The majority of chateaux will wait until after wine critic Robert Parker publishes his scores – probably 30 April. Some may even wait until after the Vinexpo Asia-Pacific trade fair in May.
Bravo, c'est là qu'on sent bien que Parker n'a pas un grand rôle, d'une aprt, et que, d'autre part, les châtelains bordelais sont de vrais artistes, ils attendent l'inspiration - mais extérieure - avant de fixer les prix.
Toutefois le métier devient bien difficile: il faut désormais tenir compte aussi du fait que le soleil se lève à l'Est (qui préfère néanmoins acheter des vins prêts à boire).
un 2007 qui a un 18 ou 19 est "exceptionnel" en regard de la moyenne du millésime, mais pourrait ne valoir qu'un 15 (par exemple) s'il était noté face à des 2005?
Nouvelle preuve, s'il en était encore besoin, de l'absurdité de telles prétendues "mesures" de la qualité des vins.
Si on mesure une distance, il n'y a pas une distance selon l'année, selon que la route est nationale ou départementale, etc.
Ici les jobards nous donnent un repère dans l'absolu, mais qui ne s'avère néanmoins pas comparable selon les années, et dans le cas d'un caviste médiatisé (autrefois surtout) un 16 n'a pas le même sens selon que le cru est bourgeois ou classé.
Ne voyez-vous pas:
1) que la seule utilité de ces notes venant de médias (je ne parle pas d'amateurs qui jouent, y compris ici, à singer les semi-pros) est de faire monter les prix?
On attend par exemple que Parker, dans sa grand bienveillance (cf déjà l'arnaque sur les 2000)nous dise que finalement c'est bien meilleur qu'on ne le prévoyait.
2) que
noter des primeurs est une absurdité? Un pro (Franck Dubourdieu)le dira mieux que moi:
[b
]Réserve sur le jugement en primeur[/b]
La vente des grands crus bordelais en primeur aux particuliers est, depuis 1975 le prolongement d’une pratique historique entre le négoce et la propriété, pour réserver les vins après la récolte. En général, elle s'adresse aux crus classés et assimilés (200 crus environ dont 170 Crus Classés, 5% de la surface, 3% de la production), des crus ayant fait la preuve depuis de longues années de la supériorité de leur terroir. L'intérêt de cette pratique s'affirme pour les grands millésimes compte tenu de l’augmentation notable du prix lors de la livraison deux ans après.
L'appréciation qualitative d'un vin six mois après la récolte n'est qu'un aperçu. Le vin est en barrique et l'assemblage définitif n'est pas toujours réalisé. Il reste parfois à décider des répartitions entre Grand Vin, second vin et troisième vin, des proportions de vin de presse à ajouter... De plus, pendant douze à dix huit mois d'élevage en barrique, le vin va subir diverses manipulations (soutirages, collage et filtration) jusqu'à la mise en bouteille.
Ainsi, pour évaluer le plus objectivement un vin en primeur, il faut impérativement tenir compte des paramètres suivants :
1/ les conditions climatiques du cycle végétatif et spécialement celles des vendanges.
2/ la réussite relative (maturité, état sanitaire, rendement...) de chaque cépage et sa participation en pourcentages dans le grand vin.
3/ la dégustation du vin : couleur, arômes, structure, densité, fruit, qualité de la texture tannique, persistance, ainsi que les prémisses de la finesse, dont en particulier l'équilibre et la profondeur de la flaveur...
4/ le niveau du terroir, par la connaissance de son expression dans les millésimes antérieurs, ce qui autorise une filiation du vin nouveau avec des millésimes plus vieux au profil comparable.
5/ la réputation du cru : plus la marque est connue moins on est en droit de penser que le vin pourrait ne pas être à la hauteur de l'expertise initiale.
L'achat en primeur relève donc d'un acte de confiance.
Un avis sur la qualité d'un vin en primeur revient à faire une synthèse de tous ces facteurs afin
d'imaginer sa qualité potentielle quand il aura atteint sa maturité optimale.
Tout jugement en primeur centré exclusivement sur l'immédiateté du goût, à l'aune des caractères de structure (puissance, densité, concentration) sans tenir compte du passé, juge suprême du terroir, est un non sens. Il amène à promouvoir artificiellement des crus ou des cuvées spéciales à des niveaux qu'ils ne méritent pas.
Il n'est plus un secret que, pour faire illusion au moment de ces dégustations, certains oenologues proches des média appliquent toutes sortes de recettes pour gonfler sinon farder les vins. Ces manipulations, non reconnues par la tradition, donc éloignées des pratiques communément admises dans les plus grands chais, fabriquent du prêt à plaire : le paradoxe d'une hyperconcentration et d'un charme racoleur associé - un malheur n'arrive jamais seul - à une imprégnation forte par le bois de chêne neuf et ses adjuvants de chauffe.
L'avenir du vin, sa qualité future, est la moindre des préoccupations de ces techniciens-gourous ; ce qui compte à leurs yeux c'est obtenir une bonne note auprès de certains dégustateurs étrangers et de vendre le plus cher possible.
Cette façon de juger, chère à des critiques anglo-saxons, relayée par des journalistes français sous influence (le « gustativement correct »), pour démocratique qu'elle soit, voire même mondialiste, proclame haut et fort un déni de terroir. Sauf à produire des effets médiatiques et à mettre en avant des crus qui n'ont encore rien démontré,
cette conception de la dégustation n'est pas conforme à l'éthique du grand vin dont le niveau de qualité véritable se révèle au cours du vieillissement. Elle est à même de nuire à l'image des plus grands Bordeaux dont l'aura tient fondamentalement à l'historicité du vin en bouteille.
www.franckdubourdieu...