Moritz Kissinger est l'un des derniers talents issu de la prestigieuse école d'œnologie de Gesenheim. Rejeton de la famille qui officie à la Weingut Kissinger, il s'est lancé en propre en 2018. Plus d'information fournies par son 1er caviste  ici.

Allemagne - Rheinhessen (Hesse rhénane) - Moritz Kissinger - Chardonnay 2019
Cette bouteille a suscité une certaine effervescence en Allemagne et a établi Moritz comme fer de lance de la nouvelle garde du chardonnay. J'avais déjà commis une petite bafouille sur lui   sur le fil de Psylo, aux dégustations énormes.   Sa cuvée "Ohm" blanc d'après Psylo lui avait évoqué -ainsi qu'à la tablée - le Rougeot de Coche-Dury ! 
A titre personnel, mon expérience des Puligny/Chassagne-Montrachet est inexistante, et les cuvées de Pouilly-Fuissé, Meursault, Montagny ou Saint-Romain ne furent pas concluantes à mon palais.  Le portrait du vigneron est intéressant :   bien que style nature, il ne craint pas l'oxygène ! 
J'ai beaucoup aimé ce vin ainsi que mes amis qui ont été même fascinés par le nez notamment.
 

Oeil : Le vin est trouble et d'une jolie couleur dorée.

Nez : Le nez est très beau, d'une grande complexité qui combine à la fois le fruit et une odeur de pierre mouillé crayeuse. L'aspect huile essentielle de citron et d'agrumes est prégnant mais la pierre chaude, la pierre froide se joignent à une farandole qui évolue assez rapidement.

Palais : La bouteille n'ayant pas été préparée, le vin n'était pas pour autant fermée et les promesses du nez se sont retrouvées en bouche avec un vin d'une concentration phénoménale avec une grosse acidité jurassienne mais cadrée par un extrait sec important. C'est vraiment très plaisant et délicieux.

Conclusion : Le vin m'a fait penser dans une certaine mesure au Labet "En Lias" bue le mois dernier (en nettement meilleur toutefois) par cette acidité importante mais avec deux différences : là où la fenêtre d'opération du Labet a duré 30 min (entre l'évacuation de la réduction et le moment où la bouche est devenue excessivement acide), le Kissinger a continué à évoluer de façon intéressante, sans perdre de plaisir durant l'heure où nous avons réussi à ne pas vider la bouteille sans y faire attention. Le deuxième point est sur l'acidité nettement mieux cadrée dans le Kissinger.
En revanche, cette année j'ai bu un vin du Jura encore meilleur : Le clos St-Roch 2013 de Tissot, sa cuvée faîtière qui est ma claque de 2022 à titre personnel.
 

Rheinhessen - Moritz Kissinger, Uelversheim - Riesling 2018
Information du domaine.  Le terroir,   Tafelstein de Dienheimer, est classé en "Grosse Lage" par le VDP même si c'est loin d'être le plus connu. Sol composé de loess en profondeur puis argilo-calcaire avec le Rhin à l'Ouest. Fermentation spontanée en cuve et élevage de 10 mois sur lies en fûts de 600 litres (pour le 2020). 13°, 400 bouteilles produites pour le 2018. Pas de filtration à la mise et style nature. La bouteille a été ouverte il y a 2 jours et n'a pas bougé, bien au contraire.

 

La robe est de prime abord assez étonnante : il y a une solide nuance orangée dans sa teinte. Elle n'est autrement pas turbide, ne donnant aucun indice sur l'absence de filtration. Le nez est joli, autour du zeste d'orange mûrs et des agrumes, dans le style d'un Dönnhoff, avec d'autres éléments qui lui donnent une certaine profondeur. En revanche, je défie quiconque à l'aveugle de dire "riesling !", il n'y a pas la moindre effluve de pétrole, d'essence F ou de pierre frottée, un petit aspect de réglisse orienterait plutôt vers un sauvignon sur la finesse.
La bouche est plus en longueur qu'en largeur comme la plupart des rieslings avec une agréable intensité rassérénante véhiculée par des arômes similaires au nez, la trame acide étant bien équilibrée par une matière suffisante. La salinité titille les papilles pour une longue durée et permet d'enchaîner les verres sans efforts.
C'est une réussite indubitable.

J'ai débouché cette bouteille suite à mon expérience mitigée avec Julien Renard décrite plus tôt dans la journée. Le résultat est sans appel, Kissinger a réalisé une fort belle cuvée sans trace de pomme au four, sans lourdeur et tout à fait enthousiasmante. Et force est d'admettre que l'étiquette correspond à la sensation que suscite la bouteille.

 

Comment ne peut-on faire que 400 bouteilles en fût de 600 litres ? J'ai du mal à croire qu'il était à moitié vide... 

Le mode de vinification détaillé concerne le 2020, peut-être que c'était légèrement différent pour le 2018 avec un fût de 300 litres par exemple. Il peut y avoir de l'autoconsommation qui entre en ligne de mire. Comme 2018 est le tout premier millésime en propre de Moritz, les quantités ont été vraiment faibles afin de sonder le marché (en 2020, c'est passé à 800 bouteilles et 24 magnums). Enfin, son premier caviste (lien dans le premier message du sujet) explique que Kissinger n'est pas contre le contact avec de l'air, peut-être qu'il n'a pas ouillé durant ces 10 mois et qu'il y a une petite part des anges...

Moritz Kissinger-Chardonnay-Rheinhessen-2019:


Robe or clair très brillante, jaune citron.
Nez frais typé vinif propre ou nature (ici bioD) très délicat sur les fruits blancs, les fleurs. Le soir il est plus vif, droit.
ttaque fraîche, délicate, florale. Bel équilibre en milieu de bouche, toujours tendu marqué par les fruits et les fleurs blanches.
La finale est sapide et assez longue. Elle est nettement plus vive et citronnée le soir que juste après ouverture.
Très belle alternative aux chardonnays bourguignons. TB+16,5/20. Le vin de la semaine!