Initiation aux richesses viniques de l’Australie.
Nous avons le plaisir d’accueillir Patrick Moritz, passionné de vins australiens, qui a organisé la dégustation découverte et nous a apporté quelques bonus tirés de sa cave personnelle. Quelques brefs éléments de contexte, je n’ai pas noté ni retenu toutes les informations que Patrick nous a distillées durant la soirée avec un enthousiasme communicatif !
La viticulture australienne est importée par les colons, dont nombre d’origine germanique, au milieu du XIXème siècle. Certaines cuvées que nous allons goûter ce soir sont issues de ces vignes, non greffées donc. Une élite vigneronne s’est spécialisée dans la mise en valeur de ce patrimoine de vieilles vignes et propose des cuvées en petit volume (souvent moins de 5000 bouteilles), block par block (des parcellaires donc). La vinification vise à produire des vins aimables dès leur jeunesse, la tradition de garde étant peu répandue, même chez ces vignerons eux-mêmes. Ce sera d’ailleurs la première surprise de la soirée : alors que les préjugés sur ces vins pouvaient laisser présager une fatigue rapide (sucrosité, chaleur, etc…), les 18 rouges se sont enchaînés sans difficulté (sans manger) et nous y sommes revenus avec plaisir lors du repas (vu le niveau très bas de nombreuses bouteilles à la fin du repas).
Dernières précisions, la Barossa Valley et l’Eden Valley se trouvent toutes deux dans un rayon de 100 kms au Nord-Est d’Adélaïde, l’Eden, au sud de la Barossa, est un peu plus en altitude et un peu plus fraîche. La Yarra Valley est 700 kms plus à l’est, à un peu moins de 100 kms à l’est de Melbourne. Nous allons goûter essentiellement des vins des environs d’Adélaïde.
Vin n°1 : Intensément aromatique, floral (fleurs blanches). Bouche très (trop) tendue, citrique. Malgré du gras en milieu de bouche le caractère citrique simplifie le vin, et l’acidité est dissociée. Fait penser à ces vins du Rhône sud cueillis trop tôt et dont la malo est bloquée.
Barossa Valley Rusden « Chasing Daisies » 2021 (Grenache blanc, roussanne, clairette).
Vin n°2 : Robe très claire. Nez de fraise, de fruits rouges mûrs. Légère sucrosité en attaque, beaucoup de gourmandise, tanins fins. Finale fraîche sur la rafle qui donne beaucoup de peps. C’est bon, et c’est juste sa première cuvée avec ce cépage !
Yarra Valley Timo Mayer Pinot Noir « Bloody Hill » 2020
Les quatre vins suivants sont à base de grenache.
Vin n°3 : nez de fruits noirs, du caramel et de la réglisse. L’attaque est ronde, la bouche tout en largeur, la finale présente une pointe de sucrosité et une légère sécheresse.
Barossa Valley Utopos 2021
Vin n°4 : nez de fruits rouges surmûrs, confiturés, presque blets. Très rond, gourmand, jolie tension finale. Bouche plus fraîche que ce que le nez laissait présager. De plus en plus fin à mesure qu’il s’aère, et au final c’est très bon.
Barossa Valley Rusden « Christine’s vineyard » 2018
Terroir sableux de la Barossa
Vin n°5 : Nez de cerise et de fraise. Attaque en finesse, un peu chaleureux en milieu de bouche. La finale retrouve de la fraîcheur et une belle expression fruitée. Bon.
Barossa Valley JC’s Own « Angaston Foothills » 2017
Vigne de 150 ans sur sables et argiles, 100% vendange entière.
Vin n°6 : nez discret, un peu de fruits rouges. Attaque plutôt stricte, tanins plus présents. Bouche droite, assez stricte mais élégante, finale fraîche sur le fruit rouge frais. L’aération lui est très bénéfique et le vin sera complètement délié le lendemain. Très bon le lendemain.
Eden Valley Massena « Stonegarden » 2018
Massena est une association de Jaysen Collins (JC’s Own) et Dan Standish
Assemblage de deux parcelles d’argiles limoneuses, quartz et micaschistes dont l’une est vinifiée en vendange entière et l’autre égrappée.
Les trois vins suivants sont le produit d’une expérience menée par Kalleske, un domaine de la Barossa Valley. Il s’agit du « Biodynamic Barrel Project ». Le même vin de Shiraz est entonné en jour fruit, fleur ou racine dans trois fûts issus de trois chênes coupés en jour fruit, fleur ou racine, les douelles étant assemblées en jour fruit, fleur ou racine. Plus d’infos sur leur site :
www.kalleske.com/wp-...
Vin n°7 : nez de fruits noirs et de bois neuf. Attaque tannique, des amers du bois, mais jolie bouche dense et fraîche à la fois. La puissance du vin intègre bien le bois.
Barossa Valley Kalleske « Root » 2016
Vin n°8 : nez plus discret, moins boisé. Attaque plus en finesse, on retrouve la densité du milieu de bouche. En finale, le boisé ressort de manière plus sensible que sur le précédent vin, et cela s’accentue le lendemain.
Barossa Valley Kalleske « Fruit » 2016
Vin n°9: nez de caramel. Attaque marquée par les notes de bois neuf. Manque de fraîcheur, sucrosité finale.
Barossa Valley Kalleske « Flower » 2016
Bon, pas plus emballé que ça par l’expérience, les vins restent assez simples, mais il faut dire que ce sont des « jeunes » vignes plantées en 1999, dont la parcelle constitue l’entrée de gamme du domaine.
Le vin suivant présente une autre expérience menée par le domaine.
Vin n°10 : nez de confiture de myrtille. Attaque de fruits noirs confiturés, large, suivie d’une acidité bienvenue qui dynamise le vin jusqu’en finale. Rétro sur les fruits noirs frais. C’est bon et même très bon si on accepte la simplicité de ce vin, un vrai « canon ».
Barossa Valley Kalleske « CCCLXV » 2018
Il s’agit d’un vin issu de Durif qui a macéré durant 365 jours en cuve, pas de passage en barrique.
Vin n°11 : nez de fruits noirs, de poivre noir (mûr, pas le poivre blanc de certaines syrahs en sous-maturité), intense. Attaque large, milieu de bouche puissant mais finale relativement courte vue la puissance du vin. A peine plus de longueur le lendemain.
Barossa Valley Massena « The 11th hour » 2016
Shiraz issue de différentes sous-régions de la Barossa, dont une vigne d’une soixantaine d’années qui a été sauvée de peu de l’arrachage, d’où le nom de la cuvée qui signifie au dernier moment.
Vin n°12 : nez évolué, avec un peu de jus de viande. Jolie attaque, élégante, milieu de bouche frais, tanins fondus, légère sucrosité qui ressort en finale, sans lourdeur. Rétro sur les notes d’évolution(feuille morte, jus de viande). C’est bon.
Barossa Valley Massena « The 11th hour » 2004
Vin n°13 : nez qu’il faut aller chercher, fleurs lourdes (pivoine, violette). Attaque droite, milieu de bouche puissant et marqué par une note d’acétate qui ne domine pas. Fin de bouche un peu chaude, un rien d’élevage ressort en finale. C’est un vin charmeur malgré (ou grâce à) ses défauts. Peut-être par manque d’objectivité (souvenir de la découverte de ce vin avec le millésime 2009 et l’envie d’y regoûter depuis), mais je le trouve bon à très bon.
Eden Valley Poonawatta « The 1880 » 2015
Une syrah de 135 ans donc…
Vin n°14 : nez de fruits rouges et noirs. Belle attaque droite, bien mûre, milieu de bouche dense, aristocratique. L’acidité porte le vin et son aromatique. Un tout petit peu sec en finale, ce qui l’empêche d’être grand, mais c’est très bon.
Le lendemain, l’aromatique est marquée par la présence du cabernet (poivron rouge) et le vin perd en harmonie.
Barossa Valley Ben Glaetzer « Anaperenna » 2017
Shiraz et Cabernet-sauvignon(80%-20%), vignes de 30 à 130 ans.
Vin n°15 : nez de fruits noirs et de café froid, un peu de fumée aussi. Attaque très mûre, jolie bouche fraîche, finale élégant. Long. Sentiment de grande maîtrise, manque presque de folie mais de la classe. C’est très bon (comme d’habitude…).
Barossa Valley Ben Glaetzer « Amon-Ra » 2017
100% Shiraz, vignes de 50 à 130 ans.
Vin n°16 : nez réduit sur le cassis. Attaque veloutée, suave, bouche séductrice portée par un élevage non dominant, petite sensation de sucrosité. C’est typé côte-rôtie moderne, avec une finale un peu serrée à l’ouverture qui va s’arrondir à l’aération. Très bon, très séducteur, la bouteille la plus entamée à la fin de la soirée
Barossa Valley Dan Standish "The Relic" 2018
Shiraz 98% Viognier 2%, vignes plus que centenaires.
Vin n°17 : nez sur des arômes primaires et variétaux de la syrah. A nouveau très séducteur, même si le milieu de bouche se resserre. La finale est un peu simple, sur une touche acidulée. Même s’il va s’ouvrir dans la soirée, ce vin est nettement moins complexe que le précédent, fait plus Crozes si on garde la comparaison avec le Rhône nord.
Barossa Valley Dan Standish « The Schubert Theorem » 2018
Shiraz 100% de plus d’un siècle. Curieuse étiquette écrite en noir sur fond noir.
Vin n°18 : nez puissant de mûre et myrtille. Bouche puissante dès l’attauqe et jusqu’en finale. Le vin a du pep’s en plus de cette puissance, quelques amers bien présents l’équilibrent et le dynamisent, pas de sensation de lourdeur. Sensation sphérique. Excellent.
Barossa Valley Dan Standish « Lamella » 2018
100% shiraz de plus d’un siècle.
Vin n°19 : nez sur la confiture de myrtilles. Attaque marquée par la sucrosité, milieu de bouche un peu chaud. Long, porté par la sucrosité, finale sur l’aromatique de fruits noirs confiturés. C’est bon. Cela relève de l’exercice de style, à boire pour lui-même.
Chris Ringland « Chihuahua » 2008
Chris Ringland, c’est l’Egon Müller de la Barossa vu ce que nous en dit Patrick. Cette bouteille, une des 700 produites, est un des apports de sa cave personnelle.
Vignes de carignan de 50 ans, peut-être les plus anciennes d’Australie, récoltées à 19° potentiels 17,5% d’alcool… quatre ans d’élevage en barriques et quatre années de repos en bouteille avant commercialisation.
Vin n°20 : nez citrique et terpénique. Bouche équilibrée entre fruit sucre et acidité. Gourmand, assez long, pas de notes soufrées souvent présentes dans ce domaine. Notes de fleurs blanches en rétro. Très bon.
Mosel Dr Loosen Ürziger Würtzgarten Riesling Auslese 2009 (AP 10 41)
En guise de conclusion toute provisoire, ce fut une très belle soirée, encore merci à Patrick pour toutes ces découvertes et quelques confirmations.
Parmi celles-ci, la gourmandise des pinots de Timo Mayer, le charme de Poonawatta et la grande maîtrise de Glaetzer.
Mes découvertes : les très beaux vins à base de grenache.
Standish, c'est très bon avec un coup de coeur pour Lamella.
Surtout, pas de vins caricaturaux, typés nouveau monde, et au contraire beaucoup de fraîcheur et de digestibilité. Et surtout du plaisir !
Auteur du sujet
). Bon on aura l'occasion d'approfondir avec les bouteilles non ouvertes de cette soirée, vu que nous avons été très raisonnables !...