Dégustation des vins du domaine Ferruccio Deiana (Sardaigne)
Lundi 9 octobre, à l'invitation de France et Giuseppe di Bella (propriétaires du restaurant italien l'Etna à Vichy/ 03200),
j'ai pu participer à une intéressante dégustation des vins sardes du domaine Ferruccio Deiana.
Pour l'occasion, le vigneron (et oenologue de formation) était présent en compagnie de Christophe
Gillon (principal sommelier du restaurant l'Enoteca à Paris et distributeur de vins italiens en France avec
sa société "Arte del vino").
Tout d'abord, quelques mots sur le domaine :
après une formation d'oenologue (en compagnie d'un "certain" Riccardo Cotarella), Ferruccio Deiana a travaillé
pour plusieurs domaines italiens et étrangers aussi. En 1991, il a planté les premières vignes qui ont donné naissance
à la propriété qui porte son nom. Désormais, le domaine compte 60 hectares dont 30 d'un seul tenant autour des bâtiments
d'exploitation. Sont cultivés, principalement, les cépages autochtones à savoir : Cannonau, Vermentino, Monica, Malvasia,
Nasco, Moscato, Carignano et Bovale auxquels ont été adjoints des cépages internationaux tels que le Cabernet sauvignon,
le Merlot, le Chardonnay et la Syrah. La propriété est située à Settimo San Pietro, non loin de Cagliari (Sud de la Sardaigne).
Il me semble important, aussi, de signaler que Ferruccio Deiana a la reconnaissance de toute la presse spécialisée italienne
(guide Veronelli, guide Duemilavini, guide Gambero Rosso etc...). A ce titre, la dégustation de ses vins a confirmé la vitalité et
la qualité de la production italienne.
La gamme est composée de sept vins et ils étaient tous proposés à la dégustation (seule incertitude, je n'ai pas relevé tous les
millésimes).
Les vins blancs:
Donnikalia 2005(?) : Vermentino di Sardegna D.O.C (100% Vermentino)
Premier vin de la gamme, il s'agit d'une cuvée simple, à boire jeune (en apéritif ou sur des entrées de la mer).
La couleur est un jaune paille très clair et, au nez comme en bouche, ce vin m'a évoqué ceux que j'ai dégustés en Ligurie (cépage
Vermentino aussi) : parfum floral et goût très sec, vin vif mais assez faible longueur en bouche.
Arvali 2004 et 2005 : Vermentino di Sardegna D.O.C (100% Vermentino)
Goûté sur deux millésimes, ce vin se détache du précédent et se présente plus comme un vin de gastronomie apte à accompagner
un repas de poissons. La différence entre le 2004 et le 2005 était très sensible, avec une préférence personnelle pour le plus âgé des
deux, ce qui laisse augurer une petite capacité à vieillir (2 ou 3 ans pas plus). La couleur est toujours jaune paille avec une teinte plus
soutenue pour le 2004. C'est surtout au nez et en bouche que les choses deviennent plus intéressantes: les parfums (fleurs, fruits) sont plus
marqués (notes de miel pour le 2004, notes de pêches pour le 2005) et le goût, tout en restant sec, se développe avec une longueur
supérieure au Donnikalia.
Pluminus 2004 :Isola dei Nuraghi I.G.T Bianco (75% Vermentino et 25% Nasco)
Changement de "décor" avec ce vin produit en petite quantité (environ 7000 bouteilles). Par rapport aux deux précédents, en plus des 25%
de Nasco, cette cuvée se démarque par un élevage de 6 mois en barriques (neuves) et par l'utilisation de la technique du bâtonnage.
Le résultat est à la hauteur du travail effectué : la couleur est cette fois-ci un jaune d'or et le premier nez met en évidence les notes
d'élevage en fûts. Heureusement, ce vin évolue très bien dans le temps et le boisé tend à fondre, aussi bien au nez qu'en bouche.
Des parfums de cire, de miel, d'abricot me font d'ailleurs penser aux très beaux vins blancs de Cuilleron (Saint-Joseph et Condrieu).
En bouche, c'est plein, gras, rond avec une belle persistance aromatique. Présence tout de même importante de l'alcool (14 degrés).
Les vins rouges:
Karel 2004(?) : Monica di Sardegna D.O.C (100% Monica)
Avec ce vin, c'est une expression toute simple et fruitée du cépage Monica qui est proposée.
Se présentant sous une couleur rubis clair, il s'agit d'une cuvée qui, au nez comme en bouche, offre un peu une similitude
avec certains de nos crus du Beaujolais (et oui !!!). A mon goût, ne correspond pas à ce que j'attends des vins italiens,
même si cette cuvée est vinifiée avec sérieux.
Sileno 2004 (?) : Cannonnau di Sardegna D.O.C (100% Cannonau)
Cette fois, je retrouve cette typicité italienne que j'apprécie, puisque le Cannonau est un des cépages qui, en Sardaigne,
donne les résultats les plus intéressants. La couleur est plus intense et le nez fait penser à un bon vin du Languedoc (épices et
note fumée apportée par l'élevage de 6 mois en fûts). La structure est belle et le vin a une longueur appréciable, cependant
l'alcool ressort en fin de bouche (mais cela doit pouvoir s'atténuer avec une température de service plus fraîche).
Ajana 2002 : Isola dei Nuraghi I.G.T Rosso (50% Cannonau, 30% Carignano et 20% Bovale)
C'est cette cuvée qui est le fleuron du domaine puisque, dans son édition 2006, le Gambero Rosso lui a attribué les "Tre Bicchieri".
En effet, ce vin "joue" dans une toute autre catégorie que les deux précédents. La couleur rouge plus sombre annonce déjà ce
que l'on va sentir et goûter dans le verre. Comme pour Pluminus (en blanc), les notes boisées de l'élevage (18 mois en fûts) sont
encore bien présentes. Cependant, ce vin est certainement encore un peu sur sa réserve et sera à son optimum d'ici 1 an (ou 2).
Actuellement, c'est une cuvée puissante, très typée sud (nez et bouche) et qui par certains aspects, encore une fois, me fait penser
aux très bons vins du Languedoc (notes d'épices, de guarrigue, de fruits noirs avec une belle structure et de la persistance).
Vin liquoreux (ou doux plus exactement):
Oirad 2004 (?) : Isola dei Nuraghi I.G.T Bianco Dolce (Moscato, Malvasia et Nasco)
Avec cette dernière cuvée, le domaine propose son vin doux (comme fréquemment en Italie) et, pour la petite histoire, Monsieur
Ferruccio Deiana nous a expliqué que Oirad était l'anagramme du prénom de son fils : Dario.
Avec une robe d'un superbe jaune d'or, ce vin est d'abord une invitation à la "meditazione", à boire pour lui seul.
Un parfum de muscat assez évident se révèle au premier nez, mais l'ayant regoûté plus tard dans la soirée, il offre ensuite
une palette bien plus large de senteurs : amande, miel. En bouche, l'équilibre est au rendez-vous et le vin se boit et se reboit,
sans fatigue pour le palais où son souvenir gustatif demeure longtemps après la dernière gorgée...
En conclusion : les vins de Ferruccio Deina ont constitué pour moi une belle découverte, à fortiori parce qu'ils proviennent
d'une des régions viticoles italiennes qui n'est pas la plus médiatisée. Un grand merci à Monsieur Deiana pour sa gentillesse,
à Christophe Gillon pour sa connaissance encyclopédique des vins italiens et à France et Giuseppe di Bella pour la parfaite
organisation de la soirée.
Cordialement
Philippe Villemaire
Les adresses :
Domaine Ferruccio Deiana :
"Arte del Vino" (Christophe Gillon) : e-mail Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
Restaurant italien l'Etna : 65, Rue de Paris 03200 Vichy