Les fêtes de Chapelle de Rousse sont un classique du Jurançonnais pour tous les amoureux de Jurançon, et plus généralement pour tous les amoureux de tradition et de convivialité.

Cette année, elles faisaient leur retour après 2 ans d’interruption pour des raisons sanitaires.
L’occasion était belle d’aller goûter quelques vins des huit producteurs de la commune de Jurançon, tout en commençant à tâter le millésime 2021 que j’espère plus frais que les 3 derniers, avec un retour à un classicisme de bon aloi et une vivacité « laser ».

J’opte pour la formule 10 verres pour 16 euros, qui a déjà bien fonctionné à la manifestation La Terrasse du Jurançon sur le boulevard des Pyrénées à Pau fin avril.

Avec quasiment 40°C sur le stand, je ne compte de toute façon pas faire plus, ni m’éterniser.
Le choix des cuvées est généreux, avec quasiment 4 vins par domaine : 1 sec et 1 moelleux « entrée de gamme », puis 1 sec et 1 moelleux plus huppés.

Mon idée est de goûter les vins secs, en privilégiant les vins plus haut de gamme à dominante petit manseng, que je préfère généralement aux vins d’entrée de gamme à dominante gros manseng. A noter que pour faire simple, les vignerons proposaient la bouteille de cuvée simple à 10€ et la bouteille de cuvée plus élaborée à 12€, ce qui était souvent moins cher que le prix normal au domaine.

Allez c’est parti pour 4 cuvée d’entrée de gamme et 6 cuvées plus ambitieuses.

Jurançon sec, Château Jolys Ovation 2020
100% gros manseng. Elevage cuve inox.
Nez classique de gros manseng, un peu thiolé, puis citron et pomelo.
Bouche légère, souple, fraiche, avec une fine amertume, dominée par le duo citron/pomelo. Assez court en bouche. C’est simple, bon. 3/5.

Jurançon sec, Clos Labrée 2020
85% gros manseng, 15% petit courbu. Elevage en fûts.
Nez discret.
Bouche tendue, saline, un peu glycérinée, sur le coing, le citron confit et le pomelo. C’est un profil mûr. Assez court en bouche. C’est solaire, bon. 3/5.

Jurançon sec, Clos Thou Guilhouret 2020
Assemblage de Gros Manseng (50%), Petit Manseng (20%), et des cépages complémentaires, Gros Courbu, Petit Courbu et Camaralet (30%) et assemblage de terroirs, d’expositions et de maturités différentes. Elevage en fûts de chêne (1/4) et en cuves (3/4).
Nez discret.
Bouche ronde et tendue à la fois, un peu saline. Plaisant. 3+/5.

Jurançon sec, Clos Lapeyre 2021
100% gros manseng. Elevage cuve inox.
Nez sur le citron, le jasmin et le pomelo.
Bouche vive, tendue, avec ce côté tranchant/laser que j’aime. En retro on est très citron, voire citron vert, avec un peu de pomelo et des notes de fleurs blanches. Assez long en bouche.
Bon à très bon. 3,5/5.

On passe maintenant aux cuvées plus ambitieuses, en restant sur le Clos Lapeyre pour commencer.

Jurançon sec, Clos Lapeyre Mantoulan 2016
70 % Petit Manseng, 15 % Courbu, 15% Camaralet. Élevé 1 an sur lies en foudres bâtonnées régulièrement et 6 mois en cuve avant d’être mis en bouteilles après deux hivers. Il s’agit de la cuvée haut de gamme.
Le nez est un peu réduit, puis laisse place à du menthol, de l’aubépine et du pomelo.
La bouche est très acidulée, saline. C’est très fin et élégant, fondu. En retro on trouve du citron, du menthol et de l’amande séchée. Très belle longueur.
Bon à très bon. 3,5+/5.

Jurançon sec, Clos Lapeyre Vitatge Vielh 2018
60 % Gros Manseng, 30 % Petit Manseng , 10 % Courbu. Élevé 1 an sur lies avec batonnages en futs et foudres et 6 mois en cuves d’assemblages avant d’être mis en bouteilles après 2 hivers. Il s’agit de la cuvée milieu de gamme.
Le nez est sur la mandarine, le pomelo, et une pointe de jasmin.
La bouche est tendue, saline, gourmande. Belle fraicheur malgré le millésime. La retro est fondue, on y retrouve les arômes du nez. Très belle longueur.
Bon à très bon. 3,5+/5.

Jurançon sec, Château Jolys Célébration 2018
100 % Petit Manseng. Elevage 18 mois en barriques.
Le nez est assez discret.
La bouche est fraiche, acidulée, tendue. La retro révèle de la vanille, de la noisette, du citron, de l’amande et un peu de coing.
C’est très bon. 4/5. On sent bien l’élevage en barrique mais c’est bien dosé.

Jurançon sec, Clos Thou La Cerisaie 2020
Nouvelle cuvée de depuis le millésime 2020, issue de la parcelle éponyme. Ce nom était jusqu’ici exclusivement réservé au liquoreux d’exception « vendanges tardives » issue de ladite parcelle.55% Petit Manseng, complété par du petit courbu et du lauzet (45%). Vinification et élevage intégralement en fût de chêne pendant 12 mois.
Le nez est discret.
La bouche est très boisée, ronde, grasse. C’est ample et bien équilibré. Aromes de vanille, caramel et coing. Belle longueur.
Bon à très bon. 3,5/5. Je trouve qu’on sent trop le boisé pour le moment, il faudra voir s’il s’intègre bien au vieillissement.

Pour le 9e vin, je choisis une cuvée de référence, sur le millésime 2021, que j’ai déjà très bien goûtée récemment, et que me servira à vérifier si mon palais est normalement calibré en cette journée caniculaire.

Jurançon sec, Camin Larredya la Part Davant 2021
50% Gros Manseng, 35% Petit Manseng, 15% Petit Courbu. Vinification : sans égrappage, pressurage direct, fermentations en levures indigènes en fûts de 225 L (5% de neufs) et foudres de 2 500 L thermorégulés, fermentation malolactique effectuée. Elevage : 6 mois sur lies avec un élevage dynamique (remise en suspension des lies) les premiers temps, en fûts de 225 L. (5% de neufs) et foudres de 2 500 L.
Le nez est discret.
La bouche est fraiche, tendue, saline et gourmande à la fois. La retro est assez simple sur le citron et l’ananas mais c’est diablement gourmand. Finale acidulée de belle longueur.
Très bon. 4/5. Je regoute cette cuvée avec le même plaisir qu’il y a un mois, mon palais n’est donc pas altéré par la chaleur.

Jurançon sec, Clos Labrée Las Bordas 2020
50% Petit Manseng, 50% Courbu. Fermentation et élevage en barrique pendant 12 mois.
Le nez présente une petite réduction.
La bouche est vive, un peu végétale, avec une fine amertume. Retro sur lepomelo, le citron et l’amande. Assez long en bouche. C’est bon, mais l’effet de séquence après la Part Davant est un peu cruel pour ce vin. 3+/5.


Cette dégustation a confirmé le très bon niveau général des vins secs de jurançon, même dans les millésimes solaires comme 2018 ou 2020. J’ai l’impression que 2021, année moins chaude et plus classique a permis de produire des vins plus classiques et plus frais, sans concession sur l’acidité, et sans présence de coing dans les aromes comme c’était le cas sur les derniers millésimes. Jean-Bernard Larrieu (Clos Lapeyre) m’a d’ailleurs confirmé cette impression que 2021 était plus frais. Il m’a aussi affirmé que 2022 s’annonce bien quand je lui ai demandé comment la vigne vivait ce 2e épisode caniculaire : il a plu en juin, l’effeuillage n’est pas pratiqué donc pas de raison qui grille ; et en plus la grêle a épargné le secteur de Chapelle de Rousse.

Voilà, j’ai passé 2 heures sur place, c’est bien plus que prévu. Mais j’ai discuté avec les vignerons locaux qui servaient les vins, avec leurs homologues des communes voisines qui étaient aussi venus goûter, avec d’autres amateurs, ou encore avec un journaliste curieux de savoir pourquoi j’écrivais sur un carnet (sont bizarres les lpviens ! ).
Et au passage, j’ai fait la connaissance de Iban Riouspeyrous du domaine Arretxea. Voilà une occasion d’aller faire un tour à Irouleguy prochainement. J’aime ces journées….

Bibi

bibi64 écrit:

[...] ou encore avec un journaliste curieux de savoir pourquoi j’écrivais sur un carnet (sont bizarres les lpviens !

).
[...]

Celle-là elle est pas mal!!!

Cette année je suis accompagné de 2 camarades pour la dégustation des fêtes de Chapelle de Rousse.

La formule 10 verres passe à 20€ cette année, soit 25% d’augmentation. L’inflation est passé par là… 
Edit: l'ami Podyak me fait remarquer que le prix n'a pas bougé, toujours 16€ les 10 verres. 20 euros c'est en comptant le verre à 4€, non consigné. Voilà ce qui arrive quand on envoie les copains faire la queue à notre place. Merci Tuuk  .

Notre but est de focaliser sur les secs, et au passage de nous faire une première idée sur le millésime 2022.

On commence par quelques cuvées à dominante gros manseng.

Jurançon sec, Domaine Bazaillacq 2021
Vin nerveux, sur le citron et l’ananas. A l’ancienne.
C’est simple, bon, avec une acidité haute. 3/5.

Jurançon sec, Château de Rousse 2022
Bouche fraiche, puissante, avec de petits amers. Retro pamplemousse ananas.
Un peu de coing aussi. Le côté amertume + coing me rappelle certains 2018 (comme la Part Davant). Bon 3/5.

Jurançon sec, Château Jolys Ovation 2022
100% gros manseng. Elevage cuve inox.
Nez classique de gros manseng, thiolé.
Bouche assez riche, ronde, acidulée. Retro sur des notes de citron et pomelo, avec des thiols et du menthol. Ca fait presque sauvignon varietal.
Bon, sans plus. 3-/5.

Ce premier trio n’a pas déchainé nos hourras. On passe aux cuvées plus haut de gamme avec du petit manseng

Jurançon sec, Château Jolys Premier Vin 2021
100 % Petit Manseng. Elevage en barriques.
Nez avec un léger boisé, des fruits de la passion et du citron confit.
La bouche est ample et fraiche. La retro révèle de la vanille, du citron confit, et des fruits de la passion. C’est très long en bouche et très expressif
C’est très bon. 4/5. Très joli vin expressif.

Jurançon sec, Camin Larredya la Part Davant 2022
La bouche est ample, sur le coing, le citron confit et un côté foin. Il y a de la rondeur, c’est plus rond que le 2021, mais il reste suffisamment de fraicheur pour tenir la grosse concentration de ce vin. C’est plutôt gourmand. Fine amertume en finale.
Très grosse longueur en bouche. Très bon. 4/5.

Jurançon sec, Camin Larredya Costa Blanca 2021
Première rencontre avec cette cuvée récente, qui s’est installée en très haut de gamme du domaine, au-dessus de la cuvée La Virada. Raisin issus d’une parcelle calcaire de 1.2 ha située sur la commune de Lasseube, plantée de 80% Petit Manseng, 10% Camaralet, et 10% Lauzet.
Joli nez sur le fudge, le citron confit et le caillou. Malo effectuée.
Bouche ample, très énergique, gourmande, sur des aromes de caramel mou, citron confit, passion, yaourt à la pêche.
Très long en bouche.
Vin complexe, acidulé et gourmand, très bon à excellent. 4,5/5. A attendre sereinement.
Une belle première rencontre avec ce vin vendu une soixantaine d’euros quand même…

L’effet de séquence risque d’être difficile pour le vin suivant.
Il s’agit de la cuvée Guilhouret du Clos Thou. Comme l’an dernier, on est sur le millésime 2020

Jurançon sec, Clos Thou Guilhouret 2020
Assemblage de Gros Manseng (50%), Petit Manseng (20%), et des cépages complémentaires, Gros Courbu, Petit Courbu et Camaralet (30%) et assemblage de terroirs, d’expositions et de maturités différentes. Elevage en fûts de chêne (1/4) et en cuves (3/4).
Attaque ronde, sur le yaourt à la pêche et le citron confit. Ensuite la bouche se tend et finit sur une longue finale saline. C’est très bon. 4-/5.
Ca s’est un peu retendu depuis sa jeunesse, où ca manquait un peu de gnaque.

Ce vin s’en est bien sorti avec le Costa Blanca. On reste chez Clos Thou, et on goûte la récente cuvée La Cerisaie sec. C’est ma 3e rencontre avec ce vin ; les 2 premières fois j’y ai trouvé un boisé trop marqué. Voyons si ca se tasse avec les mois…

Jurançon sec, Clos Thou La Cerisaie 2020
Nouvelle cuvée de depuis le millésime 2020, issue de la parcelle éponyme. Ce nom était jusqu’ici exclusivement réservé au liquoreux d’exception « vendanges tardives » issue de ladite parcelle.55% Petit Manseng, complété par du petit courbu et du lauzet (45%). Vinification et élevage intégralement en fût de chêne pendant 12 mois
Le nez est mûr, avec un léger boisé.
En bouche, c’est concentré, avec un bon équilibre, et c’est trsè dominé par le caramel et la vanille, devant du coing et des fruits exotiques. Très belle longueur.
En l’état c’est bon. 3+/5. Mais le boisé est trop présent pour le moment ; s’il s’intègre bien au vieillissement, alors on aura un très beau vin car le reste est là.

On passe aux vins de Jean-Bernard Larrieu.

Jurançon sec, Clos Lapeyre Vitatge Vielh 2020
60 % Gros Manseng, 30 % Petit Manseng , 10 % Courbu. Élevé 1 an sur lies avec batonnages en futs et foudres et 6 mois en cuves d’assemblages avant d’être mis en bouteilles après 2 hivers. Il s’agit de la cuvée milieu de gamme.
Bouche riche, ample, herbacée, avec une petite note oxydée sur la pomme. Mais c’est le citron et le coing qui dominent ce joli vin vif et salin.
Bon à très bon. 3,5+/5. A l’aveugle j’aurais parié sur un beau chenin.

Jurançon sec, Clos Lapeyre Mantoulan 2017
70 % Petit Manseng, 15 % Courbu, 15% Camaralet. Élevé 1 an sur lies en foudres bâtonnées régulièrement et 6 mois en cuve avant d’être mis en bouteilles après deux hivers. Il s’agit de la cuvée haut de gamme.
La robe détonne par rapport aux vins précédents. Elle est couleur vieil or.
La bouche est superbe, puissante, fraiche, acidulée. Il y a une belle matière concentrée et gourmande, sur le champignon, le citron, la passion. Très belle longueur.
Très bon à excellent. 4,5/5. Un beau vin de gastronomie, et le plus beau vin de la journée.

Jurançon sec, Clos Labrée Las Bordas 2021
45% Petit Manseng, 30% Gros Manseng, 25% Petit Courbu. Fermentation et élevage en barrique pendant 12 mois.
Le nez est léger, sur les fruits secs et le jasmin.
La bouche est en ½ puissance, fraiche, sur le citron, la vanille, l’amande sèche, avec aussi un léger côté herbacé. C’est un vin droit, sec, acidulé, pour amateur de vin vif, ce qui est mon cas.
Bon à très bon. 3,5+/5.

Après ce tour des vins secs, nous regoûtons Costa Blanca 2021 et Mantoulan 2017 pour voir si notre perception est la même. Elle l’est, nos ressentis sont les mêmes, on a bien là les 2 plus beaux vins de la journée.


Cette dégustation a confirmé le très bon niveau du millésime 2021. Pour 2022, c’est encore difficile de se faire une idée. Certains vins ressemblent aux 2018, plus ronds, plus amers et plus sur le coing que la « normale ». La Part Davant en revanche, se présente mieux que son ainé de 2018.
Le fait marquant de cette journée d’échange est surtout l’intensité inédite des attaques de mildiou qui a touché tout le monde, dans de fortes proportions (entre 30% et 80% de pertes selon les discussions). Les 5 semaines d’orages entre mi-mai et fin juin ont lessivé tout traitement et ont empêché toute réaction efficace. C’est dommage, le millésime était très bien parti avant cela.
A suivre…

Bibi