J'ai dégusté les 2015 lors d'une MasterClass Bouchard en marge de la vente des vins des Hospices de Beaune. Désolé mais j'ai des petits problème avec mon iPhone pour mettre des photos. Je vous donne le lien de mon CR en pdf (si cela ne va pas à l'encontre de la charte LPV)
www.fichier-pdf.fr/2...
Amicalement
Master Class 2015 « Maison Bouchard Père & Fils »
La Maison Bouchard Père & Fils a été fondé en 1731. Il faut, avec cette maison, oublier l’image unique de négociant souvent attaché aux maisons beaunoises. Bouchard Père Fils possède en propre un vaste domaine - le plus vaste de Côte d’Or – avec 130 hectares de vignes, dont 12 sont classés en Grand Cru et 74 en Premier Cru.
10 vins rouges ont été dégustés par série de cinq sous la houlette de Frédéric Weber Maitre de Chai.
Retrouvez mes notes de dégustations pour la première série de vins rouges. Mis à part le Bourgogne, tous les vins de cette série sont issus de vignobles du Domaine.
(Les notes sont à comparer dans un même niveau d’appellation)
Bourgogne – Réserve Côteaux des Moines:
Un vin « côte d’orien », Les parcelles de pinot se situant exclusivement en côte de Beaune et de Nuits.
1er nez avec quelques touches fermentaires de yaourt de cerises rouges qui laissent très vite la place à des arômes nets de groseilles.
L’attaque est encore un peu vive mais c’est très équilibré. La bouche croque le fruit procurant une gourmandise immédiate. La finale est étonnamment longue avec une puissance épicée de noyau de cerise. Un vin d’une belle facture, loin de la simplicité attendue à ce niveau d’appellation.
Bien +
Monthélie:
Très belle robe rubis. Le 1er nez pinote très agréablement sur de la cerise, de la groseille et un soupçon de notes boisées (zan). L’entrée est assez soyeuse, satinée avec un bel équilibre texture/acidité. Si, en milieu de bouche, le fût se fait encore un peu sentir avec des notes de café, la bouche est remplie d’un jus pur, droit sans être strict.
Une élégante tension sur la groseille arrive à la déglutition. La finale est longue mais n’a pas encore totalement digéré le fut. Un vin racé et élégant, une valeur sûre pour les amateurs en recherche de belles opportunités.
Très bien
« Beaune du Château » 1er cru
Cette cuvée qui existe depuis 1907, est en fait un assemblage de différentes cuvées de Beaune 1er cru, vinifiées séparément. 17 climats entrent dans sa composition (Les Aigrots, Avaux, Bas des Teurons, Belissand, Boucherottes, Bressandes, Cent Vignes, Champs Pimonts, Clos du Roi, A l'Ecu, En Genêt, Grèves, Pertuisots, Reversées, Seurey, Sizies et Toussaints).
Le coté fruité rouge, gourmand du millésime s’exprime également au 1er nez. Le mot immédiat, après la mise en bouche, est équilibre. Même si la bouche est très fruitée, il y a moins d’immédiateté plus de volume, de rondeur, de délicatesse que dans le Monthelie. Finesse, tanins équilibrés permettent au pinot noir de s’exprimer dans sa pureté. J’ai un vrai faible pour cette cuvée qui reste d’une régularité étonnante quelques soient les millésimes.
Très bien
Beaune 1er cru « Clos de la Mousse » Monopole
Les 3,36 ha de ce Clos en Monopole furent entièrement rassemblés le 13 avril 1872 avec l'acquisition d'une dernière parcelle
Le nez est assez similaire au « Beaune du Château ». La différence se fait en bouche. On joue sur du velours, la texture est satinée avec un caractère plus rond, sans doute grâce à une vivacité en retrait. L’équilibre tanins, acidité est parfait et donne une superbe viscosité, qui procure même en milieu de bouche une légère suavité. La finale signe un grand terroir : longueur sur du noyau de cerise mêlée de poivre blanc. La rétro-olfaction cerisée offre au vin une jolie résonnance. Que Beaune est élégante ! Un beau potentiel de garde
Très bien +
Beaune 1er cru « Grèves – Vigne de l’enfant Jésus »
Cuvée emblématique du domaine, cette parcelle en monopole est située au coeur des 32 hectares de l'appellation Beaune Grèves
Le nez est sans doute un peu plus fermé. L’attaque est de prime abord encore un peu mordante mais l’aération le révèle. Sans doute la conjonction de la patte du domaine et de beaux terroirs, l’équilibre acidité/tanin confère, comme pour le Clos de la Mousse, une viscosité remarquable en bouche. Le vin « glisse » en douceur et en puissance. Il gagne en force en fin de bouche, un athlète musculeux racé. A la déglutition, une saveur saline donne une remarquable digestibilité. En final, la qualité du terroir parle : c’est long, long avec une rétro-olfaction en queue de paon sur de la merise, le kirsch.
Certes un « baby Jesus » mais « aux âmes bien nées … ». En effet, à date, son équilibre acidité/tanins lui promet une longue garde
Très bien / (potentiel Excellent)
Une belle série avec des succès attendus sur les Beaune et surtout 2 belles bouteilles (Bourgogne et Monthélie) qui ne sont pas des entrées de gammes mais de belles expressions du pinot noir à encaver pour se faire plaisir dans les 2 à 5 prochaines années.
Volnay 1er cru Caillerets – Ancienne cuvée Carnot
La parcelle de 3,76 hectares de ce Premier Cru d'exception a une valeur particulière pour la Maison Bouchard Père & Fils, puisqu'il s'agit de la première vigne acquise par la Maison, en 1775
La robe est d’un rubis assez profond. Il y a comme sur les autres vins, cette immédiateté fruitée au nez de cerise, petites baies rouges très salivantes. La bouche est d’abord rectiligne, avec une petite sucrosité en attaque qui laisse rapidement la place à une vraie montée en puissance sur du poivre blanc, du noyau de cerise écrasé. Une main de fer dans un gant de velours, car là encore tout est en équilibre subtil entre tanins présents mais élégants, acidité, minéralité poivrée. A peine déglutit, le nez est immédiatement envahi par une rétro-olfaction kirschée qui donne une extraordinaire longueur à ce vin. La structure de ce vin lui promet une longue garde.
Très bien +
« Le Corton » Grand Cru
Le Corton est un climat de l’appellation se situant sur les hauteurs de la colline au-dessus des Corton-Renardes et Corton-Clos du Roi
Le nez est sans doute plus marqué par le terroir, un peu plus brut avec quelques notes de musc se mêlant aux fruits noirs acidulés. Tout n’est pas encore en place, avec une bouche assez marquée par une vivacité encore trop présente. Les tanins sont encore un peu dissociés. Ce corton n’a pas encore l’équilibre des Beaune ou Volnay précédents.
Rien de rédhibitoire, simplement, comme cela arrive parfois en dégustation avec des millésimes jeunes, ce n’était pas son moment et je n’aime pas faire des jugements hâtifs à qui ne se livre pas. A re-déguster d’’ici quelques mois, pour voir comment son potentiel sous-jacent évoluera.
Non noté
Nuits-St-Georges 1er cru « Les Cailles »
La Maison possède 1,08 hectares de ce terroir d'exception, au sol composé de calcaire oolithique
Le nez fruité offre des arômes profonds de baies noires, de cassis et de notes de café. En bouche, la matière est plus dense. La texture est croquante avec un petit grain serré. Les tanins montrent leurs muscles et contrebalancent bien le coté acidulé myrtille, cassis. Ils sont serrés mais racés.
Un vin « qui en a sous le pied », une structure taillée pour le temps, musculeuse, charpentée. Déjà long en bouche, ses tanins sous la patine du temps en feront un vin d’exception
Excellent
Echezeaux Grand Cru
La situation de la parcelle, au fond du vallon de la Combe d'Orveau, met très opportunément la vigne à l'abri du vent. Celle-ci est plantée sur une forte pente de 13% avec un revêtement caillouteux idéal pour les plants de pinot noir
Quel nez ! Explosif complexe subtil mélange de pivoine et de cerise fraîche. La cerise s’exprime de plus en plus dans ce nez élégamment pinotant.
Au palais, l’attaque est enlevée. La hiérarchie du terroir est respectée. Une symphonie de cuivres, de percussions ! La bouche est immédiatement puissante sur du poivre blanc, de la minéralité. Les tanins puissants virils, mais élancés n’empêchent pas une belle viscosité de s’exprimer. Le vin fait réellement vibrer le palais.
Longue finale en queue de paon sur de la cerise épicée, de l’eau de vie de kirsch. Ce vin tient réellement sont rang et saura ravir les amateurs en recherche de vin d’exception
Excellent
Chambertin Grand Cru
Longtemps qualifié de Roi des Bourgognes, le Chambertin reste hors normes. Avec 15 ares de ce climat de Domaine, la Maison Bouchard Père & Fils produit quelques 700 bouteilles par an
Le nez est peut-être moins volubile que l’Echezeaux sur une réserve tout en exprimant après aération, un franc cerisé typique de l’appellation.
Tout se joue en bouche. Quel équilibre en entrée. Rapidement le vin « explose » en bouche sur ce cerisé épicé des grands pinots. La structure en milieu de bouche est encore un peu stricte avec des tanins encore un sévères. Comme pour le nez, on sent encore une réserve, en particulier en finale, un poil plus courte et moins intense que l’Echezeaux. Tout est là, le temps n’a simplement pas encore fait son oeuvre.
Très bien / (potentiel Excellent)
Cette deuxième série franchit indubitablement un palier supérieur en termes de puissance et de potentiel de garde. Volnay Caillerets - pour son élégance -, Nuits St Georges - pour sa force et son potentiel -, Echezeaux sont indubitablement des vins que tout amateurs se devrait d’avoir.
Cette dégustation confirme également tout le potentiel de la Bourgogne en 2015 : les constituants de vins de garde sont là : acidité présente mais contenue, tanins puissants mais équilibrés, fruité pur. Sans doute avec 2010, un des plus beau millésimes de ces dernières années.
Quant à la « patte » de la maison Bouchard, je me « contenterai » de dire que les vins dégustés ce soir sont le reflet d’un respect de l’expression du pinot noir au travers des terroirs et climats Bourguignons.