Il y a un article sur le sujet dans le magazine "l'Amateur, le magazine des hommes et du vin" #101 - sept. oct. 2006 (anciennement L'Amateur de Bordeaux) écrit par Myriam Huet et intitulé "Salut les copeaux!").
Quelques extraits:
".. Ces copeaux, sous forme de chips de chêne, découpés, séchés et chauffés au four, donnent au vin des arômes "coco", "toasty", "smoky", selon leur degré de brûlage... On les ajoute dans le moût en fermentation ou dans le vin fini. Pour plus de facilité, ils peuvent être mis dans des sacs que l'on plonge dans les cuves, un peu comme un sachet de thé qu'on va laisser plus ou moins longtemps (par infusion)."
".. Bref, utiliser des copeaux revient quasiment à pratiquer une aromatisation et n'a plus rien à voir avec un élevage en fûts de chêne.."
".. Le procédé est autorisé, mais pas encore permis! Il faut en effet encore fixer les modalités d'utilisation des copeaux, le moment où on les rajoute, et surtout définir les atégories de vins qui auront le droit de les utiliser.."
".. Mais la France a vraiment l'air décidée à interdire ce procédé pour les appellations contrôtlées. Sur ce point, elle a rejoint l'Espagne. L'Italie, en rrevanche, l'envisagerait pour tous ses vins. Bref, il risque d'y avoir au sein même de l'Europe, des disparités selon les états membres.."
".. Le goût boisé plait, il donne des arômes grillés, une certaine sucrosité, des tanins bien enrobés, qui ne vont pas agresser les papilles. L'amertume, l'acidité et l'astringence n'ont plus la côte, dans cette époque ou l'on conditionne le consommateur dès sa naissance, avec moult petits pots de légumes abondamment sucrés.."
".. (les vins) qui sont en concurrence directe avec tous les vins de marque du Nouveau Monde, sont souvent des vins assez légers, dont la structure ne permet pas un élevage en barriques. Dans ces vins-là, il vaut peut-être mieux utiliser des copeaux qu'un élevage en fût qui assèche, à condition de bien maîtriser tous les paramètres.."
".. Rappelons aussi l'intérêt économique: une barrique bordelaise coûte environ 500 EUR HT, amortis sur 3 ans, ce qui fait 167 EUR pour 225 litres, soit 74 EUR HT par hectolitre. Ce calcul ne tient pas compte du travail. 200 barriques prennent beaucoup plus de place qu'une cuve de 450 hl et demandent beaucoup de soins et de temps: emplir les fûts, les ouiller pour compenser l'évaporation, les soutirer d'un fût à l'autre, savoir les vider au bon moment pour faire l'assemblage, les laver, les mêcher.. tout celà demande une sacré expérience (et a un sacré coût). Tant de vins ont été asséchés par un temps d'élevage trop long ou des bois mal adaptés. Les copeaux coûtent environ 10 EUR / kg HT. Utilisés à la dose de 5g/lm cela fait 5 EUR HT / hl. On les achète par sachets, on infuse. Quand c'est suffisant, on enlève. C'est tout..."
"..Comme pour les barriques, la qualité des copeaux varie selon l'origine géographique des bois, l'essence du chêne, les onditions de séchage (naturel ou artificiel), le temps de brûlage. L'absence de chauffe donne beaucoup d'astringence et des arômes de bois frais ou de noix de coco. Un brûlage à 180° apporte au contraire de la sucrosité et des odeurs de vanille, de torréfaction. A 200°, on obtient des odeurs fumées et goudronnées avec de l'âcreté et de la sècheresse.."
"..les résultats varient également selon le moment où l'on introduit les copeaux. C'est en cours de fermentation alcoolique que les notes boisées resteront les plus discrètes, le mieux intégrées.."
"..Utiliser des copeaux pour les vins pas très chers et leur permettre d'être plus compétitifs? Après tout, pourquoi pas? Surtout si cela permet à des centaines de vignerons de vivre enfin de leur travail. Mais attention! Demain, nous ferons les mêmes vins que le monde entier. Pour faire la différence, il faudra simplement être les moins chers"
"..Appeler aussi les choses par leur nom. L'Espagne et la France sont d'accord sur ce point: on ne doit faire aucune référence au "boisage" pour les vins traités avec des copeaux. J'irais même plus loin en demandant que l'utilisation de copeaux soit obligatoirement mentionnée sur l'étiquette, au même titre que les sulfites aujourd'hui. Que chacun sache ce qu'il boit."..
Alain