[size=medium]Clos Mas Garrian, la rencontre d’un domaine, d’un homme, d’une philosophie.[/size]

Nous avions rendez-vous en fin d’après-midi près de « el Lloar », à « el Molar » non loin de « Falset » capitale du Priorat dans un « celler » ou plutôt une maison coloniale où vit une petite famille au beau milieu des vignes et des oliviers, en toute plénitude et simplicité.

Ma première rencontre avec l’un des deux vins du domaine - le clos Severi – il y a un an m’a donné envie de contacter le domaine et de le visiter...

Le domaine compte une cinquantaine d’hectares où seulement 8 hectares de vignes profitent (si je puis dire) d’un climat chaud et sec, où le vent léger caresse un sol argileux et un peu limoneux, ciment de nombreuses roches anciennement transportées par la rivière en contrebas. Sur ce sol, l’on rencontre une majorité de vignes de Carignan d’une bonne trentaine d’années ainsi quelques vignes plus jeunes de cabernet sauvignon et Syrah. Plus en hauteur, sur la montagne, un terroir schisteux et aride héberge de belles vignes de grenache noir d’une quinzaine d’années.

Nous marchons une petite heure auprès de Josèphe, vigneron et père de famille, au milieu du vignoble qu’il nous présente avec amour et respect. On constatera que la vigne y est traitée comme une reine, sans pesticide, ni engrais et qu’elle produit quelques quatre à cinq grappes de raisin lorsqu’elle se porte au meilleur de sa forme. La production, raisonnée, biologique, est naturellement régulée en raison des conditions de terroir et de climat particulièrement difficiles à supporter.
Les vendanges, sont menées manuellement en petites cagettes et effectuées selon deux passages plus ou moins espacés de manière à ne récolter que de beaux raisins de belle maturité. Mis en cuve, les raisins subissent une fermentation alcoolique orchestrée par des levures autochtones ; en effet nullement question ici de faire un vin s’écartant un tant soit peu de l’expression naturelle du terroir...
Enfin, fruit de ces raisins et de ce travail, deux vins voient le jour pour la première fois en 1999 et 2001 :
- Clos Severi, premier ouvrage du domaine, est issu des vignes les plus jeunes, il ne connaît pas de passage en barrique neuves mais seulement de deuxième année et est produit en moyenne à raison de 12 000 bouteilles chaque année. Son nom est donné en hommage à l’homme ayant créé et construit la maison en début de siècle : Severi
- Mas del Camperol, cuvée « prestigieuse » du domaine est issue des vignes les plus anciennes, il connaît un élevage en barriques neuves de bois français et de moyenne chauffe, il est produit en général à raison de 2 000 bouteilles par an. Son nom est le nom actuelle de la maison coloniale anciennement « Severi ».

Voilà donc 8 hectares de vignes produisant quelques 14 000 bouteilles dans les millésimes favorables (2008 ne devrait produire que 10 000 bouteilles) et dont il nous est donné la chance de déguster...

[size=medium]Clos Severi 2002[/size], appellation Priorat (dégusté à la propriété en Juillet 2008)

- La robe est élégante, pas trop profonde, limpide et translucide couleur cerise offrant quelques larmes sur les parois du verre.

- Le nez est intense et complexe, il offre des parfums de fruits rouges, d’herbes sèches de Provence et de liqueur de framboise et cerise.

- La bouche est tendue, concentrée, dotée d’une belle acidité. Très bien équilibré, le vin présente un toucher fin et une structure en élégance. Sur le fruit mêlé d’épices et d’herbes en accord avec le nez, le vin, longiligne apparaît long en bouche, et d’une bien belle typicité.

Beau vin complexe et gastronomique noté 17/20

[size=medium]Mas Camperol 2005, appellation Priorat (dégusté en juillet 2008)[/size]

- Robe profonde, opaque en son centre et au disque moyennement épais aux allures violines tirant vers la « sagesse » du rubis et accueillant de nombreuses larmes.
- Le nez est d’une belle intensité aromatique, exhalant des parfums de fruits rouges et noirs, ainsi que quelques discrètes notes d’herbes aromatiques.
- La bouche présente un parfait équilibre, le vin demande un dizaine de minutes pour s’assagir un peu (ou bien il me faut ce même temps pour « dompter » le cru…).
Le vin est riche, concentré, d’un fruit extra ; je suis d’ailleurs agréablement surpris de pouvoir apprécier un telle richesse sans en subir une certaine lourdeur... La belle acidité que présente le vin y est indubitablement pour quelque chose !
La structure tannique soutient bien le tout, sans nulle rudesse contrairement à ce que l’on pourrait attendre d’un carignan (cépage majoritaire ici)

Noté 16,5/20, pour ce vin encore fougueux, que le temps demande à apaiser…

[size=medium]Le blanc du Clos Severi, Millésime 2007[/size]

Production confidentielle de seulement 350 bouteilles, non encore proposée à la vente, mais partagée ou échangée entre amis de la région.
Josèphe, propriétaire du domaine nous présente ce vin comme étant totalement l’inverse de ce qui se fait dans des buts commerciaux ; un vin ni collé ni filtré sans levure ajoutées ni soufre, bref, du jus de raisin pressé fermenté puis mis en bouteille. Ce vin m’intrigue, je le goûte et le présente.

- La robe interpelle déjà, par sa couleur vieil or rappelant celle d’un vieux vin aux allures de jus de pomme, elle laisse glisser de très nombreuses larmes contre la paroi du verre, laissant présager un vin riche et gras. On peut constater l’existence de très légères turbidités qui viennent voler de l’éclat au vin, mais qui ne sont aucunement étonnantes dès lors que l’on prend en considération le contexte de fabrication du produit.
- Le nez est d’un assez bonne intensité aromatique, il exhale des parfums de fruits riches et élégants, offrant des senteurs de pomme fraîche, de coing et de marmelade d’orange très conservé, aucunement dénaturés par quelques senteurs artefactuelles empyreumatiques ou alcooliques, si bien que l’on se demande presque si l’on a du vin dans le verre ou un cocktail de fruits...
- En bouche, le statut de vin reprend sa place, laissant le concept du jus de fruit de côté. Le vin surprend cependant de par son style quelque peu dissocié de celui présenté par le nez, on apprécie un équilibre où l’acidité manque un peu, mais où l’alcool est parfaitement bien intégré, peu ressenti. Une structure tannique est discrètement perceptible et supporte un fruit omniprésent qui s’exprimera au mieux lorsque le nectar aura atteint 18°C, et accompagnera parfaitement bien à mon grand étonnement, les quelques « pan con tomate » et « anchois », « jamon ibérico » et « piquillos ».


Noté 15,5/20

[size=medium]Clos Severi[/size], 2001 (dégusté en 2007, rappelle de dégustation dans l’actuelle page)

Robe : Pourpre profonde, plus évoluée et plus claire que Marge ou Roquers. Très belle robe.

Nez : On sent l’olive, les herbes de Provence et les fruits noirs avec notamment le Cassis. Belle expression qui sait lier la finesse.

Bouche : Joli toucher, les tanins sont fins, le fruit est d’une belle maturité, et toujours cette minéralité exemplaire qui offre une tenue parfaite.

Très joli vin.

Noté 16,5/20

[size=medium]Clos Severi 2005[/size]

- La robe rubis laisse filer de nombreuses larmes dans le verre.
- Le nez est intense et complexe, il présente des parfums de cassis, d’eucalyptus, d’épices fines puis dans un second temps, suite à une aération ponctuelle, le vin va délivrer des senteurs de liqueur de fruits, signature du millésime chaud pour la région.
- En bouche, le vin présente beaucoup de distinction, le toucher est de satin, très racé et l’équilibre est bon bien que l’alcool soit un peu ressenti. Le fruit omniprésent s’exprime avec ampleur et générosité et se termine via une finale minérale, ferreuse, caractère non perçu lors des dégustations des millésimes précédents.

Belle réussite une fois de plus à mettre dans toutes les caves.

Noté 16,5/20 (et vendu 10 euros à la propriété !)

Salut JU,

nous nous sommes suivis, à un gros mois et demi d'interval !! J'étais chez Josep Garriga (son écriture catalan) le 12 juin dernier, avec un beau-fils.

En effet, en suivant de ton article antérieur sur le Clos Severi, j'ai acquis et goûté une bouteille puis organisé un déplacement sur place incluant le Mas Garrian.

J'avais commis une rédaction portant d'ailleurs le même titre, pour cause de même perception... mais n'envoie pas, tes écrits sont amplement suffisants en précisions et qualité. Quant aux commentaires des dégustations (pour les rouges, blanc pas dégusté) rien à ajouter, c'est plus pro que ce que je puis exprimer; j'adhère totalement.

Personnellement, j'ai acheté en particulier du Severi 2002 --c'est donné à 10 € sur place-- et du Camperol 2001.

On s'est promis de se revoir.

Merci pour tes mots.

Josep est un homme très attachant, il rayonne d’humanité et d’humilité.
Je pense que tu as bien fait d’acheter du 2002. Outre son prix « donné », ce millésime apparaît comme une très belle réussite de la propriété (mais pourtant pas un grand millésime régional).

C’est typiquement le genre de viticulteur qui mérite d’être reconnus...

Cordialement,
JU

merci julien pour ce post
je n'ai jamais eu l'occasion de gouter ce vin mais j'espère en trouver et le faire,
cette semaine j'ai eu le plaisir de déguster quelques merveilles espagnoles, une seule déception... et tes commentaires sont bien fait merci.
cordialement.

Je sais que Ju n'oserai pas le faire de lui même mais puisqu'il a bien travaillé, je pense qu'il est intéressant de partager son article avec les LPViens.
Voir ICI
Bien à vous tous.

On s'incline !

Loup