Allez, fin du suspens...j'ai fait des heures sups.
Nous étions finalement 5 à nous retrouver … avec des bouteilles et des fromages pour 15 !
Thierry (en chef d'orchestre), Laurent (celui qui écrit en hongrois), Philippe (un futur contributeur), Michel et Bibi.
L'intitulé "Vieux Sauternes" est dans les faits devenu "Liquoreux divers" (ben ouais, tout le monde n'a pas de l'Yquem 1892 dans sa cave !)
Les vins ne sont pas servis à l'aveugle, nous avons préféré nous concerter afin de les ouvrir dans un ordre plus ou moins logique en fonction des accompagnements et puis, il fallait sélectionner car il y en avait de trop.
1. Clos Ste Appoline – Gewà¼rztraminer VT 1997 Bollenberg
Robe : Beau jaune doré, limpide et brillante.
Nez : Très fruité, sur l'abricot sec, le muscat, mais également des fragrances de roses, de pain d'épices et de cire. Egalement des notes de solvant. Evolue sur les agrumes, citron et pamplemousse.
Bouche : Attaque franche, fruitée, impression d'ampleur, mais très vite il s'effondre, ne laissant qu'un peu d'amertume dans sa (non) finale.
C'était pour se faire la bouche.
2. La Casa del Toqui – Sémillon Late Harvest 1999 – Cachapoal Valley – Chile
Robe : Franchement dorée, très brillante et limpide, grasse, colle au verre.
Nez : De prime abord, très boisé. On y trouve du fumé, de la colle (ou térébenthine, ça fait plus chic), de la pâte d'amande de l'abricot et une pointe minérale. Après un très long moment passé dans le verre (pour ceux qui ont eu la patience de le garder et qui avaient assez de verres), le boisé c'est estompé et on sent du rocher au coco.
Bouche : Massive, concentrée et puissante, très sucrée, le genre qui a ses détracteurs, avec de l'abricot confit et une note métallique. Bonne persistance.
On est monté en puissance. Peut-être trop vite.
3. Grasa de Cotnari 1979 – Roumanie
Robe : Jaune doré, très brillante, avec de belles jambes bien nettes.
Nez : Surprenant, d'abord pétrolé et légumesque (artichaut). Evolué avec du champignon, de la truffe (ou gaz) et évoluant. Le pétrole s'en va s'en vient et laisse place au café, à l'anis, au menthol, au camphre, au tabac blond … C'est très complexe.
Bouche : fraîche et équilibrée, on y retrouve du fruit jaune mur, des champignons, des légumes et des épices douces avec une légère amertume et une belle finale savoureuse et longue.
C'est déboussolant. Personnellement, j'aime beaucoup, c'est fin et complexe. Mais je ne crois pas que tout le monde soit du même avis.
4. Coutet 1985 - Barsac
Robe : jaune doré, brillante et onctueuse.
Nez : Fin, citron et mandarine, fruits blancs et menthol, légèrement toasté. Après un long moment passé dans le verre (voir remarque ci-dessus), le nez s'affadit, évolue sur des notes légères de café au lait avant de s'évanouir définitivement.
Bouche : Equilibrée avec de la fraîcheur, une belle ampleur et du fruit (citron confit et abricot). Bonne longueur.
Plaira à ceux que rebute l'excès de sucrosité, mais manque un peu de complexité et manque de tenue.
5. Coutet 1982 – Barsac
Robe : Ambrée, très brillante, grasse.
Nez : Puissant, avec de l'encaustique, une pointe de vanille, du coing et du citron. Plutôt linéaire, aucune évolution tout au long de la soirée.
Bouche : Ample, déséquilibrée sur l'alcool qui chauffe désagréablement, creux en milieux de bouche, arômes d'abricot, de girofle et de caramel et note métallique en finale.
Un peu l'opposé du précédent.
6. Filhot 1989 – Sauternes
Robe : Doré éclatant, étincellante.
Nez : Puissant, sur l'abricot, le pamplemousse et l'ananas, mais également la térébenthine, le miel, la cire et le caoutchouc. A l'évolution, l'ananas devient omniprésent.
Bouche : Puissant, massif, sucré, riche, ample, gras, tous des adjectifs allant dans le même sens. On retrouve l'ananas et la finale est marquée par le caramel.
On est dans la catégorie poids lourds; un peu écoeurant.
7. Filhot 1939 – Sauternes
Et zou, un bond d'un demi siècle !
Robe : Ambrée, Cognac, très brillante mais légèrement trouble.
Nez : Fin et complexe, sur le thé, l'écorce d'orange amère, le café et une pointe de soufre. Plus d'autres choses encore, mais c'est subtil et difficile à interpréter, tant nous sommes peu habitués.
Bouche : Fraîche et équilibrée, presque sec, le sucre ayant "fondu". Notes citronnées et amertume un peu trop insistante. Semble finir un peu court, mais à la réflexion, pas tant que ça. Cependant, en prenant de la température, il s'aplatit rapidement.
Thierry qui a plus d'expérience de ce style de vin est un peu déçu; il le considère passé.
Nous, on a trouvé l'expérience intéressante.
8. La Tour Blanche 1923
Robe : Caramel, brillante.
Nez : Racé, torréfié, avec du caramel, du café, du brou de noix et des herbes à tisanes. Persiste bien dans le verre, pas d'affaiblissement notable.
Bouche : Riche, ample et complexe, torréfiée avec le café et la noix, soutenue par une belle acidité (ou il faudrait plutôt dire "acidulé"), immensément long.
Thierry le compare à un vieux Madère de haut vol. Moi je ne connais pas mais je veux bien le croire. C'est en tout cas monumental et je le remercie pour cette expérience unique.
Il ne nous a pas paru opportun de noter et classer les vins, les styles en présence étant par trop dissemblables.
Ne fut-ce que par son âge et l'émotion que cela suscite (mais ce serait réducteur de dire qu'il n'y a que cela), La Tour Blanche joue dans une autre catégorie et fait l'unanimité.
Pour le reste, je crois que les avis sont un peu partagés parce que, face aux vins liquoreux, tout le monde n'a pas les mêmes critères d'appréciation.
Ce fut en tout cas une belle soirée et, vu qu'on a pas ouvert toutes les bouteilles, il faudra envisager une suite
(bbb)
Amicalement
Didier