Bonjour à tous et à toutes,

Il y a quelques temps, je retrouvais le Guide Bettane et Desseauve 1997, et je l’ai ouvert machinalement. C’est je crois le deuxième exemplaire de la série, qui en est au 2006 maintenant : on a donc presque 10 ans d’évolution. Quand j’en suis arrivé à la rubrique « Rhône » j’ai été impressionné par le faible nombre de producteurs qui figuraient à l’époque, et j’ai voulu comprendre ce qui se passait (je commence à être connu sur le forum pour m’occuper d’un site de vente en ligne de Côtes du rhône, mais ai-je raison ? ).

Le principe est simple et connu : les domaines sont classés de une * à ***, selon leur « régularité » et leur « qualité ». On peut discuter certains choix, mais c’est quand même représentatif de quelque chose. Qu’on en juge sur la catégorie Rhône (Nord et Sud) :

Il y avait en 1997 : 3 domaines ***, 5 domaines ** et 19 avec une *, soit 27 domaines étoilés ;
Il y a en 2006 toujours 3 domaines ***, mais 15 domaines ** et 34 avec une * soit 52 domaines étoilés.

Bigre, quelle évolution : 3 fois plus de domaines ** et 80% de domaines * en plus ! Presque le double de domaines étoilés, 93% de plus !

Si j’ai le sentiment que la qualité globale s’est grandement améliorée en Côtes du rhône, cela en est-il la transcription ? Certainement, mais alors que s’est-il passé ailleurs ?

Dans le même temps nous trouvons dans les autres grandes régions :

Bordeaux :

*** de 13 en 1997 à 16 en 2006 (+23%)
** de 41 en 1997 à 59 en 2006 soit +44%
* de 65 en 1997 à 97 en 2006 soit +49%
Les domaines étoilés passent globalement de 119 à 172 soit +45% « seulement » !

Bourgogne (dont Beaujolais) :
*** de 8 à 12 entre 1997 et 2006 (+50%)
** de 24 à 50 soit +108%
* de 88 à 82 soit –7% (tiens, la relève n’est pas assurée suite aux promotions en ** et *** ?)
Les domaines étoilés passent globalement de 120 à 144 soit +20% « seulement »…

Alsace :

***de 1 à 3 entre 1997 et 2006 (+200%)
** de 5 à 11 entre 1997 et 2006 soit +120%
* de 18 à 17 de 1997 à 2006 soit –6% (tiens, même problème qu’en Bourgogne ?)
Les domaines étoilés passent globalement de 24 à 31 soit +29%

Il semble donc que le Rhône tire bien mieux son épingle du jeu que les trois autres grosses régions viticoles. J’ai continué les comparaisons, mais ne voudrais pas lasser…

Le Sud Ouest passe de 5 à 25 étoilés soit +400%,
Jura Savoie passe de 3 à 11 soit +267%
Provence et Corse de 7 à 20 soit +186%
Languedoc Roussillon de 10 à 26 fait 160% de plus
Loire passe de 21 à 40 soit 90%
Champagne de 23 à 34 connaît 48% d’étoilés en plus

En conclusion, certaines régions font mieux que le Rhône mais elles partent de loin : Sud Ouest 5 étoilés, Jura Savoie 3, Provence et Corse 7, Languedoc Roussillon 10 alors que Rhône Nord et Sud démarrent avec 27 domaines étoilés en 1997 ! Il est quand même plus dur de faire 400% d’augmentation dans ces conditions.

Je vois dans ces chiffres certainement une évolution dans les choix des auteurs, Bordeaux et Bourgogne étant des régions plus classiques et plus connues. Mais s’ils ont plus ouvert leur guide à d’autres régions, c’est aussi parce qu’elles ont progressé et pourtant : le guide 2006 est encore marqué (et pas que lui) par le millésime 2002 qui n’a pas favorisé les Rhône par rapport à d’autres régions…

J’adresserai à qui me le demandera (en mail privé pour ne pas encombrer le forum)mon tableau de comparaison sous Excel, mettez « Tableau RVF » comme objet et laissez-moi un moment pour vous l’envoyer. Bien sur, ce sujet ne saurait constituer un début de polémique quelconque, et ne sert qu’à établir la valeur réelle de notre si belle région, et si variée !…

Bonne fin de week end et à bientôt

Jean-Louis COSTE-CLEMENT

"Il y a quelques temps, je retrouvais le Guide Bettane et Desseauve 2007,"

Bonsoir Jean-Louis,
vous n'auriez pas dû abuser des vins du Rhône dont vous faites référence, car le B&D 2007 me semble encore pas tout à fait près.

Un petit saut de dix ans en arrière… nous et me rajeunirait

Cordialement.

Hervé.

Merci pour votre lecture attentive, j'ai rectifié ma boulette...
Bien sincèrement

JLCC

Jean-Louis,

Suite à un échange privé sur ce sujet, je te confirme que j'ai lu avec intérêt ton article que j'ai pris pour une information, intéressante.

Je t'ai demandé la copie proposée mais mon ordinateur a été incapable d'ouvrir le fichier joint et je n'ai pu l'aider: tu sais, preuve à l'appui, que je suis nul en informatique

Amitiés,
Thierry

Et si l'augmentation du nombre de domaines cités indiquait un nombre de domaines visités bien plus important ? (ceci toutes régions confondues)

En en visitant disons 3 fois plus, en citer seulement le double peut être considéré comme inquiétant... Mais comment savoir au juste combien de domaines ont été visité ?

Au niveau des "étoiles" attribuées, comment être certain que sur 10 ans, les préférences (les qualités recherchées...) des dégustateurs soient toujours les mêmes. On peut imaginer que 3 étoiles de 96 soient moins bonnes que 3 étoiles de 2006. Donc que la faible augmentation du nombre d'étoilés ne signifie pas une baisse de la qualité.

Autre suggestion : si les dégustateurs prennent pour "référence leur préférence de l'année", le meilleur de l'appelation, et qu'il y ait peu de domaines cités dans la catégorie, cela ne voudrait il pas dire qu'un fossé se creuse entre les ténors de l'appelation et les autres ?

François.

En fait j'aime assez le système du bouquin vert : le domaine est noté en tant que tel, indépendamment des vins proposés qui eux ont leur note sur 10. Un Deiss, un Faller ou un ZH proviennent de domaines ***, ils ne peuvent pas être mauvais mais tous ne sont pas extraordinaires (idem chez Beaucastel, Chave et Chateau d'Ampuis). Mais les découvertes ne viennent pas de ce club très fermé des ***, que ce soit en vin ou en restauration

Il est vrai que la hiérarchie est mieux établie dans les grandes régions historiques, et je pense qu'il est normal que les progrès soient plus visibles ailleurs qu'en Bordeaux ou Bourgogne. A la réflexion, les vignerons du Rhône partent d'un acquis certain et l'ont amélioré ces dernières années : Hommage à Jacques Perrin 1989, Da Capo 1998, Cathelin 1989, Ermite et pavillon je sais plus, 1996 et 1989 ?... Les cuvées de prestige fleurissent, et sont la vitrine de la région, mais c'est une histoire très récente en fait.

Derrière ces vedettes, il est impossible de dépouiller les vins et de produire des bouteilles quelconques. J'ai vraiment le sentiment que les vins de la région ont changé et se sont grandement améliorés, je ne prenais l'évolution du petit livre vert que comme illustration de cette situation. Je ne goûte pas beaucoup de mauvaises choses en fait, à part quelques cas particuliers où les problèmes sont à la base dans les parcelles. Merci à l'INAO d'avoir limité les rendements autorisés dans certains cas cet été, suite à des contrôles (passage de 40 à 20 hl/ha !).

Oenophilement vôtre,

JLCC