Domaine Mercati, Vin de Voile, Paolo, 2012



Petit bouchon assez moche.
Robe acajou ambré.
Attention, le voyage commence et ce vin m'aura envoyé sur un paquet de routes caravanières, de ces chemins de traverses sans frontière prédéfinies qui font rêver les amateurs.
Le nez est et restera superbe de délicatesse et de complexité, sur des atours balsamiques confortables qui rappellent les vieux colheitas ou les banyuls par leurs senteurs de café, de figue, de tarte à la noix de pécan caramélisées, d'épices douces mais sans une once du feu du mutage ni volatile chatouillante.
S'y enroulent des senteurs oxydatives (céleri) et médicinales, entre la sauge et la tourbe. Mais plus que tout, j'en retiens une complexité douce, sans aucune brutalité.
La robe et les senteurs font que le cerveau attend comme un premier jus déjà encodé d'avance, celui d'un vin muté, avec de la sucrosité.
Et pourtant le vin est parfaitement sec.
Servi un peu frais, je le trouve charmeur aromatiquement mais un peu linéaire, comme aplati par un manque d'acidité motrice. Mais ça, c'est sûrement aussi car après le sucre que j'attendais par analogie de senteurs, là, c'est mon amour des juras qui posent comme un handicap avant la course.
Car lentement, doucement, avec une température ni toute à fait froide, ni complètement chambrée, le vin prend du corps, de l'expression, du moelleux.
La trame acide n'est pas énorme mais les amers trop présents sur le vin frais deviennent structurants, comme juteux.
Et surtout à table, sur une poêlée de légumes épicés et surtout sur un gouda étuvé, là, le vin devient un bonheur de complexité et d'allonge.
La finale est persistante et très facile à boire, moins brute et brutale que nombre d'oxydatifs que j'ai pu croiser dans ma vie et qui appelle donc la soif et à se resservir avec facilité.

Une magnifique découverte, passionnante à boire par sa diversité d'expressions dans le verre.
Pas le plus grand vin en soi peut-être. Mais un grand vin pour soi, pour ce qu'il réveille de souvenirs et transcende d'expériences personnelles.
Un vrai beau moment de vin, quoi !