Bonjour à tous,
Sauf que ces oeuvres sont probablement classées, comme peut l'être un monument historique. Vous pouvez acheter un maison classée monument historique, mais en aucun cas en faire ce que vous voulez...
Lorsque la durée légale de protection de la propriété intellectuelle prend fin, il arrive effectivement que le droit administratif vienne prendre le relais, même s'il s'agit cependant de branches juridiques indépendantes.
J'ai bien lu et noté le principe de ne pas porter atteinte à une oeuvre. Et voilà comment je l'interprête sur notre question :
Si par exemple (-il y a des anecdotes sur la Joconde à ce sujet-) je décide de peindre un autre tableau avec des Iris, mais qui n'a aucun rapport (mettons des Iris fluo sur fond rose) et que je fais passer cela pour l'original, je pense que je porte atteinte à l'oeuvre, car en faisant passer Van Gogh pour un guignol post-moderne, je porte atteinte à une chose intimement liée à Van Gogh. Ceci me semble correspondre à l'esprit de la propriété intellectuelle : "on a pas le droit de me faire passer pour ce que je ne suis pas" dirait Van Gogh. Et on serait bien d'accord toi et moi avec lui.
Par contre si j'ajoute un coquelicot sur "Les Iris" que j'ai acheté légalement, sans jamais prétendre que le coquelicot est de Van Gogh, en disant simplement qu'à partir d'une oeuvre j'en ai fait une autre que je ne tente pas de vendre comme un Van Gogh, alors je ne vois plus l'atteinte à l'oeuvre de Van Gogh, car il existe mille photographies et copies pour témoigner de ce qu'elle était sans priver Van Gogh de sa pérénité sur les Iris. "puisqu'il m'a acheté cette toile, dirait Van Gogh, cet imbécile peut bien en faire ce qu'il veut, je ne vois pas en quoi cela me porte atteinte à moi!".
Le malentendu vient de la notion d'"atteinte".
Il y a bien sûr, comme le souligne Bebert, atteinte aux droits d'auteur lorsqu'on préjudicie à l'auteur, à sa réputation,...
Mais, si j'ajoute un coquelicot aux iris, quand bien même serais je propriétaire du tableau, il y a, peu importe ma bonne foi, atteinte matérielle à l'oeuvre.
Et la propriété intellectuelle interdit que cette atteinte matérielle puisse avoir lieu sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants-droits.
Il est effectivement des oeuvres auxquelles il est interdit de porter atteinte physiquement, ce sont les monuments historiques. Si on a pris la peine de les démarquer des autres, c'est précisément selon moi parce que la simple propriété intellectuelle ne suffisait pas à les protéger. Ainsi dans l'immeuble où j'habite et dont je suis propriétaire légalement, je peux à mon bonne fantaisie refaire le plafond en formica, les murs en briques roses et changer de place les cloisons, pourtant c'est bien une oeuvre originale protégée par les droits d'auteur (je n'ai pas le droit de le copier, l'architecte a fait une oeuvre originale).
Par contre si mon immeuble est historique, je ne peux rien faire de tout cela, il me faut appeler les monuments pour le moindre travaux et faire appel au compagnonnage pour la façon. On me refusera à coup sur les briques roses. Si je change de place une cloison et que je la refais en parpaings, je suis bon pour une condamnation sévère.
Il faut veiller à ne pas confondre le droit de la propriété intellectuelle, qui vise à protéger l'auteur (ou l'inventeur) et ses ayants-droits, et le droit administratif qui, au travers des procédures de classement, entend assurer la protection du patrimoine culturel national (mobilier et immobilier).
Comme je le soulignais ci-avant en réponse à la remarque de Luc, il s'agit de branches juridiques distinctes et autonomes, même si elles se supperposent parfois.
Je prétends donc appliquer au tableau les mêmes principes, et lorsque j'achète une toile considérée comme une oeuvre originale, sous réserve qu'elle ne soit pas monument classé (certains Van Gogh le sont) je me réserve le droit de les découper pour faire un patchwork sur les murs de ma chambre de mon fils.
Si tu me refuse ce droit-là, alors tu devras m'interdire aussi, lorsque j'achète un bouquet joliment agencé, de changer l'agencement (oeuvre originale) et lorsque j'achète un cendrier fait main par un vieux soixante-huitard en peau de chèvre, d'y coller un smiley ; pas question non plus que je puisse faire de travaux chez moi à moins que j'ai construit ma maison moi-même etc... (la liste va être longue!)
Il ne faut pas oublier que pour être protégée par le droit d'auteur, une oeuvre doit :
1/ être originale (ce qui signifie par exemple qu'une oeuvre purement fonctionnelle ne sera pas protégée par le droit d'auteur);
2/ avoir fait l'objet d'une mise en forme (une idée n'est pas protégée par le droit d'auteur).
En l'absence d'exemple, de jurisprudence, qui montre qu'un juge peut vraiment condamner quelqu'un pour avoir transformé une oeuvre non classée, ou de nouveaux éléments édifiants, j'aurais du mal à changer d'avis.
Voir le texte dont j'ai communiqué le lien.
Ce que dit Laurent (teddyteddy) est tout à fait vérifiable dans un domaine comme l'architecture où, un propriétaire d'une maison (Classée ou non!) ou d'un appartement, n'a le droit d'en modifier l'aspect extérieur qu'après avoir obtenu, au préalable, l'accord de l'auteur.
Comme le confirme nidal, droit de la propriété intellectuelle et procédure administrative de classement sont deux choses distinctes.
Et effectivement, l'oeuvre originale d'un architecte est protégée par le droit d'auteur.
Je pense même avoir lu que Rogers et Piano, les deux architectes du centre Georges Pompidou (Beaubourg) à Paris, touchent (encore aujourd'hui) un pourcentage sur la vente de chaque carte postale " reproduisant " l'image de leur oeuvre...
S'agissant incontestablement d'une oeuvre originale, celle-ci est protégée par le droit d'auteur, qui inclut le droit économique de reproduction.
Si je photographie le Centre Pompidou pour en faire une carte postale que je souhaite commercialiser, j'ai besoin de l'autorisation des architectes.
Si je photographie mon épouse devant le Centre Pompidou pour mettre la photo dans l'album familial, je n'ai pas besoin de cette autorisation.
Il existe un droit moral, perpétuel et incessible qui "permet à un héritier de s'opposer à tout moment à la dénaturation d'une oeuvre". On peut donc être attaquer pour avoir peint des coquelicots sur un tableau qu'on a acheté...
Merci christophe de venir confirmer ce que je répète depuis un certain temps déjà...