Visite au domaine du Pré Semelé
Cette année, la visite d’un nouveau domaine à l’occasion du WE œnophile à Bourges de mon fils et de ses copains a été consacrée au domaine du Pré Semelé des frères Raimbault. J’avais en effet lu de très bons CRs sur LPV et cela me titillait depuis quelque temps d’aller découvrir leurs vins.
Julien et Clément étant pris par la Foire aux Vins qui a lieu dans Sancerre même, c’est Valérie, l’épouse de Clément qui nous accueille et va faire face avec le sourire à la troupe dissipée de (presque) jeunes.
Le domaine possède 22 ha, dont 4 ha en rouge, et il est actuellement en conversion biologique. La vente est surtout tournée vers l’export, puis les restaurants et les cavistes, et enfin les particuliers.
Les locaux sont tout neufs (ils datent de deux ans) et spacieux. Ce qui nous aura tous frappés est la propreté impeccable de tous les lieux de vinification. Les contenants sont très variés et utilisés selon les différentes cuvées.
Cuves inox
Foudres
Demi-muids
Fûts et réserve de bouteilles
Toutes les bouteilles dégustées avaient été ouvertes la veille, sans conséquence négative pour les vins.
Sancerre blanc – Cuvée Domaine – 2019
C’est la cuvée phare du domaine avec 120 000 bouteilles produites. Elles sont issues de 14 ha à partir de vignes de 5 à 40 ans, réparties à 70 % de terres blanches (argilo-calcaire du kimméridgien) et 30 % de caillotes (calcaire du portlandien). Ce pourcentage élevé de terres blanches, un terroir qualitatif donnant des vins structurés au bon potentiel de vieillissement) est assez rare pour une cuvée Domaine. Mais c’est principalement ce qui se trouve autour de la maison familiale, où se situent les vignes ! Les vendanges sont réalisées à la machine et le vin est élevé en cuves inox et en foudres de 20 hl pendant 6 à 10 mois.
Le nez est puissant : des agrumes et des fruits blancs explosent puis une note anisée vient compléter agréablement ces senteurs flatteuses.
La bouche est bien structurée autour d’une matière lumineuse et bien fruitée, teintée de légères notes crayeuses. Elle se montre bien vive, lisible et persistante.
Bien ++
Un niveau assez incroyable pour une telle quantité de bouteilles !
Sancerre blanc – La Montée de Saint Romble – 2018
Comme Marc (Kiravi) l’a expliqué un peu plus haut, il s’agit d’un peu plus de 70 % de l’ancienne cuvée Zeste, correspondant à la partie exposée nord, sur un terroir de terres blanches. L’âge des vignes est de 50 ans et les vendanges sont réalisées à la main. L’élevage est réalisé pendant douze mois en demi-muids de 600 l et en foudres de 20 hl.
Le nez est nettement moins intense mais d’une grande finesse, sur un fruité plus « fruits jaunes » et avec moins d’agrumes, agrémenté d’un léger boisé qui apportera de la complexité.
La bouche est très ample mais c’est la tension minérale phénoménale qui l’emporte. Elle reste goûteuse, ce qui lui évite l’austérité (mais est-ce que ce sera aussi le cas sur un millésime moins solaire, voire frais ?), avant une finale très persistante et empreinte de salinité.
Très Bien + dès à présent et un merveilleux avenir devant lui
Sancerre blanc – Le Cotelin – 2018
C’est donc le complément de ce que l’on trouvait dans l’ancienne cuvée Zeste, correspondant à la partie exposée sud-est, sur un terroir de terres blanches. L’âge des vignes est de 50 ans et les vendanges sont réalisées à la main. L’élevage est réalisé pendant douze mois, uniquement en demi-muids de 600 l.
Le nez est plus intense que celui de La Montée de Saint Romble, sur une aromatique proche mais avec des fruits jaunes qui tirent sur les fruits exotiques.
La bouche se montre puissante et d’un superbe volume, d’une aromatique riche et sensuelle, mais également marquée par une acidité et une empreinte tellurique certaine. Je n’aurais jamais imaginé que c’était possible pour une telle exposition et un millésime aussi chaud : du beau travail !
Très Bien +(+) avec là encore une belle marge d’amélioration au vieillissement.
Sancerre blanc – Les Chasseignes – 2018
Sur cette parcelle d’1 ha de caillotes, les vignes de 30 à 50 ans sont exposées au sud et les vendanges sont réalisées à la main. Le vin est élevé en foudres de 20 hl pendant 12 mois.
Le nez se rapproche de celui de la cuvée Domaine, retrouvant l’aromatique classique d’agrumes et de fruits blancs, en moins explosif mais avec plus de complexité, notamment par de belles notes fumées.
La bouche affiche de la mâche et une belle carrure, avec beaucoup de tension, se clôturant sur une sensation caillouteuse dans la finale affinée.
Très Bien (+) et comme Marc je pense qu’il peut aussi bien se boire jeune qu’être attendu quelques années.
Sancerre blanc – Zeste – 2017
Il s’agit du dernier millésime de cette cuvée avant la séparation en deux cuvées selon l’exposition des vignes.
Le nez très expressif est marqué par une minéralité qui tend vers des arômes de pétrole, ce qui ne me gêne pas d’autant qu’un beau fruité alliant fruits blancs et jaunes est bien présent. En revanche une touche légèrement désagréable (fermentaire, acétone ?) vient un peu gâcher ce bel ensemble.
Avec la bouche on passe de l’autre côté du miroir : ampleur étonnante, densité incroyable, tension exacerbée, finale à la fois citronnée et saline. C’est pour moi la plus jolie bouche de la série.
Très Bien + mais j’aurais pu aller plus haut sans la petite fausse note du nez. En tout cas un vin qui devrait vieillir admirablement.
Sancerre rouge – Cuvée Domaine – 2018
Les vignes de 10 à 40 ans sont issues d’un terroir argilo-calcaire ferrugineux et les vendanges sont manuelles. L’élevage dure 12 mois, pour 70 % en fûts de 500 l et 228 l, et 30 % en cuve tronconique bois.
Le nez très ouvert propose un fruité pur et franc, sur la cerise noire qui tire sur le cassis.
Le fruité se retrouve parfaitement en bouche, prenant une teinte plus acidulée, notamment grâce à la vivacité étonnante pour le millésime. La matière souple sans manquer de chair est habillée de légers tanins plutôt fins.
Bien +(+) pour ce vin à boire ou à attendre.
Sancerre rouge – Camille – 2018
Les vignes sont plus âgées (45 ans) et sont issues d’un terroir argilo-calcaire, les vendanges étant toujours manuelles. L’élevage dure 12 mois, pour 70 % en fûts de 500 l et 30 % en fûts de 228 l, de différents âges (neufs, un vin, deux vins, …) par roulement.
Intense et d’une grande profondeur, le nez développe des fruits noirs bien mûrs et une note fumée.
La bouche est corsée et dotée d’une belle charpente. L’acidité n’est pas en reste : elle soutient et relance la matière savoureuse, assistée par des tanins serrés.
Très Bien (+) pour ce vin à la belle personnalité, à attendre bien entendu.
C’est donc une découverte (merci LPV !) confirmée par ma propre expérience. Décidément Sancerre regorge de nouveaux talents, en plus de ceux plus établis ; il va être difficile de faire des choix pour bien garnir la cave sans la déséquilibrer au profit de cette seule belle appellation, voire de la région qui l’entoure. Car ailleurs aussi il y a des trésors restant à des prix abordables et c’est bien heureux !
Jean-Loup