Bonjour Mr.Audouze,

j'ai lu votre livre avec attention est cela m'a permis de rêver...et apprécie particulièrement votre approche sur les vins.
je trouve de plus en plus de plaisir à déguster des vieux vins et mets en pratique vos conseils.
Etant un grand amateur de Barolo,je suis toujours à la recherche de vieux millésimes qui me procurent énormément de plaisir.Il est clair que l'approche est différente que sur les vins jeunes mais qu'elle émotion cela procure !
au mois de Mai, j'ai dégusté un Barolo 1927 avec le Producteur et cela a été un véritable moment d'émotion et d'humilté face cette bouteille.
au mois d'octobre, il y aura une dégustation de quelques vieux Bourgognes ainsi qu'une d'une bouteille de Chateau Yquem 1811.Le prix de la dégustation est trop elevée pour ma bourse mais cela doit être une expérience unique.

Salutations rda

Le Yquem 1811 fait partie de mes désirs.
Si vous voulez me donner des indications sur cette dégustation, et si c'est possible, j'envisagerais volontiers de m'y rendre.
Vous pouvez m'écrire à francois (pas de ç mais c) point audouze at wine-dinners.com

Mr.Audouze,

je viens de vous envoyer les coordonnées de l'organisateur à francois point audouze at wine-dinners.com

salutations rda

Merci !

M. Audouze si vous voulez limiter le spam, ce que je comprends, pensez à masquer votre email dans votre profil.

François Audouze a écrit:

---

> Et vous
> me connaissez sacrément bien en citant des vins
> que j'adore.
>

François,

Effectivement je vous connais un peu et ai même partagé votre table à quelques reprises, et même une émission de télévision.

Je ne me masque pas derrière un pseudo, c'est bien mon prénom et je vous envoie toute ma considération et même plus.

Fabien

Cher Fabien,
ça me fera plaisir d'avoir de vos nouvelles, car je n'ai plus un mail actuel.
J'ai eu des nouvelles de vous deux ou trois fois, mais c'est un peu court.
Amitiés
François

La séance du 4 octobre a eu lieu.
Un LPVien, comme on dit, était là.
Ce serait bien qu'il en parle avant que j'en fasse l'évocation.

Effectivement, j'y étais, et je vais pouvoir témoigner, si je trouve les mots..., du moment magique et exceptionnel que cela a représenté pour moi. 24 heures après, je suis encore sur mon petit nuage.
Ainsi donc, la première session de l'Académie a eu lieu hier soir. Le rendez vous avait été fixé à 19h au Crillon, et une cinquantaine de personnes avaient fait le déplacement pour vivre cette première académie. Francois Audouze avait tout organisé, les plans de table, les fiches de dégustations, les fromages et chocolats divins pour accompagner cette dégustation, et surtout, avait réuni auprès des participants une collection de plus de 30 bouteilles anciennes. Ainsi chacune des 6 tables de 8 personnes a pu déguster 12 bouteilles différentes, après quelques recommandations de Francois sur la facon d'aborder la découverte de ces vins.
Je ne vais pas tous vous les décrire, n'ayant pas le talent épistolaire de l'organisateur, mais simplement vous citer quelques noms qui m'ont laissé un grand souvenir, en commencant par un Corton Charlemagne 1955 de chez Bouchard, en pousuivant sur un envoutant Chateau Chalon 1959 Marius Perron, sur la découverte pour moi du Fargues, hier présenté dans le millésime 1989, et en terminant sur un Banyuls 1949 accompagnant à merveille le chocolat.
Parmi les 12 bouteilles dégustées hier, aucune déception, et si certains vins ont pu paraitre fatigués ou abimés de prime abord, nous avons tous pu constaté les bienfaits de l'oxygénation, et ainsi pu apprécier des flacons tels ce Santenay 1959, qui minute après minute s'est réveillé dans nos verres.
Aux tables voisines , circulaient d'autres bouteilles aux étiquettes impressionnantes, Rabaud 1947, Filhot 1929, Palmer 1961,...le tout dans une ambiance très convivale et sympathique. En effet, après la glace des premiers instants brisée avec les autres participants, les 4 heures de dégustation sont passé très vite, sans doute un peu trop vite tant j'aurais voulu prolonger ce moment, et nous nous sommes tous donné rendez vous pour la prochaine session...!

Merci François.
je vais donner mon compte-rendu dans un nouveau sujet afin que cela apparaisse en tête de discussion.

cher François,
je possède une bouteille de chateau Lafite 1914 dont le niveau est à l'épaule niveau moyen.quels conseils pourriez vous me donner pour la déguster? Et éventuellement sur quels mets;je suis néophyte dans la dégustation des très vieux vins;est-ce un bon millésime que 1914 à Lafite?
merci
bertrand

1914 est une année rare.
Symbolique du début de la Grande Guerre.
C'est une année qui n'est pas parmi les grandes années, mais maintenant, ce ne sont plus les hiérarchies qui comptent mais la bouteille.
J'ai exposé dans un autre sujet la façon dont j'ouvre ces bouteilles. S'y reporter.
Pour les mets, je verrais bien un cabillaud juste cuit, un turbot si on le laisse assez brut, sans forcer son talent, ou un ris de veau.
Si c'est trop compliqué, et si vous le buvez en famille, tout simplement un gigot.

Une remarque : si vous êtes néophyte en vieux vins, je ne commencerais pas forcément par Lafite 1914 (je sens déjà son goût rien qu'en écrivant) qui risque d'être génial si on accepte d'entrer dans sa logique.

Si vous le buvez en famille, essayez déjà avant (à une autre occasion) un autre vin ancien mais plus jeune, un 1934 par exemple. ça vous étalonnera le palais avec une année solide.
Puis vous viendrez au 1914.

La proposition que je vous ferais est la suivante : la prochaine séance de l'académie sera sans doute en janvier. Vous allez pouvoir goûter une dizaine de vins très anciens. Vous verrez comment votre palais réagit, avec les quelques conseils que je vous donnerai en séance.
Et puis après, vous jouirez chez vous de cette 1914 avec beaucoup plus de bonheur. Car vous aurez vu comment se présentent des vins anciens, quand l'acidité sert de trame mais ne gêne pas la dégustation quand on sait comment l'apprécier.

Merci beaucoup pour ces conseils;je vais me reporter sur la rubrique qui concerne l'ouverture,suivre votre conseil en dégustant un vin plus récent style 1934(le trouver d'abord) avant d'essayer d'atteindre l'extase avec lafite 1914.
je ne manquerai pas de vous faire part des mes impressions.
bertrand

J'ai entendu François Audouze ce matin sur France info. Le sujet en était les diners autour des vieux millésime et l'académie des vins anciens.
Ca donne envie de participer aux diners

ps : cherche billet gagnant du Loto pour pouvoir manger et boire

Guillaume,
Pour venir à mes dîners :
- gagner au loto
- accélérer le retour à Dieu de sa grand-mère adorée en ayant pris soin d'être le légataire universel
- vendre du sucre en petits sachets (j'ai dit du sucre) au détour des impasses proche de la place Blanche (la bien nommée)
- ne pas gagner au loto (puisque l'argent non dépensé peut être affecté à cet objet).

Si on ne peut pas venir à mes dîners, on peut venir à l'académie, largement moins chère (partage des coûts, eux-mêmes limités). La prochaine séance est le 26 janvier. Ce sera mémorable.

Nota : j'ai eu un nombre impressionnant de mails à la suite de cet interview de France Info. Cela me montre que l'accès au vin ancien est vraiment souhaité par beaucoup d'amateurs.

"- vendre du sucre en petits sachets (j'ai dit du sucre) au détour des impasses proche de la place Blanche (la bien nommée)"

oui mais alors il faut avoir de bonnes baskets et courir très vite parce que cette clientèle est plus susceptible et potentiellement dangereuse que le buveur de vin faché de trouver une bouteille bouchonnée.

gmartin a écrit:

---

> J'ai entendu François Audouze ce matin sur France
> info. Le sujet en était les diners autour des
> vieux millésime et l'académie des vins anciens.
> Ca donne envie de participer aux diners
>
> ps : cherche billet gagnant du Loto pour pouvoir
> manger et boire
>
> Guillaume.

Merci des conseils
J'ai pris l'option : économiser et s'offrir un diner en cadeau

François Audouze a écrit:

---

> J'ai exposé dans un autre sujet la façon dont
> j'ouvre ces bouteilles. S'y reporter.

j'ai cherché mais je ne l'ai pas trouvé, quelqu'un peut-il m'aider ?
merci

Fred,

Le sujet que tu cherches s'intitule "L'oxygénation des vins anciens" et se trouve actuellement vers le bas de la page 1 dans le forum "art de la dégustation". (Je ne sais pas faire les liens )
François Audouze donne également pas mal de conseils intéressants dans son livre.

Voilà.

merci j'ai enfin trouvé grâce à toi !!!

La deuxième séance de l'académie des vins anciens aura lieu en janvier.
Je peux en parler, parce que les 48 places prévues sont toutes prises.
Je n'attends donc rien.

Il y aura des vins de 1915, 1924, 1927, 1928, 1929, 1933, 1934, 1945, 1950, 1957, 1959, 1961, 1964 et quelques plus jeunes.

Le but de l'académie est donc atteint : faire sortir de caves des vins anciens, les partager, et apprendre à les appréhender.

Je suis plus que ravi, car je rencontre une écoute particulièrement motivée.

En plus, j'aurai la présence de vignerons parmi les plus grands qui existent en France.

J'ai organisé cela sous forme de fondation, pour qu'il n'y ait aucun objectif commercial.
Je pense que ça pourrait devenir quelque chose de bien.

Aurai-je l'énergie pourmener cela à bien, on verra.