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Une expérience de vendanges, en France, en 2022

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Une expérience de vendanges, en France, en 2022 a été créé par Raboso del Piave DOC

Cette année, j’ai voulu faire les vendanges. L’idée de départ était celle de participer à une récolte, à un millésime, et également de me remettre les deux pieds en pleine terre à un moment de ma vie où je me réoriente professionnellement. J’ai postulé chez deux vignerons d’une commune viticole bien connue de la Catalogne française. Le vignoble y est très pentu, un des plus pentus de France je dirais. Sur certaines parcelles, il faut presque s’accrocher aux ceps. Le premier m’a pris, le second aussi : On cherche du monde, plus personne ne veut faire les vendanges. Une copie de la CNI, de la carte vitale, un RIB et c’est parti, j’opte pour le second qui me prend sur le champ et qui passe quasiment sous les radars LPV, au contraire du premier, qui y a sa notoriété et ailleurs aussi, et qui met seulement plus de temps que son collègue à formaliser l’affaire.

1er jour
Rendez-vous 6h45 devant le chai. Je suis un peu étonné, croyant qu’on commencerait plus tôt. Au départ, il y a des espagnols, des italiens, quelques régionaux et des locaux, un ou deux français d’autres régions, des jeunes, quelques membres de la famille. On n’est pas très nombreux ou du moins c’est mon impression première. Peu sont décidés à porter et quasi tous se déclarent coupeurs. Le porteur est rémunéré 2€ de plus à l’heure.
On part avec deux camions, direction une petite parcelle sur le plat. Je monte sur la banquette avant, avec l’employé chargé d’acheminer les comportes jusqu’au chai. A côté de moi, il y a un local, un taiseux. L’employé est plus bavard et me met en garde sur les habitudes du chef de rang en termes de management. C’est du blanc et il y en a peu, beaucoup de vignes ont perdu leurs feuilles, celles qui les ont gardées – je remarque qu’il s’agit des vignes qui sont ombragées par des arbustes environnants - sont beaucoup plus fournies. On nous demande si on a déjà coupé. Tout le monde répond que oui, alors on attaque le premier rang. C’est un peu notre échauffement. En une heure, une heure trente, la parcelle est terminée.
On reprend le camion et je remonte à l’avant. On va attaquer une vigne, de grenache cette fois-ci. Le chef de rang descend, saisit un sécateur et un seau et entre de suite dans les vignes ; il fait des gestes, il faut qu’on le suive. Il nous distribue le travail : « Toi, là ; toi, tu vas là. » Ici aussi, la parcelle est sur le plat, toujours du blanc. Les vignes sont plus riches en grappes. On coupe deux-trois heures environ. Le rythme est plutôt rapide, en tout on ne chaume pas, personne ne chaume. Vers 11h, l’employé chargé de l’acheminement hurle depuis le camion : Oh, on rentre ! On nous a apporté de l’eau. Je demande pourquoi on rentre, on me répond que les pressoirs sont pleins. Un quinquagénaire italien, un ouvrier agricole du Latium à qui je traduis les consignes, m’interroge, surpris : Qu’est-ce qu’on fait ? On rentre déjà ? Je monte, mais à l’arrière du camion cette fois-ci. Il y a les hottes, quelques comportes vides, un peu d’outillage. On est six, certains assis, les plus âgés, d’autres debout, ça fume dans le camion, comme lumière il n’y a que la lumière de sécurité, et pas de fenêtre. 

Fin de la première journée, où tout le monde sera payé quatre heures, 40€ .

L’après-midi, je passe devant les chais du premier vigneron qui est en centre-ville, il y a pas mal de monde qui discute devant, la grande porte en bois y est ouverte, des touristes y font une dégustation. J’y reconnais l’italien qui parle avec un compatriote, un vendangeur anglais aussi, que je n’ai pas mentionné plus haut.

2ème jour
Le deuxième jour, même heure, je note de suite que l’italien avec qui j’ai échangé la veille n’est pas à l’appel, l’anglais non plus. Dans le camion, cette fois-ci il y a le patron, qui est assez fier de raconter qu’il ne met jamais un pied à la vigne depuis longtemps. On passe devant la baie : En tout cas, on n’a jamais eu un maire qui allait aussi bien en bateau. On repart sur du blanc, du grenache, la vue sur la mer est magnifique. Là, c’est une autre paire de manches, la parcelle est très pentue. Les accès aux rangs ne sont pas entretenus, un calvaire pour les deux porteurs qui glissent régulièrement. Ici, on est plus en hauteur et les pieds sont riches de grappes et très feuillus. Parfois, il faut se coucher sur la terre pour récupérer les raisins, et même ramper dans certains cas. On ne sait pas pourquoi, mais cette fois-ci il faut rentrer de grosses quantités de raisin, alors on bosse sans s’arrêter.
Entre l’arrivée dans le rang et la pause vers 11h30, on ne fait que couper et porter. Petit à petit on commence à demander quand on s’arrête, mais il faut continuer. Vers 11h30, on entend des cris du camion, et on voit notre transporteur faire des gestes de là-haut : On casse la croûte, stop ! La pause dure 25 minutes. Je discute avec les espagnols, le père a un peu moins de 50 ans, la mère un peu plus je dirais, le fils 15. Mère et fils dorment dans la voiture garée sur le parking du supermarché local, No se molesta nadie ! Le père dort à côté, dans les arbustes, il me raconte que c’est dur de s’endormir avec tout ce vent. Ils sont ici parce que cette année la récolte des olives à laquelle ils travaillent habituellement a été particulièrement pauvre. Le fils est au lycée, il joue de l’instrument. Et puis, c’est reparti, jusqu’à 14h30 environ. Il fait très chaud, quelque chose comme 35°, mais le vent souffle de la montagne vers la mer, on ne s’en rend pas bien compte.
On rentre, les pressoirs sont pleins ! Alors on se dirige lentement vers le camion, les corps sont cassés, courbés, on est entre six et huit à monter à l’arrière, mais là c’est une autre histoire, une telle fournaise qu’il est impossible d’estimer la température. Les andalous sont à la peine tellement on étouffe. C’est dur, les premières minutes sont insupportables, on suffoque presque, on est collés les uns aux autres, je me dis que je vais descendre au premier stop et revenir à pied par la départementale, et que d'autres le font, je finis par me raviser. Parfois, un ouvrier ouvre la porte arrière du camion pour savoir si on est bientôt à destination. Inévitablement, je me mets à penser à d’autres voyages en train, mais après une vingtaine de minutes, on est arrivés, et la comparaison s’arrête là. Tout le monde pousse un soupir de soulagement lorsque la porte du camion s’ouvre enfin, et nous sortons un à un, face à un couple de touristes, dans leur voiture, les vitres fermées eux aussi. Tout le monde repart chez soi, après s’être plus ou moins salués.

J'arrête au deuxième jour mon récit pour ne pas être trop long, je pourrais raconter beaucoup d’autres anecdotes des jours suivants, comme un marginal italien qui se plaint en fin de journée de l’absence de pause et à qui on tourne le dos après lui avoir signifié de ne pas revenir le lendemain, le patron qui descend du camion et qui s’exclame à haute voix qu’il a oublié les croissants, et puis qui les apporte finalement le lendemain, le patron qui croise les douaniers avec l’arrière plein d’ouvriers, C’est les copains !, le maire qui explique dans la presse locale les raisons pour lesquelles il refuse désormais d’ouvrir le camping municipal aux vendangeurs, le patron qui tend des enveloppes, dans la rue, à la vue de tous, alors que le chai se trouve à dix mètres, à ceux d’entre nous qui le matin ont demandé à être payés 1.5€ de plus.

Et puis la solidarité aussi, celle d’aider les camarades lorsqu’on a fini son rang, de se faire aider à son tour, celle de verser le saut rempli de raisins d’une maman espagnole dans la hotte de son mari porteur, celle de partager son casse-croûte avec une gamine en errance qui n’a rien à manger, celle de faire monter les plus fragiles et les jeunes filles à l’avant.

J'ai été un vendangeur bourgeois, sans besoin d'argent, je dormais dans un lit confortable le soir, avec ma petite famille. Je cherchais autre chose. Et j'ai vu.

On ne trouve plus personne pour vendanger.

Mon ami avait une vigne, sur un coteau fertile. Il la bêcha, il l'épierra, il y planta du muscat. Au milieu il bâtit une tour, il y creusa même un pressoir. Il attendait de beaux raisins : elle donna du verjus. (lsaïe, "Le chant de l'ami", 5, 1-7)
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18 Sep 2022 11:03 #1

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Réponse de KosTa74 sur le sujet Une expérience de vendanges, en France, en 2022

On a un peu les mêmes problèmes de recrutement dans les travaux publics ...   nos intérims viennent un jour .. et puis le lendemain ils ne sont pas là et l on apprend que le chantier est trop dur qu il fait trop chaud et qu ils ne sont pas assez payés et patati et patata...

En tout cas merci pour ce récit, " on est à côté de toi dans le camion "en lisant ! 

Romain
18 Sep 2022 11:13 #2

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Réponse de Monard sur le sujet Une expérience de vendanges, en France, en 2022

Intéressante expérience. Il y a 30 ans quand je faisais les vendanges en Bourgogne et en Beaujolais, on était logés et nourris, logés moyen mais bien nourris et abreuvés. Tout cela a bien changé même s'il existe encore des domaines dans lesquels tout se passe pour le mieux. Je ne peux pas me prononcer sur le Roussillon mais en Bourgogne tout a bien changé. La plupart des viticulteurs n'ont plus envie de s'ennuyer avec des étudiants, ils font appel à des boites intermédiaires louches qui leur amènent en bus des maghrébins (Algériens, Tunisiens, Marocains) qui bossent comme des cinglés pour la moitié du salaire des français. Bon, rien de très excitant dans la modialisation. Je dirais que c'est la même chose dans le BTP, probablement pire!

PM, Beaune
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18 Sep 2022 11:33 #3

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Réponse de Raboso del Piave DOC sur le sujet Une expérience de vendanges, en France, en 2022

on était logés et nourris, logés moyen mais bien nourris

Le domaine fournissait l'eau aux vendangeurs, pas le casse-croûte de midi.

Mon ami avait une vigne, sur un coteau fertile. Il la bêcha, il l'épierra, il y planta du muscat. Au milieu il bâtit une tour, il y creusa même un pressoir. Il attendait de beaux raisins : elle donna du verjus. (lsaïe, "Le chant de l'ami", 5, 1-7)
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18 Sep 2022 11:37 #4

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Réponse de denaire sur le sujet Une expérience de vendanges, en France, en 2022

Merci pour ce récit, captivant autant qu'édifiant. On en voudrait même un peu plus !

Sais-tu si dans le second domaine que tu mentionnes cela se passait de la même manière ? Et plus largement dans la région ?

Au-delà de la dureté des conditions de travail que tu décris et de la sécheresse humaine qui transpire du récit, le fait que même le casse-croûte de midi ne soit pas fourni, par exemple, paraît dingue.

Mathieu
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18 Sep 2022 12:20 #5

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Réponse de starbuck sur le sujet Une expérience de vendanges, en France, en 2022

 le fait que même le casse-croûte de midi ne soit pas fourni, par exemple, paraît dingue.

Mathieu

C'est d'autant plus dingue que ça pourrait passer fiscalement en charge pour l'entreprise.

Sylvain
18 Sep 2022 13:05 #6

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Réponse de Eric B sur le sujet Une expérience de vendanges, en France, en 2022

J'ai peut-être eu de la chance, mais tous les domaines où j'ai fait les vendanges (une petite dizaine) fournissaient le repas du midi. 

Eric
Mon blog
18 Sep 2022 13:11 #7

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Réponse de mgtusi sur le sujet Une expérience de vendanges, en France, en 2022

Très beau récit authentique, merci !

Et chapeau bas pour l'expérience !

Michel
18 Sep 2022 13:26 #8

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Réponse de Raboso del Piave DOC sur le sujet Une expérience de vendanges, en France, en 2022

Sais-tu si dans le second domaine que tu mentionnes cela se passait de la même manière ? Et plus largement dans la région ?

Un faisceau d'indices laisse supposer que oui, d'une part parce qu'une partie des ouvriers revenait depuis des années, d'autre part parce qu'habitué désormais de la région, je vois bien les nombreux vans au beau milieu des vignes, les vendangeurs revenant sur le bord de la route le soir. Un local m'a confirmé également que c'était à peu près partout pareil... Le 1er domaine, plus connu ici, ne fournissait pas le repas non plus, cela m'a été clarifié lors du dépôt de dossier.
De ce que j'ai entendu à propos des vignerons de la région, ils ont la réputation d'être très durs.
 

Mon ami avait une vigne, sur un coteau fertile. Il la bêcha, il l'épierra, il y planta du muscat. Au milieu il bâtit une tour, il y creusa même un pressoir. Il attendait de beaux raisins : elle donna du verjus. (lsaïe, "Le chant de l'ami", 5, 1-7)
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18 Sep 2022 13:42 #9

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Réponse de oliv sur le sujet Une expérience de vendanges, en France, en 2022

Merci pour ce témoignage factuel remarquablement retranscrit.

La législation autour des vendanges en a considérablement resserré les conditions, en particulier au niveau de l'hébergement.
A ceux que le sujet intéresse, je recommande ce fil : www.lapassionduvin.c...
 
18 Sep 2022 14:50 #10

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Réponse de FGsuperfred sur le sujet Une expérience de vendanges, en France, en 2022

je me suis renseigné" pour faire les vendanges l'an dernier, un peu dans le même cas que toi, plus par plaisir que par besoin financier...
or quasiment nulle part, tu n'es 1/ logé 2/ nourri (le midi tout du moins) 3/ abreuvé (gouter les cuvées d'un domaine que tu vendanges, ça peut être sympa)
donc si tu comptes le logement (rien que ça) même an admettant que tu aies une caravane le transport depuis chez toi (au prix actuel  du carburant et des autoroutes ça pique), la bouffe du midi, le fait de ne pas faire de journée complète (j'ai vu un reportage qui allait dans le même sens que ton récit) les conditions de traitement du personnel (disons le franchement, ta manière de décrire ressemble à un transport de bétail...), pas surprenant du tout qu'ils ne trouvent pas de personnel
dans le reportage que j'ai vu, les saisonniers qui faisaient les vendanges à partir du mois d'aout tablaient sur des prévisions de 1400 euros par mois et finissaient rarement au delà de 1050/1100 (2020 je précise) donc comme dit l'autre, à un moment donné tu fais autre chose, la motivation, ça fait pas bouffer !
personnellement j'ai renoncé car je ne pouvais pas être logé, c'était en bourgogne un domaine très connu ici à qui ça aurait couté trop cher de me loger en hotel et l'autre moins connu qui m'a clairement fait comprendre qu'il fallait que je me démer..de ! autant pour le premier domaine une solution a été cherchée, autant pour le second je ne fus pas surpris de voir que cette année encore ils manquaient cruellement de bras...
des partenariats entre les vignerons et certains logeurs sur place ne sont ils pas possibles ? (je pense aux chambres d'hôtes, hôtels) ou est-ce que la question n'a jamais été posée ?
en tout cas c'est ce genre de question qu'il va falloir que les domaines se posent dans le futur s'ils ne veulent pas que la situation empire encore... ou investir, là ou le décret d'appellation l'autorise, dans une machine à vendanger...
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18 Sep 2022 21:19 #11

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Réponse de Agnès C sur le sujet Une expérience de vendanges, en France, en 2022

Merci pour ce témoignage, dans le dur.
Bien sûr, ça ne permet pas de faire des généralités, mais ça représente bien la problématique des discours primaires: "il y a 3  000 000 d'emplois à pourvoir en 2022, et 5 440 000 demandeurs d'emploi, donc il n'y aucune raison que cela ne se fasse pas".
Dans ma zone, ce sont les kiwis qu'il faut ramasser en automne sur un court temps, puis conditionner en même temps que les pommes, ce travail est à la fois occupé par des locaux et par des saisonniers étrangers. Beaucoup d'espagnols sont là, en camions "aménagés".
Parfois les communes mettent en place des aires d'accueil, voire même une maison des saisonniers, mais ça reste rustique. Ils nous disent qu'ils veulent juste un accès à l'eau et à l'électricité... le minimum.
Plus à l'ouest, lors de la saison des asperges,  il y a peu d'offres d'emploi désormais déposés, contrairement à il y a une dizaine d'années. Des agences intérimaires proposent des travailleurs étrangers corvéables à merci.
Là encore, je ne veux pas stigmatiser les employeurs, juste rappeler qu'il y a une palette de comportements.
Lire plus haut que  "On a un peu les mêmes problèmes de recrutement dans les travaux publics ...     nos intérims viennent un jour .. et puis le lendemain ils ne sont pas là et l on apprend que le chantier est trop dur qu il fait trop chaud et qu ils ne sont pas assez payés et patati et patata...",.. comment dire, ça me chatouilleun peu.

Etre respectueux du personnel, procurer des conditions de travail décentes, un salaire correct, ce n'est ni du patati, ni du patata.

On a mangé tout l'été des pénuries de personnels pour l'hotellerie et la restauration, secteurs qui proposent parfois des emplois à temps plein, payés pour partie en liquide à côté d'un contrat à temps partiel , sans logement possible.
Arrêtons d'avoir une lecture binaire des informations pour entendre aussi ces témoignages qui expliquent la désaffection de certains domaines d'activité.

Agnès, Pole Emploi Dax
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18 Sep 2022 22:52 #12

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Réponse de oliv sur le sujet Une expérience de vendanges, en France, en 2022

En appui au témoignage de Raphaël :

Champagne
Vendanges en Champagne : Une main d’œuvre exploitée ?
www.francetvinfo.fr/...

Bourgogne
Logement des vendangeurs : après l'apparition de campements sauvages, la côte en quête de solutions.
www.bienpublic.com/e...

www.lapassionduvin.c...


Et pour illustrer que la problématique d'esclavage moderne n'est jamais loin :  www.lapassionduvin.c...
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19 Sep 2022 10:13 #13

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Réponse de Julien Ko sur le sujet Une expérience de vendanges, en France, en 2022

J'en discutais hier avec des amis. 

Quand on voit sur Instagram des Domaines qui augmentent de 20% par an, qui te propose de vendanger à 11.07 euros brut de l'heure 
sans être logé, ni nourri, et bien quand tu retires transport, logement et nourriture, et bien tu travailles en perdant de l'argent...

Pour information, un conteneur aménagé pour dormir coute dans les 20KE. 
2 à l'achat, posés sur le terrain, avec une cuisinière qui fait des casses dalles le midi, et des pâtes le soir, ca fait quoi 50 kE ? sur une production de 50000 bouteilles ? 1 euros de plus à la bouteille la première année et amorti sur 5 ans, mince la solution est trouvée.....
Et si en plus de ça tu veux payer tes 10 vendangeurs à 12 euros net de l'heure, ca te fait quoi sur 1 semaine de vendange ? au moins 2000 euros sur la durée des vendanges ? mince, dur dur....

Je suis patron, je veux bien qu'il y ai beaucoup de gens qui ne veulent pas travailler, mais quand je vois des trucs comme ca, je me met un peu de l'autre coté et je comprend...

Julien 
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19 Sep 2022 16:14 #14

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Réponse de agitateur sur le sujet Une expérience de vendanges, en France, en 2022

plus compliqué que çà.
En fournissant bouffe et / ou hébergement, tu dois assurer d'être dans des normes qu'aurait un restau ou un hôtel.
C'est pour çà, dans les grandes largeurs, que les domaines ne fournissent plus grand chose.
Pour la bouffe il y a moyen de sous traiter le "risque", en faisant venir des plateaux depuis un traiteur. On va dire 15 balles par repas, chacun dira si c'est beaucoup ou pas.
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19 Sep 2022 17:07 #15

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Réponse de Vaudésir sur le sujet Une expérience de vendanges, en France, en 2022

Il est loin le temps fin 70 à Chablis,un samedi après-midi et un dimanche avec casse-croûte à 10h et pique nique le midi.
Bon j'étais logé, j'aurai pu dîner le soir aussi en profitant. 
100 balles de la main à la main + un Clos 76 si je me rappelle bien pour ce petit week-end. 
Stephane 
19 Sep 2022 17:20 #16

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Réponse de mgtusi sur le sujet Une expérience de vendanges, en France, en 2022

En ce temps-là, le vin ne valait rien (même le Saint Mont) mais beaucoup de Français s'envoyaient deux litres par jour...

Michel
19 Sep 2022 17:24 #17

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Réponse de KosTa74 sur le sujet Une expérience de vendanges, en France, en 2022

Merci pour ce témoignage, dans le dur.
Bien sûr, ça ne permet pas de faire des généralités, mais ça représente bien la problématique des discours primaires: "il y a 3  000 000 d'emplois à pourvoir en 2022, et 5 440 000 demandeurs d'emploi, donc il n'y aucune raison que cela ne se fasse pas".
Dans ma zone, ce sont les kiwis qu'il faut ramasser en automne sur un court temps, puis conditionner en même temps que les pommes, ce travail est à la fois occupé par des locaux et par des saisonniers étrangers. Beaucoup d'espagnols sont là, en camions "aménagés".
Parfois les communes mettent en place des aires d'accueil, voire même une maison des saisonniers, mais ça reste rustique. Ils nous disent qu'ils veulent juste un accès à l'eau et à l'électricité... le minimum.
Plus à l'ouest, lors de la saison des asperges,  il y a peu d'offres d'emploi désormais déposés, contrairement à il y a une dizaine d'années. Des agences intérimaires proposent des travailleurs étrangers corvéables à merci.
Là encore, je ne veux pas stigmatiser les employeurs, juste rappeler qu'il y a une palette de comportements.
Lire plus haut que  "On a un peu les mêmes problèmes de recrutement dans les travaux publics ...     nos intérims viennent un jour .. et puis le lendemain ils ne sont pas là et l on apprend que le chantier est trop dur qu il fait trop chaud et qu ils ne sont pas assez payés et patati et patata...",.. comment dire, ça me chatouilleun peu.

Etre respectueux du personnel, procurer des conditions de travail décentes, un salaire correct, ce n'est ni du patati, ni du patata.

On a mangé tout l'été des pénuries de personnels pour l'hotellerie et la restauration, secteurs qui proposent parfois des emplois à temps plein, payés pour partie en liquide à côté d'un contrat à temps partiel , sans logement possible.
Arrêtons d'avoir une lecture binaire des informations pour entendre aussi ces témoignages qui expliquent la désaffection de certains domaines d'activité.

Agnès, Pole Emploi Dax


Bon j ecris depuis mon smartphone et j ai un peu de mal à e rire comme je le souhaiterais. Je me suis peut mal exprimé ....
Évidemment je ne conçois pas.le fait d être sous paye et de prendre lez gens comme des "esclaves" comme il s est passé ici je pense.

Mais ce que voulais dire et que nos chers compétents de "paris" ne font rien pour arranger la chose et remettre le sens du travail à tout le monde.
J aimerais bien que le travail soit de nouveau reconnu à sa juste valeur , qu on arrête de faire du nivellement par le bas et que les petites fourmis du dessous retrouvent de la fierté et ne soit pas pris pour des.cons ou comme des chiens comme ici.

Je reprends mon exemple, je suis chef d équipe dans les tp. J ai un chantier à tenir avec un budget et des délais. J ai besoin de manœuvre ( je ne demande pas des maçons qualifiés, on en trouve plus.) Et l on a du mal a en trouvé... dernièrement un maçon a 13,50 de l heure a peu près.avec 30 € de déplacement (allez 45mn je suis gentil) et de panier repas pour le midi. 8,5h/jour donc payé entièrement puisqu interim ... ben le type a fait 3 jours ... et pourtant j ai mis des primes et j étais assez Light sur le travail car les conditions sont dures je l avoue (on travaille dans une usine près de conduit de vapeur d eau qui tire vers 35 40 degrés) ....
Est ce que c est normal aussi de laisser tomber pour ça ? Que dirait nos ancêtres s'il nous voyaient nous plaindre sans arrêt d être que quelqchose va de travers ? Avant on a avait honte de dire que l on était au chômage....maintenant ceux qui travaillent passe pour des ... je ne sais même pas en fait ...heureusement que j adore mon metier...
Mes patrons aimeraient bien m augmenter régulièrement mais regardé les taxes que l on demande à tout le monde ? Je ne jette pas la pierre au patron mais surtout à notre gouvernement qui ne fait rien non plus pour que ces derniers aient les moyens de redresser la valeur travail .



Bref désolé si c est hors sujet et si je m emballe un peu...

Âpres on a qu a faire comme nos intérims sur les chantiers, si ça nous plaît pas que c'est dur et que l on est pas bien paye, ben on s en va et on fait autre chose...

Romain
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19 Sep 2022 20:09 #18

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Réponse de Vaudésir sur le sujet Une expérience de vendanges, en France, en 2022

En ce temps-là, le vin ne valait rien (même le Saint Mont) mais beaucoup de Français s'envoyaient deux litres par jour...


Les Clos valait déjà une somme pour l'époque(au moins 50 Frs mini) et je ne faisais pas parti des Français qui s'envoyaient 2 l/J , je buvais autre chose
19 Sep 2022 20:57 #19

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Réponse de Julien Ko sur le sujet Une expérience de vendanges, en France, en 2022

Agitateur,

Je me suis peut être mal exprimé mais je parle de conteneur aménagé, totalement aux normes que nombre de sociétés utilisent de type Algeco dans le bâtiment.
Ce sont des genres de Bungalow que de nombreux particuliers installent chez eux  sur leurs terrains de loisirs.
Tout est aux normes, légal, et autorisé à être posé sur un terrain privé car mobile.

De toute façon même sans tout ça, louer un gros gite pour 10 personnes avec la bouffe 10 jours ca coute combien ? rien...

Pour avoir fait de nombreuses années les vendanges chez un gros groupe en Champagne, pas de luxure, logés en dortoir, nourris et transportés, avec à la clef une paye d'environ 700 à 800 euros pour 9 jours de vendange, plutôt sympa quand on est étudiant ; les temps changent....

Julien 
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20 Sep 2022 01:29 #20

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Réponse de agitateur sur le sujet Une expérience de vendanges, en France, en 2022

Agitateur,

Je me suis peut être mal exprimé mais je parle de conteneur aménagé, totalement aux normes que nombre de sociétés utilisent de type Algeco dans le bâtiment.
Tout est aux normes, légal, et autorisé à être posé sur un terrain privé car mobile.


 


Aux normes pour que chacun se réchauffe SA gamelle au MO est une chose, cuisiner pour tout le monde en est une autre.
Je ne cherche pas à excuser les vignerons, je cherche à montrer que c'est moins simple que vu par le bout de la lorgnette, façon ce qui existait avant.
Un Algéco aux normes ne fait pas une installation aux normes.

Pour le logement de nuit:
- surface mini par personne ( exit les dortoir à l'ancienne ) et par dortoir, séparation homme femme,
- lavabo douches et WC en nb suffisant,
- conformité install électrique, normes lutte anti feu, etc....à faire valider avant vendanges
- bagagerie et pièce pour sécher le linge, 
etc....

Dans le batiment, ou ont trouve des structures staffées, il y a probablement une personne qui gère çà toute l'année, sait faire et comment faire.
Un viti....c'est PAS pareil.

Une anecdote: un domaine n'héberge pas, mais propose des douches à dispo pour le personnel saisonnier de jour. Au bout d'un temps assez court, les saisonnier s'échangent le tuyaux avec ceux d'à côté. Tu as 5 ou 10 fois la fréquentation normale, c'est crade, et il faudra nettoyer 4 heures par jour. Résultat: fermeture des douches. Tu me dira, y'a qu'à faire des badges et mettre un vigile....mouais.....

Le mieux à été l'ennemi du bien. Les normes ont tué l'hébergement parfois sommaire, pour le rendre de facto aux normes du bon vouloir de chaque saisonnier et donc...beaucoup moins bon que sommaire ( comprendre: le fourgon aménagé, la tente, ou dormir dans la bagnole )
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20 Sep 2022 12:24 #21

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Réponse de agitateur sur le sujet Une expérience de vendanges, en France, en 2022

De toute façon même sans tout ça, louer un gros gite pour 10 personnes avec la bouffe 10 jours ca coute combien ? rien...
 


La question n'est pas combien ça coûte en loc', mais combien ça coûte aprés l'état des lieux de sortie...vous pouvez envoyer les tomates pourries, j'assume.
Et accessoirement, l'année suivante, tu peux être sûr que le gîte ne louera plus aux saisonniers.
20 Sep 2022 12:28 #22

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Réponse de leteckel sur le sujet Une expérience de vendanges, en France, en 2022

Pour avoir fait de nombreuses années les vendanges chez un gros groupe en Champagne, pas de luxure, logés en dortoir, nourris et transportés, avec à la clef une paye d'environ 700 à 800 euros pour 9 jours de vendange, plutôt sympa quand on est étudiant ; les temps changent....

Julien 

Et pis quoi encore, surtout logés en dortoir... 

ArnoulD avec un D comme Dusse
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20 Sep 2022 13:12 #23

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Réponse de agitateur sur le sujet Une expérience de vendanges, en France, en 2022

il suffirait de prévoir un algéco mixte pour la population étudiante normalement libidineuse. En plus ça ferait monter la natalité ...mais le législateur pourrait penser différemment.
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20 Sep 2022 13:24 #24

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Réponse de mgtusi sur le sujet Une expérience de vendanges, en France, en 2022

Ca devait être au Clos de Bèze 

Michel
Les utilisateur(s) suivant ont remercié: Garfield
20 Sep 2022 13:56 #25

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Réponse de agitateur sur le sujet Une expérience de vendanges, en France, en 2022

La superficie est un peu réduite pour engendrer une masse signifcative de saisonniers et donc de natalité.
Je préconise l'obligation de vendange manuelle à Buzet, la Baïse est toute proche.
Le législateur pourrait aussi plus souple ( ou plus raide ) sur les vendangeurs sis à la commune de Condom, à lui de voir.
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20 Sep 2022 16:03 #26

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Réponse de Raboso del Piave DOC sur le sujet Une expérience de vendanges, en France, en 2022

Un autre écho, d'autres vendanges  ici .

Mon ami avait une vigne, sur un coteau fertile. Il la bêcha, il l'épierra, il y planta du muscat. Au milieu il bâtit une tour, il y creusa même un pressoir. Il attendait de beaux raisins : elle donna du verjus. (lsaïe, "Le chant de l'ami", 5, 1-7)
02 Oct 2022 15:44 #27

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Réponse de Raboso del Piave DOC sur le sujet Une expérience de vendanges, en France, en 2022

Épilogue.
Tout début septembre, le domaine revient vers moi par mail et oublie de me comptabiliser un jour - j'étais arrivé en retard et avais pris le camion suivant - chose que je demande de rectifier, sans réponse jusqu'à mi-octobre où je décide de rappeler. On me répond que les responsables sont absents, l'un souffrant et l'autre au repos. Rien n'avance les jours suivants, aucun rappel.
Je profite d'un séjour dans le coin et passe au retour d'une randonnée au domaine. La porte est ouverte, le patron est au bureau, à l'accueil des clients. "Je suis venu pour être payé des vendanges".
Je décline mon identité, il fouille dans ses papiers, trouve les documents cherchés mais il manque encore un jour.
Je donne une somme de détails prouvant que j'étais bien là, le patron se remet dans ses dossiers et finit au bout de quelques minutes à retomber sur la feuille de présence remplie par un employé du domaine, dans un classeur sous ses yeux. Pendant la recherche, je regarde les t-shirts édités pour une fête locale, en déplie un ou deux. Je jette un coup d'oeil aux bouteilles aussi, j'aime ces vins, du moins certains, j'en ai en cave, les boirai avec plaisir mais je n'ai pas trop envie d'en acheter, là.

Le patron se démène avec l'imprimante, il finit par sortir tous les papiers puis le chéquier aussi. "Ce n'est pas qu'on ne voulait pas vous payer, c'est juste qu'entre la fin de la saison, la fête du vin, les salons, on a été débordés..." . Je ne dis rien, ou une banalité.

Je récupère mon enveloppe, et puis je pense à cet ouvrier anglais, puis à cet autre italien qui parlait très mal français, partis après une journée parce qu'on ne travaillait pas 
assez, et me demande comment ils ont réussi à se faire payer. Je repense aussi que beaucoup d'étrangers se faisaient payer au black, et comprends que cela dépasse la question de la rémunération à l'heure et qu'il s'agit de rémunération tout court.

L'après-midi, la porte d'un domaine à côté de chez moi est ouverte, j'en apprécie beaucoup une cuvée, je rentre. On me signifie que les dossiers sont à rendre vers février. "On paye bien, on veut du bon boulot. On trie sur pied. Par contre, parfois on ne travaille pas, parfois on fait juste quatre heures, il faut le savoir. Il y a des jeunes qui ont besoin de manger, des moins jeunes aussi, et qui se retrouvent en difficulté certains jours à cause de cela lorsque la journée n'est pas complète. On préfère prévenir."
​​​​

Mon ami avait une vigne, sur un coteau fertile. Il la bêcha, il l'épierra, il y planta du muscat. Au milieu il bâtit une tour, il y creusa même un pressoir. Il attendait de beaux raisins : elle donna du verjus. (lsaïe, "Le chant de l'ami", 5, 1-7)
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03 Nov 2022 14:14 #28

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