Les Fripons Gilles Berlioz, 2016
Petit retour sur une aventure sensorielle que m’aura fait vivre cette bouteille.
J’avais prévu une fondue, du coup je débouche cette bouteille, ayant eu une bonne expérience avec les chignins de chez Adrien Berlioz je me dis que ça devrait le faire.
A l’ouverture le nez me cause, à la fois floral et fruité avec une grosse minéralité évoquant le camphre.La bouche développe de jolis arômes de menthe et d’abricot avec un boisé qui se matérialise par des saveurs de résine.Je laisse la bouteille au frigo.
5 heures plus tard place à la fondue.Là, le nez a complètement changé il est tourbé avec un côté eau de vie qui ressort. La bouche est puissante, tourbée, de jolis amers évoquant la gentiane déroulent sur un corps crémeux.
Je regrette de ne pas l’avoir débouché juste avant le plat car il a perdu le charme de ses saveurs fuités/florales.L’accord est catastrophique avec la fondue, ça ne décolle pas. Si bien que le crémant de bordeaux ouvert en apéro est plus expressif et finalement fait son job sur la fondue.Je fini mon verre des fripons et en passant sur l’honnête crémant je me rend compte que ce crémant est plus qu’honnête ou ces fripons vraiment très fripons …
Je remet la bouteille au frigo, il m’en reste une bonne moitié pour revoir mon jugement.
Me souvenant des promesses qu’il ma délivré à son ouverture, et connaissant la grande qualité des vins de Berlioz, je décide de lui offrir un plat qui saura le mettre en valeur : Saint Jacques poêlées et déglacées avec de la crème fraiche infusée au safran et à l’anis vert.
Je racle les coquilles des St Jacques afin de récupérer de quoi me faire un petit carpaccio.L’accord de la St Jacques cru avec le vin est formidable, il est traçant, salivant avec cette sensation minérale calcaire que l’on peut retrouver sur des chablis.
Avec le plat c’est la folie, le vin va retrouver au nez comme en bouche ses arômes floraux, fruités tout en gardant cet aspect tourbé. Il nous fait la totale.
Le nez est très frais, sur le tourbé, la menthe, le laurier, la résine, la pierre chaude et le sous bois.La bouche commence par des amers évoquant la gentiane et la résine puis une minéralité salivante s’installe on part sur la menthe, une acidité parfumée qui m’évoque l’abricot que l’on croque. La bouche devient crémeuse sur la vanille, le tout est enrobé de miel tout en douceur et en rondeur. La finale évoque la résine de sapin.
Ce vin me fait vraiment voyager, il est construit comme une ballade de la fraicheur des estives, d’un monde floral et minéral, jusqu’à la chaleur et le confort d’une soirée dans un chalet de montagne en bois.
Gilles Berlioz signe donc ici un très grand vin de gastronomie qui me semble complètement à point.
Les fripons, un vin qui porte décidément bien son nom …