Précision d'entrée de jeux pour clarifier le titre: le vin primeur n'existe pas, sauf qq fioles échantillons. Donc, on peut zapper.
Celà zappe aussi le sujet primeur qui est plus financier que tangible et liquide ( au sens liquide buvable ).

Il y a plusieurs semaines, la sortie était globalement trés généreuse, annonciatrice de gros rendements ( donc bien plus de 5 M d'Hl les doigts dans le nez ).
Mais parfois...les choses changent.
La pression maladie est considérable cette année ( pire que 2018 qui était l'année de référence, dans le mauvais sens du terme ). Mildiou feuille grappe, et le black rot.

Bon, faut être juste, il y a énorme différence entre les secteurs ( c'est pas souvent à ce niveau là, ça suit les précipitations et les petits "grains" de pluie qui humidifie ou pas ).
Médoc et St Emilion ( plus bourgeais blayais ) ça va encore ( mais c'est relatif, disons qu'il faut une grande vigilance pour rester poli ).
Mais alors l'entre 2 mers, graves sauternes et le secteur Ste Foy c'est une catastrophe. Même en ressortant les produits dans lesquels je ne tremperai pas mon croissant au petit déjeuner, ça marche pas. Il y aura plus d'une dé-conversion ( retour au conventionnel depuis le bio ou arrêt de la conversion en cour ). A ce stade, c'est sans doute du jamais vu de chez jamais vu. En fait il fait chaud, mais habituellement à ces T° il fait sec. Sauf que cette année, en particulier sur la partie sud et est du ignoble, il y a une moiteur tropicale franchement inédite.
A ce stade sur les secteurs les plus touchées, il est trop tôt pour tirer des conjectures sur le futur rendement et la qualité, ça dépendra des semaines à venir.
Un rendement bas en entre 2 mers impactera forcément le rendement du département. Mais bon, une année de gel sévère comme 2017 a produit 3.7 M d'Hl il me semble, et le marché peine déjà à absorber ce volume.....Au global la prodcution sera sans doute "suffisante". Mais à l'échelle des propriété, on trouvera un médoc qui fera le plein mais qui vend pas, et une entre 2 mers qui n'aura rien mais qui vendrait....

Wait and see.


 

C'est en ligne avec ce que m'a dit un vigneron de l'entre deux mer la semaine dernière quand je lui demandais si la vigne ne souffrait pas trop en grêle et mildiou:

"Pour l'instant ça tient, pas de grêle. Mais le Mildiou est très agressif cette année, nous avons 12 000 spore hectares versus 2000 sur les grosses années (2021). Donc il faut faire très attention, beaucoup de bio et biodynamie ne ramasseront rien. "

passage bref.

le mildiou a pu être dévastateur. Il y a un gros impact de 3 facteurs: le sol, la pluvio du lieu qui peut être différente de 2 km plus loin, et la capacité de repasser vite quand il faut ( ce qui n'est pas évident en grosse structure avec salariés ou prestataires ....). Une petite perte sur raison n'est pas grave, la charge de base était là. Mais il faut du feuillage en bonne santé pour faire aboutir la maturité, et là ce n'est pas le cas partout.

La météo 2023 en gironde a été...un retour aux années 80 ou 90. Trés humide tout le temps, trés fraiche ( diurnes et nocturnes ). Puis 10 jours récemment de trés chaud, mais c'est déjà fini. Les acidités étaient probablement trés haute, elles ont pris une claque bienvenue et sont maintenant correctes. 

Le gros risque, AMHA maintenant, c'est un truc oublié depuis qq années....le botrytis.
La population latente est probablement trés importante, elle ne demande qu'à démarrer avec des conditions favorables. On annonce plusieurs dizaines de mm de pluie dans qq jours....
Sur terroir précoce et jolies vignes bien maitrisées, il y a eu qq trés beaux sauvignons, fruit mur sans excés, plus de 12° naturel et pH vers 3.3 c'est parfait. Pour les vignes plus tardives ou plus chargées, il faudra aller vite pour le bot.
Les sémillons, à voir, faudra pas tarder non plus, ça pourra être dur de les pousser. Ils seront donc d'un intérêt relatif le plus souvent.

Pour les rouges, c'est trop tôt pour sortir le jeux de tarôts prédictifs.
Cependant, les éléments sont réunis pour revenir à une année d'un ancien temps. Allez, disons au plus proche de nous un 2014. 
Retour aux fondamentaux d'autrefois, un terroir drainant, chaud, un beau terroir historique ( alors que les dernières années étaient la revanche des terroirs froids et ingrats ).

Je pense qu'on pourrait avoir des rouges plus robustes, plus rigides, et plus frais qu'en 2021. Ce qui ne fera pas monter le prix en primeur...mais c'est une bonne chose aussi, le marché peut pas absorber 2 ou 3 années fantastiques d'affilée....