CONDRIEU PAR FRANCOIS VILLARD
Vous connaissez désormais notre philosophie d’approche des appellations de la Vallée du Rhône, après avoir visité respectivement Saint Joseph, Cornas, Hermitage et Crozes Hermitage, nous posons nos verres en Condrieu chez François Villard qui nous accueille pour ce V
ème OPUS
LE VIEILLISSEMENT DU CONDRIEU
Le choix de visite de cette appellation et de ce vigneron n’est pas anodin. Dernièrement, le forum qui nous accueille en son sein, a débattu à couteaux tirés sur la capacité ou non du Condrieu à vieillir.
Par la dégustation qui clôturera cette journée et ce reportage, nous pouvons confirmer le contraire. Oui, chers LPViens, le Condrieu peut vieillir et vous révéler des vins extra – ordinaires. Cette date a permis les venues de nouveaux participants : Miguel et Stéphane.
En attendant les retardataires, François nous reçoit avec sa verve habituelle.
Disponible, nous débutons l’échange sur les vins produits, sur les projets qu’il l’anime et qu’il mène sur tous les fronts. C’est un visionnaire et un pragmatique, il déborde d’envie. Rien n’est fait au hasard et rien n’est laissé au hasard.
Nous débutons notre visite, pour ce faire, nous nous transportons dans les vignes situées au lieu – dit de Poncins. La vue est plongeante sur le Rhône et la ville de Roussillon.
Le long du serpent Rhône s’élève tout à tour sur la rive droite : une partie du cirque de Château Grillet.
Nous sommes ici au carrefour de la région Rhône Alpes. De ce même coteau qui est dans la Loire, nous voyons le Rhône au nord, l’Isère en face, et au sud l’Ardèche et la Drôme.
Ce coteau de nature granitique est travaillé en terrasse.
La difficulté n’en est que plus relevée. Le travail mécanique est quasi absent. François travaille avec l’utilisation d’herbicide de type round up. L’emploi de ce produit est quasi indispensable du fait de la déclivité très importante.
L’appellation Condrieu s’étend sur 130 hectares posés sur 7 communes sur la rive droite du Rhône. L’appellation fut créée en 1940, la vigne était sur le déclin, un employé de la direction départemental de l’agriculture du département de la Loire avait d’ailleurs écrit un mémoire relatif à l’extinction de l’appellation. Il fallait le faire revivre.
François nous emmène sur le lieu – dit Poncins, nom de la célèbre cuvée du domaine.
Le viognier est ici en sélection massale, planté sur R110 et taillé en Guyot.
D’un PH acide (5 – 5.5), le sol à majorité sableuse impose un drainage important. Le traitement chimique du sol est dû à l’impossibilité de le travailler.
Même l’enherbement pourrait provoquer une concurrence hydrique forte avec la vigne pouvant par la suite altérer la récolte. Cependant, les vignerons cherchent des solutions. En 1975, l’appellation revendique que 6 hectares. La renaissance commence au début des années 80.
De retour au chai, nous croisons des fûts pirates.
La visite dans les vignes sera brève, notre visite porte sur les dégustations du Condrieu sur plusieurs millésimes. Nous reviendrons ultérieurement chez François afin de présenter son domaine.
Les bouteilles s’alignent
Julien en plein travail
François décide d’un commun accord de commencer la verticale dans l'ordre chronologique. Nous débuterons par la cuvée De Poncins.
François veut nous faire appréhender l’évolution du travail réalisé à la vigne par l’évolution qualitative de la cuvée ; cette évolution est corrélée indéniablement à la qualité du millésime.
De Poncins :
1992 : production de 800 bouteilles/chaptalisé, année pluvieuse néanmoins bonne maturité des raisins. De couleur or jaune avec des reflets verts, au nez, foin et fleurs séchées, des arômes de violette, de banane. En bouche, une belle attaque minérale avec des arômes confits, une belle rondeur et un léger boisé qui ressort.
1993 : production de 1500 bouteilles assemblées avec Palat de couleur 20 % de botrytis chaptalisé 25 % de fût neuf or jaune avec des reflets verts, au nez du confit des fruits exotiques, du miel, de l’acacia, en bouche arôme de miel, cire, confit, assez rond et long.
1994 : 35 % botrytis robe assez trouble vin fatigué, oxydé, sûrement un souci de bouteille
1995 : 35 % de fût neuf de couleur or foncée aux reflets verts. Nez très expressif sur des notes de miel, d’acacia, bouche très minérale, citronnée et veloutée.
1996 : de couleur jaune plus claire, nez surprenant sur la truffe régionale bouche légèrement oxydée et très minérale.
1997 : année très sèche (pas de botrytis) de couleur dorée nez assez fermé avec des notes de cire et de miel en bouche minéralité avec un boisé un peu présent.
1998 : année compliquée pour cause de gel et d’une récolte hétérogène. De couleur jaune doré nez sur le citron et le confit bouche très minérale sur le citron confit mais assez monolithique
1999 : couleur jaune doré, nez assez marqué botrytis avec des arômes de miel d’acacia, bouche très vive minérale avec des notes boisées citronnées et une très belle longueur. Très beau vin !
2000 : couleur jaune doré nez un peu fermé avec des notes de pamplemousse bouche minérale vanillée assez longue.
2001 : couleur jaune plus clair, nez typé Condrieu sur la violette, bouche minérale ronde avec des arômes de violette. Très beau vin.
2002 : mise en bouteille avec très peu de soufre. De couleur jaune, nez sur le pain grillé, bouche minérale sur la violette belle fraîcheur belle longueur. Beau vin.
Nous abordons le thème du débat lu sur LPV. François ne dénie pas une éventuelle reprise de fermentation sur ces bouteilles. Il abordera une explication ultra - technique en ajoutant notamment que les levures jouent un rôle essentiel.
Quant à la visite sur son stand durant le salon d'Ampuis, d'une personne qui s'est revendiquée de LPV, l'a fâché. Il aurait aimé approfondir le sujet avec cette personne. Cependant, pour ceux qui connaissent ce salon, il faut être disponible et ce n'était pas le cas ce jour là. Si la personne lit ce compte rendu, elle peut (sans trop m'avancer) prendre contact avec François qui se fera une joie de lui répondre.
2003 : de couleur jaune, nez sur la violette, fumé en final, bouche minérale généreuse crémeuse avec des notes de boisées en final.
2004 : (20 % de botrytis/45 % de fût neuf) de couleur jaune clair aux reflets argentés. Nez sur la violette le citron frais avec des notes de fût. Bouche très minérale avec une belle attaque et un superbe équilibre.
2005 : pas de botrytis, année chaude mais pas caniculaire nez typique sur la violette l’abricot le citron bouche minérale abricot belle longueur.
2006 : (15 à 20 % de botrytis) couleur jaune clair, nez d’une belle finesse un peu fermé bouche minérale fraîche avec une belle longueur bouche tendue.
Les Terrasses du Palat :
Premier millésime en 1994.
1996 : Couleur jaune doré, nez sur la truffe, le miel, la cire, bouche vive fraîche avec des pointes d’oxydation.
1998 : couleur jaune doré nez plus fermé bouche fraîche sur les fruits secs avec des notes évoluées (miel, cire) de fumé, de grillé, pierres chauffées.
1999 : couleur or nez mentholé frais pointes d’hydrocarbures, bouche vive fraîche tendue.
2004 : de couleur jaune aux reflets verts, nez sur les fruits exotiques ,la banane, bouche vive citronnée avec des pointes de fumé, de grillé, superbe vin.
2005 : de couleur plus clair, nez sur les fruits exotiques, les fleurs blanches typique du viognier bouche très minérale sur les fruits exotiques tendue citronnée. Superbe vin.
2006 : de couleur jaune, nez sur la violette le fumé bouche grillé très minérale.
François est pensif !
Le Grand Vallon :
1997 : (20 à 25 % de botrytis) de couleur jaune or, nez sur la truffe, les fruits secs, l’amande bouche minérale, longue, équilibrée, citronnée et grillée.
1998 : de couleur or nez complexe légèrement évolué, bouche plus légère.
1999 : de couleur jaune aux reflets verts nez exotique (citron) mentholé, pain grillé, bouche minérale, grillée, belle fraîcheur. Très beau vin.
2000 : de couleur jaune aux reflets verts, au nez exotique sur la violette, le pain grillé, bouche un peu lourde riche et généreuse.
2004 : de couleur jaune aux reflets verts, nez un peu fermé, finesse en bouche minérale et longue.
2005 : de couleur jaune aux reflets verts, nez sur les fruits exotiques, les fleurs blanches, bouche minérale, grillée, très beau vin.
2006 : de couleur jaune clair nez sur la violette, les fleurs blanches bouche exotique citronnée très minérale ciselée superbe.
Quintessence :
2000 : de couleur jaune or, nez typé solvant, très bel équilibre en bouche.
1999 : nez plus discret plus fin, très bel équilibre en bouche.
Vins rouges :
La diligence 2005 Napa Valley California (activité de consulting) vignes situées à 600 mètres d’altitude, 100 % syrah. De couleur profonde, nez sur les épices le fumé le boisé, bouche puissante mais à la finale sèche et abrupte.
Saint Joseph Reflets 2002 : couleur foncée nez sur le poivre blanc, attaque minérale, belle structure longueur correcte. Très beau vin.
Côte Rôtie La Brocarde 1999 : couleur foncée, très peu évoluée. Nez puissant sur les fruits noirs, légèrement foxé. Bouche tonique avec des tanins un peu durs et une pointe d’alcool en final. Un peu rugueux.
A signaler qu’Yves Cuilleron nous a rejoint. Nos bouches ne sont pas saturées, nous décidons de terminer cette envoûtante dégustation par un repas pris en commun au Bistrot de Sérine à Ampuis.
Nous débutons l’apéritif par un
Pouilly Fumé 2005 Pur Sang de Didier Dagueneau : vin vif et ciselé avec un nez net fumé légèrement sur le buis. Une bouche vive et équilibrée.
Le repas est accompagné par un
Cornas 2005 de chez Auguste Clape. Nous l’avons fait carafer en arrivant au restaurant. Il se révèlera splendide, de prime à bord il est un peu fermé. Le nez est superbe de puissance de classe une bouche majestueuse d’une longueur superbe. Magnifique.
Nous continuerons par un
Cigare Volant 2003 de Bony Doon, vin californien d’inspiration castelpapale. L’ensemble est lourd marqué par le bois.
En conclusion, l'ensemble des participants ont pu juger la qualité du travail que François s'échigne à réaliser à la vigne. Le Condrieu s'est dévoilé sous un nouvel angle, celui de la garde pour les beaux millésimes. Il ne faut pas exclure cette typicité du terroir qui lui confère cette minéralité tout à fait particulière. Cette tension lui sert au vieillissement et parfois à son épanouissement. Nous étions relativement loin du Condrieu classique dévoilant tour à tour des notes de fleurs et de pêche blanche. C'est peut - être cette force qui fait la différence avec les autres domaines.
Merci à : François pour sa disponibilité et sa gentillesse, Yves - son compère - qui nous a apporté également sa vision de la viticulture, à FrançoisD pour le contact, à tous les participants notamment ceux qui viennent de loin (vous serez bien tôt récompensés puisque nous allons nous délocaliser en Vallée du Rhône Sud).
Je me permets de mettre en lien respectivement les adresses des blogs de Joselito et de Pablito.
bananeetchocolat.can....
divin-nectar.over-bl...