Sujet récent que ce St-Emilion Puy-Blanquet, fragile édifice auquel je vais me faire un devoir d'ajouter ma modeste pierre (pas de taille, donc). Tâche d'autant plus ardue que le CR précédent autant qu'unique porte sur 2012, millésime difficile à Bordeaux on le sait, même si la rive droite, très merlot, semble avoir un peu mieux tiré son vin de la grappe. Changement de programme en 2016 avec un millésime opulent, favorable à l'élaboration de vins sérieux comme on les aime.
St-Emilion Grand Cru Château Puy-Blanquet 2016.
10 c'est mieux, voire 15, mais 7 ans ça commence à être sympa pour un St-Emilion Grand Cru en phase avec son appellation, franc du collier et pas trop chargé en élevage massif. Je rappelle au passage que pour bénéficier de l'appellation Grand Cru, le vin doit afficher un taux d'alcool naturel supérieur ou égal à 11% (contre 10,5 pour le St-Emilion standard, ce qui, il faut bien le dire, ne constitue pas une différence particulièrement phénoménale, d'où l'abondance de St-Emilion Grand Cru à géométrie pour le moins variable).
On doit, à mon sens (j'ai certaines exigences en la matière), retrouver la fraîcheur légèrement mentholée du merlot dans tout St-Emilion digne de ce nom. Ici tel est le cas, avec ces arômes de fruits noirs qui ne trompent pas. C'est ce côté sous-bois qui fait, à mon avis, du St-Emilion Grand Cru d'une dizaine d'années le vin idéal pour accompagner les champignons et tout particulièrement les girolles. La bouche est sapide, fluide, à peine lardée, avec une petite touche de verdeur encore un peu tannique qui m'évoque un ruisseau alangui au milieu d'un lit de mousse frémissante. Vin très agréable en dépit, peut-être, d'un certain manque de matière en bouche.