Extrait du "24 Heures" d'aujourd'hui :
L'orage de grêle particulièrement large a pratiquement dévasté le vignoble depuis Lavaux jusqu'à Montreux. Les vignerons sont sous le choc.
Dans les quelques minutes qui ont suivi l'orage, Marc-Henri Chuard, président de la Cave Vevey-Montreux, a entrepris un tour du vignoble pour constater les dégâts. «C'est très grave, a-t-il aussitôt déclaré, tout le vignoble de Vevey jusqu'à Montreux a été touché. Les rafales de vent et de grêle sont arrivées par le flanc si bien que les feuilles n'ont pas pu protéger les grappes. De plus, certains grêlons avaient la taille d'une balle de golf. Cependant il faudra attendre quelques jours pour estimer les dégâts.» Amer, Marc-Henri Chuard a ajouté: «Cela fait partie du métier mais c'est tout de même triste. On n'avait pas besoin de ça après l'introduction du 0,5 ‰.»
A Chardonne, le viticulteur Maurice Neyroud était encore plus alarmé: «C'est catastrophique, a priori sur le vignoble de Chardonne tout est détruit à
80 - 100%. Tout est haché, il n'y a plus de feuilles, les grappes sont perdues et les quelques grains qui ne sont pas touchés risquent d'être gâtés.» Il précisait encore: «C'est grave à double titre car cela met en cause la récolte prochaine. En effet, les futurs bourgeons qui étaient déjà formés ont été touchés et cela aura encore des répercussions l'an prochain.»
La voix brisée par l'émotion, Fabien Coucet, caviste à l'Association vinicole de Corseaux, peine à trouver ses mots: «Au-delà de la déprime, ce sont les conséquences économiques qui seront très dures. A mon avis, on ne pourra sauver que 20 à 30% de la récolte. Et encore...»
Expert en assurance contre la grêle, le Chardonneret Maurice Neyroud informe que des fusées «de 30 à 50 ont été tirées par les personnes qui en avaient la charge après avoir été prévenues par une centrale d'alarme». Mais le caractère soudain et surtout la violence de l'orage n'ont pas permis aux fusées d'atteindre leur but, à savoir empêcher la formation de grêle en favorisant les chutes de pluie.
Epicentre à Chexbres?
A Rivaz, de retour de tournée, Vincent Chappuis assure que «presque tout le vignoble de Lavaux est bousillé». Et le vigneron et ancien syndic de préciser: «Chez moi, les vignes sont quasiment détruites à 100%.» Avant de conclure: «Nous avions subi une terrible grêlée en 1991. Mais là, c'est nettement plus considérable.»
Du côté de Chexbres, c'est aussi la soupe à la grimace. Vigneron dans le village, Vincent Bovy témoigne après avoir effectué un tour au milieu des ceps: «A mon avis, l'«épicentre» de la tempête se situait entre Chexbres et Chardonne. Les bois ont été massacrés et il n'y a plus de feuilles. Comme en hiver en quelque sorte. Les dégâts ici sont monstrueux. Pas grand monde n'a vécu une tempête d'une ampleur pareille.»
L'ouest moins touché
A Aran, au-dessus de Villette, Jacques Joli se refuse à tout commentaire sur les dégâts. La voix crispée, il évoque simplement les visages aux traits tirés que l'on peut croiser dans son village. Reste que de l'avis général, on a eu chaud car le véritable carnage a commencé vers Cully.
Vigneron à Lutry, François Rousseil a vécu la tempête à Rivaz. «Certains parlent de 30-40% de dégâts, commente-t-il à son retour. C'est sûr que, par rapport à la zone centrale de l'orage, nous sommes moins touchés». A Lutry, on compte donc encore sur une récolte. Mais la vigne «est k.-o., et les vendanges devraient être retardées de deux semaines».