Château Vécsey, Tokaj – Slovaquie
Modernité et tradition
Les plus anciennes traces de Vécsey comme producteur de Tokaj remontent à 1700 : les Barons de Vécsey perpétuaient la tradition du Tokaj alors que les frontières ne séparaient pas encore la Hongrie et la Slovaquie. Les décisions politiques postérieures isolèrent 7 villages aujourd’hui situés en Slovaquie alors que plus de 90 % de la surface du Tokaj se trouve en Hongrie.
Les terres des Barons de Vécsey se situent sur le village de Černochov, le plus à l’Est de l’aire de la production de Tokaj sur un terroir exposé Sud Est. Elles sont aujourd’hui la propriété de Zuzana et Peter Veszprémi : 29,5 hectares de furmint, de lipovina et de muscat.
Pour le visiteur qui découvre une entité de production de Tokaj en Slovaquie, il n’est pas rare qu’il retrouve les mêmes constantes : des moyens conséquents, une entreprise récente, une volonté affirmée de revenir aux sources de la tradition sans perdre de vue la modernité du marché et donc la volonté, voire la nécessité de développer une gamme large avec des vins secs.
Il est impressionnant de constater comme ce pays est neuf et qu’il repart à la recherche de son passé, de sa culture, tout de même occultée ou du moins quelque peu contenu, voire verrouillée pendant l’époque collectiviste.
Le meilleur symbole de cette nouvelle plongée traditionnelle, cet oxymore est réellement de circonstance, réside dans cette cave du Château Vécsey, dont le champignon traditionnel, le fameux cladosporium cellare, était complètement desséché et tombé au sol, mort. Il recolonise peu à peu les parois de cette cave de « tuffa », nourri par ce vin que l’on y encave.
La tradition, plus encore qu’en Hongrie, c’est la volonté de ce côté-ci de la frontière de produire des vins de Tokaj de style oxydatif, à l’instar de ce qui se fait à Vinicky, Grand Bari ou encore chez Macik et Ostrozovic.
La gamme correspond bien à cette nouvelle voie du Tokaj slovaque comme hongrois : des vins secs de facture moderne à côté de traditionnels Tokaj élaborés à partir des raisins « cibeba », le pendant slovaque de « aszu ». Sur les près de 30 hectares en production de Château Vécsey, il s’en récolte 3 tonnes chaque année : leur premier jus donnant la mythique essencia.
Le dernier des Barons de Véscey vit aujourd’hui au Chili et se prénomme Francisco ! Les actuels propriétaires ont tenu à ce qu’il fasse le voyage en 2014 : un témoignage de plus de ce sentiment national slovaque, très présent, et de cette ancrage dans la tradition qu’ils s’évertuent à perpétuer.
Commentaire des vins à suivre.